Disclaimer : Rien ne m'appartient, l'auteur de Naruto a tous les droits, évidement.
Notes : L'univers de Naruto est assez nouveau pour moi. Mais j'ai tout de suite accroché à ses deux personnages. J'espère que vous allez apprécier cette courte histoire…
Foutu bonzaï :
Il est mort.
« Merde », soupira-t-elle.
Elle ne ressentait plus aucune vie dans ses feuilles et n'osait pas le toucher de peur d'aggraver la situation. Tel un bon ninja, elle était douée pour tuer. Même les arbres. Elle y avait fait très attention, pourtant. Elle aurait du savoir que c'était une mauvaise idée d'accepter de veiller sur le bonzaï qui demandait tellement d'entretien alors qu'elle enchaînait les missions dernièrement. Préserver la vie, voila un boulot improbable pour elle. Mais Yamato avait tellement insisté… Un arbre. Un foutu bonzaï incapable de survivre seul, et putain, elle n'avait pas pu l'aider.
« Anko, tu es un ninja de rang supérieur du village caché de Konoha. Tu peux t'occuper d'un simple bonzaï, n'est ce pas ? »
Yamato lui avait fait craché la promesse de veiller sur son précieux arbuste. Et comme une idiote, elle avait accepté.
« C'est très simple, il suffit juste de l'arroser régulièrement ».
Facile à dire pour un homme qui, d'un simple geste de la main, pouvait faire pousser une forêt. Elle, son truc, c'était les serpents. Il avait surestimé ses capacités. Et maintenant, ce con de bonzaï payait. Il était mort. Et elle, elle était dans la merde.
Pas qu'elle ait peur de Yamato –son regard était inquiétant certes mais elle le voyait plus comme un jardinier doué qu'un adversaire valable.
Mais il y avait bien une chose qu'Anko détestait, c'était bien faillir à sa parole.
« Il est mort », diagnostiqua Ibiki Morino après observation.
- Putain, ça fait à peine deux jours, lâcha Anko, en se mordant la lèvre inférieure.
- Pourquoi tu as pris un bonzaï ? ça demande de l'entretien. Tu aurais dû savoir qu'il allait crever ! Avec cette chaleur en plus…
- Ce n'est pas à moi, c'est à Yamato. Ce con me l'a filé avant de partir en mission avec le gamin renard.
- Uzumaki Naruto, c'est ça ? »
Anko hocha la tête, distraite.
« On m'a dit que Kakashi et Jiraiya se sont occupés de son entraînement.
- J'ai goûté son sang, une fois, raconta Anko, presque rêveuse. Très bon, très sucré.
- Ton passion dévorante pour le sang est malsaine, affirma Ibiki.
Elle loucha dans sa direction, plutôt septique.
« Peut être. Mais tu es un spécialiste de la torture, alors à ton avis, lequel de nous deux est le plus barje ? »
Ibiki ne daigna même pas relever la pointe d'ironie.
« Bon, il est crevé, jette le », conclut finalement Ibiki en désignant vaguement le bonzaï.
Le chef de la section interrogation et torture des services secrets de Konoha l'abandonna lâchement, sans aucunement dissiper ses doutes. Elle finit par le jeter négligemment dans l'évier. Il était mort, après tout. Pourtant, elle revient quelques instants plus tard sur ses pas et le positionna confortablement dans l'eau. Juste au cas où. Le diagnostique d'Ibiki pouvait être faussé.
« Foutu bonzaï », cracha Anko.
Plusieurs jours passèrent et l'arbuste mort perdit peu à peu toutes ses feuilles. Anko n'osa ni le jeter ni même le toucher. Techniquement, elle n'avait pas failli à sa promesse. Elle s'était occupée de ce con de bonzaï. Il était mort, mais elle avait prévenu maintes fois Yamato qu'elle n'était pas douée pour materner. Elle n'avait absolument rien à se reprocher.
Et pourtant…
Le regard de Yamato lorsqu'il apprit la mort de sa plante lui fit froid dans le dos. Il était connu pour ses yeux terrifiants, et aujourd'hui, alors qu'elle subissait ses foudres, elle comprit qu'elle était en face d'une véritable légende.
« Je t'offre un verre ? », fut tout ce qu'elle trouva à dire pour se faire pardonner.
Ce soir, tout Konoha semblait avoir quelque chose à fêter. Un bar miteux coincé dans une ruelle sale fut tout ce qu'ils trouvèrent pour être tranquille. Les verres de saké s'enchaînèrent au rythme des blagues salaces d'Anko. L'alcool aidant, Yamato riait de bon cœur à chacune de ses pitreries. Mais l'atmosphère changea brusquement, quand l'ombre d'un sombre personnage entra dans la conversation. Anko savait pourtant qu'à dose importante, elle avait l'alcool mauvais. Plus tard, en y repensant, elle maudira sa stupidité. Et pourtant, elle était restée.
