Disclaimer : les persos issus de l'univers merveilleux de Harry Potter ne m'appartiennent toujours pas, etc… C'est pas un peu répétitif, non ?

A nouvelle année, nouvelle fic ! (Pour vous situer rapidement, la scène se situe de nos jours, donc quelques années après les livres.) Bonne année et bonne lecture !

Chapitre 1 : ce matin là, comme chaque matin

Ce matin là, comme chaque matin, le professeur Rogue poussa un profond soupir devant son miroir.

Ce matin-là, comme chaque matin, il se demanda si ce rendez-vous matinal avec un troll surpris au saut du lit était bien nécessaire. Puis il se souvint que le troll, c'était lui, et qu'il fallait bien remédier aux ravages du temps… C'était sans doute pour cette raison, pour ce faible espoir d'améliorer les choses, qu'il conservait ce bout de miroir dans un coin obscur de sa chambre.

Ce matin-là, comme chaque matin, il tenta une approche maladroite de l'art délicat de la coiffure. Et ce matin-là, comme chaque matin, il grogna de dépit en se découvrant un nouveau cheveu blanc. Un cheveu blanc venant détruire l'image sombre du ténébreux et terrifiant professeur de potions. Si ça continuait comme ça, il n'aurait plus qu'à se laisser pousser la barbe et troquer ses robes noires contre un manteau rouge pour ressembler au Père Noël. Ou à Dumbledore ?


Ce matin-là, comme chaque matin (ou presque), Algie évita soigneusement de penser à ce qu'il avait fait la veille. De toutes façons, les souvenirs étaient bien trop flous pour qu'il y prête attention.

Ce matin là, comme chaque matin (ou presque), il se dit qu'il était temps d'arrêter de faire la fête tous les soirs (ou presque), tout en sachant pertinemment qu'il ne tiendrait pas ses résolutions.

Ce matin là, comme chaque matin (ou presque), Algie commença son petit déjeuner par une dose assez conséquente d'aspirine Moldu. Les sorciers auraient beau chercher, Algie était persuadé q'ils ne trouveraient jamais de meilleurs remèdes contre la gueule de bois que ça. Sauf peut-être le whisky pur feu ?


La mine encore plus morose que d'habitude, Severus Rogue descendit vers la Grande Salle, prêt à sanctionner de manière on ne peut plus injuste, le premier élève qui oserait venir troubler le cours de ses pensées. Car la question était des plus importantes : devait-il avoir recours à une potion de coloration capillaire ? Malgré son don indéniable pour les potions, le professeur Rogue rechignait à confectionner lui-même un cosmétique. Et si jamais un élève le surprenait en flagrant délit ? Mais c'était sans doute moins dangereux que d'aller demander une coloration 100 chimique qui couvre tous les cheveux blancs, au salon de beauté de Pré-au-Lard…

Lorsqu'il se mit à table, après avoir grogné un "bonjour" à peine aimable, il entreprit d'examiner les chevelures de ses collègues. Pas un ne grisonnait comme lui ! Etait-il donc le seul à être ainsi marqué par le temps ? Même Hagrid, pourtant plus vieux que lui, avait gardé une tignasse d'un noir irréprochable (à l'exception des quelques feuilles mortes qui la parsemaient harmonieusement) que le professeur de potions se surprit à lui envier…

Il y avait bien les boucles argentées de Filius et les touches claires qui donnaient au strict chignon de Minerva la douceur d'une fourrure de chat… Et puis, il y avait Dumbledore, qui arborait avec fierté et insouciance un bon mètre de cheveux et de barbe d'une blancheur irréprochable et étincelante. Utilisait-il un shampooing spécial pour donner un tel éclat à sa coiffure ?

Soudain, le bruissement des hiboux rappela à Severus Rogue qu'il était dans la grande salle d'une école de magie, et pas dans un pub pour cosmétique. Mais quand même, ces cheveux blancs, ça le tracassait sérieusement…

Tant pis ! Ce matin là, comme chaque matin, il se vengerait sur quelques élèves, de Griffondor de préférence. Ils n'avaient pas de cheveux blancs, eux.


