Le Papillon Blanc
J'ai écris cette fiction il y a pas mal de temps. Et là je viens d'Avoir un regain de nostalgie. J'ai mis des efforts là-dedans et si elle doit croupir dans les méandres de mon disque dur...et bien je préfère qu'elle croupisse dans les méandres de Fanfiction!
J'espère que vous y verrai le moindre intérêt, même si le septième bouquin d'Harry est maintenant du passé.
Bonne lecture, l'auteur.
La pièce était obscure, mais Severus Rogue parvenait à s'y déplacer sans aucune difficulté. Ses pas étaient longs et assurés, et sa démarche bien identique à ce qu'elle avait toujours été, c'est-à-dire droite, fière et hautaine. Le grand sorcier se dirigeait vers la fenêtre tout au bout de la pièce, d'où provenait un insupportable tapage qui était dû aux volets béants. Ceux-ci claquaient d'une façon déchaînée, importés par le vent orageux qui soufflait à l'extérieur. En effet, dehors, les bourrasques étaient si fortes, la nuit si noire et le ciel si vide de toute étoile que Severus reconnut sans mal les signes de l'évident orage qui se préparait. Les rafales qui entraient par la fenêtre ouverte faisaient élégamment tourner les pans de sa robe sombre, tandis que ses cheveux noirs et disgracieux ne bénéficiaient que de pauvres et maladroits balancements.
Malgré le tapage et les bourrasques causés par les volets, le maître des potions laissa son regard errer par la fenêtre, dans la rue déserte de ce quartier moldu où il habitait. À cette heure de la nuit, aucun moldu n'osait sortir à l'extérieur. Ils étaient tous trop effrayés à l'idée qu'un assassin ne surgisse de l'ombre ; tous trop effrayés à croire que leur voisin jaloux les volerait pour les inutiles et pathétiques possessions qui recouvraient leurs trop nombreuses étagères ; ils étaient tout simplement trop effrayés par les ténèbres. Et, depuis que le monde des sorciers était de nouveau officiellement en guerre, Severus n'avait qu'un avis : cette fois-ci, leur crainte était bel et bien fondée. En ces temps hostiles, un moldu vivant était un moldu terré.
Puis, alors que Severus s'avançait dans l'intention de fermer les volets en furie, le vent s'apaisa et s'effaça abruptement. Les volets s'immobilisèrent et tout fut alors plongé dans un calme étrange, comme cela se passe toujours dans les quelques secondes précédant les plus terribles tempêtes. Et, tout à coup, la pluie tomba aussi brusquement que le vent s'en était allé. Les gouttes étaient énormes, pesantes et humides. Lorsque l'une d'elles s'écrasa sur le nez de Severus, celui-ci recula d'un mouvement vif et leva sa baguette devant lui, comme si la simple vision de cette arme magique aurait pu convaincre la pluie de reculer, d'aller se déverser ailleurs, loin de lui. Malheureusement, la pluie n'a que faire des sorciers, elle n'a que faire de ceux qui se croient plus forts qu'elle puisque elle-même se croit invincible. Et la pluie continua de tomber.
Mais ce fut assez. Severus Rogue se pencha fermement vers les volets, oubliant les gouttes humides qui se fracassaient sur ses bras. Alors qu'il allait les clore définitivement et retourner à ses lectures, un éclair blanc illumina la nuit. Il sembla alors qu'un souffle lui effleurait l'oreille et Severus se retourna, les sens en alerte. À cet instant précis, un puissant grondement de tonnerre se fit entendre.
Un moment plus tard, lorsque le calme fut finalement revenu et que l'on n'entendit plus que les lointains piaillements d'oiseaux affolés, Severus jeta un regard ennuyé à la fenêtre encore ouverte. Sa baguette étant toujours entre ses doigts, il lui fit faire un mouvement rapide en direction des volets. Ceux-ci se scellèrent aussitôt, mais bien définitivement cette fois-ci. . .ou du moins l'espérait-il. Car Severus ignorait pour quelle raison cette fenêtre avait été ouverte, étant donné le fait qu'il n'avait jamais ouvert la moindre fenêtre de cette demeure et qu'il en était le seul occupant. Néanmoins, il laissa ses interrogations en suspens. Le maître des potions sécha le plancher trempé par la pluie, ajusta habilement sa cape et s'en fut vers la bibliothèque. Il s'arrêta toutefois afin de jeter un dernier regard aux volets fermés. Il les fixa pendant quelques secondes, en proie à un curieux conflit intérieur. Car en fait, une partie de Severus se doutait très bien de comment et par qui cette fenêtre avait été ouverte. Mais une autre partie lui disait d'oublier, d'ignorer, et ce fut à celle-ci qu'il obéit.
Cependant, alors qu'il fuyait et passait le seuil de cette salle obscure, Severus Rogue sentit une légère, presque imperceptible, friction derrière sa nuque. Un doux frottement, comme un battement d'aile. Il plaqua précipitamment sa main derrière sa tête et y coinça une petite chose. Mais alors qu'il allait ouvrir la main, Severus fut soudain envahit d'un sentiment étrange, comme s'il savait d'ores et déjà ce qui s'y trouvait caché.