Quand Yamato lui déclara qu'il avait vu Orochimaru aujourd'hui, elle resta silencieuse. Le souvenir de leur dernière confrontation lui restait douloureux. Elle pouvait presque ressentir la douleur aiguë à la base de son cou, à l'endroit exact de la marque qu'il avait déposé sur elle il y a des années maintenant.
Yamato en avait gros sur le cœur et semblait vouloir s'épancher sur les épaules d'une personne stable, comprit immédiatement la jeune femme. Ce que n'était absolument pas Anko lorsqu'il était question de son ancien maître. Et pourtant la curiosité s'emporta.
Elle écouta son récit avec une appréhension peu commune. Elle comprit le piège de son ancien maître au milieu des déclarations imbibées d'alcool de Yamato. Les détails, il ne les révéla pas. Elle entrevit seulement la douleur de Yamato, la folie de Naruto, la solitude de Sasuke et la détresse de Sakura. Elle reconnut les sombres machinations de son maître, faisant écho à ses propres douleurs qu'elle avait longtemps cru oublié.
Récit fini, Yamato avala sec un verre beaucoup trop rempli. Anko le suivit, silencieuse pour une fois.
« C'était la première fois que je le voyais, admit Yamato.
- C'est un personnage plutôt impressionnant », répondit doucement Anko.
L'euphémisme était choisi avec soin. Durant tout son apprentissage, elle l'avait observé avec un mélange de crainte et de respect. Il était tellement fort, brillant, intelligent… Tellement d'adjectifs pour décrire un homme complexe et effrayant.
Elle se revit, petite en compagnie de son maître. Elle revécut en quelques secondes les heures qu'elle passait à l'observer, tout simplement.
« Il m'a surtout donné la gerbe », avoua Yamato.
La familiarité de l'expression surprit Anko.
« C'est étrange. Je ne me souviens pas de lui, pourtant il m'a semblé être un homme qu'on n'oublie pas facilement.
- Non… », souffla Anko.
Nouvelle tournée de saké. Le monde autour des deux ninjas devenait de plus en plus flou. Les discussions du bar s'assourdissaient. Anko pensa brièvement à partir. La conversation avec Yamato dégénérait et un foutu bonzaï ne méritait pas qu'elle se replonge dans ses souvenirs. C'était trop douloureux. Mais un sentiment incompréhensible la retenait.
« Je crois qu'on a beaucoup trop d'alcool dans le sang, soupira Yamato, les yeux dans le vague.
- Ou pas assez de sang dans l'alcool », répliqua Anko en se réservant un verre.
D'habitude, elle avait l'alcool mauvais. Mais pas avec Yamato. Déjà parce qu'elle ne pouvait pas agir comme la pire des garces alors qu'elle venait de tuer son bonzaï. Et puis surtout, elle comptait sur lui pour payer la note qui s'allongeait de minute en minute.
Elle observa Yamato, éméché comme jamais.
« Je me suis toujours demandée… Tu sais faire pousser des arbres, non ?
- Entre autre.
- Mais est ce que tu sais leur parler ? Hum ?
Yamato la regarda sans comprendre.
« Je parle bien aux serpents, expliqua Anko.
- Moi aussi. Tout le monde peut parler aux invocations, remarqua justement Yamato.
- Ah ouais, c'est pas faux ».
Réflexions.
« Puis même si j'y arrivais, qu'est ce qu'on pourrait leur dire, aux arbres ? »
Nouvelles réflexions.
« J'sais pas. Rien. Puis, c'est forcement con un arbre ».
Ouais, forcement con, comme eux. Comme eux, deux ninja d'élites qui boivent pour oublier leurs vies gâchées par un homme. Un salopard de première. Un enfoiré qui avait abandonné Anko lorsqu'il comprit qu'elle n'était pas assez douée pour ses projets futurs. Quant à Yamato…
« Orochimaru a déclaré que j'étais son expérience la plus réussite, finit-il par avouer.
- Félicitations, murmura Anko d'une voix faible.
- J'aurais voulu comprendre ».
Anko releva brusquement la tête.
« Quoi ?
- J'aurais voulu comprendre », répéta difficilement Yamato.
Anko pu alors voir clairement la douleur de son camarade. La solitude qu'il a du subir parce qu'il était l'expérience la plus réussite de son maître. Elle repensa alors à sa propre histoire, comparable à celle de Yamato. Gâchée.
« Il n'y a rien à comprendre. Orochimaru n'avait de respect pour personne. Il t'a utilisé pour ses expériences, tu n'étais qu'un cobaye parmi d'autres.