Le seul gros problème d'Algie dans la vie, c'était son prénom. Quelle mauvaise étoile avait guidé sa mère sur le chemin qui l'avait conduite à prénommer son fils "Algernon" ??? Comme souvent, Algie regretta de ne pas avoir eu un père sensé et pragmatique pour lui choisir un prénom correct. Mais il ne pouvait pas en vouloir à sa mère…

En fait, Algie avait pas mal d'autres problèmes : il n'avait pas de travail, il n'avait pas d'argent et pire que tout, ce matin là, il n'avait pas de copine ! Ca, pour Algie, c'était le comble de la misère… C'était presque aussi horrible que de s'appeler Algernon Iouyzbedlicz…

Il sortit son carnet d'adresses regorgeant d'idées et entreprit de le consulter consciencieusement pour élire l'une des "idées".

Mais un bruit soudain lui fit lever la tête. Une chouette apportait la Gazette du Sorcier au voisin d'à côté. Algie ouvrit la fenêtre avec délicatesse. Ce qui était bien avec le voisin d'à côté, c'était qu'il n'était pas du matin. Et ce matin là, comme chaque matin, il faudrait certainement que la chouette insiste lourdement pour que le destinataire daigne lever une paupière.

Et c'était là qu'Algie intervenait. Il s'agissait d'attirer la chouette à l'aide de friandises. Les plus professionnelles ne se laissaient pas tenter. Mais celle-ci devait être une débutante et elle s'approcha de la fenêtre d'Algie sans un regard pour le voisin ronfleur. Le plus difficile était d'attraper le journal sans laisser la chouette entrer. C'était toute une technique, qu'Algie avait à maîtriser, grâce à une pratique assidue. Il y eut un rapide jeu de mains et le journal passa bien vite du bec du hibou à la main d'Algie, tandis que les céréales pour oiseau faisaient le trajet inverse. Algie n'était pas chien : il refusait de payer pour lire le journal, mais il n'aurait quand même pas laisser une pauvre chouette sans défense dans la misère…

Il s'installa tranquillement dans un fauteuil et ouvrit le journal, sans prêter attention à la chouette qui oscillait entre la honte de s'être fait avoir, l'indignation devant un tel comportement de la part d'un adulte responsable et la satisfaction d'avoir eu à manger.

Tant pis ! Ce matin, comme chaque matin (ou presque) le voisin d'à côté pesterait contre les chouettes de la Gazette du Sorcier. Toutes des incapables !


Pendant que cette bande d'ignares de première année s'adonnait aux joies des potions, Severus Rogue déplia discrètement la Gazette du Sorcier et vérifia que son annonce y figurait bien. Enfin, SON annonce… C'était plus celle de Dumbledore…

"Professeur de potions cherche assistant expérimenté ayant de bonnes références. Contacter S.R., poste restante, Pré-au-Lard"

Le directeur avait sous entendu que son prof de potions aurait bien besoin de repos, que se charger seul de l'enseignement et de la confection des potions que lui demander ses collègues, c'était trop pour une seule personne. Surtout à son grand âge… Bref il l'avait poussé à prendre un assistant.

Severus Rogue grinça des dents et fusilla du regard le pauvre Poufsouffle qui avait osé lever les yeux sur lui. Il se prenait pour qui ce minus ?


Algie avait à peine posé les yeux sur la rubrique people qu'une sonnerie stridente retentit et le fit sursauter. Il soupira. Rrrrrrrrrrr ! Ce portable ! La sonnerie était pourtant plutôt agréable dans la boutique Moldue où il l'avait acheté. Toutes ces ondes magiques devaient fausser le fonctionnement des bidules électriques que ce téléphone avait dans le ventre.

Algie n'avait pas envie de répondre, mais si jamais c'était cette fille qu'il avait rencontrée la semaine dernière ?

Il s'empara précipitamment du téléphone et appuya sur la touche verte sans prendre le temps de regarder les chiffres qui s'affichaient.

- Allô ? demanda-t-il, plein d'espoir, en pensant aux courbes délicieuses de la jeune femme.

- Algie ? C'est maman ! répondit la personne à l'autre bout du sans-fil.

Algie grimaça. Non qu'il n'aimât pas sa mère. C'était une mère super, mais bon…

- Salut m'man, lâcha-t-il, déçu.

