Je ne considère pas ceci comme un récit, mais comme un délire. Je précise que je n'ai jamais eu d'enfants et que je ne sais absolument pas ce que c'est (à part quelques hypothèses sûrement bidons). Aucune prétention donc, juste un trop plein d'imagination…
.
.
De l'autre côté
.
.
Et soudain, le premier cri. Il tenait le nouveau-né debout dans ses mains. Il avait réussi. Lui, Greg House, il avait réussi. L'enfant reprenait des couleurs, sa poitrine se soulevait rapidement, se remplissant et se désemplissant d'air frais. Il l'allongea sur les draps souillés de sang puis s'appuya de ses mains sur les rebords du berceau. Un phénomène étrange le prenait et il ne pouvait plus que le regarder s'agiter sans rien dire, sans rien faire. Une vague de chaleur remonta de ses pieds à son abdomen, y contractant son estomac, puis la sensation de chaud lui serra la poitrine, remonta sa gorge et fit briller ses yeux. Il les ferma pour mieux supporter le vertige. Sa tête tournait. Il ne savait plus où était le haut du bas, où il se trouvait, s'il avait chaud ou s'il avait froid. Tout ce qui lui parvenait clairement étaient des cris juste sous lui, juste là. Il rouvrit les yeux et il expira avec force. La chaleur torride qui l'avait secoué s'était transformée en une douce chaleur réconfortante qui le prenait tout entier. Il se laissa aller à l'agréable sensation, un plaisir inattendu, plus qu'une profonde satisfaction. Le mot se formula dans son esprit, c'était du… bonheur.
Le miracle de la vie.
Une infirmière prit l'enfant du berceau pour le peser. House ne put détourner son regard. Il la suivit dans chacune de ses activités, comme un fantôme, il ne savait pas ce qu'il faisait. Il ne savait plus où il était. Tout ce qu'il faisait, c'était ne pas le quitter des yeux. Au bout d'un moment, alors qu'elle le lavait, l'infirmière s'impatienta :
« Quoi ? Vous voulez le faire ?!
House sursauta. Il avait oublié qu'il n'était pas seul avec lui dans la pièce.
- Non, non. Faîtes.
Elle lui lança un regard énervé et reporta son attention sur le bébé.
Au bout d'une heure, elle commença à se faire à cette présence qui la suivait partout. Quand enfin, elle coucha l'enfant propre et habillé dans un berceau, House s'en approcha et posa une main sur le rebord. Il le fixa longuement. Il bougeait moins. House se risqua à le toucher. Il effleura d'abord son crâne du bout de son doigt. Lorsque sa main retomba, elle rencontra la petite menotte du nourrisson. Ses doigts minuscules se serrèrent automatiquement autour de l'index de l'adulte. Celui-ci se figea. Il en était presque effrayé. Il n'arrivait pas à se défaire de la prise sur son doigt. C'est qu'il serrait fort ! L'infirmière revint à ce moment-là, comme par hasard. House bafouilla quelque chose d'incompréhensible et la jeune femme lui lança un sourire moqueur. Elle souleva l'enfant et celui-ci se mit à gesticuler. Elle prit le bras libre de House et le replia contre son torse, puis elle y plaça le nourrisson.
- Le crâne dans le creux du coude, comme ça. Voilà. Et le bras le long de son dos. Impeccable ! Apportez-le à sa mère, chambre 207A.
- Hey, je suis pas employé au service maternité !
- Non, mais je suis sûre que vous ferez ça très bien.
- Ca quoi ? »
Elle se retourna après avoir souri d'un air entendu, repartant à ses activités. House resta planté avec le bébé dans les bras quelques instants avant de réaliser qu'il devait avoir l'air d'un paralytique opérant une tumeur au cerveau avec une clef de douze. Heureusement pour lui la porte du service était ouverte, car son index était toujours retenu prisonnier. Il ne fit qu'un mètre de plus avant de s'asseoir sur le premier siège qu'il rencontra. Son regard se posa sur le bébé. Son visage s'enfouissait dans les plis de son T-shirt, son petit corps chaud se blottissait contre lui. L'un de ses pieds minuscules glissait contre son bras. House resta bêtement immobile, ses muscles tendus, son cœur battant à mille à l'heure.
« Salut, articula-t-il.
En réponse, le nourrisson émit un petit… jappement ? Il ne savait pas trop ce que c'était. Il releva brusquement la tête et se rappela qu'il avait une échappatoire. Il se leva précautionneusement et chercha la chambre 207A. Il la trouva facilement. Pour y entrer, il abaissa la clenche avec son coude et entrouvrit la porte, juste assez pour apercevoir le visage de Cuddy, endormie. Il ouvrit plus largement la porte et vit qu'elle était seule. Il entra donc et referma la porte aussi silencieusement que possible. Il s'assit sur le fauteuil à côté du lit et observa le visage fatigué de la jeune maman. Il se satisfit d'être un homme. Le bébé émit un petit bruit aigu. Cuddy bougea dans son sommeil.
- Il ne faut pas réveiller Maman, tu comprends ? Elle est fatiguée.
Il chuchotait. Il se trouvait stupide. Il regarda Cuddy dormir, puis il regarda l'enfant. Il croisa un regard bleu. Evidemment. Comment aurait-il pu en être autrement ? Ce n'était pas des yeux globuleux ni des yeux seulement à demi ouverts. C'étaient des yeux qui leur ressemblaient, en somme. Un subtil mélange dans la forme et dans la couleur. Le regard du bébé ne se fixait pas sur lui, non. C'était encore trop tôt, mais c'était déjà trop.
