Je suis toujours très nulle pour les titres lol
Tout d'abord, désolée à ceux qui attendent la suite des Liens du sang, elle ne devrait pas tarder, je travaille dessus
Ensuite, ça devait être un OS mais il m'a légèrement échappé, donc je vais diviser ça en 2 ou 3 parties, mais j'aimerais boucler avant le prochain épisode, histoire que s'ils ruinent toute mon histoire avec de nouvelles informations jeudi, ça ne me donne pas envie de laisser tomber. Donc je vais sûrement poster encore une partie demain et peut-être une après-demain si c'est encore plus long que prévu, mais ça sera tout, je ne me lance pas dans de grandes intrigues compliquées avec celle-ci, c'est plus une exploration de personnages et de leurs relations
Spoilers : post Red Hot (3x07), si vous n'avez pas vu cet épisode et que vous ne voulez pas savoir, fuyez ! J'étais obligée, j'aime trop le personnage de Mashburn, et ses interactions avec Jane et Lisbon dans cet épisode… Y'avait trop de potentiel pour laisser passer ça :D
Pairing : Jisbon et Lisbon/OC mais pour la bonne cause :)
Teresa Lisbon ferma la porte de son bureau d'un mouvement un peu trop contrôlé. Cela fait, elle vérifia qu'elle était bien seule et qu'un certain intrus ne s'était pas installé sur son divan. Une fois rassurée, elle s'autorisa son premier instant de faiblesse de la journée. Poussant un soupir, elle s'adossa au battant et ferma les yeux, laissant sa tête reposer contre les stores métalliques alors qu'elle essayait d'évacuer calmement toutes ses frustrations. Epuisée… Elle était épuisée, tout simplement. Pas physiquement, encore que le rythme qu'elle s'imposait depuis quelques mois ait commencé à se faire sentir récemment. Non, le problème était plutôt intellectuel. Pire : émotionnel. Secouant doucement la tête, elle essaya de se reprendre en prenant deux profondes inspirations. Elle savait qu'elle devait rester forte et que l'équipe, en particulier l'un de ses membres, avait besoin de l'agent inébranlable qu'elle se félicitait d'être devenue. Mais c'était si difficile… Ca le devenait un peu plus chaque fois qu'un événement comme celui-ci se produisait, et elle craignait de craquer si elle ne finissait pas par trouver une solution. Mettre le coupable derrière les barreaux aurait été l'idéal, mais elle ne se faisait pas d'illusions, cela n'arriverait pas dans l'immédiat. En revanche, peut-être pouvait-elle faire quelque chose pour apaiser un peu la tension dans ses muscles et refouler les larmes qui lui serraient la gorge. Alors qu'elle se redressait à cette pensée, son regard se posa sur le téléphone portable qui traînait près de son ordinateur. Elle eut une hésitation avant de s'approcher de l'objet d'un pas incertain. La décision n'était sans doute ni intelligente ni sage, mais elle ne voyait rien d'autre, et si elle était honnête avec elle-même, elle n'avait pas envie de chercher. Alors elle céda à un deuxième accès de faiblesse. S'empara du téléphone. Chercha le numéro dans son répertoire. Appuya sur la touche d'appel avant d'avoir le temps de changer d'avis. Etait sur le point de raccrocher sans laisser de message quand son interlocuteur décrocha. Le son de sa voix lui rendit un peu d'assurance et elle demanda d'un ton qu'elle s'efforça de rendre normal :
_Tu es en ville ?
La réponse affirmative parvint presque à lui arracher un minuscule sourire. Presque.
_On peut se rejoindre ?
Il lui donna une adresse qu'elle ne prit pas la peine de noter. Elle connaissait l'endroit. Elle rangea le téléphone dans sa poche, enfila sa veste, attrapa ses clefs et partit sans un regard en arrière.
Sirotant une gorgée de thé brûlant, Patrick Jane sortit de l'ombre lorsqu'il fut certain que la silhouette ne risquait plus de le repérer. Il était sur le point de la rejoindre dans son bureau quand il l'avait entendue s'appuyer contre la porte, et la fatigue que révélait ce simple geste l'avait arrêté net. Il avait pris un pas de recul pour l'observer discrètement à travers les stores entrouverts. Son langage corporel alors qu'elle passait un coup de téléphone lui avait appris tout ce qu'il avait besoin de savoir et il s'était retiré dans l'obscurité pour attendre son départ. Il avait voulu lui parler, mais cela pouvait attendre. Il n'avait aucun doute sur l'identité de la personne qu'elle venait d'appeler, et il savait que cette rencontre lui ferait plus de bien que n'importe quelle discussion avec lui, en particulier dans ces circonstances. Après un court instant de réflexion, il saisit son téléphone, tapa un rapide message et l'envoya. Une nouvelle gorgée de thé, puis il se détourna pour aller se réfugier dans la pièce qui lui servait d'antre depuis plusieurs mois. La solitude allait lui peser ce soir.
