Bonjour à tous! Comme dit dans le résumé, je suis bien Applelover91 et ceci est bien la suite de "Ne pas se fier aux apparences". J'ai dû changé de messagerie il y a quelques mois et donc forcément de pseudo en revenant sur ce site. C'est sous frosties21 que j'écrirai maintenant. Je n'ai malheureusement pas pu récupérer le premier chapitre, je continuerai donc directement le deuxième ici. Le premier doit toujours être sur le site pour ceux qui voudraient le relire.

Merci à tous, et bonne lecture


- Parc municipal, 7h du soir -

- A quoi pensez-vous Julia ? Vous me paraissez bien soucieuse ?

Elle releva la tête et regarda curieuse son mari.

- Oh, à rien de spécial, dit-elle en regardant à nouveau ses pieds, peut-être à cette marche qui n'en finit pas… et à ces talons qui me font atrocement souffrir.

Il se mit à rire et lui proposa son bras.

- Tenez. Vous manquez d'exercice tout simplement. Regardez autour de vous, les autres femmes ne semblent pas s'en plaindre, et Dieu sait qu'elles n'ont pas toutes votre âge.

- Peter, répondit-elle faussement vexée, faites attention à ce que vous dites. Je peux utiliser ce manque de vigueur de manière bien plus utile et agressive que ces femmes-là.

Elle le regardait un sourcil levé et il se mit à sourire.

- Il n'empêche, je suis convaincu que si vous marchiez plus souvent…

- Que voulez-vous, la coupa-t-il en soupirant, dès qu'une occasion se présente, l'une de vos calèche m'attend toujours au bas de la rue pour faire le travail à ma place.

Il regardait droit devant lui en prenant l'air le plus sérieux possible.

- Si ce n'est que ça, un simple appel et vous êtes dispensée de cocher jusqu'à la fin du mois.

- Sérieusement Peter…

Il se sourirent et continuèrent tranquillement leur marche.

- Regardez les, reprit Julia en désignant les autres convives, ils ont l'air si excités, si heureux d'être ici... de grands enfants.

- Oh je les comprends, moi même, je brûle d'impatience de voir ce qui nous attend.

- Peut-être, dit-elle en chuchotant, serait-il plus sage de rester sur nos gardes. Vous savez, au cas où tout ceci ne serait qu'une vulgaire plaisanterie.

- Voyons Julia, une plaisanterie ?

- Oh je ne sais pas, continua-t-elle sur le même ton, que sait-on vraiment de nos hôtes ? Peut-être nous ont-ils tous conviés ici dans l'unique but de nous ridiculiser. Imaginez, les plus grandes têtes de la ville, toutes réunies au milieu d'une butte de terre.

- Vous ne pensez pas sérieusement ce que vous dites ... Elle leva un sourcil. C'est votre douleur aux pieds qui vous fait dire n'importe quoi...

Julia se mit à rire et son mari soupira. Elle se serra contre lui.

- Je suis heureuse de passer cette soirée avec vous, surtout si elle vous rend de si bonne humeur.

Il grimaça, un sourire en coin.

- Mais je suis toujours de bonne humeur.

- Bien sûr vous l'êtes, dit-elle en levant les yeux au ciel.

Ils marchèrent encore dix minutes avant que Julia devienne soudainement blême. Elle se retourna.

- Chris. Je ne vois plus Chris ! Elle s'arrêta et regarda à travers la foule. Il se tenait juste à côté, là, il y a même pas …

- Calmez-vous, la coupa Peter, il ne peut pas être bien loin.

- Je ne le vois pas, insista-t-elle en élevant la voix. Elle leva la tête et tourna sur elle-même. C'est ma faute, il ne voulait pas venir. Il a dû repartir pendant que nous avions le dos tourné…

- Qu'est-ce que vous dîtes, ça n'a aucun sens.

- Je n'aurais jamais dû le forcer ! Il ne sait pas rentrer seul …

Il la tira légèrement par le bras mais elle mit toute sa force pour rester sur place.

- Pourquoi voudrait-il rentrer de toute manière ?

Elle le regarda comme si la réponse était évidente mais ne dit rien. Elle se remit à s'agiter.

- Excusez-moi madame, demanda-t-elle à leur voisine, vous n'auriez pas vu un jeune garçon avancer seul ? Peut-être à contre-sens.

La jeune femme répondit non. Julia s'avança vers un autre convive mais Peter la retint par le bras.

- Vous n'allez tout de même pas déranger tout le monde pour ça.

- Pour ça ? Répéta-t-elle sèchement.

