Pas grand chose à moi, beaucoup à Dc Comics. Donc pas d'attaques en justice s'ilvousplaitmerci.

Tadaaa ! Je suis de retour ! (Pour vous jouer un mauvais tour !) Et cette fois ci vous avez voté pour Erreur sur la personne ! Peut être lu avant ou après Chapeau melon et bottes de cuir. Le premier chapitre reste soft, mais ça va partir en M dès le deuxième chapitre à cause de la violence.

Enjoy !


Partie 1: Ca partait pourtant bien...

A trente cinq ans, Daphnée Greyhound se considérait comme une femme très indépendante, bien dans sa peau, sportive et épanouie. Elle avait fini par établir des relations stables, s'entendait aussi bien que possible avec sa famille et était plutôt saine d'esprit.

A dix-sept ans, Daphnée Greyhound se trouvait plate, banale, pensait qu'elle ressemblait à un coton tige, elle ne supportait pas ses belles-soeur, ni sa belle mère, elle n'avait jamais eut de petit ami et elle ne s'appelait pas Daphnée Greyhound mais Daphnée Abernathy.

Elle vivait la moitié du temps chez son père et l'autre moitié chez sa mère et clairement, elle préférait être à Gotham qu'à Quantico. D'accord, chez son père elle n'avait pas à aller au lycée parce que ses horaires étaient aménagés pour qu'elle puisse faire autant de tir à l'arc que possible. Mais il y avait une raison pour laquelle sa mère appelait la grande maison bleue "le poulailler". Le colonel Samuel Abernathy avait divorcé de Sylvia Greyhound pour raisons évidentes, qu'elle l'ait jeté dans les bras de Claudia pour pouvoir demander le divorce et récupérer un maximum de compensations pécuniaires. Il avait alors épousé Claudia Callough avec qui il avait eut trois autres filles. Et s'il avait encouragé Daphnée à être indépendante, athlétique et l'avait toujours félicitée quand elle excellait au tir à l'arc ou envoyait son poing dans la figure d'une personne qui lui menait la vie dure, il avait laissé carte blanche à Claudia pour l'éducation de ses filles.

Là où Sylvia était une femme vénale, roublarde et malpolie qui agissait comme l'archétype de la blonde stupide, Claudia ETAIT l'archétype de la blonde stupide. En sa version "petite clôture blanche en bois". Elle ne travaillait pas, se comportait toujours comme la parfaite mère de famille, agréable et bien élevée, pensait que les femmes devraient rester à la maison, ne portait que des robes et ne se serait jamais rendue compte de la misogynie de ses propos même si quelqu'un avait essayé de le lui visser dans le crâne. Mary, Edith et Margaret étaient des copies carbones de leur mère, se comportaient de la même façon, avaient les mêmes objectifs et quand elles riaient de façon synchronisée, Daphnée commençait à avoir des frissons dans le dos.

Des fois elle se demandait si Claudia ne sacrifiait pas de pauvres petits animaux sans défense à Cthulhu pour obtenir un résultat pareil.

Mais si elle devait choisir entre passer une après midi entière à devoir prendre le thé avec Claudia qui tentait de lui dire avec autant de tact possible qu'elle était aussi féminine qu'un sergent instructeur dopé aux stéroïdes et passer autant de temps avec ses trois sœurs qui la rabaissaient le plus méchamment possible, elle choisirait à coup sur le thé.

La dernière fois qu'elle avait passé trois heures de suite avec les harpies, elle avait passé toute une soirée à pleurer. Le lendemain elle s'était rasée le crâne parce qu'elle en avait marre qu'on se moque d'elle et avait commencé à s'habiller comme un garçon. Si la nature avait voulu qu'elle ressemble à un homme, autant y aller jusqu'au bout. Sa belle-mère fut horrifiée, son père lui dit qu'elle en avait tout de même fait un peu trop et sa mère rigola un bon coup en s'imaginant la tête de son ex-mari. Puis elle l'avait emmenée au centre commercial pour qu'elle s'habille correctement. Avec l'aide de sa mère, elle avait fini par avoir l'air plus attirante que les autres garçons du lycée. Voir la moitié des filles de son établissement lui faire les yeux doux pendant deux mois avait été suffisant pour qu'elle commence à mettre des jupes et du maquillage. Ses cheveux recommençaient à pousser et Sylvia pouvait faire un petit sourire victorieux dès qu'elle voyait Claudia. Ceci dit, les jupes de Daphnée faisaient la même taille que celles de sa mère et on pouvait voir ce qu'il y avait en dessous au moindre coup de vent. Alors Claudia s'étranglait toujours en la voyant.

