Voici une fic sur laquelle je travaille depuis un petit moment déjà en parallèle de mes divers autres projets )
Il s'agit d'un Sherlock/John, couple sur lequel je n'avais pas écrit depuis un moment alors même que je l'adore. Néanmoins je n'ai pas pu m'empêcher d'intégrer en filigrane quelques allusions à un autre couple, nettement moins exploité celui-là :lol: , que moi-même j'aime tout particulièrement. Je vous laisserai le découvrir par vois même^^
Concernant le sujet, à l'inverse des excellentes fics que j'ai pu lire récemment, ici il n'y aura nul mystère, nulle enquête, tout simplement parce que j'ai du mal à m'en sortir avec ce genre pour mon plus grand malheur. Je me contenterai donc d'aborder plutôt le domaine des sentiments humains )
Place donc au premier chapitre, j'espère que vous l'apprécierez.
Bonne lecture :)
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S'arrêtant au milieu du petit chemin de terre, John se retourna pour regarder la maison au loin. Belle demeure. Il comprenait que Mycroft l'ait estimé idéale pour venir s'y ressourcer. Lui-même se sentait bien depuis qu'il était ici, il y avait pourtant encore pas mal de chemin à faire, cela il ne le savait que trop bien. Mais il était en bonne voie, ils étaient en bonne voie, il en était certain. Ne restait plus qu'à Sherlock d'admettre enfin qu'il y avait un problème dont il était pour beaucoup responsable. Contraints de rester ici tous les deux tant que cette conversation n'aurait pas eu lieu, il y avait fort à parier que le détective saurait bien vit entendre raison.
Machinalement, le médecin porta la main à son avant-bras. L'épaisseur des vêtements ne lui permettait pas de toucher la cicatrice, mais il la savait là, à plus forte raison qu'il sentait encore la douleur sourde. Cette blessure qui s'étendait sur presque dix centimètres, le témoin silencieux de ce qu'il reprochait à Sherlock. Elle avait déjà guérie en partie, mais il demeurerait une marque sans nul doute. Et si la douleur physique s'effaçait peu à peu, celle, plus profonde et tellement plus insidieuse qui marquait son cœur serait bien plus longue à partir. Et avec elle la rancœur demeurait.
Bien sûr ce n'était pas directement pour cette coupure qu'il en voulait à son compagnon. Elle n'avait été que l'illustration de tout ce qui s'était mal passé. A cause de Sherlock. Sherlock et sa façon de tout garder pour lui. Sherlock qui se croyait tellement meilleur que tout le monde. Sherlock quoi avait risqué si souvent leurs vies à tous les deux avec ses secrets.
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Trois semaines plus tôt.
Allongé contre lui sur le canapé, le détective mordillait l'épaule de John, jouant du bout de la langue avec la cicatrice boursouflée et blanche. Le médecin leva le bras et glissa sa main dans les boucles noires. Il soupira de contentement quand les doigts de son amant migrèrent sur son flanc. Presque immédiatement deux lèvres avides se posèrent sur les siennes. Le baiser gagna en intensité tandis que le cadet se réinstallait à califourchon sur lui. Et déjà il sentait l'érection de Sherlock contre sa cuisse. Décidément, son amant était particulièrement en forme ce soir, ce dont il ne risquait pas de se plaindre. Il s'apprêtait à faire remarquer avec un petit rire que c'était définitivement pratique qu'ils ne se rhabillent pas immédiatement après avoir fait l'amour dans la mesure où ils remettaient généralement le couvert une seconde fois, mais au même moment le portable du détective, abandonné sur la table basse près d'eux, émit une brève sonnerie.
Continuant ses caresses d'une main, Sherlock tendit le bras pour se saisir de l'objet.
« Laisse-le, grogna John. »
Son amant le fit taire d'un baiser puis posa les doigts sur son sexe tout en lisant rapidement le sms qu'il venait de recevoir.
Partant pour une rencontre ? RDV à Hyde Park. M
Sherlock lâcha un couinement de satisfaction qui n'avait rien à voir avec l'activité à laquelle il était en train de se prêter, mais plutôt à celle qui se profilait à l'horizon. Les "rendez-vous" de Moriarty étaient toujours des plus distrayants. Non pas qu'il n'apprécie pas le sexe avec John, bien au contraire, mais après tout il n'y avait pas que cela dans la vie ou cela en deviendrait lassant.
Abandonnant son compagnon, il se releva vivement, toute trace d'excitation envolée, et ramassa ses vêtements, qu'il enfila prestement.
« Sherlock ? appela John en le fixant avec incompréhension.
- Il faut que j'y aille !
- Où ça ? insista le médecin en se levant à son tour.
- Pas le temps de t'expliquer, éluda le cadet en passant son manteau.
- C'était qui le sms ?
- Pas le temps ! répéta Sherlock d'un ton lointain.
- Tu veux que je vienne avec toi ? »
Cette fois l'interpellé, déjà à la porte, ne se donna même pas la peine de répondre et quitta plutôt la pièce, dévalant l'escalier.
