Hello hello, très chers lecteurs !
J'ai enfin décidé de poster cette histoire qui traine dans un coin de mon esprit depuis des mois à présent. J'ai déjà bien avancé dans l'écriture et aie plusieurs chapitres d'avance, donc j'espère pouvoir tenir une publication régulière
J'ai découvert Torchwood il y'a un an à présent, et comme beaucoup, la relation entre Jack et Ianto m'a fait fondre... mais m'a également frustrée. Enormément. Et comme il semblerait qu'ils n'auront jamais leur fin heureuse dans un monde rempli d'aliens, j'ai eu envie de transposer leur histoire dans notre monde. Cette fic est donc un UA, mon tout premier, alors j'espère que ce ne sera pas trop raté .
Il ne me reste plus rien à dire à part Bonne Lecture !
Ianto Jones passait une mauvaise journée.
Non pas que sa vie, habituellement, était particulièrement joyeuse, agréable, ou même plaisante. Non, sa vie était certainement confortable, mais pas vraiment heureuse. Ianto s'en accoutumait plutôt bien. La plupart du temps. Et puis, il y'avait des journées comme celle-ci. Des journées où son réveil ne sonnait pas, où il peinait à démarrer sa voiture, trouvait le parking de l'hôpital Saint David complétement bondé, et arrivait terriblement en retard. Des journées, aussi, où il se faisait vomir sur les pieds par un jeune patient. Juste le jour où il avait été suffisamment distrait pour enfiler ses chaussures de ville à la place des baskets usées qu'il portait normalement au travail.
Pestant, Ianto rejoignit Rhys derrière le comptoir où les infirmiers se réunissaient souvent pour bavarder, classer des dossiers, et s'échanger des patients. Il était midi, et l'endroit avait été déserté par l'habituel va-et-vient de jeunes femmes. Les patients devaient recevoir leur repas, et les infirmières devaient manger, elles aussi.
Rhys, le seul autre homme infirmier de tout le service des soins intensifs, profitait de la pause pour classer quelques dossiers négligés. Ianto fronça les sourcils. Rhys plissa le nez, et sans relever les yeux de son travail, fit remarquer :
- Tu as la même odeur qu'un rat crevé. Qu'est ce qu'il t'est arrivé ?
- Vomi. Sur les chaussures. Le cuir a pris l'odeur.
- Le cuir ?
Rhys tourna dans sa chaise pour regarder les pieds de son ami. Ses précieuses chaussures en cuir, d'ordinaire si parfaitement cirées, étaient trempées. Ianto avait bien failli les abandonner dans l'évier des toilettes du service. Il l'aurait fait, si se balader en chaussettes dans les couloirs aseptisés de l'hôpital n'était pas si peu hygiénique.
Rhys lui jeta un regard désolé. Ianto passa une main fatiguée sur son front.
- Tu le fais mal, tu sais.
- Quoi donc ?
- Le classement. On ne retrouvera jamais les listes de fournitures si tu les mets au même endroit que les horaires du service.
Rhys poussa un gémissement de dépit.
- Bien sûr que si, puisque je saurai qu'elles sont là.
- Mais les autres non.
- Ils n'auront qu'à demander.
- Ils n'auront pas à le faire si tu classes cette liste à sa place.
Rhys et Ianto se fixèrent pendant quelques secondes, avant qu'un léger rire n'échappe au plus imposant des deux. Un fin sourire – le premier de la journée – étira les lèvres de Ianto.
- Tu es un tel maniaque, mon pote. Très bien, je vais placer cette liste dans son précieux tiroir habituel.
- Là où elle doit être, se borna Ianto.
- Oui, bien sûr.
Rhys jeta un regard affectueux à son ami, alors que celui-ci s'appuyait contre le mur, les yeux fixés sur ses chaussures.
Ianto et lui se connaissait depuis l'école primaire. Ils n'étaient pas particulièrement populaires, parmi les enfants de leur âge. Rhys, avec son embonpoint qu'il portait depuis sa tendre enfant, était un sujet de moquerie facile. Quant à Ianto, il avait toujours été si calme et discret, que personne ne prenait le temps de lui parler. Ils s'étaient un peu retrouvés ensemble par défaut. Parce qu'ils étaient toujours les derniers choisis quand il s'agissait de sport. Parce qu'aucun d'eux n'avait jamais un partenaire avec qui travailler. Parce que la calme présence de Ianto était un délicieux changement pour Rhys qui passait son temps dans une maison où les cris semblaient en permanence résonner. Parce que la chaleur et l'affection exubérante de Rhys réchauffaient Ianto que personne ne prenait dans ses bras depuis que son père était mort. Ils ne s'étaient plus quittés depuis, passant l'ensemble de leur études à deux et finissant dans le même hôpital.