Haletante et trempée de sueur, la jeune femme se laissa retomber aux côtés de son amant. Si elle avait été capable de penser, elle se serait félicitée de la décision qu'elle avait prise deux heures plus tôt. L'appeler avait été une idée fantastique. Après les gémissements de plaisirs et le grincement du lit assez incongru dans cette chambre de luxe, le silence qui s'installa aurait pu peser lourdement sur l'ambiance, pourtant elle se sentait à l'aise, ce qui ne lui était pas arrivé depuis… Peut-être depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus.
_J'ai été surpris par ton coup de fil.
Elle sourit sans prendre la peine de le regarder.
_Je sais.
_Tu veux m'expliquer ?
_Je n'y tiens pas.
Il se tut, et pendant une courte seconde elle faillit croire qu'il allait respecter son désir et laisser tomber. Mais c'eut été mal le connaître. Et elle commençait à bien le connaître. Aussi ne fut-elle ni étonnée ni déçue quand il insista :
_Dure journée ?
_On peut dire ça.
Elle sentit le matelas s'affaisser alors qu'il se redressait pour s'adosser à la tête de lit. Avec un soupir, elle l'imita sans prendre la peine de se couvrir du drap, et elle accepta de se tourner vers lui, prise au dépourvu par le regard inhabituellement sérieux qu'il posait sur elle. Alors elle lâcha comme une supplique :
_Je ne suis pas venue ici pour du réconfort.
_Dans ce cas, pourquoi es-tu venue ?
Elle aurait pu mentir. Elle n'en voyait pas l'intérêt. Sa réponse allait révéler une certaine vulnérabilité qu'elle n'aurait montrée à personne d'autre, mais ce qu'il pensait d'elle la laissait relativement indifférente. Ils s'appréciaient et faisaient d'excellents amants, certes. La relation, si on pouvait l'appeler ainsi étant donné que c'était la deuxième fois en trois mois qu'ils se voyaient et même s'adressaient la parole, s'arrêtait là. Avec lui, elle pouvait se permettre d'être honnête. D'abord parce qu'elle le soupçonnait de se douter de ses raisons, ensuite parce que si sa réaction à son aveu ne lui plaisait pas, elle pouvait tout simplement partir.
_Pour quelques heures d'oubli.
_Il y a une excellente bouteille de vodka dans le minibar.
Elle laissa échapper un petit rire, ravie que la conversation sérieuse soit terminée. Le soulagement fut de courte durée.
_Tu es sûre de ne pas vouloir en parler ? J'ai entendu dire que les cas John Le Rouge étaient durs à gérer.
Elle se figea instantanément et posa sur lui un regard mi-furieux, mi-interrogateur. Il haussa les épaules en réponse à la question muette.
_Une intuition. Je suppose qu'il n'y a pas grand-chose qui puisse te mettre dans un tel état.
Elle hésita un instant sur la réponse appropriée, mais finit par se détendre à peine en remarquant :
_Tu as trop fréquenté Jane.
_Ca, aucun doute. Chacune de ses apparitions me coûte quelques centaines de milliers de dollars.
Un nouveau rire alors qu'elle revenait malgré elle à la dernière de ces occasions.
_Tu as revendu cette horreur deux fois plus cher que ce qu'elle t'avait coûté, rappela-t-elle.
_Vrai.
Puis son regard se fit plus grave et elle soupira une fois de plus, sachant ce qu'il allait dire. Elle l'interrompit avant même qu'il ne prenne la parole :
_Walter, s'il te plait. Si je voulais parler, je serais allée voir un psy.
_Ah, mais je n'ai pas le choix ! se défendit-il en levant les mains pour illustrer son propos.
Elle fronça les sourcils.
_Comment ça ?
Lui offrant ce sourire qui l'avait faite craquer dès le début, il se glissa vers elle tel un prédateur. Elle s'attendait à ce qu'il l'embrasse ou tente de la distraire d'une caresse, au lieu de quoi il passa le bras au-dessus d'elle pour atteindre la table de nuit de son côté et y récupérer son portable. Fouillant un instant dans les messages reçus, il finit par lui tendre l'appareil.
_Lis.
