Notes : Ma réponse au 51e défi du Poney Fringant. Défi marquant s'il en est, puisqu'il s'agissait de rendre hommage au très regretté Christopher Lee en s'intéressant au personnage de Saroumane... Ce que j'ai fait d'une manière très personnelle, j'avoue !
"Rawhîr" est un nom sindarin signifiant littéralement "Roi-Lion" - d'où le titre de cet OS. Oui, j'ai osé.
Par ailleurs, je dédie ce défi à tous les amoureux des chats (que je sais fort nombreux sur le Poney ;)
Bonne lecture !
Le Roi-Lion
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« Par tous les Valar, Rawhîr, descends de là immédiatement ! »
Les fioles, parfaitement ordonnées le long du mur, tintèrent délicatement lorsque l'animal les frôla de sa silhouette gracile. Celui-ci répondit à ce brusque cri par un miaulement arrogant et sauta lestement, d'abord sur une étagère remplie de livres qui basculèrent à sa suite, puis sur le large bureau de bois sombre, finement ouvragé, qui trônait devant la fenêtre, renversant au passage une petite bouteille d'encre. Le liquide noir se répandit sur les ouvrages qui se trouvaient là, tâchant au passage la fourrure immaculée du félin qui remua les pattes avec dédain, achevant de consteller quelques parchemins vierges de gouttes sombres.
« Ça suffit ! Tu es une véritable calamité. Oust, hors de ma vue. »
Le Maia chassa de la main la créature qui, vexée, souffla pour la forme avant de détaler hors de la pièce, laissant derrière elle une longue suite de traces de pattes encrées. La porte claqua puis, poussant un soupir las, Saroumane entreprit de remettre de l'ordre sur son plan de travail.
Le calme enfin revenu, il s'attela de nouveau à son étude. Il savoura avec délice le silence paisible qui envahit l'atmosphère, à peine troublé par le bruissement des feuilles ou le crissement d'une plume sur le papier. Toutefois, de l'autre côté de l'huis, s'y joignit bien vite un miaulement étouffé et diffus.
Le mage se crispa imperceptiblement puis, feignant de l'ignorer, reprit sa tache. Une deuxième plainte s'éleva dans les airs, plus sonore, plus déchirante. Alors se succéda un véritable concert de lamentations, teintées d'une affliction si profonde que toutes les larmes de Nienna eurent pu en pâlir de jalousie.
Résigné, Saroumane alla ouvrir à l'infortunée créature qui fit irruption dans la pièce en roucoulant de contentement. A peine s'était-il rassis sur son fauteuil que l'animal bondit sur ses genoux, puis entreprit avec entrain de pétrir sa robe de ses longues pattes, frottant sa tête contre la poitrine de son maître. Le regard du vieux magicien croisa ses prunelles vertes, brillantes et saisissantes, et tout son agacement sembla s'évanouir en un seul souffle.
Un mince sourire sur les lèvres, il se remit à l'oeuvre, tandis que Rawhîr se lovait en ronronnant contre son ventre.
(Miaou)
