Disclaimer : Albator, Clio, Maetel, Warius, Doc, les marins de l'Arcadia, Prométhium, Mi-Kun et Tori-San appartiennent à leur créateur, M. Leiji Matsumoto.
Les autres personnages sont à bibi
1.
De rage, Sylvarande fracassa contre le mur la bouteille de cidre qu'une de ses Suivantes lui avait apportée afin qu'elle goûte aux premières gorgées de la nouvelle production annuelle.
- Cette ignominie ne peut être diffusée ! hurla-t-elle. Elle souille tous ceux qu'elle touche.
- A qui songez-vous plus particulièrement, Altesse ? fit la Sylvidre qui lui avait apporté le flacon du breuvage pétillant. Aux Sylvidres ou au pirate balafré qui vous a engendrée ?
- Les deux sont bien évidemment indissociables… Sans compter que cet acteur principal est inexpressif au possible, lisse, parfait, avec un brushing inaltérable. Il est absolument irréaliste de songer que ce godelureau a pu venir à bout de l'Armada de ma mère qui passe pour sa part pour une hystérique ! Ces robots qui tapent de la balle ne ressemblent eux aussi à rien et cet ersatz de Mayu est encore plus insipide que l'originale.
- C'est un film. Je ne vois vraiment pas ce que vous pourriez faire, remarqua encore la Suivante. Et je vous signale que le capitaine de l'Arcadia n'a en rien empêché sa réalisation pas plus qu'il ne s'est manifesté pour s'opposer à sa sortie.
- Je crois que je peux le comprendre sur ce dernier point, reprit Sylvarande en prenant le verre qu'on lui avait rempli avec la deuxième bouteille de cidre.
Elle s'assit dans le doux froissement de sa longue robe couleur pétale de rose.
- Si mon père était monté au créneau, cela aurait donné du crédit à ce nanar… Mais pour ceux qui feront le rapprochement, ce sera une honte pour ses amis et un régal pour ceux qui le détestent. Moi, je n'ai pas sa retenue et il est hors de question que je laisse ainsi souiller notre peuple et la mémoire de ma mère.
- Quelles sont vos intentions, Altesse ?
- Je vais envoyer mes commandos à cette Avant-Première !
- Prendrez-vous contact avec notre Protecteur ?
- Oui, lui au moins aurait dû faire quelque chose, autant pour son père que pour nous ! Je vais aller lui remonter les bretelles, et pas qu'un peu !
- Votre Docrass sera prêt à partir d'ici la fin de matinée.
- Merci.
Synomarielle, elle, avait apprécié le film Le borgne de l'espace dont elle s'était procuré une copie.
Elle sourit aux trois hommes qui se tenaient auprès d'elle, des Mécanoïdes au corps absolument parfait et qui la servaient de jour comme de nuit. Et vu leur niveau de sophistication, ils appréciaient également les courbes parfaites de la Sylvidre au teint de lait et à la longue chevelure blonde.
- Il faut que j'aille à cette Avant-Première, décréta celle qui dirigeait une colonie clandestine, bien plus importante que celle de Terra IV mais dont personne n'avait connaissance vu qu'elle vivait en parfaite autarcie au sein d'un énorme astéroïde qui était en réalité une station spatiale absolument indétectable.
- Pour les féliciter ? interrogea une jeune femme au teint de bistre et à la crinière de jais.
- Entre autres choses, Okranze.
Synomarielle sourit.
- Je crois que toi et moi avons quelques comptes à régler avec ce pirate et ceux qui descendent de lui.
- Je suppose que tu songes à un gamin roux en particulier, gloussa la Mécanoïde, de dix-huitième génération, depuis que sa maîtresse Prométhium lui avait donné une nouvelle vie. Je lui ai explosé le genou d'un tir de mon cosmogun, il m'a désactivée, j'ai donc une revanche à prendre ! Et j'ai mes ordres surtout, et ils sont simples : je dois l'éliminer.