Le but étant qu'avec un peu de chance, elle aurait un ulcère à l'estomac. Parce que Daphnée avait dix sept ans, et qu'on est toujours un peu immature à dix sept ans.

Mais s'il y avait bien un sujet à propos duquel elle ne rigolait pas c'était le tir à l'arc. La voir s'entraîner était toujours très impressionnant pour son coach et ses différentes équipes. Elle pouvait passer des jours entiers à bander son arc, tirer dix flèches à la suite, recharger et recommencer, le tout sans que la moindre expression ne vienne troubler sa concentration. Elle avait entendu parler de la "flèche éclair" des cavaliers Huns en cours d'histoire et elle était bien décidée à ressusciter la technique. Tirer soixante dix flèches dans le mille, ça avait perdu de son intérêt à partir de la quatrième compétition. Mais tout au long de cette année elle avait mit son entraînement à la technique mongole en pause. Après des heures de négociation, elle avait finit par entrer dans l'équipe américaine de tir à l'arc. Elle aurait pu y rentrer plus tôt, mais ses parents s'étaient mis d'accord sur le fait que ses notes en sciences devraient d'abord décoller du raz des méandres crasseux de la médiocrité. Elle avait donc du sortir ses livres de leur plastique et rattraper tout le retard qu'elle avait accumulé depuis la maternelle. Ca lui avait prit un peu de temps.

Daphnée n'était pas une buse et au bout de six mois elle put fièrement présenter un carnet rempli de "A" en matières scientifiques et "F" en matières littéraires. Ils n'avaient pas précisé qu'elle devait garder ses autres notes au même niveau !

Après cette démonstration de roublardise digne de Sylvia, elle avait pu passer toute une année à ne vivre que pour sa passion, survolant les compétitions et se faisant des amis du reste de l'équipe. C'est bien connu, une véritable amitié se forge dans le stress. Les Jeux Olympiques avaient étés grandioses, non pas à cause de la cérémonie d'ouverture où elle avait été trop stressée pour retenir quoi que ce soit, mais pour la compétition. Même la finale des Etats Unis n'avait pas été aussi intense, elle s'était poussée au delà de ses limites, avait du prendre des médicaments pour pouvoir dormir tellement elle était stressée. Puis il avait fallu entrer dans l'arène, une boule au ventre, consciente qu'elle n'avait pas le droit à l'erreur. Les Etats Unis n'avaient pas remporté la médaille d'or en individuel depuis l'entrée de la Corée du Sud dans la discipline. Elle était la plus jeune, la meilleure, tous les espoirs de millions de personnes reposaient sur ses épaules. La pression était telle que quand les milliers de spectateurs se tournèrent vers elle lors de son passage, elle faillit s'évanouir.

Mais elle ne le fit pas. Elle enleva toute expression de son visage, carra ses épaules, serra les fesses et s'avança d'un pas décidé vers la chaise. A partir du moment où elle avait été assise, elle était de nouveau dans son élément. Le public n'importait pas, le reste de l'équipe n'existait pas. Son univers se réduisait à elle et la cible à soixante mètres. Ses pensées laissaient place à l'instinct. La première flèche était toujours la plus dure. Elle mit son bras à hauteur d'épaule, ressentant à peine son poids, et tira sa flèche vers elle, si près qu'elle sentait la vibration de la corde contre sa joue, entendait le son plaintif qu'elle faisait en se tendant. Elle inspira une fois, deux fois et relâcha.

Parfaite.

Trois tirs plus tard, elle était médaillée d'or et avait battu le record du monde avec soixante-treize flèches. Elle surprit le monde entier en n'affichant pas la moindre émotion lors de la remise de son prix. Elle était trop choquée, sa tête était prête à exploser sous le coup du stress, de la joie, de l'excitation alors son cerveau s'était mis en pause. Ce n'est qu'une fois de retour au village Olympique qu'elle se mit à hurler et embrassa le reste de l'équipe avant d'appeler sa mère. Qui aurait préféré qu'elle reste sous le choc plutôt que de lui briser les tympans comme une hystérique.

Aujourd'hui, elle rentrait à la maison. Elle se sentait complètement drainée et pourtant la partie la plus physique ne faisait que commencer: la publicité. Il allait falloir qu'elle apparaisse sur des plateaux, qu'elle fasse des séances photos pour faire plaisir à ses sponsors... Somme toute, elle allait faire la poupée. Ew. Mais pour l'instant elle était dans l'avion et profitait des quelques heures de répit. Son entraineur la secoua par l'épaule pour la réveiller.

"Allez debout Abernathy, on vient d'atterrir à Gotham."

