Bonjour à tous ! Alors oui, une nouvelle fiction car cela faisait longtemps que j'avais envie de faire de Ciel le héros de l'histoire en quelque sorte… Bon. Voilà, l'action se passera en Russie lors du règne de Nicolas II . Que voulez-vous, j'avais besoin d'une once d'exotisme ahah. Premier essai d'un soupçon de suspens aussi, mais comme d'habitude il y aura encore beaucoup de second degrés dans ce que j'écris (pour ne pas dire des trucs débilos)... Alors qui de Sebastian, Undertaker et Grell finira en premier écrasé par une Troïka en furie ? Bwahahaha !


Ciel, boudeur, lorgnait la fenêtre avec exaspération, de lourds flocons de neige virevoltaient ici et là dans le ciel de cendre d'Angleterre. La paperasse s'entassait sur son bureau de manière quelque peu désordonnée, ce qui était chose rare pour le jeune count. Pensif il lâcha un petit soupir alors que trois légers coups retentirent à la porte. Il était l'heure de sa collation, et elle tombait à point nommé. Le comte Phantomhive était encore quelque peu déboussolé face à la missive qu'il venait de recevoir la veille. Au centre de la table de son bureau, un papier d'une blancheur éclatante à la légère odeur de rose portait le sceau de notre bien-aimée Victoria. La reine lui avait confié une mission assez particulière et non sans danger, qu'il c'était pourtant empressé d'accepter, il en mesurait désormais les conséquences. Enfin… Voyons le côté positif, il allait pouvoir passer cette détestable fête de Noel hors de Londres, même si cela signifiait un territoire inconnu. A quatorze ans, il avait encore de nombreuses peurs qu'il essayait tant bien que mal de dissimuler sous le jouc de l'indifférence.

-Entre Sebastian !

Habillé de son eternel frac, le démon au sourire narquois portait un plateau argenté, finement ciselé, orné de multiples reliefs qui n'était pas sans rappeler des tiges et feuilles végétales. Le majordome avait un visage lisse et tranquille et paraissait imperturbable, une douce odeur d'agrume remplit dès lors la pièce, chargeant d'un parfum léger l'air auparavant gorgé le l'amoncellement de nombreux papiers dépliés. Comme d'ordinaire sa tenue était impeccable et le placement de chaques pores de sa peau semblait être le fruit d'un raisonnement long et particulier. Le jeune noble rangea instinctivement les enveloppes ouvertes ou non de son bureau et se redressa sur son siège. Sébastian s'approcha d'une démarche souple, couvrant la table désormais libre d'un fin torchon blanc.

-Jeune maître, aujourd'hui je vous ai préparé quelques syrniki, ou plutôt des galettes de fromage blanc accompagnées de crème fraîche, de confiture, de miel et préalablement trempées dans du jus de pommes. Ainsi qu'un thé Earl Grey à la Russe, parfumée aux zestes d'orange et à la bergamote avec des pétales de soucis. J'ai songé que ce petit encas conviendrait parfaitement avec la nouvelle que vous venez d'apprendre hier, enchaina t'il non sans insolence.

Ciel le foudroya du regard, avant d'entamer le déssert sans même remercier le diable. Les pâtisseries de Moscou étaient cependant excellentes, des saveurs suaves et néanmoins inconnues se pressaient dans son palais. Pourquoi les Anglais n'avaient-ils jamais eut cette idée ? Le thé chaud, sans être brûlant, doux dans sa gorge, avait un goût légèrement acidulé sans que cela soit contraignant et subtilement sucré dans tout le savoir-faire du Black Butler. Mangeant doucement pour prendre garde de ne pas tacher sa chemise à jabot blanche ornée de fines dentelles, la collation disparut pourtant assez rapidement.

-C'est très bon, lâcha t-il enfin après avoir engloutit les dernières miettes.

Sebastian récoltant le « compliment » d'un large sourire, s'empressa de débarrasser la vaisselle de porcelaine avec une dextérité déconcertante. Rien ne s'entrechoquait et il empila la tasse, la théière et l'assiette sur le plateau d'argent et cela en quelques secondes.

-J'ai terminé de préparer vos affaires et je suis sortie tout à l'heure en ville afin de récupérer les articles que nous avions commandés au tailleur, jeune maître. La fourrure y est d'une qualité exemplaire, je ne tiens pas à ce que le froid polaire procure une quelconque rougeur à votre peau fragile. Nous sommes donc prêt à partir quand il vous en sera grée.