John, totalement perdu, regardait la porte en tentant de comprendre ce qui venait de se passer
Dans le taxi, Sherlock fixait l'écran de son portable sans le voir réellement. Il pensait à John. John qu'il aimait tant. Il aimait passer du temps avec lui, faire l'amour avec lui… Mais parfois cela ne lui suffisait pas. Parce que son compagnon était trop normal, presque fade. La plupart du temps cela faisait du bien de côtoyer cette normalité, cette routine propre à tous les couples. Mais lui restait le même et parfois le besoin d'indépendance se faisait pressant, cette tendance à perpétuellement vouloir tutoyer le danger le titillait. Dans ces moments là John et sa banalité ne lui étaient d'aucune utilité. Dans ces moments-là seul Moriarty semblait réellement le comprendre. Alors quand celui-ci se manifestait il plaquait tout, abandonnait même son amant pour courir vers la seule personne auprès de laquelle il se sentait vraiment entier, lui-même.
Evidemment, souvent John critiquait ce drôle de lien qui l'unissait au criminel. Pour lui c'était malsain, déroutant, et s'il ne trouvait généralement rien à redire quant aux autres défauts de son sociopathe de petit ami, cette tendance là le dégoutait proprement. Mais John ne pouvait pas comprendre. Il était si terre-à-terre qu'il se suffisait à fréquenter quelques personnes tout aussi médiocres que lui. Mrs. Hudson, Sarah, Molly, Lestrade, Mycroft… S'il n'avait pas besoin de plus, tant mieux pour lui. Mais Sherlock était différent et avait d'autres besoins dont il se satisfaisait au mieux lors de quelques rares moments.
Arrivant à destination, il sut immédiatement où se rendre. Moriarty n'avait pas besoin de lui laisser d'indices pour ces rencontres là. En général le criminel se manifestait pour deux raisons. Des petits jeux ou des rencontres plus "intimes". Pour les premiers, il baladait Sherlock dans toute la ville à grand renfort d'indices nébuleux, à la recherche d'un cadavre, d'une bombe, d'un otage… c'était selon son humeur du moment. Pour les secondes c'était toujours le même endroit. Hyde Park. Sur un banc reculé, à l'abri des regards, ils bavardaient, parfois durant des heures, refaisaient le monde, s'asticotaient… Moriarty avait choisi cet endroit la toute première fois en découvrant, Sherlock n'avait jamais su comment d'ailleurs, que c'était là que son ennemi, à l'adolescence, avait perdu sa virginité avec un camarade de classe. Le génie du mal avait probablement pensé parvenir à déstabiliser son petit copain de jeu en le plongeant dans pareil souvenir. Peine perdue, rien ne perturbait Holmes, et certainement pas les restes quelconques d'une relation physique vieille de presque vingt ans.
Au départ il y avait eu un troisième type de rencontres pour les deux hommes. Un hôtel discret dans lequel ils se retrouvaient et faisaient l'amour. Mais Sherlock avait décidé de mettre un terme à cette partie de leur relation lorsque Watson et lui avaient entrepris de développer la leur. Moriarty s'en était montré offusqué au début, jusqu'à ce qu'il réalise que chambrer Sherlock avec cette liaison tellement banale s'avérait aussi jouissif que le sexe. Et puis, Holmes était convaincu que l'autre homme était devenu entre temps l'amant de Lestrade. Les deux partis concernés n'avaient évidemment rien confirmé, mais certains signes ne trompaient pas. Et le jeune homme était fort pour décoder les signes justement.
Se glissant silencieusement jusqu'à leur banc, il s'assit auprès de celui qu'il considérait comme son seul égal.
« Pas trop de difficultés à te débarrasser de John boy ? »
Sherlock grogna devant le ton moqueur utilisé. Même si John lui était inférieur, il l'aimait et ne supportait pas qu'on lui manque ainsi de respect.
« J'aurais probablement droit à une dispute demain. Et il aura raison d'ailleurs.
- Pourquoi être venu dans ce cas ?
- La promesse d'une conversation stimulante… L'attrait du danger également. Si quelqu'un nous surprenait ensemble… »
A la vérité il ne savait jamais vraiment pourquoi il venait là, tout ce dont il était sûr c'est qu'il devait le faire.
Mais tandis qu'il s'apprêtait à formuler cette remarque à voix haute, Moriarty l'interrompit d'un geste sec de la main tandis qu'il décrochait son portable.
« Et où êtes-vous ? demanda-t-il à son interlocuteur. »
Sherlock le fixa avec curiosité, son air concentré ne lui ayant pas échappé.
« Très bien, j'arrive, marmonna Jim avant de raccrocher. »
Il se retourna ensuite vers son compagnon, un petit sourire sadique sur les lèvres, détail qui inquiéta grandement Holmes.
« Viens avec moi, ça devrait t'intéresser, dit Moriarty en se levant.
- Qu'y a-t-il ?
- Ton… animal de compagnie t'a suivi ce soir apparemment. Mais ne t'inquiète pas, le colonel Moran s'est chargé de lui.
- John ! s'écria Sherlock en bondissant à sa suite. »
TBC…