- Très bien, ce n'est pas ce que j'ai voulu dire...

Il n'eut pas le temps d'ajouter quoique ce soit que la première femme interrogée les interrompit et leur montra du doigt Chris à une centaine de mètre derrière d'eux. Il traînait des pieds caché derrière l'ombrelle d'une vielle femme, inconscient de l'agitation dont il était l'objet.

Peter et Julia soupirèrent et attendirent qu'il les rejoigne.

- Bon sang Chris, lui dit Julia en le prenant par le bras, où étais-tu passé ?

Il ne répondit pas.

- Ta mère et moi nous sommes fait un sang d'encre. A quoi pensais-tu ?

- Je voulais juste être seul…

Julia et Peter échangèrent un regard, puis elle posa une main sur son épaule.

- Oublions ça, tu peux marcher seul si tu veux, mais devant nous. Tu comprends, pour ne pas qu'on s'inquiète.

Il haussa les épaules et ils se remirent tous les trois en marche.

- Vous voyez, lui chuchota son mari, pas de quoi s'inquiéter.

Elle ne l'écoutait pas, son regard restait fixé sur l'horizon d'où on pouvait désormais voir apparaître au loin, la pointe d'un chapiteau.


William se tenait près du buffet, coincé dans son smoking serré. Il faisait jouer nerveusement son invitation entre ses mains pendant que la salle se remplissait petit à petit. La plupart de ses visages lui étaient familiers, non pas qu'ils les connaissait tous personnellement, mais pour déjà les avoir vu au moins une fois dans les magazines scientifiques les plus en vogue moment. Alors que sa gène ne faisait qu'augmenter, une jeune femme s'approcha de lui et lui chuchota à l'oreille :

- Inspecteur, je vois que vous avez reçu mon invitation.

Il se retourna intrigué.

- Madame Pendrick, c'était vous ?

- Et vous êtes venu seul, je n'en attendais pas moins de vous.

Il se racla la gorge et s'efforça de fixer son regard sur son verre et non sur son visage.

- Et bien, l'invitation ne mentionnait nul part que nous devions venir accompagné...

- Merveilleux. Je m'efforcerai donc d'être celle qu'il vous faut. Elle s'arrêta et lui sourit. Pour cette soirée, bien sûr.

Il regarda plusieurs fois autour de lui pour s'assurer que leur comportement n'attirait aucunes suspicions. Il s'éloigna d'elle légèrement et s'efforça de prendre un ton formel.

- Mais qu'elle est donc l'objet de cette réunion ?

- Mon mari va vous expliquer tout ça en détail. Vous boirez bien quelque chose entre temps ?

Il fit signe que non.

- Dans ce cas suivez moi, dit-elle en lui prenant le bras, nous serons beaucoup plus à l'aise près de l'estrade.


- Cette réception est magnifique, dit Julia en entrant sous le chapiteau. Qui aurait pu croire qu'une installation si précaire, au beau milieu d'un jardin, puisse contenir un intérieur si raffiné.

Peter acquiesça distraitement et les entraîna sans plus tarder vers les convives les plus importantes de la soirée. Après un va et vient d'une demie-heure, qui ne fut pour Julia qu'une succession de présentations, de sourires et de faux semblants, elle put enfin se poser. Elle s'assit sur une chaise et regarda de loin son mari jouer les parfaits savants. Son fils était déjà parti depuis bien longtemps camper près du buffet.

- Julia ? entendit-elle soudain. Elle tourna la tête et vit une jeune femme l'interpeller de la table voisine.

- Mon Dieu, Claire !

- Je vois que toi aussi tu fatigues déjà. Elle se mit à rire et leva les yeux. Je préfère de loin prendre des crampes assise que debout à écouter mon mari déblayer sa science à plus cultivés que lui.

- Je ne pensais pas te trouver ici, reprit Julia autant ravie que surprise, je ne t'ai pas vu depuis une éternité.

- Tu ne m'as pas vue ? Répéta-t-elle en souriant. Tu es celle qui ne prenait pas de nouvelles. Julia se mit à rougir. Oh, je ne t'en veux pas. Je sais que tu avais beaucoup à faire avec... tes problèmes.

Elles se levèrent et s'entreignirent.

- Que je suis contente de te voir, dit Claire, nous avons tellement de choses à nous dire, j'imagine.

Julia acquiesça.

- Ton mari est toujours docteur ?

