Disclaimer: les personnages ne m'appartiennent pas, je n'ai pas créé un personnage aussi génial que Rose.

Résumé:Rose part à la recherche de l'homme qu'elle aime pour le tuer. Strigoï ou non, Dimitri reste-t-il Dimitri?

La quête funeste

Chapitre un

Je décidai de faire une pause. Cela faisait à peu près une heure que je marchai. L'académie était déjà loin, ce qui me procura un certain soulagement. À présent, je n'étais plus une élève, plus une gardienne qui devait s'effacer pour protéger son Moroï. J'étais juste Rose. J'aurais dû me sentir entière, mais c'était impossible sans Dimitri, qui était une part de moi même, celle que je chérissais le plus. Je ne réalisai pas encore qu'il était désormais un Strigoï, bien que ce soit la raison de mon départ. Cela me semblait irréel. Cette réalité deviendrait palpable lorsque je serai face à sa haute silhouette, ses yeux cerclés de rouge me toisant de l'air cruel et assoiffé propre aux Strigoï. Je tentai d'ignorer la douleur que me procurait cette image. Je m'étais promis d'être forte, de ne pas flancher, de ne pas m'effondrer, même si j'ignorais comment je survivrais à l'homme que j'aimais. Quelque chose en moi, qui m'avait toujours poussée à me battre, à protéger ceux que j'aimais, à résister, me poussait à tenir le coup, à toujours regarder devant moi.

Je m'assis au bord de la route et regardai le paysage. Le chemin que je suivais était graveleux, caillouteux, irrégulier, ce qui était normal pour un chemin montagneux. Un Moroï ou un humain de faible constitution aurait trébuché plusieurs fois, se serait plaint de courbatures. Or, une dhampir comme moi, doublée d'une gardienne, avait enduré un entraînement intense pour acquérir une importante résistance physique. Je n'avais donc aucune courbature et en ôtant mes chaussures, je ne découvris aucune trace d'ampoules sur mes pieds bronzés. J'aimais marcher dans la nature. Cela faisait travailler mes muscles et me permettait d'admirer la beauté des paysages environnants. Même de nuit, mon acuité visuelle aiguisée me permettait de distinguer des pics de roche lointains auxquels la lune donnait une lueur argentée. Je sortis une orange de mon sac et l'épluchai, puis mangeai le fruit juteux aux vitamines bénéfiques. Ensuite, je me remis en route.

Mon projet initial était de rejoindre l'autoroute et de faire du stop jusqu'à Missoula mais j'avais légèrement modifié mes plans. Je doutai fortement que Dimitri soit resté avec les Strigoï qui en avaient fait l'un des leurs. Cependant, je devais vérifier. De plus, je voulais m'occuper de ceux qui l'avaient privé de son âme. J'étais allée à leur repère, une grotte proche de l'académie, mais ils l'avaient désertée. Je ne voyais donc pas d'autre solution que de tâtonner, n'ayant en guise de boussole que ma capacité à sentir la présence des Strigoï.

J'explorai les grottes aux alentours. Soudain, je tressaillis. Je venais de sentir la présence de plusieurs Strigoï. Conservant mon sang froid, je sortis mon pieu en argent et regardai autour de moi. Personne. Pourtant, je sentais indéniablement leur présence. Je suivis mon intuition et m'enfonçai dans la grotte. La sensation s'accrut. Je compris alors ce qui m'arrivait. J'étais désormais capable de sentir la présence des Strigoï à distance. C'était un atout précieux. J'aurais pu faire une gardienne remarquable si ne n'avais pas choisi de tout plaquer quelques mois avant d'obtenir mon diplôme.

Au bout du chemin, je perçus de la lumière. Je m'approchai aussi silencieusement qu'un félin, munie d'un briquet et de mon pieu en argent, caressant le collier également en argent autour de mon cou, qui dissuaderait les Strigoï de me mordre à cet endroit là. Puis j'entrai dans la lumière.

Il y avait une grande salle aménagée et éclairée par des chandeliers qui confirmait qu'il s'agissait d'une habitation de Strigoï. Or, ils n'étaient pas là, même si je sentais leur présence. Sans doute s'étaient-ils absentés pour un court laps de temps. Cependant, l'endroit n'était pas désert. Des corps de Moroï et gisaient à terre. Je m'agenouillai auprès d'eux. Ils étaient vivants, mais inconscients et menottés. Un sourire béat s'étendait sur le visage de certains, dû aux endorphines sécrétées par la salive des Strigoï. Je secouai doucement un Moroï.