- Bonjour chéri, je t'appelais pour te dire que…

Et Algie sur qu'il est parti pour une bonne demi-heure de potins.

Sa mère avait le chic pour 'appeler aux heures les plus gênantes pour lui débiter tout un tas de trucs sur la voisine qui s'était cassé la jambe ou sur le micro-ondes qui était encore en panne (est-ce qu'elle ne ferait pas mieux d'appeler un réparateur Moldu ? Parce qu'Algie était un gentil fils, mais bon…)

Il rapprocha le journal de lui et se mit à le feuilleter négligemment.

- Bla bla bla…

Le babillage de sa mère faisait un bruit de fond pas spécialement agréable.

- Oui… Bien sûr… Je vois… se contentait de répondre Algie sur un ton ennuyé, écoutant à peine. Quoi ??? hurla-t-il soudain.

- Mais je t'assure mon chéri, renchérit sa mère. C'est la stricte vérité. Et elle a du appeler les pompiers pour le faire descendre de l'arbre. Pauvre Mistigri, tu te rends compte de la frayeur qu'il a eu !

Mais Algie se fichait pas mal du fait que le chat de Mme Bonbonne se soit retrouvé coincé dans un arbre. Rosy Dodgy fait son come-back (A/N : célèbre chanteuse sorcière des années 70), lut-il en décrochant complètement de la conversation. Il ne put réprimer un sourire de dégoût à cette nouvelle…

- D'ailleurs, lorsqu'elle m'a invitée chez elle pour tout me raconter (pauvre chérie elle était dans tous ses états !), elle m'a parlé d'une place de prof de chimie dans un collège de ZEP qui allait se libérait prochainement. Je sais bien que c'est un collège Moldu, mon chéri, mais je t'assure que c'est ce qu'il y a de mieux…

Algie poussa un violent soupir pour l'interrompre. Mais c'était quoi cette manie de toujours vouloir lui trouver un travail ? On ne pouvait donc pas vivre sans travailler ? Cette idée lui plaisait pourtant beaucoup.
Dans une école de Moldus en plus ! Algie ne comprenait pas pourquoi sa mère voulait vivre le plus éloignée possible du monde des sorciers. En tous cas, ce n'était pas une raison pour l'en éloigner lui aussi. Ca le minait déjà suffisamment de n'avoir jamais pu aller à Poudlard…

- Allons, allons chéri ! poursuivit joyeusement sa mère. Ne dis pas non avant d'avoir vu l'annonce ! Je t'assure que…

Mais Algie ne l'écoutait déjà plus. Il s'était précipité vers la page des offres d'emploi, prêt à inventer n'importe quel mensonge pour que sa mère lui fiche la paix. Il parcourut rapidement la page et s'arrêta brusquement.

"Professeur de potions cherche assistant expérimenté ayant de bonnes références. Contacter S.R., poste restante, Pré-au-Lard"

- Laisse tomber, m'man ! s'écria Algie. J'ai déjà un boulot.

- C'est vrai ? lâcha la maman, interloquée.

- Ouais, enfin, presque. Je t'expliquerai dimanche. A…

- Mais attends Algie ! Où ? Quel travail ?

- Prof, dans une école.

- Prof de quoi ? Dans quelle école ?

Algie s'apprêta à répondre "prof de potions, vraisemblablement à Poudlard". C'est à cet instant qu'il comprit ce que cet emploi pouvait représenter pour lui. Et il eut vraiment envie d'avoir ce travail.

- Algie ?

- C'est… euh… Assistant du prof de potions. A Poudlard…

Il y eut un long silence. De son côté du téléphone, Algie pouvait presque entendre les rouages qui tournaient à fond dans la tête de sa mère. Elle allait sûrement l'empêcher de postuler !

- Algie, il faut que je dise quelque chose…

- Mais t'inquiète pas, m'man ! l'interrompit Algie. Je peux m'assumer, je n'ai pas besoin d'avoir mes parents sur le dos ! Allez, à plus !

Il raccrocha plein d'entrain, décidé à se créer un CV falsifié des plus satisfaisants.

Plus besoin d'avoir ses parents sur le dis. C'était justement ce qui inquiétait la maman d'Algie…