Et voilà. Amis Mentaliens, voici ma première fic sur notre faux médium préféré. J'espère qu'elle vous plaira, même si à mon avis le scénario n'est pas d'une extrême fraîcheur. Je voulais écrire sur Patrick et ses acolytes surtout pour moi, mais si cette histoire vous a intéressée, n'hésitez pas à me le faire savoir ! (par l'envois de chocolats ou d'un chiot par exemple... non, un review suffira)

Enjoy !

Teresa Lisbon profitait d'une des rares soirées de repos qu'elle pouvait avoir dans l'année. Le printemps étant particulièrement chaud, elle sirotait tranquillement une Margarita (l'alcool était son point faible, mais elle ne se l'avouait qu'à elle-même), allongée sur le divan de son salon. Malgré son large t-shirt en guise de chemise de nuit, sa peau collait à cause de la transpiration, lui donnant l'impression qu'elle ne s'était même pas lavée une seule fois. Et pourtant, elle avait pris au moins trois douches depuis son retour du boulot. Une juste après être rentrée, une autre après ses exercices du soir, et enfin une dernière juste avant de regarder son film, car elle se sentait aussi moite et suintante qu'un cow-boy sous le soleil californien.

L'ambiance était feutrée et le ventilo hurlait un vent bienfaiteur mais irrégulier, posé tout près d'elle. Le film de la soirée était Psychose, d'Alfred Hitchcock, un grand classique qu'elle ne se lassait pourtant pas de voir et revoir tellement le suspens était intense. Elle avait pendant un temps pensé que son métier la dégoûterait définitivement de tout ce qui touche au policier, que ce soit pour les romans ou les films, voire les séries télé quand elle avait l'occasion d'en regarder. Or, elle avait constaté qu'elle était trop investie dans ce monde pour pouvoir le lâcher complètement une fois à la maison. Alors tous ces petits plaisirs étaient une sorte de bonus pour son boulot par les intrigues, elle apprenait à mieux observer, ça l'amusait de chercher le tueur et de le trouver bien avant le héros ou l'héroïne. Elle soupira. On arrivait à la fameuse scène où la femme se fait tuer dans la douche. Le coup de poignard est violent, bref, précis. Ça la faisait frissonner à chaque fois. Mais ce qu'elle souhaitait par-dessus tout dès à présent, c'était de pouvoir se plonger dans une baignoire remplie de glaçons.

On toqua à la porte. Elle se redressa, et même si la chaleur était écrasante et qu'elle se sentait aussi en forme qu'une sexagénaire en train de grimper une pente raide, elle bondit sur ses pieds. En quelques pas, elle fut à sa porte d'entrée, toutefois celle-ci s'ouvrit sans qu'elle ait eu le temps de poser sa main sur la poignée.

- Bonsoir Lisbon, je ne vous dérange pas j'espère ? lui lança Patrick Jane en entrant comme une tornade (malheureusement non rafraîchissante).

- Comme d'habitude, vous débarquez toujours quand on n'a pas besoin de vous, et quand on vous cherche, vous disparaissez on ne sait où, lui assena Lisbon après un deuxième et profond soupir.

Il se tourna vers elle.

- Vous saviez que ma question était rhétorique. Pourquoi répondez-vous ? s'étonna-t-il.

- Parce que j'adore vous prendre par surprise.

Elle lui fit un grand sourire et passa devant lui pour aller dans la cuisine. Bien évidemment, il la suivit, telle une ombre passablement irritante. Elle se servit un autre verre et lui en proposa un, mais il secoua la tête et s'adossa contre le comptoir marbré.

- Figurez-vous que je ne suis pas ici pour rien, dit-il d'un air entendu.

Elle le dévisagea, le verre au bord des lèvres. Afin d'illustrer son propos, Jane sortit une enveloppe de la poche arrière de son pantalon et la lui présenta avec ce sourire enfantin qui en disait long sur ce qu'il venait de faire. Elle faillit s'étrangler en lisant l'adresse inscrite dessus.

- Mais c'est mon courrier ! Jane, vous avez fouillé dans ma boîte aux lettres ?

- Deuxième question rhétorique. Décidément, ce soir…

- Répondez !

- Eh bien, oui, oui j'avoue mon crime, vous pouvez me passer les menottes si ça vous fait plaisir.