Ils étaient aussi différents que possible. Rhys était un homme large, social, qui avait le rire facile, et toujours une bonne blague au coin des lèvres. Ianto, lui, était fin, introverti, et les sourires qui éclairaient son visage ombragé étaient bien rares.
Pourtant, Rhys ne rêverait pas d'un meilleur ami. Même si Ianto, avec son corps svelte, ses yeux bleus orages, et son visage aux traits presque juvéniles, lui filait parfois des complexes.
- J'ai une paire de baskets de rechange dans le vestiaire, si tu veux, proposa Rhys, alors que Ianto fronçait toujours les sourcils à ses chaussures détrempées.
Le jeune homme fit la grimace, mais acquiesça à contrecœur.
- Merci.
Rhys ne put retenir un bruyant éclat de rire, devant l'air mi-dégoûté, mi-reconnaissant de Ianto.
Ianto flottait dans les chaussures de Rhys, mais au moins pouvait-il marcher sans craindre de dégager la délicate odeur du vomi du jeune Jonah Bevan, quinze ans ans, et leucémique. Ianto se demandait parfois à quel moment penser à un jeune garçon courant vers une mort presque certaine ne lui arrachait plus le moindre pincement au cœur.
Il avait pris l'habitude de la mort, travaillant ici depuis deux ans à présent. Mais, avant, cela ne l'avait jamais empêché d'éprouver de la peine. Cela ne l'avait jamais empêché de s'accrocher à ses patients, de les consoler, et parfois, de les regretter. Ce n'était pas qu'il n'avait plus leur sort à cœur, non, pas du tout. C'était juste que, depuis quelques mois, il ne se prenait plus à éprouver une affection particulière pour eux. Il ne s'attachait plus. Il n'y arrivait plus. Plus depuis Lisa.
Ianto secoua la tête. Il ne voulait pas y penser. Pas maintenant. Ce soir peut-être. En compagnie d'une bouteille de scotch. Oui, ça sonnait comme un bon plan.
Il passa une nouvelle fois devant le comptoir des infirmiers. Il venait de répondre à un autre appel depuis la chambre de Jonah, et avait encore une fois dû le tenir alors qu'il rendait son maigre déjeuner. Ses chaussures, au moins, pensa sarcastiquement Ianto, avaient survécu à l'expérience cette fois. Mais le léger dégoût de lui-même, que Ianto ressentait à chaque fois qu'il remarquait son absence d'émotion devant la détresse de l'adolescent, ne faisait que croître.
Il entendit son nom être gaiement appelé. Ianto ralentit l'allure, se tournant vers Emma Cowell, une jeune recrue, encore fraîche des cours, et qui, il l'avait remarqué avec regret, semblait avoir des vues sur lui.
Emma lui offrit un grand sourire. Ianto n'y répondit qu'à moitié. La dernière chose dont il avait besoin, c'était d'observer cette fille tenter vaillamment de flirter avec lui. Ce n'était pas qu'elle n'était pas mignonne. Non, avec ses cheveux blonds et ses grands yeux, Emma était assurément au goût de n'importe qui. Mais Ianto n'aimait pas être le centre de ce genre d'attention. Il avait tellement l'impression de trahir Lisa.
- Je ne t'avais pas encore vu aujourd'hui, sourit gaiement Emma.
- J'étais en retard.
- Panne de réveil ?
Ianto acquiesça sans un mot. Emma sembla hésiter un instant. Ianto vit le moment où elle rassemblait son courage. Il l'entendit presque déjà l'inviter à sortir. Il se crispa. Il ne pouvait pas. Juste au moment où les mots redoutés se formaient sur les lèvres de la jolie Emma, Rhys déboula, l'air affairé, et agrippa Ianto par le bras.
- Ianto, je te cherchais ! Estelle a été admise aux urgences, j'ai pensé que tu voudrais savoir…
Ianto était déjà parti. Il n'avait pas eu besoin d'entendre la fin de la phrase de Rhys pour disparaître. Il n'éprouva qu'une étincelle de soulagement, à l'idée d'avoir évité l'invitation d'Emma. Ce sentiment, cependant, fut rapidement remplacé par une sourde angoisse.
Ianto parcourut les couloirs, prit l'ascenseur, évita quelques collègues pressés, et enfin, arriva aux urgences. Il arrêta une femme d'âge mûr qui passait par là, lui demanda si elle pouvait lui indiquer où il pourrait trouver Estelle, et fut redirigé vers une chambre, au fond d'une allée.
Ianto se précipita, nerveux, vers la dite-chambre.
