Voler. Toujours voler. Cela faisait des années que je faisais ça. Si j'avais le choix, j'arrêterais. Mais je n'ai n'avais pas le choix, je ne l'ai n'avais jamais eu. Ma prochaine cible n'était pas des moindre, étant donnée que c'est le QG de Pandora. Cette fois-ci je n'ai pas écouté le Boss, je n'étais pas directement allée au manoir des Nightray. Non, avant tout, il me fallait quelque chose... Quelque chose qui me permettrait peut-être d'être libre. J'en avais entendu parler dans le manoir des Barma par des agents quelconques, une sorte de pendentif capable de créer un lien avec une Chain sans passer de contrat illégal. L'idéal en quelque sorte. Alors, avec mon habituelle discrétion, je me glissai par une fenêtre du QG, me retrouvant dans un couloir vide. Là, je prenais une direction totalement au hasard, espérant trouver ce que je cherchais. Une remise, ou une tout autre pièce qui pourrait servir pour contenir des pendentifs non utilisés. Après un temps de recherche, je finis par trouver ce que je cherchais. Maintenant, il ne restait plus que la Chain.
-Enfin, dis-je en prenant un pendentif.
-Qui est là ?
En entendant une voix masculine, je fourrai le pendentif dans ma poche, et me tournai rapidement vers l'agent qui venait de me trouver. C'était un homme assez grand, les cheveux courts et bruns, avec une paire de lunettes sur le nez. Et portant l'uniforme de Pandora. Allez Mae, fais ton plus beau sourire.
— Oh, excusez-moi, je suis nouvelle et j'ai dû me tromper de pièce.
— Nouvelle ? Et nouvelle en quoi ? Il avait un air suspicieux.
— Femme de ménage. Je découvre encore les lieux alors …
— Je ne savais pas que nous recherchions des femmes de ménage... Et votre nom c'est ?— Oh ! Excusez-moi j'ai du pain sur la planche. Ravie de vous avoir rencontré !
Je m'inclinai devant l'agent, avec mon habituel faux sourire, et me dépêchai de passer à coter de lui afin de sortir de la pièce, le laissant avec ses questions. Il fallait que je passe un contrat au plus vite. Alors, je sortis par la même fenêtre que tout à l'heure, et prit la fuite jusqu'à être perdue quelque part, loin de la ville et du QG. Bon, au moins je serais tranquille. Mais... Comment on fait un contrat déjà ? Alors que je me triturais les méninges afin de comprendre le pourquoi du comment, j'eus un frisson, et j'entendis une voix murmurer.
— Toi... Tu cherches la force. Tu veux être encore plus forte. Le pouvoir... Le pouvoir de tuer. C'est ça que tu veux ? Je peux t'apporter tout ce que tu désires...
— Qui est là ?
Je me retournais et je tombais nez-à-nez avec trois paires d'yeux braquées sur moi. Une ombre était reliée à chacune, comme trois têtes... Terrifiant.
— Je suis Cerbère. La Chain qui peut t'apporter tout ce que tu désires. Il te suffit juste de passer un contrat avec moi.
— Pourquoi moi ? Pourquoi toi tu es venu à moi ?
— Parce que tu es forte. Tu es plus forte que la plupart de mes autres contractants que j'ai fini par dévorer. Mais tu le seras encore plus avec moi à tes cotés... Je serais ton chien. Tu seras ma maîtresse.
— Bien. Dans ce cas...
J'eus alors un sourire en coin, tout en m'approchant d'une sorte de grosse patte de chien. A l'aide d'un poignard dissimulé dans ma botte, je coupai l'animal et mis des gouttes de son sang sur le pendentif de Pandora, jusqu'à ce qu'il en soit totalement imprégné.
— Cerbère, tu seras ma Chain, et je serai ta maîtresse à partir de maintenant !
Alors, j'entendis un grand hurlement dans ma tête. On aurait dit un rire mêlé à des aboiements de chien(s)... Terrifiant. Passé cette surprise, je fus prise de vertige, et posa un genou à terre en serrant ma chemise. Je sentais du pouvoir monter en moi... Une grande force... Puis mes mains devinrent noires. Il essayait de prendre possession de mon corps. Hors de question. Je plantais alors ma dague dans ma main, étouffant un cri de douleur.
— Arrête... Tout de suite !
Je sentis alors toute cette puissance dévastatrice s'en aller de mon corps. Les hurlements s'arrêtèrent. J'avais réussi le test. Je venais de passer le contrat avec Cerbère. Je regardais alors ma main qui été maintenant maculée de sang. Je jurai et me dépêchai de penser la plaie avec un bout de ma chemise que j'avais déchiré. Bon, prochain rendez-vous, le manoir Nightray.