- Tu as déjà essayé. On ne peut pas dire que le résultat soit convainquant, ricana Synomarielle. Et, la première fois, tu avais bénéficié d'un sacré effet de surprise !
- Tout comme cette fois, ils ignorent que Prométhium m'a récupérée et remise en état. Oh oui, ils ne s'attendent pas un instant à ce que je déboule à nouveau !
Synomarielle se réjouit.
- Pas plus qu'ils n'imaginent ce que je suis… Une hybride de Sylvidre et de surnaturel, je peux t'assurer qu'Aldéran n'a jamais eu affaire à ça et c'est un mélange détonnant – surtout si l'on considère que je suis moi aussi issue de sang royal et je peux autant prétendre à la couronne que Sylvarande !
- Je sens qu'on va bien s'amuser, se réjouit Okranze. Quand partons-nous ?
- Mon Deathfalcon décollera dans moins de deux heures.
Les deux femelles, se sourirent, complices depuis plus de quatre ans désormais et n'ayant attendu que le bon moment pour se révéler à leur ennemi juré – pour revenir, dans le chef d'Okranze.
Et partant de coordonnées diamétralement opposées, deux Reines Sylvidres se dirigèrent vers Ragel.
2.
S'octroyant un moment de pause dans sa fin de matinée à l'AL-99, Aldéran avait demandé au clone mémoriel de Toshiro à bord du Lightshadow de lui ouvrir une ligne sécurisée et instantanée avec sa mémoire d'origine sur l'Arcadia.
- J'ai établi tous les relais, Aldie, tu as ton père en ligne. Je vous laisse ensemble.
- Merci, Toshy. Alors, vieux débris, tu renonces à te battre pour la première fois de ta vie ? jeta d'entrée Aldéran.
- Toujours aussi bien élevé, toi. Deux mois qu'on ne s'est vus et ton premier mot est amical au possible ! Depuis le temps, Aldie, tu devrais savoir que je n'engage le fer que pour une cause qui en vaille la peine. Ta mère m'a bien mis les points sur les i concernant ce nanar. Je n'ai qu'une chose à faire : ne rien faire et me tenir loin de tout ce cirque. Tu étais d'accord sur ce point, la dernière fois que nous avons fait le point sur cette Avant-Première. Tu m'accuses de façon éhontée d'avoir une mémoire défaillante, mais je suis certain de ce que j'avance !
- J'ai changé d'avis. Nous avons tous eu copie de ce film, et cette monstruosité ne doit pas être propagée et personne ne devrait à avoir cette image détournée de toi et de ton passé.
- C'est à ce point ? s'assombrit le capitaine de l'Arcadia.
- C'est tellement sans queue ni tête, loufoque au possible et débilitant que ça en est inquiétant. Depuis notre naissance, à tous, tu l'as peut-être jouée discrète, et si pour beaucoup le temps a fait oublier tes exploits, ils demeurent pas mal d'êtres qui te détestent et qui se font passer le mot de génération en génération !
- Et ce sont trop souvent les miens, enfin surtout toi, qui avez payé les frais de ces envies de vengeance… Tu crois que je devrais me mêler de la propagation de ce nanar ? L'Avant-Première a lieu fin du mois, il serait utile que je revienne ?
- Tu es loin.
- Assez, mais tout est possible, répondit Albator de façon soudain assez évasive.
- Toi, tu as une idée derrière la tête, sourit soudain Aldéran. Je te reconnais mieux là. Ce film est ton histoire détournée, à toi de t'en occuper ! Sylvarande m'a annoncé sa prochaine arrivée, elle a dû trouver le moyen de visionner ce film… Vu le portrait tiré des Sylvidres, de sa mère, elle doit être assez furax !
Aldéran se leva alors que son écran de son ordinateur professionnel avait viré au rouge
- Je te laisse, papa : une alerte.
La mine préoccupée de son père alarma réellement Aldéran.
- Papa ?