- Pourquoi il a fait ça ? Qu'est ce que cela lui a apporté ? »
La question tomba comme un cheveu dans la soupe. Anko avait toujours été consciente du goût prononcé pour la mort de son maître. Elle en avait hérité, d'une certaine façon. Ses expériences morbides le prouvaient. Les causes en revanche étaient mystérieuses.
« Absolument rien, sans doute. Je crois que… je crois qu'il n'y a rien à comprendre. Orochimaru ne s'intéresse qu'à la puissance et au savoir. Il n'a de considération pour rien d'autre. Il pensait que greffer des cellules d'un mort sur des nourrissons était du domaine du possible. Alors il l'a fait, au simplement. Je crois qu'il n'avait pas d'autre raison que l'expérience en elle-même.
- Par pur intérêt scientifique ?
- Ouais… »
Une nouvelle tournée, un nouveau silence.
L'image du laboratoire de son maître était parfaitement claire dans sa mémoire. Elle revoyait avec précision les multiples éléments de son plan de travail, la poussière sur les objets. Concentrée, elle pouvait mettre sentir l'odeur qui émanait de la pièce. L'atmosphère était si particulière, si inoubliable. Est-ce que Yamato pouvait s'en souvenir ?
« Tu lui en veux ? demanda finalement Anko.
- Je ne sais pas, avoua Yamato, avec sincérité. Ce qu'il m'a fait, je n'en ai aucun souvenir. On m'a expliqué… mais… tout s'embrouille dans ma tête. Je n'étais encore qu'un nourrisson, puis… c'est étrange, je n'arrive pas à lui en vouloir. Je ne le connais pas, et pourtant d'une certaine façon, je peux dire qu'il m'a gâché la vie… J'imagine que j'étais important pour lui, la plus belle réussite… »
Anko l'observa avec mépris. Pour qui se prenait-il ? Il n'était rien pour Orochimaru, rien de plus qu'une expérience de son maître. Alors qu'elle…
« Et toi ? »
- Quoi moi ?
- Tu lui en veux ? »
Les fantômes du passé ressurgirent à cette simple interrogation. Lui en voulait-elle ? Après sa désertion, après la découverte de ses laboratoires, elle avait été traînée dans la boue. Elle, le disciple du traître, la manipulatrice de serpent. Elle avait été marquée du sceau de la honte. Les gens ne lui adressaient plus la parole, on lui crachait dessus. A cette époque, elle avait voulu partir avec lui. Elle avait cru être spéciale à ses yeux. Elle avait reçu la marque, le sceau maudit d'Orochimaru.
Mais il était parti, sans elle. Elle n'était pas assez spéciale pour être utile. Et Orochimaru ne s'encombrait pas de choses inutiles. Il l'avait abandonnée, tout simplement.
« Je lui en veux oui, mais je ne regrette rien ».
Non, elle n'y arrivait pas. Elle n'oublierait jamais les heures d'entraînements à ses cotés. Les soirées où cachée dans un coin sombre de son laboratoire, elle l'observait en silence, admirative. Un étau lui prit la gorge. Une envie subite de pleurer son absence.
Elle n'avait pas été assez forte pour lui. Elle n'avait pas été assez douée. Malgré ses efforts, malgré les années, elle n'arrivait toujours pas à oublier sa faiblesse. Aujourd'hui, elle ressentait même de la jalousie pour cet imbécile de Sasuke Uchiwa. Celui que son maître avait choisi.
« Putain, fais chier », cracha Anko.
Elle était tout simplement misérable. Misérable d'aimer cet homme qui ne l'avait jamais considéré comme plus qu'un outil. Et cet enfoiré de Yamato qui l'obligeait à raviver le moindre de ses souvenirs.
« Je suis navré. Je ne sais pas ce qu'il m'a pris, dit Yamato en observant le silence de sa camarade. Et puis merde, je suis désolé. J'ai bêtement cru que tu me comprendrais… Toi aussi… Après ce qu'il t'a fait…».
Anko l'observa en silence. Elle porta inconsciemment sa main sur la marque qu'Orochimaru avait posée sur elle, il y a des années. Etre un cobaye, elle aussi ? C'est vraiment ce qu'il croyait ?
« Ouais… Peut être ».
Yamato releva la tête, surpris.
« J'imagine que nous sommes plus semblable que je le croyais », conclut simplement Anko, sans donner plus d'explication.
Yamato lâcha l'affaire, et but un nouveau verre.
Le lendemain, Anko retrouva un bonzaï à l'aspect tortueux sur le pas de sa porte. Il était entouré d'un ridicule nœud rose trop serré accompagné d'une simple carte.
« Pour Anko. Merci pour cette soirée. Yamato ».
Elle referma doucement la porte, un sourire aux lèvres.
Foutu bonzaï.
Voila, fini.
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