- Loki, tu as promis de venir !

Loki soupira. Depuis son arrivée sur Terre, Thor cherchait à l'obliger à rejoindre la nouvelle fondation des Avengers, qui cherchait à récupérer le plus de recrues possible. Suite au combat avec Thanos, qui avait failli causer la perte de la moitié des êtres vivants, Tony Stark avait décidé de reformer les Avengers malgré son conflit avec Captain America et d'intégrer de nouvelles recrues ayant fait leurs preuves durant le combat. Après de longues et tumultueuses négociations, Thor avait obtenu l'accord de Stark concernant Loki, l'ayant convaincu qu'il méritait une chance et qu'il s'était vivement battu contre Thanos. Cependant le dieu de la Malice ne semblait pas du tout motivé à aider les Avengers, restant assis dans son fauteuil, un livre dans les mains. En réalité il redoutait la réaction de ceux-ci à son arrivée, sachant qu'il ne serait pas très bien accueilli par la majorité d'entre eux suite aux accidents de New York. Il avait conscience qu'il subirait à juste titre la méfiance des autres, ce qu'il n'avait guère envie d'affronter. Perdu dans ses pensées, Loki ne vit pas Thor arriver vers lui. Le dieu du Tonnerre souleva le fauteuil, faisant chuter son frère de celui-ci. Loki, totalement surpris et quelque peu énervé par ce comportement brusque, s'empressa de se relever et de ramasser le livre qui était tombé à terre.

- Tu fais toujours les choses avec délicatesse, mon frère. Je te félicite, j'ai perdu ma page.

- Cesse tes sottises et viens avec moi. Nous n'avons plus le temps de discuter. C'est déjà un miracle que Stark t'accepte parmi les nouvelles recrues, ne donne pas une mauvaise image de toi en arrivant en retard.

- Comme si j'avais le choix…

En effet, Loki n'avait pas été consulté avant la prise de décision de Stark. Il savait pourtant que sa présence sur Terre ne tenait qu'à un simple marché : aider les Avengers en mettant à leur disposition ses pouvoirs. Au moindre écart il serait banni de la planète, il le savait très bien. Loki soupira en suivant son frère, ne voyant aucune solution pour échapper à la réunion des héros. Les deux frères se mirent donc en route malgré la nonchalance du plus jeune.

Lorsqu'ils arrivèrent à la Tour Stark, tout le monde était déjà présent. Loki reconnut quelques visages, notamment celui de Stark, Rogers et Banner. La vision de ce dernier le fit légèrement pâlir, lui rappelant la façon dont Hulk l'avait humilié lors de leur conflit. Tentant d'oublier cette humiliation ultime, Loki scruta les visages inconnus. Il reconnut Black Panther, dont il avait entendu parler dans les journaux. Celui-ci parlait à un jeune homme aux cheveux mis longs, qui se tenait de dos. L'humain arborait une vieille veste de l'armée américaine, ce qui interloqua légèrement le dieu. Thor se mordit la lèvre, peu fier d'arriver si tard. Il ne put s'empêcher de glisser discrètement à son petit frère.

- Nous sommes les derniers, bravo mon frère.

Loki haussa les épaules et alla s'installer sur un grand canapé, reprenant sa lecture. Il surveillait du coin de l'œil ce qui se passait dans la pièce. Thor était en train de discuter avec Tony Stark, venu l'accueillir. Il sentit le regard de Stark se poser un instant sur lui, le scrutant de haut en bas. De la méfiance, c'est ce que Loki ressentait de la part d'Iron Man. Plus les minutes s'écoulaient, plus le dieu sentait qu'on le dévisageait à mesure que chaque Avenger se rendait compte de sa présence dans les locaux de Stark. La méfiance était donc présente chez tous les héros, comme il l'avait imaginé. Il soupira. Comment était il sensé faire équipe avec ces humains si personne ne lui faisait confiance ? Perdu dans ses pensées moroses, il tentait de s'intéresser à son bouquin en vain.

Lorsqu'il entendit des bruits de pas se rapprocher progressivement, il leva les yeux de son ouvrage pour apercevoir une main mécanique tendue vers lui. D'abord surpris, il décida de feindre l'indifférence face à l'individu qui souhaitait entrer en contact avec lui. Néanmoins, il le dévisagea du coin de l'œil : cet humain était celui qu'il avait ultérieurement repéré dans le fond de la pièce, avec la veste de l'armée américaine. Ce qui le surprenait le plus, outre la douceur de son visage sur lequel tombaient quelques mèches châtaines, fut son bras métallique. Il ne l'avait auparavant pas remarqué à cause de la veste, maintenant ôtée. Qu'avait il vécu de tragique pour perdre ainsi son bras ? La curiosité du dieu était piquée en plein vif. Il ne savait rien de l'individu, qui maintenait toujours son geste, adressant un large sourire au dieu de la Malice.

- Tu es Loki, le frère de Thor, c'est bien cela ? Je suis Bucky Barnes.

Face à l'insistance du jeune homme, qui semblait déterminé à communiquer, Loki finit par prendre la main qu'il lui tendait dans la sienne pour la serrer promptement. Lorsqu'il la lâcha il ressentit une sensation bizarre, qu'il ne pouvait décrire. C'est ce qui le poussa à laisser Bucky Barnes s'installer à ses cotés sans lancer de remarque cinglante. Déconcerté, Loki restait silencieux. C'était la première fois qu'un héros semblait s'intéresser à lui sans méfiance, voire avec sympathie, en dehors de son frère. Il sentit que Bucky le dévisageait de haut en bas, comme s'il cherchait à l'analyser. Le dieu de la Malice, qui était d'ordinaire orgueilleux et sur de lui, n'osait pas affronter ce regard.

- Tu aimes la littérature ?

Loki sursauta, s'étant habitué au silence qui régnait auparavant entre eux. Il regarda le livre qui était posé sur ses genoux, objet dont il avait oublié l'existence depuis que le jeune homme s'était approché de lui.

- Oui, c'est un art que j'apprécie particulièrement. Cela me permet de…

- T'évader ?

Surpris par le fait qu'il termine aussi justement sa phrase, Loki tourna la tête vers Bucky, ancrant son regard dans le sien. Ce qu'il y vit le troubla : dans les pupilles enivrantes il distinguait beaucoup de bienveillance, certes, mais également de la souffrance, comme si cet être cachait un lourd secret. Le dieu resta bouche bée un instant, totalement décontenancé par ce qui se dégageait de cet être humain. Finalement, il avait peut être trouvé quelqu'un qui pourrait le comprendre.