Le texto ne contenait que quelques mots. « Fais la parler, elle en a besoin. » Bien qu'elle sache déjà de qui il provenait, elle vérifia le numéro d'envoi par acquis de conscience. Levant les yeux au ciel, elle lui rendit son téléphone.
_Si je ne le tue pas pour ça, c'est toi qui mourras pour me l'avoir montré.
Un haussement d'épaules et un nouveau sourire silencieux. Elle demanda :
_Comment a-t-il su ?
_Je ne lui ai rien dit, si c'était la question. Tu connais Patrick, il sait ce genre de choses.
Bizarrement, cette explication lui convenait. Rien ne la surprenait vraiment quand il s'agissait de Jane. Elle avait depuis longtemps renoncé à essayer de comprendre comment il savait tout ce qu'il savait. Mais tout de même, c'était impressionnant. Elle n'avait pas revu Walter Mashburn depuis cette nuit qu'ils avaient passée ensemble après le faux meurtre de l'un de ses concurrents, et personne n'était censé être au courant. Que son consultant ait su qu'elle le rappellerait après trois mois aurait dû la mettre hors d'elle, elle qui faisait tout pour préserver sa vie privée. Et ce message aurait lui aussi dû la rendre furieuse. Au lieu de quoi, elle était simplement tendue. Ce qui était assez désespérant, puisque c'était précisément pour se détendre qu'elle était venue.
_Il s'inquiète pour toi.
_Il ferait mieux de s'occuper de ses affaires. Il a été plus secoué que moi sur ce coup.
_Pourtant, tu es là, et pas lui… Pas que je m'en plaigne ! ajouta-t-il après une seconde de réflexion, lui arrachant un sourire. Mais je crois qu'il a raison. Tu as besoin de parler, Teresa.
_Mais ce n'est pas…
_Ce n'est pas le genre de relation qu'on entretient, je sais. Justement. Une oreille neutre ne te fera pas de mal.
Elle hésita un instant. Il n'avait pas tort. C'était à la fois l'avantage et l'inconvénient de fréquenter quelqu'un d'aussi pragmatique. Il abordait tout sous un angle logique. Même la première fois qu'elle l'avait rejoint, trois mois plus tôt, il avait ouvert la porte en lui demandant si elle souhaitait boire quelque chose ou si elle préférait passer directement aux choses sérieuses. Elle aurait pu s'en offenser, mais tous deux savaient qu'elle n'était venue que pour une seule chose, et prétendre quoi que ce soit d'autre aurait été hypocrite et inefficace. Deux qualificatifs qu'on ne pouvait leur attribuer ni à l'un, ni à l'autre. Finalement, elle admit :
_C'est pire que d'habitude, pour tout le monde, mais sans doute plus pour lui.
_Pourquoi ?
_Une gamine.
Un haussement de sourcils fut sa seule réaction. Etrangement encouragée par son absence de commentaire, elle continua :
_La victime avait une fille de dix ans. On suppose qu'elle s'est réveillée plus tôt que prévu et qu'elle a surpris John Le Rouge en pleine action. La mère était probablement déjà morte ou agonisante, et il devait être en train de tracer son foutu smiley sur le mur. C'est ce que pense Jane en tout cas, et les indices semblent lui donner raison. Le trait n'est pas aussi régulier que d'habitude, il y a comme une coupure au milieu du cercle, comme s'il avait été interrompu et qu'il n'avait repris le dessin qu'après quelques minutes. Bref, il a tué la fille.
Elle s'interrompit pour ravaler les larmes qui lui montaient aux yeux, sentant son regard sur elle. Elle reprit après quelques secondes de silence, sa voix plus ferme :
_« On le coincera. » C'est ce que j'ai dit à Jane. C'est ce que je lui dis toujours.
_Parce que c'est la vérité, intervint-il enfin. Tout le monde finit par commettre une erreur.
Elle laissa échapper un rire sans joie.
_Oui, mais quand ? On n'a même pas pu protéger Frye alors qu'on savait qu'il allait s'en prendre à elle. Je n'ai pas réussi à l'arrêter.
Elle grimaça en remarquant qu'elle était passée à la première personne et espéra que cela passerait inaperçu. Vain espoir, naturellement.
_J'espère que tu ne culpabilises pas pour ça. Que John Le Rouge soit encore dans la nature n'est pas de ta faute. Ce n'est de la faute de personne. Et tu sais que Patrick ne te blâme pas pour ça.
_Bien sûr que si. Il ne m'a jamais pardonnée de…
_D'être intervenue trop tôt dans l'affaire Hardy ?