-Hé! Réveille toi! Chuchotai-je.

Le Moroï poussa un cri, fut secoué de convulsions et écarquilla les yeux. Je posai mes mains sur ses épaules pour l'apaiser et plongeai mon regard dans le sien.

-Du calme, dis je avec douceur. Je ne suis pas une Strigoï.

Le garçon me regarda, perplexe. Il sembla se calmer.

-Qui es tu? Balbutia-t-il finalement.

-Rose. Je suis une dhampir. Quel est ton nom?

-Maxime.

Il me contempla un instant en silence.

-Que fais tu ici?

-Je viens régler un compte avec ces Strigoï.

Il me dévisagea comme si j'étais folle.

-Regarde, dis-je.

Je lui tournai le dos, soulevai mes longs cheveux bruns pour exhiber les marques sur ma nuque, preuve que j'avais éliminé un nombre incalculable de Strigoï.

-Waouh! S'exclama-t-il.

Je laissai mes cheveux retomber et me tournai face à lui. Je ne fus pas surprise par son regard admiratif. Je tranchai ses menottes d'un coup sec avec mon pieu. Je fus étonnée par ma propre force.

-On n'a pas le temps pour les compliments, déclarai-je. Réveille les autres. Du moins, ceux sur qui la salive des Strigoï ne fait pas effet.

-Hein?Heu...d'accord.

À nous deux, nous entreprîmes de réveiller les autres. Je les libérai tous d'un coup de pieu.

-Bien. Comment êtes vous arrivés ici?

Maxime prit la parole.

-Nous étions en ville, de nuit. Nous avions organisé une petite fête dans un tunnel.

-Dans un tunnel? Répétai-je. Vous êtes stupides, ou quoi?

Mon ton cassant fit reculer Maxime. Il me regarda d'un air penaud.

-Continue, soupirai-je.

Maxime déglutit avant de reprendre la parole.

-C'est là que des Strigoï nous ont encerclés et enlevés.

-Où étaient vos gardiens?

Maxime rougit.

-Nous leur avons faussé compagnie, confessa-t-il, honteux.

Je ne répondis rien mais songeai avec consternation que des gardiens qui laissaient s'échapper leurs Moroï n'étaient pas de vrais gardiens.

-C'est là que les Strigoï nous ont enlevés. Ils étaient dans un camion. Ils étaient trop nombreux. Le camion s'est arrêté dans la montagne et ils nous ont forcé à continuer à pied, jusqu'à cette grotte. C'est là qu'ils ont commencé à s'abreuver de nous. Ils ont dit qu'ils allaient nous transformer.

Ces derniers mots me firent réagir. Si ces Strigoï voulaient les transformer, il était fort possible qu'il s'agisse de ceux qui avaient transformé Dimitri. Sans doute voulaient-ils grossir leurs rangs.

-Parmi eux, il n'y avait pas un homme très grand, aux cheveux noirs qui lui arrivaient jusqu'aux épaules? Demandai-je.

Les Moroï secouèrent la tête.

-Bon.

Dimitri n'était donc pas avec eux. Je tentai de me remémorer le visage, la carrure des Strigoï que nous n'avions pas tué. L'un d'entre eux me revint brusquement à l'esprit, car je le connaissais, avant qu'il passe de l'autre côté.

-Est ce qu'il y en avait un de taille moyenne, aux cheveux blonds mi-longs?

Une Moroï blonde hocha la tête.

-Oui, dit-elle d'une voix flûtée.

Il y avait des chances que ce soit lui. Celui qui voulait tuer Lissa, la dernière princesse Dragomir et qui souhaitait obtenir une récompense pour cela. Jusque à présent, il avait échoué.

-Bon. Il y a-t-il des spécialistes du feu parmi vous?

Personne ne réagit. Déçue, je caressai mon briquet de la main.

-Tant pis. Et des spécialistes de l'eau?

Maxime et une Moroï rousse levèrent la main.

-Parfait. Vous allez m'aider à éliminer ces Strigoï.

-Nous? Dirent-ils d'une même voix, perplexes.

J'esquissai un sourire et sortis une brique d'essence de mon sac.

-Je vais vous expliquer.