Quoi ? Comment ça ils venaient d'atterrir ? Mais elle venait tout juste de s'endormir ! C'était injuste ! Qu'on lui rende ses six heures sans photographes ! Elle soupira un bon coup, montrant son mécontentement en râlant mentalement et en tirant la tronche comme seul un adolescent peut le faire, mais finit par se lever de son siège. Plus qu'un avion et elle serait chez le publiciste de l'équipe. Et les journalistes. Mais bon ça aurait pu être pire, la boite de sa mère aurait pu se charger de son cas. S'il y avait bien une chose pour laquelle elle ne lui faisait pas DU TOUT confiance, c'était la gestion de son temps et de son argent. La connaissant elle lui aurait fait subir au moins deux opérations avant de la faire défiler pour toutes les marques de maillot de bain possibles. Elle frissonna rien que d'y penser.

Elle essaya de prendre son sac mais un des gardes du corps l'attrapa au moment où elle tendait le bras. Elle lui jeta un regard noir, il l'ignora royalement et la poussa vers la sortie. Elle prit une profonde inspiration et avança la tête haute. Daphnée commençait a en avoir vraiment marre d'être traitée comme une poupée et pourtant ça allait continuer pendant des années. Peut être que finalement la compétition ça n'était pas fait pour elle. Mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire à part ça ? Elle était douée en langues avec tout le temps qu'elle avait passé à l'étranger mais bon... La jeune fille fut abruptement sortie de ses pensées quand son entraîneur l'empoigna par l'épaule pour la guider à travers le hall de l'aéroport, parce qu'elle était à la traîne. Elle leva les yeux au ciel et serra les dents en voyant les journalistes. Penser positif Daphnée, ne pas mordre les journalistes comme elle mordait ses enseignants en primaire. A l'époque elle était mignonne alors à la limite ça passait, mais là elle était une planche à pain et tous les tabloïds disaient qu'elle avait un regard de tueuse alors si elle faisait ça ils l'enverraient à Arkham. Voulant se calmer, elle essaya de s'imaginer en amazone, sur un gros poney, en train de tirer sur des petits lapins tout mignons dans une immense prairie où il n'y aurait personne. Mais la vision idyllique fut brisée quand elle entendit un des vautours crier pour lui demander si elle était sociopathe.

Sainte patience au secours.

Continuant à regarder droit devant elle, elle enfonça ses mains dans les poches de sa veste. Elle fut surprise d'y sentir quelque chose d'autre que des mouchoirs et sortit un paquet de chewing gum à la pastèque. Ohhh ! Elle les aimait ceux- là ! Sans trop réfléchir, elle l'ouvrit et jeta deux gommes dans sa bouche. Elle ne se posa pas trop de question sur comment ils avaient pu arriver là, se disant qu'elle avait du les acheter pour gérer la pression durant le vol, parce qu'elle ramassait tout ce qui traînait qui semble sucré ou comestible depuis qu'on l'avait mise au régime eau plate et carottes. Des fois elle ne s'en rendait même pas compte. La première chose qu'elle ferait quand elle repasserait sous la garde de sa mère, ça serait de se préparer une énorme dose de glace à la vanille avec double dose de chantilly et quadruple dose de caramel. Elle bavait rien que d'y penser. Après un an à jouer les moines, elle commençait à rêver de cheeseburgers la nuit. Ca devenait grave ! Et si elle faisait une crise d'hystérie en pleine ... ohhh.

Se sentant défaillir, elle s'arrêta et se raccrocha à son entraineur. Et voilà, c'était la faute des carottes. Elle prit trois grandes inspirations avant qu'il ne lui vienne à l'esprit que ses bonbons avaient un drôle d'arrière goût. Avant de perdre connaissance elle eut une dernière pensée.

Daphnée Virginia Greyhound, dix-sept ans, championne olympique et championne du monde, vaincue par des chewing gum périmés.

Bah, ça valait totalement le coup.


Notes d'auteur :

-Ca a été un sacré challenge pour moi d'imaginer ce qu'aurait pu être la personnalité de Daphnée à dix-sept ans, et faire qu'elle ressemble tout de même à la Daphnée adulte de Chapeau melon et bottes de cuir. Mais je suis assez contente du résultat. La voilà adolescente, elle a une famille qui la gonfle, elle en fait un peu trop, elle râle, elle tire la tronche, elle a du mal à assumer sa féminité et passe d'un excès à l'autre, elle est complètement immature... Mais cette gamine est aussi folle furieuse, passionnée, cultivée, intelligente et déterminée que la plus agée. Maintenant, comme on dit chez moi :" Y'a plus qu'à".