Ciel s'attendait à cela bien que ce voyage l'inquiète plus que tout. Initialement convié pour négocier quelques affaires politico-économiques en faveur de l'Angleterre, la reine voulait surtout qu'il mette au clair de nombreux bruits inquiétants qui se faisaient de plus en plus fréquents au fil des ans. A St Petersbourg, le Tsar était devenu complètement fou et l'on ne cessait de dire que c'était un autre homme tapis dans l'ombre qui prenait toutes les décisions. En commun accord avec la France, la reine Victoria c'était promis de se pencher personnellement sur l'affaire, devenue une menace pour toute l'Europe. Elle avait en premier lieu envoyé ses meilleurs agents et généraux mais la plupart étaient morts dans des circonstances mystérieuses. De ce fait le jeune Count c'était porté volontaire afin de mettre à terme à ces sombres machinations qui n'avaient que trop durées. Pourtant, il commençait déjà à regretter...

-Bien, laisses moi une heure qui te permettra également de régler les derniers détails avant notre départ. Ce n'est pas que je sous-estime l'efficacité de Tanaka mais je préfère que tu sois clair avec lui sur certaines choses. Pas de robots géants dans les jardins, pas de plats aux lance-flammes et encore moins que la blanchisserie se transforme en guerre nucléaire durant notre absence ! Mais j'en demande peut-être un peu trop…

Il n'aimait pas particulièrement les trajets en train, lents et interminables, mais le Transsibérien était chose obligatoire afin de se rendre à St Petersbourg. Le voyage serait long et laborieux et l'héritier en était exaspéré d'avance. De plus ce n'est pas comme si converser des heures et des heures était sa passion favorite ou bien encore la lecture. Bref, en gros rien n'allait l'occuper lors de la longue distance du chemin de fer si ce n'est peut-être le sommeil.

-Ne vous inquiétez pas, il sera fait comme bon vous semble jeune maître, dans une heure, nous serons tous les deux à la gare et…

Le diable de majordome ne put finir sa phrase.

-Tous les trois ! Undertaker nous accompagne. Un shinigami doublé d'un croque-mort ne sera pas de trop vu les craintes de la reine. Elle m'a décrit dans quel état les Anglais qu'elle a envoyé là-bas ont été retrouvé, bien que je sache que ton devoir est de toujours veiller sur moi je ne suis pas des plus rassurés. Il y a aussi des rumeurs sur des histoires occultes et nous savons tous deux que c'est un… Spécialiste dans la matière.

Le regard de Sebastian se teinta un instant de surprise avant de reprendre sa froideur habituelle. Il ne s'attendait absolument pas à ce que le dieu de la mort soit également de la partie, mais il ne s'en inquiéta pas davantage, l'homme aux longs cheveux argentés n'avait jamais eut une quelconque hostilité envers son jeune maître, l'aidant même souvent dans ses enquêtes, on pouvait même dire qu'il l'appréciait quelque peu.

-Fort bien, il en sera donc ainsi Bocchan.

S'inclinant légèrement, le majordome, la main gauche agrippant fermement le plateau, s'apprêta à quitter la pièce, y laissant un Ciel au regard vague, les bras croisés et apparemment plongé dans ses pensées.


La pièce semblait presque dépourvu de la moindre lumière et les minces rayons solaires qui pénétraient l'intérieur éclairait les environs de manière fort inquiétante. De lourds bocaux de formol, ici et là étaient remplit d'organes tantôt rachitiques tantôt déformés, restaient alignés sur les étagères dans une décoration des plus saugrenues. Un fracas tonitruant résonnait vers le centre, accompagné d'un flot de poussière, entre deux cercueils tombés à la hâte, une voix angoissante résonnait.

-Il faudrait que je songe à faire un peu de place, ou sinon c'est moi qui finirai dévoré par les vers hihihi. Dis-donc, où compte tu aller comme ça mon "mignon" ?

