STRAWBERRY KISS

Aujourd'hui était un jour important. On était jeudi, mais attention pas n'importe lequel, le 14 février, la Saint Valentin. Cela faisait maintenant huit mois que je vivais ici avec Castiel, mon colocataire. Tout à fait banale me diriez-vous. Mais voilà, le problème est que je me suis rendue compte, il y a quelques semaines de cela, que j'étais tombée follement amoureuse de lui. Bien sûr ça ne s'est pas fait du jour au lendemain. Au début c'était même le contraire et ça n'a pas toujours été évident. Nous avons eu beaucoup de disputes dû à nos caractères très différents. Mais après des efforts nous avons appris à nous connaitre et j'ai découvert un garçon attachant, drôle, sur qui on pouvait compter. Quand j'ai commencé à me rendre compte des sentiments que je développais à son égard, Rosalya, ma meilleure amie, a cherché sans cesse un moyen de me faire agir. En effet, elle avait deviné depuis bien longtemps la nature des sentiments auxquels je ne voulais pas croire. C'est depuis que j'ai décidé de les accepter qu'elle me pousse à me déclarer. Et c'est aujourd'hui que j'allais me lancer. D'ailleurs, j'avais un rendez-vous avec elle pour acheter de quoi faire une pâtisserie. Après m'être renseignée sur les goûts de Castiel, auprès de Lysandre, son meilleur ami, j'ai opté pour un fraisier.

Aller c'est aujourd'hui ou jamais !

Quand je fus apprêtée, je pris la direction de la porte d'entrée avec détermination. Seul le bruit de mes clés résonnait dans l'appartement et je perçus du mouvement dans le salon avant de voir apparaître mon ami, sa chevelure de flamme en bataille suite à son levé récent.

– Où est-ce-que tu vas ? me demanda-t-il surpris. Tu es bien matinale.

– Je vais faire des courses avec Rosa. lui répondis-je avec le sourire.

Je le vis hausser un sourcil dû à son incompréhension ce qui eut pour effet de me faire lever les yeux au ciel. Ah les hommes n'ont vraiment pas de mémoire pour ce genre de chose.

- Ce n'est pas une journée comme les autres aujourd'hui, lui dis-je outrée, si tu as un doute regarde le calendrier.

Je sortis en lui faisant un signe de la main et pris la direction du studio de Rosalya. Arrivée devant la porte je fus surprise que ce soit un grand brun au style bien particulier qui m'ouvrit.

– Tiens, bonjour Lya, tu vas bien ?

– Très bien Leigh, merci. Dis-moi, est-ce-que …

Je n'eus pas le temps d'en dire d'avantage qu'une tornade blanche se rua sur moi. Je compris immédiatement qui était cette furie. Je me tournais vers la fameuse tornade en question qui n'était autre que mon amie et lui fis un sourire. Une fois qu'elle eut dit au revoir à son petit ami nous nous sommes dirigées vers les magasins. Après avoir acheté tout le nécessaire pour faire nos gâteaux je me suis séparée de Rosalya et repartie en direction de l'appartement non sans des encouragements de sa part.

– Je suis rentrée ! dis-je pour m'annoncer en franchissant le seuil de la porte.

Alors que j'avais déposé mes courses sur le sol pour me déchausser, je perçus une grosse boule noire. Celle-ci me fonça dessus me faisant perdre l'équilibre. Je sentie alors que l'on me léchait le visage ce qui me fis rire.

– Moi aussi je suis contente de te voir Demon. lui dis-je en me redressant. Bon apparemment Castiel n'est pas là. Aller, bon chien, soit sage j'ai du travail qui m'attend.

Je pris la direction de la cuisine avec mes ingrédients et me postais devant les fourneaux après avoir mis un tablier. Je commençais mes mélanges afin de réaliser le sirop, la crème et toutes les différentes étapes en suivant mot pour mot la recette. Une fois que tout fut prêt, je me mis à la partie que je préférais, la décoration. Je disposai la plus grosse des fraises au centre avant de mettre de la pâte d'amende et procéder à un glaçage. Après plus d'une heure de travail acharné et ce, malgré mes quelques maladresses, ma pâtisserie fut terminée. J'observais le résultat avec un grand sourire.

– Voilà, c'est fini. Je me suis vraiment donnée du mal alors j'espère sincèrement qu'il aimera, me dis-je en me lavant les mains.

