C'était le 24 août. François rendait visite à Angela chez elle, à Berlin. Une surabondance de migrants envahissait toute l'Europe et, étant l'un et l'autre chef d'état des deux plus importants pays de l'union européenne, ils se devaient de trouver une solution. Mais tout ceci n'était que le travail, le labeur quotidien. Quelque chose de plus intime les reliait, une passion qui avait germé aux grès des années. Cependant leur position les empêchait de laisser libre court à leurs désirs. Chaque fois qu'ils se voyaient une foule de gens troublait leur solitude, journalistes, politiques, secrétaires…
Angela invita discrètement François à passer le soir chez elle. Elle avait effleurée sa main lors du meeting, il n'avait pas bronché, il savait se maitriser, ne pas laisser transparaitre ses sentiments. Et ça lui plaisait beaucoup. C'était dans les escaliers, pour arriver à la salle de réunion, qu'elle avait glissé un petit morceau de papier dans le creux de sa main. Elle lui écrivait dans un allemand simple, François avait toujours été un petit trublion en classe d'allemand, préférant amuser la galerie que d'apprendre ses leçons régulièrement.

François se dirigea incognito chez Angela. Elle avait une résidence secondaire dans un quartier chic de Berlin, une maison que personne n'avait voulu acheter car elle appartenait à un haut dignitaire nazi. Mais Angela s'en moquait, le passé était passé. Devant la porte d'entrée il reçut un appel de Valérie Trierveller qui l'attendait avec impatience en France. Il n'en prit pas compte.

La chancelière allemande avait mis une magnifique robe en soie, qu'elle avait trouvée dans un des placards du nazi. François appréciait beaucoup. Ils burent de la bière en écoutant du Wagner, tout était idyllique.

Pourtant le soir, Angela oublia de fermer les rideaux quand la chaleur de leur étreinte les accapara. La voisine, une néo-nazi affable, le vit. Elle prit des photos avec son appareil d'avant guerre.