Il écrasa machinalement un asticot en un bruissement spongieux avec la pointe de sa chaussure avant de touiller les restes de l'invertébré de ses longs doigts crochus aux ongles laqués de noir. L'homme portait une large tunique noire et de longs cheveux lisses et argentés. Une fois le petit passe-temps terminé, Undertaker s'avança joyeusement vers sa « table des chefs-d'œuvre ». Une jeune femme y avait été déposée quelques heures auparavant, les yeux clos, la peau légerement grisâtre, des fleurs dans les cheveux ou plutôt une couronne de Lys mortuaire, éclatante elle irradiait totalement laissant confondre la livide arrivante avec la beauté antique de Séléné.

-Cette pâleur vous sied tellement plus que tous les fards qui maculent vos sœurs à outrance. Vous êtes un idéal ! Ah comme j'aimerais ! Comme j'aimerais aimer… La mort amoureuse, amoureuse d'une morte, ne serait-ce pas là le prélude d'une grande fable? Hihihi…

Le corps devait être rapidement préparé, le shinigami allait bientôt s'absenter pour une durée indéterminée et il était très à cheval sur les règles de décomposition. Sortant ses instruments d'une large mallette de cuir, il s'empressa de s'approcher du cadavre afin de lui rendre l'apparence la plus parfaite lors de son enterrement.

-N'ayez crainte ma douce, ce sera une grande fête ! Je reste là, spectateur des saisons qui décroient , des êtres qui se fanent, haletant, à l'affut, mécanique, enfermé dans une torpeur floue et grossière, un carrousel à vive allure, sans fin. Je ne suis pas, comme vous, modulé d'argile mais d'une cendre âcre, sèche, fine qui pourtant ne s'effrite.. Mais vous voilà aussi désormais bien loin de la glaise, privée de l'essence vitale, maintenant éternelle statue de glace aussi lisse que le marbre, d'une incroyable beauté. Je vous promets une merveilleuse célébration hihihi !

Il s'imaginait les passions et les drames, les sensations et les délices, qui ont modulés cette courte vie. Les désirs éhontés à demi murmurés à la lueur d'une chandelle, dans la froissure des draps et la mollesse des tissus, l'œil brillant, la peau frissonnante. Quel esprit pouvait contenir ce visage si lisse ? Undertaker se plaisait dans ses suppositions tout en maquillant légèrement le visage moribond, cela l'embêtait quelque peu de quitter ainsi son travail, mais d'un autre côté, il était tout excité de changer de pays et d'accompagner… Le jeune comte.

-Oh mais oui ! Je dois me rendre au manoir Phantomhive ! Dis-moi, pourrais-tu ramener le corps à la famille demain? Je crois avoir terminé…

L'intéressé lui lança un regard noir, frustré que le croque mort ne daigne lui jeter une oeillade qu'après tout un après midi entier, il avait pourtant mit toutes les chances de son côté, maquillé à la perfection, avec une paire de cuissardes en vinyle à talons compensés, des bas résille et une nuisette courte et échancrée en satin rouge ornée de fines dentelles, snif. Mais non Undertaker s'émoustillait plus de la vue des macchabés que du légendaire sex-appeal de Grell Sutcliff ! Dépité, la faucheuse rubiconde lui offra tout de même un signe de tête affirmatif tout en ne quittant pas sa mine boudeuse. Il passa une main dans ses cheveux soyeux.

-Seulement si vous m'emmenez avec vous au manoir, minauda t-il.

Au moins, il n'aurait pas totalement perdu sa journée s'il pouvait montrer sa magnifique tenue à Sebas-chan.

-Je ne suis pas contre cette idée tu sais, mais je ne pense pas que le maître des lieux soit du même avis que moi.

-Unnnndyyyy je vous en prie ! Ca fait une éternité que je n'ai pas vu ce diable de majordome ! Pour une fois que je suis si ravissante ! J'ai été à l'esthéticienne juste la veille !

Se gardant bien de commenter la dernière phrase ou bien de demander d'autres précisions, Untertaker acquiesça sous les cris suraigüe de Sutcliff, après tout il ne valait mieux pas que de potentiels clients, traumatisés par le deuil, tombent sur la drôle d'hôtesse durant son absence…Ils quittèrent tous deux la boutique en direction du manoir. Dans sa hâte, Grell referma la porte de manière bien précipitée. Des bocaux d'organes tombèrent des étagères, atterrissant sur la défunte, brisés, laissant apparaitre une bouillie informe de pancréas mous et de débris d'éclat de verre, dans les cheveux de la jeune morte.

(To be continued...)