Je vous présente ma nouvelle "petite" fic ! Après Dernier Espoir (qui est finie, snif) je peux enfin attaquer celle là. J'espère qu'elle vous plaira, j'y mets tour mon coeur :)
(et cette fic aura des "flashs-backs", dites moi je dois prévenir ou non juste avant, ou si ça vous perd)
bref bonne lecture !
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Il y a une vingtaine d'année.
Il y avait cette odeur particulière, qu'ont tous les hôpitaux. Pas désagréable, mais qu'on associe aux mauvais souvenirs.
Les couloirs étaient blancs, sans âme. Muets aux horreurs qui se déroulaient devant eux. Mais, il y arrivait que de la couleur apparaisse, sous la forme de dessins, de fleurs, de maisons...
C'était le service pédiatrique.
Dans le "salon", ou la salle de jeux pour ces petits patients, des enfants riaient. Leur rire avait cette chose spéciale, comme s'il devait compenser tous les autres rires qu'ils n'auraient jamais.
D'autres jouaient, aux camions, à la poupée, aux playmobils... puis il y avait lui.
Lui, il ne faisait rien. Il restait assis, devant son puzzle, silencieux. Une adulte dut le remarquer, puisqu'elle s'agenouilla près de lui.
La dame en rose lui sourit. Ce sourire... ils avaient tous le même. Ils l'avaient, quand papa et maman l'avaient laissé ici, en disant qu'ils reviendraient le chercher.
Il les attendait toujours.
La dame, sans rien dire, déplaça une des pièces du puzzle jusqu'à une autre pour ensuite les relier tout les deux.
-Tu vois, dit-elle gentiment, c'est facile.
Il regarda le puzzle. Les 6 morceaux ressemblaient à des simples tâches, mais, ensemble, et il le savait, ils formaient un bonhomme.
-Allez vas-y, l'encouragea la dame.
-Non.
L'adulte eut l'air surprit de son "non". Il l'avait dit avec toute l'assurance qu'un petit garçon de 6 ans pouvait avoir.
-Non ! continua-t-il. Le bonhomme il veut pas être tout seul !
La dame ne dit rien. Il s'attendait à ce qu'elle le gronde. Ses parents le grondaient, quand il disait ce genre de phrase.
Mais non, elle le regarda simplement un instant, puis, lui demanda :
-Tu as pris tes médicaments aujourd'hui Mathieu ?
Le petit garçon baissa les yeux.
-Non, avoua-t-il honteux, mais ils veulent pas ! Ils disent que c'est pas bien !
-Écoute Mathieu, fit la femme en rose d'un ton un peu moins gentil, tu sais ce que t'as dis le docteur Frédéric ? Il est très important que tu prennes tes médicaments. Tu veux revoir tes parents Mathieu ?
Évidemment. Il hocha la tête.
-Ne bouge pas, je reviens.
Il observa la gentille dame partir, elle disparut dans un couloir mais elle entendait sa voix. Mais il n'arrivait pas à comprendre.
Il avait fait une bêtise. Prendre les petits bonbons blancs étaient très très très importants ! Mais ça lui faisait toujours mal à la tête après. Et il ne les entendait plus.
Ces voix... le docteur, les infirmières et ses parents disaient qu'elles n'existent pas. Et que c'est pour ça qu'il était là, dans cet hôpital.
Mais Mathieu aimait bien ses voix. Elles lui parlaient, elles le réconfortaient. C'étaient ses seuls amis.
Il était comme ce bonhomme en puzzle. En plusieurs morceaux. Unis, le bonhomme était seul, mais défait, il ne l'était plus.
Et Mathieu ne le voulait pas, être seul.
Doux. Il était dans quelque chose de doux. De tellement agréable... contrairement au bruit aigu qui revenait toutes les 2 secondes.
Bip, bip, bip, bip.
C'était agaçant. Il fronça les sourcils. Il avait les yeux fermés. Il ne faisait donc pas juste complètement noir ?
Il ouvrit les yeux et une lumière blanche l'aveugla, l'obligeant à les refermer. Où était-il ? Quel était cet endroit étrange ?
-Mathieu ?
Une voix. Familière il avait l'impression, mais d'un souvenir très lointain.
-Mathieu tu es réveillé ?
Encore la voix.
Il rouvrit les yeux, plus doucement cette fois, pouvant ainsi s'habituer à la luminosité. Voyant enfin clair, il observa autour de lui : des murs blancs, des posters parlant de santé, de vaccin...
Ce qui lui avait semblé si doux, c'était des draps... il était dans un lit. Une chambre. Un hôpital.
Hôpital... il frissonna à ce mot. Il n'aimait pas cet endroit, il ne savait pas pourquoi, mais il le savait.
-Mathieu ?
Il leva la tête. C'était la voix qui l'avait appelé, quelques secondes plus tôt. Elle appartenait à un jeune homme, grand, barbu, avec des cheveux bruns en fouillis. Et deux petits yeux marron inquiets, encadrés par une paire de lunettes.
