Chapitre I

Cela se passait aux alentours de Février 1913, lorsque le Comte de Grantham eut besoin d'un chauffeur. Il avait donc cherché un peu partout pour que, finalement, quelqu'un vint « frapper » à sa porte.

- Bonjour. Comment vous appelez-vous ? demande M. Carson.
- Branson. Tom Branson.

Après que M. Carson lui ai posé plusieurs questions, il se rend à l'évidence et déclara :

- Je ne vois aucun inconvénient. Je dirai à My Lord qu'il pourra à présent être conduit à la gare plus facilement.

Branson sourit : c'est tout ce qu'il attendait. Ce jeune irlandais, alors que son pays était en pleine révolte, voulait juste « voir » comment c'était chez ceux qui gouvernaient une partie de son pays.

Du côté des nobles, la jeune Sybil, âgée de 18 ans, lit un journal.

- Que lisez-vous ? demanda son aînée, Mary.
- Un article sur le droit des femmes, lui répondit-elle.
- Oh ! Et c'est intéressant ?
- Comment pouvons-nous nous laissez autant marcher dessus ? Par exemple, pourquoi les hommes ont le droit de voter et pas nous ? Ne faisons-nous pas parties du peuple ?
- Ma chère, sachez que les hommes savent mieux que nous ce qu'il faut pour notre pays.
- Mais n'avez-vous jamais eu envie de vous rebeller ?
- Jamais.

La conversation s'arrêta net. Sybil a toujours était un peu comme ça : elle a toujours des idées différentes de la norme, comme dirait Mary.

Née d'une famille aisée, du moins elle l'était à sa naissance, elle était la dernière de deux grandes sœurs : Mary et Edith.

M. Carson rentra dans la bibliothèque du Comte.

- My Lord ?
- Oui, Carson ? répondit le Comte au milieu de ses papiers.
- Je tenais à vous informer que nous avons un nouveau chauffeur.
- C'est vrai ? Faites le venir ici.
- Bien My Lord.

M. Carson alla chercher Branson et lui dit :

- M. le Comte souhaite vous voir.

Tom ne répondit rien, il se contenta juste de faire un signe de tête, montrant ainsi son approbation. Il monta les escaliers et arriva devant la bibliothèque où il frappa.

- Oui ?

Il rentre et s'avance vers le bureau.

- Vous devez être le nouveau chauffeur, je suppose ? demanda le Comte.
- En effet.
- Et vous vous appelez ?
- Branson, my Lord.
- Bien, maintenant je compterai sur vous pour m'emmener à la gare lorsque j'aurai besoin de me rendre quelque part.
- C'est mon métier.

La discussion s'arrête là et Branson est emmené dans sa chambre pour s'installer. Il sort ses minces affaires : celles pour la toilette et la nuit, il n'a pas l'habitude de se changer très souvent : son habit de travail lui suffit, à la limite, il a apporté quelque autre habit, au cas où.

Dans l'après-midi, Sybil descend à l'étage des domestiques et demande à Mme Hugues où se trouve Gwen.

- Elle est actuellement en train de repasser vos affaires.

Ni une, ni deux, Sybil se dirige vers la buanderie et y retrouve son amie. Car oui, malgré leur différence de classe, ça n'empêche pas la fille du Comte à bien s'entendre avec une domestique.

- Vous souhaitez quelque chose MiLady ?
- Non, pas du tout, je voulais juste savoir si vous aviez reçu des nouvelles pour le poste de secrétaire.
- Non, mais j'attends une réponse dans la semaine.
- Bien, vous m'en avertirez.
- Je n'y manquerais pas. Au fait, votre père a engagé un nouveau chauffeur.
- J'irai le saluer. Bonne après-midi Gwen.

Suite à cet entretien, Sybil se dit que ce serait une bonne idée d'aller le saluer maintenant, d'autant plus qu'elle n'a rien à faire. Elle sort et va en direction du garage. Quelques mètres avant d'arriver, elle peut entendre quelqu'un qui doit faire une réparation. « Sans doute le chauffeur. J'imagine bien un vieux, petit. » A ses mots, elle rit doucement.

- Bonjour, vous devez être le nouveau chauffeur.

Tom, allongé sous la voiture à vérifier si tout va bien, se lève en se cognant. Il manque de retenir une petite onomatopée. Il se frotte le front, ouvre les yeux et, avec un chiffon qu'il tenait dans une main, il se les essuie.

Quand elle le vit se cogner, par réflexe, elle se rapprocha de lui comme si quelqu'un qui nous est proche se blessait. Puis, elle se rendit compte qu'il n'était pas du tout comme elle l'avait imaginé, il était plus beau.

- En effet et je suppose que vous êtes la fille de My Lord.
- Oui, je suis Sybil.
- Appelez-moi Branson.

Ils ne dirent rien de plus, le sourire remplace toutes les conversations au monde.

- Bien, je vais vous laissez à votre travail.

Elle le quitte. Lui, la regarde jusqu'à ce qu'elle disparaisse de sa vue pour retourner sous sa voiture.

Le soir arrive rapidement, trop même, mais peu importe. Gwen aide Sybil à se changer tout en parlant

- Milady a pu rencontrer le chauffeur ?
- Bien sûr.
- Et comment le trouvez-vous ?
- Comment ça ?
- Je ne sais pas, le trouvez-vous bien pour être à ce poste ?
- Pour être franche, je ne lui ai dit que bonjour et il s'est cogné en se relevant. Je ne peux pas vraiment le juger pour le moment.

Gwen ne préférait pas insister, elle aimait trop Sybil pour vouloir une dispute avec elle. Une fois qu'elle a fini de la coiffer et de l'habiller, Sybil remercie Gwen qui retourne au hall des domestiques. De son côté, la benjamine va dans le salon rejoindre ses parents. Bien sûr, la discussion ne porte que sur : qui sera l'héritier de Downton ? Il faudrait faire appel à ce cousin éloigné que personne ne connait, mais si c'est la seule chose pour le sauver, il faudra faire ce sacrifice. Mary sera donc l'épouse de cet homme.

- Papa, vous savez très bien que…
- Ne discute pas, si tu veux qu'on sauve Downton, tu devras y être obligée.

Avec son orgueil, Mary ne se laissera pas marcher dessus si facilement. Mais au lieu de lever la voix, ce qui serait très impoli, elle baisse la tête. La Comtesse essaie d'animer la conversation :

- J'ai appris que dans le village, on allait organiser une fête.
- Ah oui ? demanda Sybil.
- Oui, pour fêter les 200 ans de notre village.
- Il y aura encore toute cette population sauvage, rétorqua Granny.
- Ce sera agréable de voir les gens du village, répondit Edith.
- Sûrement, sourit sa mère.

La fin du repas se passe calmement et tout le monde va se coucher. Tous sauf M. Carson et Mme Hugues qui éteignent les lumières et vérifient que tout est en ordre.