Stupéfaite qu'il connaisse cette histoire, elle écarquilla les yeux avant que ses réflexes d'enquêtrice ne reprennent le dessus.
_Dis-moi… A quel point connais-tu Jane, exactement ?
Se sachant démasqué, il eut un demi-sourire.
_Nous sommes restés en contact. J'irais jusqu'à dire que nous sommes amis. Mais ça n'a pas d'importance. Ce qui en a, c'est qu'il t'a pardonnée il y a longtemps. Tu dois arrêter de te torturer, Teresa. Personne ne t'accuse de quoi que ce soit, surtout pas Patrick.
_Je…
_Stop, interrompit-il.
_Quoi ?
_On en est à presque dix minutes de conversation sérieuse. Mon quota hebdomadaire est atteint. C'est l'heure de dormir.
Incrédule, elle haussa les sourcils, réalisa qu'il était sérieux quand il s'allongea, rabattit le drap sur son corps et ferma les yeux. Il lui fallut une seconde pour se remettre du brutal changement d'atmosphère, puis elle sentit un sourire étirer ses lèvres malgré elle, et elle s'installa à son tour pour la nuit, éteignant la lumière au passage.
_Comment va Mash ?
_Allez vous faire voir, Jane.
Mais la réplique avait été lancée avec un imperceptible sourire et le consultant envoya un rapide remerciement mental au milliardaire. Elle était de bien meilleure humeur ce matin. Il la suivit alors qu'elle se dirigeait vers son bureau, café à la main, et s'installait devant son ordinateur pour commencer sa journée de travail.
_Quand Van Pelt arrivera, dites-lui de venir me voir.
Il acquiesça et fit demi-tour, sentant qu'elle n'était pas encore tout à fait prête à le supporter après la journée d'hier. Même lui devait admettre qu'il y avait été un peu fort avec les proches des deux victimes, mais il savait qu'elle finirait par le pardonner, comme toujours, d'autant qu'il avait des circonstances atténuantes. Une fois allongé sur son canapé, il sortit son portable de sa poche et appuya sur une touche d'appel rapide.
_Patrick, je m'attendais à assister à ton enterrement dans quelques jours, content que tu sois toujours parmi nous.
Il lâcha un rire. Des quelques personnes qui savaient absolument tout de son passé, Mash était le seul à s'autoriser des plaisanteries sur la mort avec lui. C'était déstabilisant et étrangement rafraichissant.
_Tu lui as tout dit, n'est-ce-pas ?
_Je lui ai même fait lire ton message, répondit-il sans la moindre trace d'excuse dans la voix.
Il avait plutôt l'air fier de lui, en fait.
_Et ?
_Et rien de spécial. Quelques menaces, mais tu as vu pire. Tu sais, elle s'inquiète pour toi à peu près autant que tu t'inquiètes pour elle. Pourquoi vous n'essayez pas de parler ? Franchement, ça serait plus simple.
_Ca, j'en doute.
_Mouais. Tu as peut-être raison. Toi, comment tu vas ?
_A ton avis ?
_Question stupide, désolé. Ecoute, j'ai un conseil d'administration dans dix minutes. Mais j'aimerais te parler.
_De quoi ?
_J'ai une idée que tu vas détester.
Patrick Jane était rarement intrigué. Mais cette annonce était pour le moins curieuse.
_Je t'écoute.
_Pas au téléphone.
De plus en plus étrange.
_Déjeuner, 13h chez Mikes, ça te va ?
_C'est toi qui invites.
_On parie ?
_J'en reviens pas.
Un petit sourire satisfait naquit au coin de sa bouche et Jane tendit à la serveuse la carte de crédit de Mashburn, qui portait la main à sa poche pour essayer de comprendre comment son ami avait réussi à lui subtiliser son portefeuille. La jeune femme jeta un coup d'œil au grand brun pour confirmer qu'elle devait bien utiliser ce moyen de paiement. A son signe positif, elle s'éloigna pour aller encaisser. Quand elle fut hors de portée de voix, Jane reprit la parole.
_Alors, tu ne m'as toujours pas parlé de cette idée. Et ça t'a mis mal à l'aise pendant tout le repas.
Le milliardaire hocha la tête, se montrant plus sérieux qu'il ne l'avait été depuis une heure. Le mentaliste s'appuya contre le dossier de sa chaise en lui faisant signe de prendre la parole. Walter se lança :
_Bon, ne pars pas en courant tant que tu n'auras pas tout entendu, d'accord ?
_Aucune promesse.
_Patrick…
_Très bien ! C'est promis ! J'attends.