House remarqua qu'il avait libéré l'étreinte sur son doigt, il en profita pour passer une main lasse sur son visage et se frotter les yeux. Lui aussi était fatigué. Puis, il fit glisser le poupon de son bras à ses cuisses jointes et l'y allongea, bien callé entre ses avant-bras, sa petite tête reposant dans ses mains un peu au-delà des ses genoux. Et il l'observa longuement. De son pouce, il retraça la ligne concave de son nez puis de sa mâchoire, pour finir par son oreille. De son autre pouce, l'arcade sourcilière, la tempe, le menton. Il ne cherchait pas à retrouver d'où venait chaque caractéristique de ce visage tout neuf. Il cherchait juste à le découvrir, à le connaître peut-être. Tant qu'il le pouvait encore. Tant qu'il pouvait faire durer ce contact inédit qui faisait monter sa température corporelle d'un ou deux degrés.
Il entendit un bruit venant du lit. Il abandonna sa contemplation, releva la tête et vit que Cuddy avait ouvert les yeux. Elle tourna la tête dans sa direction et l'aperçut. Elle fronça légèrement les sourcils, son front se plissa. La fatigue se lisait dans ses traits.
- House ? murmura-t-elle.
- Oui ?
Il n'osait plus bouger, se sentant pris sur le fait. La main dans le sac, en flagrant délit. En flagrant délit de quoi ? Il n'osait même plus respirer.
- Qu'est ce que vous faites là ?
- Je… je…je voulais…
- Oui ?
Il avait sensiblement pâli. Il avait peut-être une chance de faire comme s'il prenait le petit dans son berceau pour lui tendre, avant qu'elle s'aperçoive qu'il le tenait en fait allongé contre lui. Parce qu'elle ne s'en était visiblement pas encore rendu compte. Une chance… qu'il perdit en jetant furtivement un regard vers le bébé. Cuddy baissa le regard et aperçut le nourrisson, confortablement calé sur les jambes de House. Elle ne put détourner les yeux. Son fils était là, juste là. Elle tendit une main.
House manqua de paniquer. Il passa ses avant-bras sous le nourrisson et le souleva maladroitement. Il se leva et prit comme il put son équilibre pour faire un pas vers le lit. Sans sa canne pour l'aider, ses déplacements se compliquaient. Le regard de Cuddy suivit le bébé lorsque House s'assit sur le bord du lit et le posa dans ses bras. L'enfant trouva immédiatement sa position dans les bras de sa mère, il chercha à téter.
House sentit le chaleureux contact se rompre, tel un cruel coup de poignard dans l'estomac. Il observa la mère et l'enfant. Les yeux de Cuddy étaient écarquillés, ils brillaient de joie. Ses doigts fins caressaient avec tendresse le crâne de son bébé. Elle souriait et riait lorsqu'il faisait du bruit ou gigotait. Elle était émerveillée, simplement. House n'existait plus. Il avait froid. Il détourna son regard, il allait se lever lorsque la main fraîche de Cuddy se posa sur son avant-bras. Il la regarda de nouveau. Sa main glissa de son coude à son bras proprement dit, s'immisçant presque sous la manche de son T-shirt. Il frémit. La caresse était insupportable.
- Merci. »
Même s'il les comprenait, ses remerciements ne l'atteignaient pas. Il déglutit. Il aurait voulu ne pas être de trop. Il aurait voulu pouvoir rester ici, pouvoir le toucher encore, s'allonger à ses côtés. Mais ça ne se faisait pas, pas dans sa situation. Il devait partir, c'était dans l'ordre des choses. Le froid qui l'emplissait se fit plus mordant, presque douloureux. Il jeta un dernier regard au bébé et se leva, tentant de masquer sa résignation. Il sortit sans un regard en arrière. Garder le self-control encore quelques secondes. Une fois dans le couloir, il dut se faire violence pour ne pas craquer. Pas tout de suite. Il posa sa tête contre la porte de la chambre 207A. Il était persuadé d'avoir vécu les plus beaux instants de sa vie. C'était une torture indicible de savoir qu'ils étaient maintenant derrière lui. C'était si peu de choses. Rien qu'un petit bonheur sans faille. Pendant quelques minutes, une heure peut-être.
Il se retenait de s'écrouler contre la porte, cette foutue porte derrière laquelle il pouvait entendre de petits cris et un rire féminin. Il s'éloigna. Un pied devant l'autre, même sans canne, il devait y arriver. Il retrouva le siège où il s'était assis, s'y laissa tomber. A l'abri des regards des gens pressés qui circulaient dans le couloir adjacent. Personne ne le voyait.
Enfin, il implosa.
La place du père était à l'intérieur, celle du donneur à l'extérieur. Et lui, il n'était que le donneur… Condamné à rester, l'âme brisée, le cœur vide, du mauvais côté.
.
.
.
.
FIN. (ou pas…)
Oui alors, petite précision tout de même ! Cette fiction a été publiée pour la première fois en Septembre 2008 sur mon forum favori (^^)
Je n'ai jamais vraiment su si ce récit méritait une suite ou pas, mon esprit balance encore XD (Si si !)
Quel est votre avis ?