J'étais enfin arrivé devant la grande bâtisse. Est-ce qu'il y avait des gens dedans ? Va savoir. Alors, je fis le tour de l'établissement jusqu'à trouver la porte des domestiques. Parfait. Je pénétrais par celle-ci, qui était miraculeusement ouverte et m'enfonça dans le bâtiment. De ce que je sais, les manoirs des quatre familles ducales sont tous à peu près pareils. Donc ce que je cherche ne dois pas être loin. J'ouvris alors la porte d'une salle au détour d'un couloir, et bingo. Là, dans une armoire vitrée était exposé ce que j'étais venu prendre. Je m'infiltrai alors dans la pièce, et j'essayai difficilement d'ouvrir la vite sans la briser. Chose difficile quand on est un bourrin comme moi.
— Quelqu'un approche.
A peine Cerbère m'eut-il prévenu que j'entendis des pas approcher. Je jurai et arrêta mon opération, avant de courir vers la fenêtre de la pièce, l'ouvrant et je me hissai dessus. J'étais au premier étage. La chute risquait de faire mal, mais tant pis.
-Qui est là ?!
J'entendis une voix masculine juste derrière moi. Je ne pris même pas la peine de tourner ma tête, mes mains étant toutes les deux posées sur le cadre de la fenêtre à côté de moi. Sans plus attendre, je fis le grand saut. J'entendis un cri, sûrement l'homme qui m'avait repéré et qui devait être à la fenêtre maintenant. Je fis une roulade, ma jambe ayant pris un sacré coup, et partit en clopinant. Il faut que je me sorte de là. Et avant que ce type ne donne l'alerte.
— Tu veux de l'aide ?
— Pourquoi pas...
J'eus alors le même sentiment qu'il y a quelques instants. Je sentis une force m'envahir et quelque chose de glacial se propager sur mes jambes... Puis je me mis à courir. Je courais étonnement vite. J'étais très surprise de voir à quelle vitesse je pouvais aller, grâce au pouvoir de Cerbère certainement. Au bout d'un moment, quand je fus sûre d'être hors de portée de tout danger, j'ordonnais au chien de me laisser tranquille. Chose qu'il fit. Bon. Faisons les comptes. J'ai celui de Barma, celui des Rainsworth, celui des Vessalius... Il ne me manque que celui des Nightray et des Baskerville. Le dernier sera plus difficile à avoir, mais bon. Maintenant il va falloir que je l'apporte au Boss. Super.
Je me trouvais maintenant devant un grand portail en bois, entouré par une muraille de briques. Le bâtiment en fond semblait complètement délabré et abandonné. Peut-être la raison pour laquelle personne ne s'aventurait dedans. Mais cependant, il ne fallait pas se fier aux apparences, car derrière ce bâtiment se trouvait le QG, là où était installé la plupart des voleurs, et autres assassins. Sans plus tarder, j'ouvris la grande porte en bois, et j'entrai dans la cours principale qui était totalement vide. Toute verdure avait cessé de pousser depuis bien longtemps, ce qui donnait une certaine tristesse au lieu. Je marcha alors rapidement sur le sol fait de petits cailloux, avant d'arriver de nouveau devant une porte, en métal cette fois. Toquant trois fois à celle-ci, j'attendis que l'on vienne m'ouvrir. Et la réponse fut rapide, car un homme, habillé d'un vieux costume, vint m'ouvrir. Je lui fis vaguement un signe de tête pour le saluer, et m'enfonça dans les multiples couloirs, tournant dans telle et telle direction, et montant tant et tant d'étages. Et finalement, j'arrivais à destination. Le bureau du Boss. J'inspirais un grand coup, et ouvrit la porte. Je savais qu'il m'attendait. Je fis ensuite quelques pas dans la pièce et je m'arrêtai devant un bureau, rempli de papier. Je pus même remarquer un document avec une sorte de serpent enroulé autour d'une dague... Étrange. Cependant, en entendant du bruit, je relevai rapidement la tête et mon regard tomba droit dans les yeux noirs de mon supérieur. Cet homme était terrifiant. Il était grand, fort, et avait un regard à vous pétrifier sur place. Le type à ne pas faire chier en gros.
— Tu as ce que je t'ai demandé ?
— Oui. Enfin... Pas entièrement.
— Comment ça pas entièrement ?!
Et il tapa de son gros poing sur la table. J'eus un léger sursaut, et avalai ma salive de travers, en me forçant à le regarder. Ne pas baisser les yeux. C'est un signe de faiblesse.
—Eh bien... J'ai celui de trois des maisons... Mais il m'en manque deux.
—Celui des Baskerville, ça c'est prévisible. Mais qui n'as-tu pas réussi à voler ?
— Les Nightray...
—...Les Nightray ?!
Alors il se mit à rire. Un rire sadique et moqueur, comme si j'avais dit la pire bêtise de tous les temps. Je sentis mes joues rougir sous la gêne.