Il avait rencontré Estelle lors de son premier mois à l'hôpital. Elle avait plus de quatre-vingt ans, mais son sourire et son regard était encore plein de vitalité, de chaleur, de joie de vivre. Alors que Ianto tentait maladroitement de lui changer sa perfusion, elle lui avait dit à quel point elle le trouvait beau. Ianto avait rougi. Il ne savait pas trop pourquoi ce compliment le gênait autant. Peut-être parce qu'il n'était pas habitué à en recevoir de la part d'une vieille femme atteinte de pneumonie. Oui, c'était sans doute ça.
Tout cela pour dire que Ianto s'était très vite pris d'affection pour Estelle, et le sentiment avait été réciproque. Il n'était pas rare qu'ils se rencontrent pour boire un café, le mercredi. Il n'était pas rare non plus, malheureusement, que Ianto croise Estelle dans une chambre, alitée, et branchée à divers appareils. Sa santé s'effritait avec le temps, mais son sourire, lui, ne faiblissait jamais.
Ianto s'inquiétait donc de savoir ce qui l'avait conduit aux urgences, cette fois.
Il déboula dans la chambre, et une paire d'yeux brun clair se posa sur lui. Estelle lui offrit un chaleureux sourire, et Ianto sentit sa nervosité se dissiper. Ce ne fut qu'après coup qu'il réalisa qu'il avait enfin ressenti quelque chose. Cela faisait si longtemps.
Puis son regard se posa sur la jambe plâtrée de son amie, et Ianto soupira :
- Oh, Estelle, que s'est-il passé ?
- Une petite glissade dans la rue. Rien de bien méchant. C'était à cause du verglas, les trottoirs sont vicieux, en cette saison.
- Il va falloir opérer ?
- Non, mais il n'y a personne pour me récupérer. Alors ils ont décidé de me garder. Ils doivent vraiment aimer ma compagnie.
Ianto lui offrit un triste sourire.
- Qui ne l'aimerait pas ?
Ianto avait une fois proposé à Estelle, sur un coup de tête, de venir habiter avec lui. C'était juste après Lisa. Il se sentait perdu, seul, et les médecins faisaient tout leur possible pour enfermer la vieille dame dans un home, la où on s'occuperait bien d'elle, d'après eux. Ils lui martelaient qu'une femme de son âge ne pouvait plus vivre seule. Estelle refusait d'être placée, et Ianto désespérait, dans son appartement vide. Alors il avait proposé une cohabitation, tandis qu'il la raccompagnait chez elle, après leur café hebdomadaire. Estelle lui avait donné un coup de sac dans le ventre, lui reprochant de vouloir, lui aussi, lui arracher sa liberté. Puis, doucement, une fois chez elle, Estelle l'avait pris dans ses bras, et l'avait laissé pleurer sa solitude, sa peine, et sa douleur. Mais elle n'avait pas accepté sa proposition, Ianto était toujours seul, et les médecins essayaient toujours de mettre Estelle en « sécurité ».
Cet accident pourrait bien être celui qui leur permettrait d'avoir gain de cause. Ils le savaient tous les deux. Mais il ne servait en rien d'en discuter, alors Ianto demanda simplement :
- Tu as eu à manger ?
- Bien entendu.
- Tu es confortablement installée ?
- Mais oui, Ianto. Je vais bien, je t'assure.
- Ça, c'est grâce à la morphine dont on te gave.
Estelle lui lança un sourire insolent.
- C'est une sensation particulièrement agréable.
Ianto eut un pâle rire. Estelle lui demanda, un peu plus sérieusement :
- Cela ne te dérangerait pas de récupérer Moses ? Je n'aime pas le savoir seul, et Dieu sait combien de temps il vont me garder ici.
Moses était le chat d'Estelle. Ianto accepta silencieusement. Alors qu'il se penchait pour prendre la main de la vieille dame dans la sienne, la porte dans son dos s'ouvrit brutalement, et ce fut comme si une tornade pénétrait dans la chambre.
- Estelle ! Je viens d'apprendre ce qu'il s'est passé ! Pourquoi tu ne m'as pas appelé bon sang ? Je te l'ai déjà dit, quand quelque chose arrive, je veux que tu m'appelles !
Ianto se figea en silence alors qu'un homme, les cheveux ébouriffés et portant une blouse de médecin, se précipita au coté d'Estelle, un air profondément inquiet sur le visage.
- Jack, je vais bien, arrête de t'énerver autant, voyons ! Ce n'était qu'une petite chute, je sais à quel point tu es occupé, je n'allais pas te déranger pour si peu !
- Une petite chute ? Tu te moques de moi ? Regarde l'état de ta jambe !
- Jack Harkness, je t'interdis de me parler sur ce ton !
