ANNONCE
Will et Diane étaient dans le bureau de Diane, assis face à face, le bureau les séparant.
« Qui a demandé cet entretien ? », demandait Will.
« Cary », lui rétorquait Diane.
« Tu crois qu'ils sont en train de le faire ? »
« On a donné le mauvais partenariat à la mauvaise personne, on aurait dû le donner à Cary », lui reprochait Diane.
« Je vous ai laissé prendre votre décision sans que je n'intervienne »
Une clarté illuminait soudainement leur visage.
« Alicia nous a garanti qu'il n'y avait aucun doute sur les engagements des quatrièmes années au sein de notre cabinet »
« Si je souhaite monter un cabinet de mon côté, je le fais en cachette et sans en avertir les partenaires et patrons », lui lançait Will, une pointe de reproche dans la voix et le regard rappelant ainsi à Diane qu'elle a failli partir en catimini.
« Merci de me le rappeler Will »
« Je t'en prie Diane, je suis là pour ça »
Ils esquissaient chacun un sourire, davantage nerveux que sincère.
« Combien selon toi ? »
« Aucune idée »
« Et les clients ? »
Ils se regardaient silencieusement, ne supportant cette question, ne sachant quels clients ils emportaient avec eux.
« Il avait dit neuf heures ? »
« Il est neuf heures cinq, lundi matin »
« Tu es prêt ? »
« A affronter une tempête de plus ? Naturellement »
Ils se levaient en même temps. Will ouvrait la porte et laissait passer Diane. Ils marchaient dans le couloir en direction de cette grande salle de conférence aux vitres transparentes toujours propres à la vue de tout le monde. Le centre du cabinet Lockhart/Gardner. La salle était comble, six quatrième années de chaque côté de la table à attendre sans un mot. Will et Diane entraient dans la salle.
« Bonjour », disaient Will et Diane en même temps.
Quelques bonjours timides et étouffés cassaient le silence entre eux. Will et Diane s'asseyaient côte à côte à l'extrémité de la table, faisant face à douze têtes de jeunes avocats de moins de trente ans orientées vers eux. Will aimait ces instants-là : être celui qu'on attend, qu'on regarde, qu'on écoute, qu'on admire. Il savait notamment se faire invisible et écouter chacun d'entre eux dans l'observation la plus totale. Diane préférait l'intimité à cette cohue, bien qu'elle sache régner d'une main de fer sur ses troupes. La première personne qu'ils avaient en face d'eux n'était autre que Cary, le siège près de Will était vide.
« Nous quittons tous le cabinet », annonçait Cary.
Diane et Will le savaient et n'avaient même plus chercher à lutter. Valider le partenariat d'Alicia était une mauvaise tactique. Elle restait dans les rangs et le trouble était toujours présent. Will n'a jamais apprécié Cary, trop prétentieux avec son comportement d'auto-suffisance et sûr de lui d'apparence mais qui ne cache rien d'autre qu'un sentiment d'infériorité ; par contre, il avait toujours été le chouchou de Diane.
« Nous emportons vos trois meilleurs clients. Vous pouvez nous poursuivre, nous sommes tous assurés pour faute professionnelle »
Une mouche pourrait voler, on l'entendrait. Alicia entrait dans la salle.
« Bonjour, excusez-moi du retard »
Diane et Will se retournaient et regardaient Alicia s'installer dans le premier fauteuil près de Will. Il lui portait ce regard bienveillant rempli de tendresse sur elle.
« Alicia, cette réunion ne te concerne pas », lui disait Will.
Alicia et Cary se regardaient, elle pensait qu'il leur avait dit puis elle posait son regard sur Will.
« Florrick, Agos et associés est le nom de notre cabinet »
Will la regardait. Impassible. L'annonce brutal de la nouvelle. Celle qui paralyse, qui rend incapable de réagir, qui glace le sang, qui fait serrer les poings, qui fait tambouriner le coeur dans la poitrine, qui fait sentir son sang cogner dans les tempes, celle qui empêche de parler alors qu'on a envie de crier, celle qui ne fait plus penser à rien, celle qui fait bourdonner les oreilles, celle qui fait qu'on ne voit plus rien. Diane regardait Will de ses grands yeux surpris puis orientait son regard vers Alicia.
« Tu quittes le cabinet Alicia ? » lui demandait Diane.
« En effet », lui disait Alicia.
Il la regardait toujours. Elle était gênée et honteuse d'annoncer son départ subitement sans l'avoir prévenu auparavant. Will. Ce patron qui lui avait donné sa chance après treize ans d'absence bloquée au fin fond de sa cuisine et du linge sale de son mari et de ses enfants. Elle portait sur lui un regard de compassion, elle espérait qu'il voit qu'il n'y avait aucun rien contre lui dans sa décision. Elle savait que, quelque soit la façon de le lui annoncer, il n'accepterait pas sa décision et qu'il n'y avait pas de bon moment pour lui dire.
« Et ton partenariat ? Tes engagements ? »
« J'y renonce »
Il y eut un grand silence. Will n'avait toujours pas bougé, les yeux fixés sur Alicia. Cette dernière n'osait plus regarder ni Will ni Diane. Il n'y avait principalement rien à dire. Will et Diane s'en doutaient, le savaient et savaient également qu'il n'y avait rien à faire pour retenir chacun d'eux. Ils avaient tout prévu : leur départ, les clients volés, les locaux, le nom du cabinet. Mais ils n'avaient pas prévu qu'Alicia partirait aussi.
« Je veux que chacun d'entre vous passiez dans mon bureau dans une heure pour signer la paperasse nécessaire et que vous trouviez votre liberté »
Chacun disparaissait en silence en déposant leur lettre de démission devant Will et Diane. Alicia était la dernière à partir, déposant sa lettre devant Will et lui jetant un dernier oeil. Diane et Will restaient seuls dans cette salle de conférence, à la vue de tous.
« Will ? », demanda Diane en posant une main sur son épaule.