Environ une heure plus tard, bien avant le lever du jour, les Strigoï étaient de retour. J'avais fait partir les Moroï, désormais libre. Je reconnus le Strigoï blond qui en avait après Lissa. Parfait. J'allais faire d'une pierre deux coups. Sauver ces Moroï et venger l'homme que j'aimais. L'un d'entre eux m'attrapa à la gorge. Il était si près que je distinguais nettement ses pupilles noires cerclées de rouge.

-Toi, dit-il d'une voix dure. Où sont les autres?

Je lui donnai un coup de genou à un endroit critique et me dégageai lestement de son étreinte.

-Utilisez votre sens de la déduction, persiflai-je. Il s'est envolé en même temps que votre âme?

-Elle les a libérés, déclara le Strigoï blond. Je la connais, elle est redoutable.

-Pas seule contre nous, répliqua un autre Strigoï.

L'un d'eux contempla le sol, intrigué.

-Pourquoi le sol est couvert d'eau?

Ils croyaient qu'il s'agissait d'eau. Mon plan fonctionnait. Le Strigoï blond s'approcha de moi avec un sourire.

-Si tu es là, cela signifie que la princesse Dragomir n'a plus de protection.

-Lâche lui un peu les baskets, tu n'es pas son genre, répliquai-je en levant les yeux au ciel.

Malgré ma décontraction apparente, je savais qu'il disait vrai. J'avais abandonné Lissa. Mais c'était mon choix et j'étais prête à en assumer les conséquences.

-Où est Dimitri Belikov, celui que vous avez fraîchement transformé?

Le sourire du Strigoï blond s'élargit.

-Oooh. C'est Belikov qui t'intéresse? Il n'est pas avec nous, désolé. Sans doute aurais tu aimé que ce soit lui qui boive ton sang? Toutes les dhampirs sont des catins rouges potentielles.

J'ignorais l'insulte et m'esquivai lestement, les écartant à l'aide de mon pieu, à l'entrée de la salle. Là, j'allumai mon briquet sur le liquide incolore et inodore répandu par terre. L'effet fut immédiat. Le sol s'enflamma. Les Strigoï me regardèrent d'un air horrifié, avec stupeur.

-C'est impossible! Rugit le blond.

-Ca, c'est pour Dimitri, déclarai-je calmement.

Imperturbable, je les regardai se tortiller de douleur dans les flammes, agoniser, se calciner, jusqu'à être réduits en cendres. Ma vengeance accomplie, je quittai la grotte. Je m'aperçus avec surprise que les Moroï m'attendaient.

-Qu'est ce que vous faites encore là? M'étonnai-je.

Maxime esquissa un sourire.

-Nous t'attendions.

-Ce n'était pas la peine. Vous auriez dû vous contenter de sauver votre peau.

Maxime ne se départit pas de son sourire. La Moroï rousse approcha.

-C'était une idée géniale, dit-elle. Nous servir de notre pouvoir sur les éléments liquides pour rendre l'essence incolore et inodore.

Je consentis à sourire.

-Je connais une spécialiste de l'eau, dis-je. Elle m'a montré que contrôler cet élément peut être très utile.

Je pensais à Mia, une Moroï au visage de poupée que j'avais prise pour une peste superficielle pendant un certain temps mais qui s'était avérée très courageuse et m'avait sauvée d'une bande de Strigoï en faisant exploser un aquarium.

-Nous n'aurions jamais pensé à nous servir de la magie contre des Strigoï. C'est super cool, dit un Moroï qui n'avait pas participé.

-D'autres y ont pensé. Je vous raccompagne en ville?

Les Moroï esquissèrent un sourire réjoui. Nous entreprenions de descendre à pied, quand le soleil se leva. Je songeai que je n'avais pas souvent l'occasion de voir le soleil se lever. Les faisceaux roses et dorés qu'il projetait étaient splendides. Je songeai avec plaisir que tout au long de mon voyage, je pourrais voyager de jour, sans Moroï ni académie pour me priver de la lumière.

L'un des Moroï bâilla. Je m'arrêtai et les regardai. Ils semblaient épuisés. De toute évidence, leur constitution était bien moins solide que la mienne. Cependant, je sentais que le sommeil commençait à me gagner.

-Et si on s'arrêtait?

-J'accord, mais seulement pour deux heures. De jour, nous avons beaucoup moins de risques de rencontrer un Strigoï.