- Drius ? Oh non, il ne pratique plus. Honnêtement, je ne sais pas ce qu'il fait. Il passe le plus clair de son temps dehors et s'énerve lorsque je le questionne sur ses recherches. Elle secoua la tête en ricanant. J'espère que cette recherche n'a pas pour objet le corps d'une autre femme...

- Oh, je vois... répondit Julia.

- Et ce jeune homme, dit-elle en pointant le buffet du doigt, ne serait-il pas...

- Chris ? Oui, c'est bien lui.

- Mon Dieu, que le temps passe vite. C'est en le croisant tout à l'heure que j'ai su que tu étais dans les parages. Julia lui fit signe de venir. Il fit d'abord mine de ne rien avoir vu, puis se résigna à les rejoindre. Tout de même après toutes ces années, retomber par hasard sur toi!

- C'est étonnant n'est-ce pas?

- Bonjour Chris, je suis Claire, une vielle amie de ta mère. Tu ne dois sûrement pas te rappeler de moi, tu étais encore petit la dernière fois que je t'ai vu.

Il lui serra la main comme son père lui avait appris à faire.

- Et quel âge as-tu maintenant ?

Il se retourna vers sa mère, comme pour s'assurer qu'il était bien obligé de répondre.

- 15 ans...

- Oh, tu vas bientôt rentrer à l'université alors. Tu as déjà des préférences ?

- Quelques unes. Je peux retourner au buffet maintenant, dit-il en se retournant vers sa mère.

Elle le regarda stupéfaite. Elle n'eut pas le temps de répondre que Claire l'y autorisa à sa place.

- Excuse-le, s'empressa Julia, il déteste tout le monde en ce moment et nous les premiers.

- C'est normal, la rassura-t-elle.

- Il a toujours l'air si malheureux... Je voudrais l'emmener voir un spécialiste, mais son père s'y oppose.

- Un spécialiste ? Tu veux dire... Elle s'arrêta et chuchota, un psychiatre ?

- Oui, il n'y a pas de mal à ça.

Elle rigola et leva les yeux au ciel.

- Excuse moi, mais c'est bien la dernière personne à qui je confirai mes enfants. Sais-tu ce qu'ils font à leurs patients ? Mon Dieu non, je rejoins ton mari sur ce point.

Julia fit la sourde oreille. Elle regardait Claire, mais c'est à ces années d'étudiante qu'elle pensait. Non, elles ne s'étaient pas séparés en bon termes. Elle se demanda même si elles avaient vraiment été proches à l'époque. Elle haussa les épaules, si la Claire d'aujourd'hui lui souriait de cette manière, ce devait certainement être le cas.

- Et toi ?

- Moi ? dit-elle surprise.

- On raconte bien des choses sur toi au club depuis que tu nous as quitté. La moitié doit sûrement être fausse, bien entendu...

- Que veux-tu savoir ? Demanda-t-elle tout en sachant pertinemment où elle voulait en venir.

- Est-il vrai que tu as abandonné tes rêves de carrière ? Mon Dieu, tu étais si douée...

Julia prit sur elle pour continuer de sourire.

- J'ai n'ai pas de quoi me plaindre Claire. Et puis je pratique toujours la médecine, à ma manière. J'organise deux fois par semaine des séances de prévention contre les maladies infectieuses aux femmes de mon quartier.

Elles se sourirent maladroitement. Tout à coup, Claire changea d'expression.

- Julia ?

- Oui, Claire ?

- Nous nous voyons que trop peu, et j'apprécie toujours énormément nos rencontres...

- Moi également.

- Que dirais-tu si j'assistais à ta prochaine leçon?

- Oh, j'ai bien peur que je n'ai rien à dire que tu ne saches déjà.

Elle secoua la tête et lui prit les mains.

- Ne dis pas de bêtises, et puis ça sera une nouvelle occasion de nous revoir ».

Julia hésita puis sourit.

- Dans ce cas, ce sera avec plaisir.

- Merveilleux. Elle lui prit le bras et l'entraîna vers un serveur. Tu boiras bien quelque chose? »


- Madame Pendrick, insista William, je me dois de vous reposer la question. Que fais-je donc ici ? »

- Un peu de patience William. Elle rapprocha ses hanches des siennes et lui sourit. Vous allez tout comprendre.

Un bruit de verre retentit dans la salle. On pria les convives de se rassembler près de l'estrade. Aussitôt, tout le monde s'y dirigèrent dans un bruit de murmures et de verres grinçants. William en profita discrètement pour s'écarter de Mme Pendrick. Un homme entra en scène et le silence ce fut.

- Bonjour à tous, pour ceux qui ne le savent pas, mon nom est James Pendrick...