Le médecin se calma aussitôt. Il passa une main tremblante dans ses cheveux bruns, les ébouriffant davantage encore. Il sembla alors remarquer Ianto, et, lui offrant un sourire étincelant qui s'accompagnait de deux fossettes, il lui tendit la main.
- Docteur Jack Harkness. Et vous êtes ?
Ianto fixa la main tendue, puis le visage magnifique de Jack, avant que son regard ne plonge dans les brillant yeux bleu roi. Une brûlure trop familière se réveillait dans son cœur, et un goût amer envahit sa bouche. Sans un mot, Ianto quitta la chambre en coup de vent.
Jack resta un moment, la main tendu, et le regard planté là où se trouvait encore le jeune infirmier quelques secondes plus tôt. Perplexe, et un peu vexé, il se tourna vers Estelle. Il remarqua l'air peiné de la petite dame.
- Qui était-il ? Et pourquoi a t'il fui comme ça ? C'est quoi son problème ?
Sa voix était sèche et agacée. Il ne comprenait pas, et s'il y'avait une chose qu'il ne supportait pas, c'était de ne pas comprendre. Estelle lui lança un regard sévère.
- Son nom est Ianto Jones. Et il n'a pas de problème Jack.
- Le Ianto Jones ? Celui qui t'achète un café tous les mercredi ?
- Lui-même.
Jack tourna la tête vers la porte, comme s'il pouvait encore y apercevoir le jeune homme. Estelle lui avait souvent parlé de Ianto Jones, l'adorable infirmier qui s'était pris d'affection pour elle.
La réaction glaciale dont Jack venait d'être témoin ne correspondait en rien aux descriptions qu'elle lui avait faites.
- Qu'as tu pu lui raconter sur moi qui le fasse fuir comme ça ?
- Absolument rien, voyons. Je ne sais pas ce qu'il lui a pris. Mais Ianto est un garçon compliqué. Et tellement triste.
Jack hocha la tête distraitement. Le regard brisé du jeune homme ne lui avait pas échappé. Il avait aussitôt eu envie de le prendre dans ses bras. Mais Ianto Jones s'était déjà échappé.
Jack se secoua. Il esquissa un sourire salace :
- Tu avais tort, par contre. Il n'est pas adorable. Il est super sexy !
Estelle laissa échapper un gloussement.
- Oh Jack ! Tu ne t'arrêtes jamais ?
Jack repensa à ces délicieuses lèvres pleines, et à ce petit nez retroussé.
- Jamais non, confirma t'il.
- Son fessier est en effet remarquable.
Ce fut au tour de Jack d'éclater de rire :
- Estelle ! Tu es pire que moi.
- Je fais de mon mieux.
Elle lui fit un clin d'œil, que Jack retourna.
Le chirurgien se leva alors :
- Bon, heureux de voir que tu vas bien. Je dois me dépêcher, j'ai une opération dans un peu moins d'une demi-heure.
- Bien sûr que je vais bien Jack. Tu te fais du souci pour rien.
Jack coula un regard affectueux à sa voisine. Il adorait littéralement Estelle, mais elle pouvait être bien bornée.
- Je n'aurais pas à me faire du souci si tu appelais quand quelque chose t'arrivait.
Le médecin se pencha pour embrasser la joue d'Estelle, et s'apprêta à quitter la chambre. Il grimaçait déjà à la pensée des étages qu'il devrait parcourir en courant afin d'éviter d'être en retard.
La voix d'Estelle le retint :
- Oh Jack, cela ne te dérangerait pas de récupérer Moses, ce soir ?
- C'était déjà prévu !
Et Jack disparut en courant, sa blouse ouverte flottant derrière lui. Estelle sourit. Jack avait toujours eu un certain panache, un petit côté flamboyant, qui lui allait très bien.
Mais Estelle voyait, à chaque fois qu'elle regardait dans les yeux de Jack, à quel point il était seul.
Cette lueur de solitude, les yeux de Ianto l'avaient aussi.
La vieille femme émit un petit soupir de contentement. Enfin réussir à leur arranger une rencontre valait bien une jambe cassée, pensa t'elle, satisfaite.
Depuis le temps que j'essaie de faire en sorte qu'ils tombent l'un sur l'autre… Le hasard fait bien les choses.
Seul l'étrange réaction de Ianto l'inquiétait.
Mais cela ne pouvait pas cacher quelque chose de bien grave, si ?
Voilà, j'espère que cela vous a plu ! Que ce soit le cas ou non, j'adorerais avoir vos commentaires ! Alors n'hésitez pas à me laisser une petite review, même si c'est juste pour me dire qu'il vaudrait mieux que j'arrête ici le massacre
A la prochaine !