—Je ne te pensé pas aussi empotée et faible ma pauvre. Pour moi c'était les plus faciles à voler. Enfin, peut-être que je t'ai surestimée après tout, peut-être que tu es trop faible pour cette mission...
— Je ne suis pas faible ! Si je n'ai pas volé les Nightray, c'est parce que quelqu'un m'aurait découverte !
Il eut un sourire carnassier. Bravo Maelys, tu as encore raté une occasion de te taire. Maintenant, tu vas devoir payer les frais de ton insolence.
— Tu n'es pas faible ? Vraiment ? Il va falloir me le prouver ma petite Maelys. Et je pense avoir une idée de ta prochaine mission d'infiltration...
Je sentis mes sourcils se hausser en entendant la phrase de mon boss. Une autre mission ? Alors que je n'avais pas fini celle en cours ? Voilà qui était habituel... Je le vis chuchoter quelque chose à un homme qui était caché dans l'ombre. Celui-ci me tendit un dossier, et je relevai la tête comme pour demander la permission de le lire. Permission qui me fut accordée. Alors, j'ouvris la petite couverture brune et lus les quelques lignes sur le papier.
— Lycée Lutwidge... Attendez, vous voulez que je m'infiltre dans un lycée remplis de membres de Pandora?! Mais c'est du suicide !
— Je pensais que tu n'étais pas faible ?
— Mais... D'abord depuis quand aviez-vous ce dossier ? Vous avez prévu mon...Echec ?
Ce dernier mot m'écorcha la bouche. Et vue le ton que j'avais pris, le patron c'était mis à rire. Mais d'un rire vraiment moqueur cette fois. Je reposai mes yeux sur le papier, et j'y vis un nom qui m'intrigua fortement.
— Leo... Qui c'est ça ?
-Le serviteur d'Elliot Nightray. Je voulais que tu t'infiltre pour le surveiller lui quand ta mission Ducale se serait finie, mais visiblement, cette mission va servir à autre chose. Maelys, tu vas t'infiltrer au lycée Lutwidge, et tu vas faire en sorte de devenir amie avec Elliot Nightray. Comme ça, tu pourras dérober ce qui t'as échappé aujourd'hui.
Bon, ça, c'est fait. Je restais silencieuse un bon moment, mon regard ne quittant pas les noms présents sur la feuille. Mais quelque chose attira mon attention. Je relevai ma tête vers mon patron, qui semblait très enclin à écouter ce que j'avais à dire.
-Pourquoi Vouliez-vous que je surveille ce... Leo ?
-Hm, on m'avait dit certaines choses sur lui, mais c'était il y a longtemps et ça n'a plus d'importance maintenant. Bon, maintenant tu peux t'en aller.
Et je ne cherchais pas à discuter plus longtemps. Je sortie donc rapidement du bureau, ayant gardé le dossier contre moi. Alors, je marchai jusqu'à ma petit chambre, qui avouons-le était plus comparable à un placard à balais, tout en lisant encore et encore le dossier. Une fois devant la porte de ma chambre, je l'ouvris et fut à moitié surprise de voir des vêtements blanc posés sur mon lit. Je m'approchai et lus le petit mot qui était posé sur le tas d'habits.
« Ma très chère Maelys,
A partir de maintenant, tu es officiellement quelqu'un de la Haute. Ce doit être étrange pour toi qui as grandi dans un milieu délabré n'est-ce pas ? Quoi qu'il en soit, j'ai finalisé ton inscription au lycée, et tu feras ton entrée dès que le week-end sera fini. J'ai aussi fait en sorte que tu sois dans la même classe que tes deux cibles.
Et aussi, tu es autorisée à reprendre ton nom de famille, même si je suppose que tu ne t'en souviens plus. Désormais, tu seras connue sous le nom de Maelys Bishop, fille unique de la famille Bishop, étant originaire d'un pays étranger.
Tu ne pourras pas revenir au QG avant que ta mission ne soit complètement accomplie, et crois-moi que ça prendra le temps qu'il faudra.
Que la chance soit de ton coté,
Boss. »
Que d'encouragements et d'informations dans cette lettre. Je ne me souvenais même pas de mon nom tiens. Fatiguée de cette journée, je m'assis sur mon lit et enleva ma chemise. Mon regard tomba alors sur ma main que j'avais bandée en vitesse. Ça allait me laisser une belle cicatrice…. Mon regard tomba ensuite sur l'uniforme à coté de mois. Je dépliais les vêtements sans grande attention quand mon regard s'arrêta sur la jupe. Bordel, que c'est court. Ça va me changer de mon pantalon et ma chemise… Je posai ensuite mes nouveaux vêtements sur l'espèce de bureau qui était vaguement posé dans un coin de la pièce et m'allongea sur ce matelas qui m'avait endurci le dos. Dans deux jours, ce serait le jour décisif. J'avais hâte de voir ce que donnerait cette mission…