Une dernière hésitation. Puis :
_Je veux vous aider à coincer John Le Rouge.
_Ca part d'un bon sentiment, rétorqua aussitôt le consultant, sarcastique.
Il fit mine de se lever, laissant transparaître son scepticisme. Mashburn interrompit son mouvement en remarquant calmement :
_Je peux y mettre plus de moyens que le CBI.
Réalisant soudain qu'il était sérieux, Jane s'immobilisa une seconde avant de se rassoir face à lui, sourcil haussé en guise de question.
_Toi et Teresa, vous ne pouvez pas passer vingt-quatre heures sur vingt-quatre sur ce dossier et tu le sais. J'ai les moyens d'engager une équipe qui ne se consacrera qu'à cette affaire, nuit et jour, jusqu'à ce qu'il soit derrière les barreaux.
_Pourquoi ? fut la première question qui lui vint à l'esprit.
Son ami haussa les épaules avant de répondre :
_Je pourrais dire que c'est pour le bien de la communauté ou que je veux te rendre service, mais tu saurais que ce n'est pas l'entière vérité.
_L'excitation, comprit Jane en remarquant la lueur qui brillait dans les yeux de son interlocuteur.
Il confirma d'un hochement de tête. Le mentaliste l'observa attentivement, à la recherche du moindre signe de tromperie. Il ne s'attendait pas vraiment à en trouver, il commençait à se fier à Mashburn et à sa personnalité originale, mais les habitudes avaient la vie dure et il voulait s'assurer de la sincérité du milliardaire avant de continuer cette conversation potentiellement explosive. Il savait que son ami était toujours à la recherche d'une nouvelle façon de se distraire, et l'excitation de la chasse était un stimulant comme un autre. Sans même parler du côté pratique qu'il n'avait pas abordé mais auquel il pensait sans aucun doute. Aider les autorités à faire arrêter un tueur en série qui terrorisait le pays depuis des années serait bon pour les affaires. Pas qu'il avait vraiment besoin de ça, mais c'était le petit plus agréable de sa proposition. Ayant fait le tour des motivations probables de Walter, Jane posa la seule question qu'il lui restait à poser :
_Pourquoi tu m'en parles ? Tu aurais pu te contenter de mettre des privés sur le coup tout seul de ton côté.
_Parce que j'ai besoin de ton aide. Si je fais ça, il faudra que mon équipe ait accès à toutes les infos disponibles sur John Le Rouge et ses victimes.
Jane hocha la tête, songeur. Ca expliquait sa surprenante transparence. Il avait raison, repartir de zéro était une bonne idée en théorie dans le sens où cela permettrait à de nouveaux enquêteurs d'apporter un regard neuf sur l'affaire, mais dans les faits, ne pas savoir par où commencer était un handicap. Le mentaliste ne s'inquiétait pas outre mesure de la façon dont il allait pouvoir faire parvenir les dossiers à Mashburn. Il pourrait négocier avec Hightower et, si cela échouait, subtiliser les informations pour en faire des copies. Cela ne serait pas difficile. L'idée d'impliquer quelqu'un d'autre dans cette histoire lui posait plus de problèmes. John Le Rouge était à lui, il ne permettrait à personne d'autre de mettre la main dessus avant lui, et il soupçonnait Mashburn d'avoir à sa disposition des personnes pleines de ressources qui pourraient y parvenir.
D'un autre côté… Son ego valait-il de prendre le risque d'être appelé sur une énième scène de crime pour enquêter sur le massacre d'une autre jeune femme ? Et surtout, songea-t-il alors que les images macabres lui traversaient l'esprit, valait-il de prendre le risque de découvrir un autre cadavre d'enfant ?
Les cas John Le Rouge étaient toujours difficiles à appréhender pour lui, mais cette fillette… Ca avait été la goutte d'eau. Toute l'aide disponible était bonne à prendre. Sous certaines conditions.
_Très bien, finit-il par lâcher. Mais je reste dans le coup. Tu me tiens au courant des progrès de ton équipe, et s'ils le trouvent, je veux être là.
_Vendu, acquiesça le milliardaire en tendant une main par-dessus la table.
La serrant en guise d'accord, Jane repéra le mensonge sans difficulté, mais il ne fit pas de commentaire. Malgré leur amitié aussi improbable que profonde, Walter Mashburn n'avait aucune idée de ce dont il était capable lorsqu'il s'agissait de John Le Rouge, et son intention de l'écarter du dossier ne l'inquiétait pas, tout simplement parce qu'il ne le laisserait pas faire.
A suivre…
