Prologue

Le soleil se levait dans la grande ville de Tokyo. Bien que ce ne soit que l'aurore, de nombreuses voitures rugissaient déjà sur les routes. Dans les rues des mauvais quartiers, les voyous s'en donnaient déjà à coeur joie, faisant ainsi travailler la police de bon matin.

À la frontière de ces quarties là, un modeste immeuble d'une dizaine d'étages se dressait fièrement, entouré d'un petit parking dans lequel étaient stationnés quelques véhicules. Autour on pouvait voir de grands arbres majestueux et une grande quantité de petits buissons créant ainsi un petit park au pied du bâtiment, ce qui rendait le paysage accueillant.

Sur ce parking, un gros camion de déménagement s'arrêta et laissa sortir de sa cabine une jeune fille. Ses cheveux bruns tressés lui descendaient jusqu'à la taille, elle portait une chemise bleue complêtement ouverte sur un tee-shirt noir, un jean et des converses noires.

Une fois dehors, elle se mit à sautiller partout et un grand sourire joyeux étirait ses fines lèvres. Elle retira ses lunettes de soleil faisant apparaître deux yeux aussi bleus que le ciel de ce matin-là. Derrière elle, une porte claqua lui indiquant que la personne qui l'accompagnait était également sortie. C'était un beau jeune homme d'à peu près son âge, grand, il semblait aussi heureux qu'elle. Il retira à son tour ses lunettes de soleil et parcouru les lieux de ses magnifiques yeux fauves avec attention. Un sourire se dessina sur son visage, creusant d'adorables fossettes sur ses joues rebondies. Il portait un jean usé et troué au niveau des genoux ainsi qu'un large tee-shirt complêtement ridicule sur lequel était écrit en gros caractères «Elles sont toutes folles de moi !». Le jeune homme passa une mains dans ses cheveux châtains et s'avança lentement, faisant claquer ses tongs à chaque pas. Une fois derrière sa compagne, il enserra la taille de celle-ci de ses bras et la serra contre lui. Sentant le torse puissant contre son dos, la brune tourna la tête pour lui déposer un doux baiser à la comissure des lèvres avant de lui offrir un de ses plus beaux sourires.

- Regarde comme c'est beau. Dit-elle alors en désignant ce qui les entourait. Tu te rends compte ? Notre premier appartement rien qu'à nous.

Son vis-à-vis hocha la tête avant de légèrement froncer les sourcils et rétorquer :

- Oui Ren, j'ai vu. C'est magnifique. Mais n'oublies pas pourquoi nous sommes là.

La susnommée se rembrunit et une moue agacée prit place sur son doux visage, chassant la joie de ses yeux turquoises.

- Oui, je sais... Soupira-t-elle. Comment l'oublierais-je ?

Elle sentit les bras se reserrer autour de sa taille et comprit que son homme s'inquiétait.

- Ne t'inquiète pas, je ferais attention. Tenta-t-elle de le rassurer.

- J'espère bien. Murmura le jeune homme en enfouissant son visage dans les cheveux blonds.

Il y avait quelques temps, la police japonnaise avait apprit de source sure que dans un certain immeuble de Tokyo, se cachait, ou plutôt habitait, un groupe de criminels extrêmement dangereux. Quelques rumeurs couraient déjà à propos de cet immeuble où il était formellement d'entrer. Il était vrai que la capitale japonnaise comptait de nombreuses propriétés privées mais les forces de l'ordre ne pouvaient se permettre de porter leur attention sur chacune d'entre elles. Or, cette batisse-là avait attirée leur regard parce que toutes les personnes qui avaient osées y pénétrer n'en étaient jamais revenues. Aussi certains passants affirmaient entendre de temps à autre des cris d'agonie ou des hurlements de douleurs qui de part leur puissance traversaient les murs pourtant très épais. De quoi effrayer pas mal de monde.

Tout avait réellement commencé lorsque, suite à la découverte de cadavres très mal en point dans des poubelles du quartiers, un groupe d'adolescents avait affirmé avoir vu un criminel connu entrer et sortir de l'immeuble à plusieurs reprises. Une enquête a été menée et il semblerait qu'effectivement, le batiment V Akuma était bel et bien habité par des êtres très dangereux. Il avait donc été décidé de surveiller ceux qui logeaient là de près afin de pouvoir enfin trouver des preuves des crimes dont le monde entier les accusait et ainsi les arrêter. Ce groupe d'assassins était mondialement craint mais on avait jamais pu trouver leurs identités avant aujourd'hui. Désormais la police connaissait les visages et les noms de tous les membres de ce groupe mais ils n'avaient toujours pas réussi à associer les actes monstrueux à leurs auteurs. Tout ce que l'on savait de ces monstres sanguinaires était leurs pseudonymes, leurs armes principales et le fait qu'ils formaient un groupe parfaitement unit. La police n'était même pas sure de leur nombre exacte.

Bien qu'au départ ils aient voulu envoyer un détachement de l'armée pour garder ces dangers mondiaux à l'oeil, ils avaient jugé cela trop énorme et bien trop voyant. Ça aurait plus semé la panique qu'autre chose. Il a donc été choisi d'envoyer Ren et Akiro Shizoku. Récemment marié, ce couple était considéré comme les deux meilleurs agents du Japon. Ils avaient pour mission de s'infiltrer dans le batiment en tant que jeune couple qui aurait loué l'appartement du rez-de-chaussée afin d'observer les meurtriers, de retrouver l'identité de chacun et d'envoyer toutes les informations possibles au quartier général. En gros, ils allaient vivre dans un immeuble inquiétant, entourés d'individus tous plus dangereux les uns que les autres comme voisins tout en faisant comme s'ils ne se doutaient de rien. Rassurant me diriez-vous.

Et bien Ren et Akiro avaient accepté.

Une fois prêts, ils avaient pris leurs affaires et après une nuit de trajet épuisante, ils arrivèrent finalement au pied de ce batiment tant redouté. Durant le voyage, ils avaient pris connaissance des dossiers de leurs futurs voisins et de nombreux frissons d'horreur avaient traversé le jeune couple tout au long de la lecture.

En repensant à tout cela, Ren fut prise de légers tremblements incontrolables. Akiro le sentit et la serra un peu plus contre lui pour tenter de la réconforter quelque peu. Il n'eut aucun mal à deviner ce à quoi pensait sa femme et comprenait tout à fait la réaction de celle-ci. Tout comme lui, ce batiment renfermait l'un de ses pires cauchemars.

Ça allait être très dur.

- Quand emménagerons-nous ? Demanda la brune en essayant de garder une voix ferme.

- Quand les déménageurs arriveront pour nous filer un coup de main. Lui répondit son mari en passant tendrement ses doigts dans ses cheveux.

Elle hocha la tête et se dégagea de l'étreinte d'Akiro avec douceur pour se diriger vers le camion et s'installer sur son fauteuil. Son conjoint soupira longuement en regardant une dernière fois le soleil se lever derrière l'immeuble puis rejoignit la jeune femme à l'intérieur du véhicule. Ren s'était de nouveau plongée dans les feuilles d'enquêtes qui leur avaient été données avant leur départ. Celle qu'elle était en train de parcourir donnait le nom et le métier des habitants de chaque étages ainsi que d'autres informations plus ou moins utiles que les autres équipes étaient parvenues à récolter. Ren poussa soudainement un soupir à fendre l'âme et abandonna sa lecture pour laisser tomber sa tête sur l'épaule de son compagnon.

Cette mission ne promettait vraiment rien de bon. Elle avait un très mauvais pressentiment.