**Merci à Tilicho sans qui on n'aurait que 50 % de l'histoire ^^**
Les yeux de Sirius se tournèrent vers le ciel. Deux éclats noirs parmi les étoiles. Il soupira et baissa la tête.
Dis James... Tu savais que toutes ces étoiles qu'on voit dans le ciel, elles sont déjà mortes ?
Silence.
Même Sirius ?
-Même Sirius.
Il savait qu'il n'aurait pas du prononcer pareilles paroles, James l'interdisait. Pour Cornedrue, il fallait toujours garder espoir et chaleur au fond de son coeur. Mais comment ressentir tout cela lorsque les ténèbres tombaient sur eux ?
Sirius interrogea de sa voix rauque :
James... Est-ce que tu m'en veux toujours ?
-T'en vouloir... Pour quoi ?
-Tu le sais. Pour Lily.
James soupira et se passa la main dans les cheveux.
Tu m'as dit que c'était fini, n'est-ce pas ?
-Oui... oui oui, bien entendu. Mais je ne voulais pas ça, James... Je ne voulais pas ça.
Le froissement de la robe de James sur l'herbe s'interrompit alors.
Sirius. On en a déjà parlé...
Sirius ressentait le poids de ces paroles, la difficulté avec laquelle son ami les articulait.
Tu n'y peux rien, Sirius. Et moi...
-Et toi non plus. C'est Lily l'unique responsable.
-Tu es dur.
-Simplement réaliste...
-Comment parviens-tu à déclarer ça, d'une voix placide, alors que tu l'as serrée dans tes bras...
Sirius ouvrit la bouche puis décida de se taire. James n'attendait pas de réponse. Ils continuèrent de marcher sans un mot. Ils s'approchaient.
Est-ce que tu te souviens de Poudlard ?
Sirius rit ouvertement, d'un rire qui résonna dans la campagne déserte. Puis il ajouta, d'une voix basse :
On n'oublie jamais le bon d'une vie, James... Parfois, le mauvais prend le dessus, dans les moments de déprime... Mais Poudlard, je ne peux pas l'oublier...
-Tu te souviens quand tu t'es fait courser sur les toits par Apollon Picott ?
Sirius feignit d'être repentissant et afficha une grimace honteuse.
Seigneur, je prierai pour le salut de ton âme, Sirius...
-Merci, James... C'est bien d'avoir des amis.
-Euh...Sirius, je plaisantais.
-Pas moi.
Et encore un silence... Sirius fouilla dans les moindres recoins de sa mémoire pour trouver quelques méfaits qu'avait commis James. Puis un sourire de loup se dessina sur son visage.
Je te rappelle que ce n'est pas moi qui me suis retrouvé dans les couloirs à quatre heures du matin, pour aller rendre une petite visite courtoise à Lily...
-Si. Tu étais avec moi.
Sirius fronça les sourcils, marmonna un Même pas vrai d'abord et porta son regard sur le paysage qui s'étendait devant lui.
Une larme roula sur sa joue. Il aurait voulu crier, hurler, faire n'importe quoi qui eût pu briser le silence d'une nuit si pleine de souvenirs... Mais il ne dit rien, et s'approcha encore, ses chaussures noires s'enfonçant à peine dans la terre meuble de l'allée.
Et enfin, il la vit. Il tomba à terre, à genoux sans se soucier de la boue qui s'ajouta à celle qui maculait déjà sa robe déchirée.
Il tendit la main devant lui. James n'était plus là. Sirius éclata en sanglots.
James... Reviens... Je t'en prie, REVIENS !
Il enfouit son visage dans ses mains. Sa voix se brisa dans sa gorge...
Il aurait tant voulu une réponse, un murmure dans le vent, le signe d'une présence. Ses doigts caressèrent le portrait des deux amants qui ornait la tombe... Une larme s'attardait sur la joue de Lily... Il l'essuya délicatement, et réalisa alors que plus une seule fois, James ne lui répondrait... Plus une seule fois, il n'évoquerait les vieux souvenirs de Poudlard, les souvenirs d'une époque révolue, où l'insouciance régnait dans les coeurs... Les souvenirs d'une époque où le nom de Voldemort n'effrayait pas encore.
James et Lily sont morts, Sirius. Tu ne les reverras plus... Mais il faut garder l'espoir. Fais-le pour Harry.
Sirius se retourna et dévisagea son interlocuteur de ses deux grands yeux noirs emplis de souffrance.
Où le trouvera-t-on, cet espoir ?
L'homme s'agenouilla et fixa de ses yeux clairs le regard perdu de Sirius.
En nous, Sirius. En nous.
Sirius hésita, et se jeta dans les bras de l'homme. Ils sanglotèrent ensemble, deux ombres perdues dans la nuit.
J'aurais voulu être là cette nuit-là, pouvoir les sauver, faire quelque chose...
-Nous n'aurions rien pu faire, Sirius, tu le sais.
-Alors j'aurais voulu périr avec eux... Ne pas rester seul, ici.
-Tu n'es pas seul. Nous sommes là. Tu dois rester pour Harry...
Sirius se releva, et interrogea d'une voix dure :
Remus. J'ai passé douze ans à Azkaban. Douze ans de souffrance perpétuelle, de souvenirs, de larmes, de désespoir... Peux-tu un instant imaginer ce que j'ai vécu ? Peux-tu me rendre ce que l'on m'a volé ? Je suis brisé, Remus. Brisé de l'intérieur.
-C'est de cela qu'il faut préserver Harry. Laisse-lui une chance de vivre.
Un long silence suivit.
Fais-le pour James. Et... Pour Lily.
A son tour, ce fantôme s'effaça. Sirius serra une main sale et meurtrie sur son couteau. Si fort que du sang goutta sur l'allée sombre.
Je tuerai Peter, murmura-t-il, oui, je me souviens de Poudlard, James. Il est enfin l'heure d'y retourner.
Il abandonna une rose sanguine sur la tombe envahie par le lierre.
Pour Lily... Un mot d'ordre dans la souffrance, dans le doute et le désespoir. Pour Lily, un leitmotiv ânonné tant de fois dans les ténèbres, d'une voix à laquelle plus rien ne redonnerait jamais de lumière.
Fin, le 28/12/02 à 16h45 (Et 30 secondes ! ^_^)