Le même sentiment qui l'avait assailli alors qu'il observait la fenêtre. Ce conflit, ce combat dans sa tête.
Le regard sévère, le sorcier aux cheveux noirs ramena sa main vers lui et l'ouvrit lentement. Lorsqu'il en découvrit le contenu; lorsqu'il découvrit ce qui avait causé cette sensation derrière sa nuque, Severus ne broncha pas. Il ne cligna pas des paupières, ni ne fronça les sourcils. Il resta imperturbable, figé, tandis qu'une agitation intense s'emparait de sa tête. En un instant, ce qu'il avait vu dans sa main avait ranimé en lui une multitude de souvenirs qui se déversaient en son esprit comme une marée montante.
Non, non, impossible ! Il ne peut être revenu !
Rapidement, Severus se sentit submergé, noyé par le passé, par toutes ces choses qu'une partie de son esprit avait voulu ignorer tant bien que mal. Il se noyait, s'empoisonnait dans ses souvenirs alors que sur sa paume, là, immobile, se trouvait
Toi!
un papillon blanc, un papillon nocturne, semblait-il, de par ses poils et son allure. Le Maître des potions fixa la petite bête sans réagir ou du moins, sans savoir comment le faire.
Le passé l'assaillait, le poignardait. Car Severus se souvenait. . .se souvenait de lui.
Il avait déjà rencontré un petit être similaire auparavant. Oh si. . . il en avait déjà rencontré un. Et le papillon de son souvenir avait tant de ressemblances, était si identique en tous points à celui qui se trouvait sur sa paume en ce moment que pendant une seconde, une brève seconde, Severus cru que les deux êtres était en fait le même et unique. Pendant une seconde, il crut qu'il était revenu, comme il l'avait dit avant d'être. . . Mais rapidement, une partie de son esprit tenta de le convaincre du contraire. Cela était impossible. Impossible, puisque le papillon de ses souvenirs
August !
était
Je l'ai tué !
mort. Severus secoua la tête et fronça les sourcils. Après tout, ce papillon, celui posé sur sa main, n'était rien d'autre qu'un papillon. Rien d'autre. Son esprit était embrouillé. Sans doute par la fatigue.
Puis, le papillon se mit à battre rapidement ses ailes aussi blanches et brillantes que la lune et il s'éleva jusqu'à s'échapper de la poigne de son ravisseur. Ensuite, il s'immobilisa dans l'air, devant le visage impénétrable de Severus. La minuscule bête semblait
lui dire je te pardonne ce n'est rien mais s'il te plaît ne fais pas ne fais pas ça encore
Severus secoua de nouveau la tête. Une fois de plus, il lui sembla avoir l'esprit embrouillé. Que se passait-il ?
Tu sais ce qui se passe !
Devant lui, le papillon aussi blanc que la neige le fixait toujours, ses yeux reflétant ceux de Severus dans toute leur sévérité. Le grand sorcier soutenait le regard du papillon lorsque soudain, il remarqua un détail insolite. Le papillon blanc... le papillon le regardait. Il le regardait, le fixait, l'observait.
Des yeux d'animagus. Des yeux humains !
Les papillons ne regardent pas. Severus écarquilla les yeux, mais se rétablit aussitôt. Une foule de questions s'entassait dans sa tête. Une foule de questions auxquelles il avait réponse, bien qu'il ne veuille se l'admettre.
Alors que les battements de son cœur s'intensifiaient contre son gré, Severus prêta attention à l'insecte. Celui-ci, de son regard profondément humain, semblait lui dire... tout à coup, Severus une douleur aiguë à la tête. Ce fut comme si un poignard venait de s'enfoncer de toute sa longueur dans son crâne. Puis, il entendit sa voix, clairement, dans sa tête.
Severus ne fais pas ça je sais que tu crois voir en les ténèbres la force le pouvoir la vérité mais écoute-moi change de camp je sais je sais que tu n'es pas comme lui
Severus plaqua ses mains sur ses oreilles, mais ce fut en vain. La voix ne provenait pas de l'extérieur, mais de sa tête. Le papillon blanc communiquait directement dans son esprit.
Severus je sais ce que tu vas faire je sais ce que tu as l'intention de faire mais ce n'est pas la bonne voix la trahison n'est pas la bonne voix tu ne dois pas trahir l'homme qui t'a fait confiance comme je t'ai fais confiance aveuglément ne fais pas ça ne fais pas ne tue pas encore ne tue pas encore pour les ténèbres
Severus hurla. La douleur était terrible.
Souviens-toi de ce qui s'est passé ! peut-être peut-être que tu…que tu…?
Severus s'effondra sur le sol. Il perdit conscience, et des images s'imposèrent, se dessinèrent dans sa tête, malgré sa volonté. Comme un rêve, un grand rêve rempli de souvenirs. Un rêve qu'il avait déjà vécu.