Les Moroï semblèrent déçus de ne pas pouvoir se reposer plus longtemps mais ils ne protestèrent pas. Ils ne tenaient pas à se faire attaquer de nouveau par des Strigoï et il me semblaient qu'ils ne se seraient jamais permis de contester une de mes décisions. Ils semblaient me considérer comme leur chef, ce qui n'était pas pour me déplaire.

Je prêtai ma couverture à la Moroï rousse, qui la partagea avec une Moroï brune. Ils s'allongèrent dans l'herbe. Quant à moi, je m'assis, mangeai une deuxième orange et me servis du thé grâce au thermos que j'avais emmené. Je n'avais jamais voulu boire de café. Heureusement, le thé avait les mêmes propriétés excitantes et m'aiderait à me tenir éveillée.

Les deux heures passèrent vite, bien que je n'eus rien à faire pour m'occuper, à part regarder le paysage. Je n'avais pas souvent eu la possibilité de le faire à la lumière du jour. Sur les sommets que je distinguais au loin, la neige contrastait avec la noirceur des montagnes. Même moi, j'aurais sans doute eu du mal à supporter le froid à cette altitude. Pourtant, j'appréciais le froid, il me vivifiait. J'avais souvent regretté de ne pas avoir eu le plaisir de sentir un vent frais et matinal me fouetter le visage. Ce serait différent pendant mon périple.

Je regardai l'heure. Il était temps de réveiller les Moroï. Je commençais par les deux filles emmitouflées dans ma couverture. Je les secouai doucement. La rousse poussa un gémissement.

-Allez, debout! Vous aurez tout le temps de vous reposer quand nous arriverons en ville.

À midi, nous étions descendus de la montagne. Mon estomac criait famine et je devinais qu'il en était de même pour les Moroï, déjà affaiblis par la lumière du jour. Bientôt, une longue route goudronnée s'offrit à nous. Je concertai les Moroï.

-À combien de kilomètres est la ville la plus proche?

Maxime fut le premier à répondre.

-Une dizaine de kilomètres.

La Moroï rousse sourit.

-Mais nous ne serons pas obligés de marcher jusque là. Il y a un arrêt de bus à deux kilomètres.

J'éprouvai un certain soulagement, même si je ne ressentais plus la fatigue.

-Génial. Allons y.

Arrivés à l'arrêt de bus, les Moroï se laissèrent tomber sur les bancs, épuisés. Je restai debout. Peu de temps après, le bus arriva. Nous montâmes à l'intérieur. Il y avait des Moroï et des dhampirs. Les Moroï qui m'accompagnaient parurent soulagés de se retrouver en territoire connu. Ils s'assirent sur les bancs et fermèrent les yeux. Je m'efforçai de rester éveillée. Au bout de vingt minutes, le bus s'arrêta à destination.

-C'est là que nos chemins se séparent, dis je lorsque nous fûmes descendus du bus.

Les Moroï me me regardèrent d'un air déçu.

-Tu ne restes pas avec nous? Dit la Moroï rousse.

-Non. J'ai des choses importantes à régler.

La Moroï rousse eut un sourire résigné.

-Alors bonne chance, dit-elle.

Je lui rendis son sourire.

-Bonne chance à vous aussi. Soyez prudents.

-C'est promis, dit la Moroï rousse.

Maxime s'approcha. Il me regardait comme si j'étais une super héroïne.

-Ce serait chouette d'avoir une gardienne comme toi.

Je lui souris.

-Si j'ai un conseil à vous donner, c'est d'apprendre à vous défendre. Les temps changent. De plus en plus de Moroï décident de se battre aux côtés de leur gardiens.

Sur ces mots, je leur tournai le dos et m'en allais. Avant tout, il fallait que je mange. Je trouvais rapidement un fast-food. Je commandai un hamburger, un milkshake à la vanille et un coca, pour me tenir éveillée. Après avoir avalé le tout, je me sentis rassasiée. Je songeai aux Moroï. Ils auraient intérêt à trouver rapidement des sources. Cela devait faire plus de dix heures qu'ils n'avaient pas bu de sang. Je haussai les épaules. Ce n'était plus mon problème.