Il lui présenta ses mains avec une expression tellement sérieuse qu'elle dérouta bien plus Lisbon que cette histoire de lettre volée.

- Arrêtez de tourner autour du pot et dites-moi ce qui se passe ! aboya-t-elle, au bord de l'explosion.

Il prit une moue indignée, mais ça ne prit pas sur la jeune femme qui lui arracha sans crier gare l'enveloppe des mains. Elle déplia le papier qu'elle contenait et n'eut le temps que d'enregistrer le message qu'elle y lut.

Jane profita de son trouble pour lui prendre les mains. Elle releva aussitôt la tête vers lui, l'air à la fois apeuré et exaspéré. Mais quand leur regard se croisèrent, elle sut qu'elle pouvait avoir confiance en lui. Ça l'énervait au fond, ça elle le reconnaissait, et toutefois elle savait qu'elle pouvait compter sur lui à chaque occasion. Non, vraiment, elle détestait qu'il ait une telle emprise sur elle et surtout dans un moment pareil !

- Vous êtes en danger, Lisbon, dit-il sans détours.

- Qu'est-ce qui vous fait croire ça ?

- Depuis combien de temps me cachez-vous, de même qu'à vos collègues du CBI, que vous recevez ces messages ? Dites-moi tout, je suis là pour ça.

Elle le fusilla du regard, mais il avait l'habitude.

- Je n'ai rien à vous dire.

- Pourquoi ?

- Parce que ce n'est rien d'autre que l'œuvre d'un admirateur secret, ou je ne sais qui, d'un peu trop obsessionnel ! Je peux m'occuper de ça toute seule, je suis une grande fille, je vous signale.

- Certes, mais au moins vous concevez que tout ceci est un peu… flippant.

Elle se dégagea et tenta de boire une gorgée afin de se donner le courage de supporter cet interrogatoire impromptu. Cependant Jane fut plus rapide et lui chipa le verre avant qu'elle ne l'ait porté à ses lèvres.

- Tututut ! Ce soir, on va être sobre et dispo, c'est compris ? Il est peut-être déjà en train de vous épier.

Et sur ces mots il vida le verre dans l'évier, ainsi que la carafe de Margarita. Lisbon se retint de hurler. Elle alla dans le salon et s'affala sur le canapé. Elle n'en pouvait vraiment plus de son attitude. Lui s'installa dans un fauteuil à sa tête et croisa les mains sur son ventre. Elle leva les yeux vers lui et le contempla, circonspecte. Que préparait-il ?

- Il doit faire plus de trente-cinq degrés ici. Vous n'en avez pas marre de vos gilets guindés et de vos chemises à manches longues ? Sérieusement ?

- Non, tout va bien, lui répondit-il d'une voix étrangement guillerette. J'ai fait un effort, voyons, je n'ai pas mis ma veste aujourd'hui.

- Bravo, vous méritez une médaille, railla-t-elle en se retournant.

- Je souhaite juste votre reconnaissance.

Elle resta silencieuse, trop accablée par ce qui lui arrivait. Maintenant qu'il savait à propos des lettres, il n'allait pas la lâcher. Elle aurait mieux fait de toutes les brûler et de faire comme si tout allait bien. Il avait dû remarquer son inquiétude transparaître au fil des jours, il était bon à ce petit jeu. Observateur, manipulateur mais altruiste, Jane ne pouvait être dupé, elle en avait désormais la certitude. Toute la question était de savoir s'il finirait par se faire avoir à son propre jeu…

- Lisbon…

- Hmm ?

- Demain matin nous irons tout raconter au directeur et aux autres, d'accord ?

- Et si je n'en ai pas envie ?

- Cessez de jouer à la gamine ! Cela ne vous ressemble pas. Dans tous les cas, Van Pelt, Rigsby et Cho le sauront.

- Tant mieux pour eux. Maintenant, sortez de chez moi.

Il n'y eut d'abord aucun bruit, pas même un frémissement. Comme elle ne le regardait plus, elle ne savait pas trop ce qu'il mijotait. Mais elle finit par entendre le son de sa respiration qui s'accélérait et le crissement du cuir du fauteuil, indiquant qu'il s'était levé. Ses pas résonnèrent dans le silence et elle fut soulagée d'entendre la porte d'entrée se fermer.