- Est-ce que tu ne devrais pas, tout comme ton ami Gomen Jorande, quitter vraiment le terrain et, par exemple, être Instructeur pour les futures recrues du Camp Militaire du SIGiP ?
- Ca viendra, un jour. Mais pas pour l'immédiat, assura Aldéran qui après avoir pris connaissance des informations sur la situation nécessitant l'intervention de son Unité, avait sifflé les membres de son équipe et tous avaient embarqué à bord du Van frappé du sigle de leur groupe.
Mais en dépit de ce qu'il avait dit à son père, Aldéran avait adoré entendre les balles siffler, voir les explosions provoquées par son Artificier pour leur ouvrir le passage, et constater que ses équipiers et amis le suivaient comme un seul homme, ainsi qu'il en était depuis près de vingt ans.
« Pour vous aussi, l'heure de la retraite approche. Notre groupe va être dissout de façon lente et inéluctable. Notre temps est compté, mais je compte bien en savourer chaque instant ! Moi, il me restera le surnaturel pour m'éclater – à moins que ce ne soit moi qui me fasse atomiser, ce ne sera que de bonne guerre ! ».
Aldéran gloussa entre ses dents.
- Vous êtes tous là ? fit-il dans l'oreillette de son casque.
- Nous sommes en position, Colonel. Quels sont tes ordres ?
- Ceux qui ont piraté la tour de contrôle de cette section du Port sont juste derrière la porte. Il faut entrer et les neutraliser en se protégeant avec le nuage de gaz opacifiant. Darys ?
- Avec Jelka, nous avons le contrôle électronique des lieux, mais nous ne pouvons faire sauter ces portes. La sécurité est désactivée, mais il faut provoquer leur ouverture…
Depuis la Centrale de Communications de l'AL-99, la voix de Jelka Ourosse parvint à son Colonel.
- Tu n'as pas ton jouet avec toi ?
- Bien sûr que si !
Saisissant alors son cosmogun, Aldéran le braqua sur les portes récalcitrantes et fit parler la puissance de son arme dévastatrice.
Les portes ouvertes, l'Unité put s'engouffrer dans le lieu à sécuriser et s'en rendre maître.
Sous le regard attentif et impatient de ses fils, Ayvanère avait posé le plat de salade composée au milieu de la table, son époux apportant les assiettes avec les brochettes grillées et la purée épicée.
- On a faim ! On a faim !
- Après avoir vidé la corbeille de fruits, mangé chacun un petit pain rond couvert de beurre, et but plusieurs verre de grenadine ?
- Oui !
- Décidément, vous êtes de pire en pire dans la famille ! s'amusa Aldéran alors qu'Ayvanère chargeait les assiettes de salade et qu'il les posait devant leurs enfants. Maintenant, régalez-vous. Et gardez un peu de place pour le cake aux fruits et à la crème du dessert.
La sonnerie de l'interphone retentissant, Aldéran et Ayvanère se regardèrent.
- Sylvarande ! fit-il en la reconnaissant. Tu arrives juste à temps pour le repas.
- Oui, la plante que je suis a senti l'appel de la salade. Mais, comme tu ne m'attendais pas, j'ai apporté mon repas…
- Tu es la bienvenue et il y a largement de quoi dîner pour tous !
- Je suis venue pour…
- Je sais. Mais pas ce soir. Je suis sincèrement heureuse de te revoir, Aldéran. N'abordons aucun sujet qui fâche. Tes fils deviennent plus magnifiques à mesure que le temps passe.
- Ce sont de petits garçons qui deviennent des adolescents, fit tendrement Aldéran. Mais, avec Alyénor et Albior, j'ai encore bien le temps !
- La famille, c'est compliqué… Je crois que rien que nos liens à tous les cinq en sont la preuve : moi la première née, Skyrone issu de Karémyne ainsi qu'Eryna, toi mis au monde par Saharya et Hoby adopté !
- Tu n'as pas tort ! sourit-il en lui dressant son couvert à table. Oui, c'est un tantinet compliqué dans la famille !