Réveillée par la caféine du coca, je me promenai en ville à la recherche d'un hôtel. Je passai devant plusieurs boutiques aux vitrines alléchantes. Je n'avais ni le temps ni les moyens pour cela. Adrian m'avait donné beaucoup d'argent mais je n'allais pas le dépenser à la légère. Néanmoins, je ne pus m'empêcher de m'arrêter devant une vitrine où un mannequin exhibait un bustier corseté rouge cerise orné de dentelles. Je songeai que cette couleur se serait bien accordée avec ma peau mate. Ma poitrine généreuse et ma taille fine auraient été mises en valeur par le corset. Mais à quoi bon être séduisante, quand je devais tuer l'homme que j'aimais? À regret, je m'éloignai de la vitrine.

Il me fallait trouver un hôtel. J'avais besoin de prendre une bonne douche, de changer de vêtements et de récupérer quelques heures de sommeil avant de repartir. J'arrêtai un passant, un jeune homme brun. Il était sans doute humain.

-Excusez moi, monsieur?

Il s'arrêta. Je lui servis mon sourire le plus séduisant. Cela fonctionna à merveille. Le jeune homme cligna des yeux, comme ébloui.

-Oui, mademoiselle?

Je le regardai avec des yeux de biche égarée.

-Je suis un peu perdue. Pourriez vous me dire où je pourrais trouver un hôtel?

-Bien sûr! Vous continuez tout droit, vous tournez à droite et encore à droite. Là, il y a une boulangerie et en face, il y a un hôtel.

-Merci beaucoup, dis-je.

Je m'éloignai mais il m'interpella de nouveau.

-Attendez!

Je m'arrêtai et me tournai vers lui. Je songeai qu'il était plutôt mignon, mais il ne faisait pas le poids à côté de Dimitri.

-Voulez vous que je vous accompagne?

Je lui adressai un sourire éblouissant.

-Ce serait gentil, merci!

Je fis donc le chemin avec ce jeune homme, qui tentait maladroitement de me faire la conversation. Il s'appelait Nicolas.

-Nous y sommes, déclara-t-il devant un bâtiment élégant aux grandes baies vitrées.

Je lui adressai un nouveau sourire.

-Merci beaucoup, dis-je.

Nicolas me regarda d'un air hésitant, comme s'il avait quelque chose à me demander. Je lui adressai un regard encourageant.

-Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous pouvez faire appel à moi.

Sur ces mots, il sortit un bout de papier et un stylo de sa poche et griffonna quelque chose. Puis il me le tendit.

-C'est mon numéro, dit-il.

-Merci, dis je.

Je pris le papier, sans prendre la peine de regarder les chiffres inscrits dessus et le rangeai dans mon sac.

-Est ce que...hésita-t-il.

-Oui? L'encourageai-je.

-Est ce que vous pourriez me donner votre numéro, vous aussi? Demanda-t-il.

J'aurais dû m'en douter. Ses yeux étaient pleins d'espoir.

-Désolée mais je ne donne pas mon numéro aux gens que je ne connais pas, dis-je avec un doux sourire.

Il eut du mal à cacher sa déception.

-Oh. Je comprends, dit-il.

Il était visiblement douché par mon refus. J'eus presque pitié de lui.

-Et puis, je ne reste pas dans le coin, précisai-je. Je dois partir.

-Oh, je vois, marmonna-t-il.

-Bon, hé bien, au revoir, dis-je.

Je lui tournai le dos et me dirigeai en direction de l'hôtel mais il m'interpella de nouveau.

-Mademoiselle?

Je me retournai.

-Oui?

-Bonne chance à vous.

Je lui souris.

-Merci.

Cette fois ci, je tournai les talons, sans me retourner. J'entrai dans l'hôtel. Le hall était spacieux, accueillant et lumineux. Le réceptionniste était un homme. Jusqu'à présent, j'avais de la chance.

-Bonjour, dis-je.

Le réceptionniste leva les yeux et me regarda de la même manière que Nicolas. Les choses s'annonçaient bien.

-Bonjour mademoiselle. Je peux faire quelque chose pour vous? Dit-il poliment.

-Je voudrais prendre une chambre.

Le réceptionniste hocha la tête.

-D'accord. Pour combien de temps?

-Une nuit.

-Voulez vous une chambre avec télévision?

Je secouai la tête.

-Non, merci. Ce ne sera pas nécessaire.

Le réceptionniste reporta son attention sur son ordinateur et pianota sur son clavier.

-Ce sera cent dollars.

Je sortis un billet et lui tendis.

-Merci, dit-il.