J'ouvris alors le placard pour me saisir d'une assiette. Par mégarde je fis tomber la boîte de croquette de Demon. Après m'être dépêchée de la ramasser, je mis mon dessert dans l'assiette avant de m'en emparer. Alors que je m'apprêtais à le mettre au réfrigérateur, je vis avec stupeur le chien de Castiel courir dans ma direction.

– Demon non ! criais-je en réalisant soudainement qu'il pensait que j'avais son repas.

Je n'eus pas le temps de comprendre ce qui m'arrivais que, je me retrouvais à terre en quelques secondes. Comme déconnectée, j'entendis un bruit de porcelaine se briser. Je vis avec horreur que ma pâtisserie était en miettes. Seul un morceau, équivalant à une part était intacte. Je sentie les larmes couler le long de mes joues puis entendis un couinement de la part du beauceron. Il avait pertinemment compris qu'il avait fait une bêtise.

– Ne t'inquiètes pas, ce n'est rien, lui dis-je les yeux dans le vague. Je savais bien que ce n'était pas une bonne idée. De toute façon, je me fais des illusions. Comme s'il pouvait m'aimer…

Après avoir tout nettoyé, je mis l'unique part dans le frigo. Je me dirigeais ensuite vers ma chambre pour m'effondrer sur mon lit. La tête dans l'oreiller, je sentis des perles d'eau salé quitter mes yeux. Une heure plus tard, j'entendis frapper à ma porte.

– Lin, t'es là ? me demanda Castiel en pénétrant dans la pièce. Eh ! Qu'est-ce-qui se passe ?

Le me regarda soudainement inquiet. Je devais surement avoir une tête affreuse et les yeux rougis d'avoir trop pleuré.

– Je … commençais-je en recommençant à sangloter. J'avais fait un gâteau … Il y a eu un accident et il a été réduit en miettes.

– Ce n'est pas si grave, me dit-il avec un air blaser.

Ses mots me blessèrent plus que je ne l'aurais voulu. Comment peut-il dire une chose pareille !

– T'es vraiment ignoble, je me suis donnée du mal et toi tu me dis que ce n'est rien ?! Je … de toute façon ça n'a plus d'importance, lui dis-je en baissant la tête.

– Écoutes, je ne voulais pas être blessant mais seulement dire que ce n'est pas la fin du monde.

– De toute façon ça devait être immangeable, lui confiais-je en sentant les larmes dévaler mes joues à nouveau.

Je me sentais tellement stupide à cet instant présent. Bien évidemment qu'il devait me trouver ridicule de me mettre dans des états pareils juste pour un dessert. Mais ce qu'il ne savait pas c'est que c'était pour lui et lui seul que je l'avais fait. J'y avais mis tout mon amour et j'avais cherché le courage pour pouvoir lui faire ma déclaration. Mais là j'avais juste honte qu'il me voit dans une telle position. Je l'entendis alors s'approcher doucement de moi.

– Je peux te garantir le contraire. me dit-il en s'asseyant à côté de moi.

– Comment ça ? lui demandais-je en relevant mes yeux brillants dans sa direction.

– La part que tu as laissé était loin d'être mauvaise. me confia-t-il en me fixant avec ses yeux d'un gris semblable à l'acier.

– Tu … Tu l'as mangé et … tu as aimé ?

En guise de réponse, il me fit son habituel sourire dont lui seul avait le secret. Je sentis alors mon cœur s'accélérer. Après quelques secondes qui me semblèrent une éternité, j'inspirais un grand coup avant de me décider à me lancer. C'est le moment ou jamais. Je n'aurais peut-être plus le courage de lui dire. Courage Lin !

- Euh Castiel … Je voulais te dire … Il faut que tu saches que …, commençais-je en baissant la tête.

Je commençais à bafouiller et je sentais le rouge me monter aux joues. Alors que je luttais dans un combat intérieur pour trouver mes mots, je sentie sa main se poser sur ma joue en essuyant l'eau salée qui perlait aux coins de mes yeux. Il la glissa alors sous mon menton pour remonter délicatement mon visage dans sa direction. Il approcha son visage du mien et me glissa un « bonne Saint Valentin » avec un petit sourire en coin. Sans que j'eu le temps de comprendre quoique ce soit, il posa ses lèvres sur les miennes. Il m'embrassa alors avec une immense tendresse que je ne lui connaissais pas. Bien que surprise au début, je finis par me laisser aller dans ses bras et je répondis à son baiser. D'abord doux et hésitant, il finit par devenir plus intense faisant chavirer mon coeur. Mon premier baiser. Un baiser au goût de fraise.

Fin