Il attendait visiblement une réponse... réponse qu'il n'avait pas. Il ne comprenait pas ce que voulait cet homme, il posa donc cette innocente question en apparence, mais qui brisa le coeur de celui en face de lui :
-Qui est Mathieu ?
-Amnésie.
Le médecin avait prit son temps pour annoncer le diagnostic, après qu'ils se soient isolés dans une pièce loin du "patient".
Antoine n'était pas idiot, il avait bien vu que Mathieu ne le reconnaissait pas, le regardait comme un inconnu...
Et ça faisait mal. Dire que, sans lui, Mathieu serait encore inconscient dans son appartement. Même ses parents ne s'étaient pas inquiétés de ne pas avoir de nouvelles !
Lui, si.
Ils se parlaient tous les jours sur le net, se voyaient souvent "IRL" le week-end, ils avaient des projets, des passions et des envies en commun.
Non, Mathieu n'était pas son ami, c'était son meilleur ami. Et il ne se souvenait pas de lui. C'était un cauchemar.
-La mémoire peut lui revenir demain, continua le médecin, comme jamais. Mais un endroit familier l'aiderait à se rappeler...
Il observa ce vieil homme en blouse blanche qui lui parlait. C'était idiot, mais quelque part Antoine lui en voulait, comme si c'était lui qui avait causé l'amnésie de son ami.
-Je le ramenerai chez lui.
-Il aura besoin d'une surveillance...
-Je serai là, promit-il.
Il était prêt à tout faire pour son camarade, pour l'aider. Il voulait le meilleur pour Mathieu. Il se souvenait de la peur qu'il avait eu, en le trouvant "endormi" dans ce placard.
Pourquoi dans un placard, ça, Antoine n'en savait rien. Il pensait que Mathieu lui expliquerait, mais étant donné son état...
-Mais... comment ? osa Antoine. Comment a-t-il pu perdre la mémoire ?
-ça, nous n'en savons rien. Votre ami est en parfaite santé, il n'a aucune raison physique à son amnésie.
Antoine soupira. Ce médecin n'en savait pas plus que lui ! Il se retenait de lui cracher sa colère au visage. À quoi ce docteur servait putain ?!
Il serra les poings, se mordant la lèvre. Antoine finit saluer le médecin, lui permettant de s'éclipser. Mais à peine eut-il le temps de souffler qu'il croisa le regard bleu de Mathieu. Son ami était assis sur lit, ayant échangé la robe de chambre de l'hôpital contre ses vêtements habituels, et semblait attendre. Attendre pour partir.
Antoine se sentit égoïste. Avait-il au moins penser à son ami ? Celui-ci se retrouvait sans mémoire, sans repère et il devait l'aider, pas s'énerver !
-Salut, dit-il le plus amicalement possible.
-Salut... répondit Mathieu, toujours avec ce regard vide, si neutre.
-ça fait bizarre.
-Pour moi aussi, admit son ami amnésique avant d'ajouter après un petit silence : donc je m'appelle Mathieu.
-Ouais.
-Et toi ?
C'était étrange, Mathieu qui lui demande son nom...
-Antoine.
-OK, lui sourit le jeune homme, du coup t'es... mon petit ami ?
-Hein ?! Non ! s'offusqua le plus grand.
-Oh, pardon je croyais ! s'empressa de s'excuser Mathieu. Tu es mon frère alors ?
-Non je suis juste un ami.
"Juste un ami", Antoine avait quand même l'impression de mentir.
-Les infirmières m'ont dit que tu as été tout le temps là...
Antoine baissa les yeux, rougissant et honteux. Il avait oublié ça... ayant eu peur de perdre son ami, il venu veiller tous les jours. Il n'était pas le seul, évidemment.
Mais il était sans aucun doute celui qui était venu le plus le voir. Ne l'ayant quitté presque jamais des yeux.
Normalement, là, Mathieu aurait fait une blague, et ils seraient partis. Mais pas là... pas "ce" Mathieu.
Qu'est-ce qu'il racontait ? C'était Mathieu ! Il n'y en avait pas plusieurs. Même si son ami jouait au schizophrène dans ses vidéos, ce n'était évidemment pas le cas en vrai. Ses doubles personnalités n'étaient bien sûr qu'un délire du plus petit. Elles n'étaient pas réelles, ou seulement dans l'imagination des fans.
Antoine remarqua que le jeune homme le fixait toujours, il ravala sa salive.
-Ouais euh... bon on y va ?
Mathieu se leva, Antoine lui sourit... mais son ami avait l'air de chercher quelque chose.
-T'as perdu un truc ?
-Je...
Le youtubeur aux yeux bleus observa autour de lui, fronçant les sourcils. Puis, d'un geste qui lui semblait inconscient, Mathieu passa une main dans ses cheveux.
-Je sais pas... j'ai l'impression... qui me manque quelque chose. Mais je sais pas quoi.
Antoine reprit son sourire, lui comprenant. Il interrompit une infirmière et lui demanda naturellement :
-Vous n'auriez pas vu un chapeau ?
Son Mathieu était toujours là, au fond, quelque part, dans sa mémoire oubliée.
Et, il le savait, les souvenirs de son ami finiraient par revenir. Il y veillerait.