Il sortit un trousseau de clés qu'il fit glisser vers moi.

-Voici les clés de la chambre 107. Elle est au premier étage. Vous pouvez prendre l'ascenseur. Sinon, il y a un escalier sur votre gauche.

Je pris les clés.

-Merci.

Le réceptionniste me sourit aimablement.

-Merci à vous. Bon séjour, mademoiselle.

Je me dirigeai vers les escaliers. J'avais beau être épuisée et être séduite à la perspective de prendre l'ascenseur, un peu d'endurance ne me ferait pas de mal. Je montai donc les escaliers et me retrouvai dans un couloir feutré et silencieux. Je marchai sans croiser personne et trouvai finalement la chambre. Je fis tourner les clés dans la serrure et entrai à l'intérieur. Je fermai la porte derrière moi et observai la pièce. Elle était d'une couleur bleue pâle et les rayons du soleil pénétraient par une grande baie vitrée. Je me dépêchai d'entrer dans la salle de bains. La douche qui y trônait majestueusement avait fière allure. Elle était assez vaste pour y faire entrer deux personnes. Je quittai mes vêtements, pris un gant et montai à l'intérieur. Là, j'actionnai le jet d'eau. La chaleur de l'eau me fit du bien. Je mis du shampoing dans la paume de ma main et malaxai mes cheveux, ce qui me détendit et me procura un certain bien être. Ensuite, je me savonnai avec le gel douche. Puis je me rinçai.

En sortant de la douche, j'enfilai un peignoir. Je me sentais neuve, propre. L'odeur de gel douche qui s'était imprégnée sur ma peau était agréable. Je peignis mes cheveux mouillés, les enroulai dans une serviette, regagnai ma chambre. Là, je sortis de mon sac le pyjama que j'avais emmené et l'enfilai. Puis je me glissai dans les draps fraîchement repassés et parfumés. Avant de fermer les yeux, je consultai l'heure. Il était quinze heures. Presque aussitôt, je m'endormis.

Peu à peu, les ténèbres du sommeil s'éclaircirent et je visualisai un jardin. Un jardin fleuri et ensoleillé. Cet endroit m'était familier. Je réalisai que je me trouvais dans l'un des fichus rêves d'Adrian. Bientôt, comme pour confirmer cela, un jeune homme au visage familier, aux cheveux châtains clairs et aux yeux verts fit son apparition.

-Bonjour, petite dhampir. Très joli corset.

Je baissai les yeux et me rendis compte que je portais le bustier que j'avais vu dans la vitrine. Il m'allait encore mieux que je ne me l'étais imaginé. Pour compléter le tableau, je portais un pantalon en cuir noir des plus moulants. J'aimais les pantalons en cuir.

-Je t'avais dit que j'en avais assez, de ces rêves, dis-je.

Adrian esquissa un sourire coupable.

-Désolé. Cela me rendait fou, de ne plus te voir.

Je soupirai.

-Cela ne fait même pas une journée que je suis partie, fis-je remarquer.

-Oui, mais je suis inquiet pour toi. Et puis, tu dois te sentir seule.

Son visage trahissait une inquiétude sincère. À nouveau, je ressentis une vague culpabilité à l'idée de l'éconduire comme j'avais l'habitude de le faire.

-Je suis assez forte. Je me suffis à moi même, dis-je. C'est d'ailleurs pour cela que je suis partie, d'ailleurs, et tu le sais. Pour prendre un peu de recul, être seule, tu te souviens?

Je m'attendais à ce qu'il approuve mais il n'en fut rien. Il secoua la tête.

-J'ai deviné pourquoi tu es partie. Tu veux éliminer Belikov, qui est devenu un Strigoï. Tu préfères le voir mort que monstre inhumain, n'est ce pas?

J'en restai bouche bée. J'eus du mal à reprendre la parole.

-C'est ce qu'il aurait souhaité. C'est Lissa qui t'a vendu la mèche?

-Non. Je te l'ai dit, je l'ai deviné. En parlant de Lissa, tu ne me donnes pas des nouvelles d'elle?

Je regardai ailleurs. Puis je posai de nouveau les yeux sur Adrian.

-Si. Comment va-t-elle?

-Tu lui manques. Beaucoup. Bonne nuit, petite dhampir.

Les contours de la silhouette d'Adrian et du jardin se firent flous et les ténèbres du sommeil m'engloutirent à nouveau.