Avez-vous déjà eu cette sensation de décalage par rapport au monde qui vous entoure ? Cette impression de ne pas comprendre ce que pensent vos amis votre famille ou même tous les gens que vous avez rencontrés. Cette impression de s'être trompé d'époque, de se sentir loin de la réalité, de rêver d'autres temps, d'autres siècles, de quelque chose de diffèrent. Cette sensation, je l'ai depuis que je suis toute petite depuis toujours je rêve ma vie sans la vivre, le monde de la chevalerie me fascine et ce n'est que dans mes pensées, avec de la musique celtique dans les oreilles que je me sens réellement bien puisque je peux imaginer ma vie à cette époque qui me fascine tant, celle du Roi Arthur. Cette légende me fascine, j'ai toujours rêvé de faire la connaissance de ces chevaliers dont j'admire le courage, la force et surtout le sens de l'honneur. J'aurais dû vivre dans ces temps où les idéaux et le véritable honneur existaient encore, ou l'on n'avait pas encore détruit la nature et ou on se battait pour défendre son pays ou sa famille, ou tout avait un vrai sens. Le monde dans lequel je vis aujourd'hui est un monde où chacun est centré sur sa petite personne, ou on ne poursuit que des choses superficielles et un monde dans lequel je pense ne jamais trouver ma place. Mon nom est Jade, j'ai 19 ans, je viens d'avoir mon baccalauréat, donc un nouveau chapitre commence pour moi. Autour de moi je peux voir l'enthousiasme de mes amies, une nouvelle vie, de nouvelles rencontres, bref une page qui se tourne. Cette euphorie je ne la partage pas, je me sens tellement loin de tout ça. Pour être tout à fait honnête je ne suis pas certaine d'avoir réellement des amis, à moins que les livres puissent en être alors ce sont les seuls amis que j'ai ! Je suis toujours le nez dans des livres histoire, mythologie grecque, légendes celtiques… C'est auprès d'eux que je trouve le plus grand réconfort et que je me sens réellement bien, pour me résumer en trois petits mots je vous dirais que je suis « hors du temps ».

Jeudi 26 juin

Le bruit de la pluie contre la vitre attira mon attention, dans la rue j'aperçus un couple de personnes âgées main dans la main, bien que le soleil ne soit pas au rendez-vous, je pouvais les voir riant, amoureux et innocents comme de jeunes enfants. L'amour… Je n'avais encore jamais été amoureuse de personne, j'espérai l'être un jour, ce sentiment semble si beau, il existe dans chaque culture, il est présent dans chaque esprit. Je ne pus m'empêcher de repenser à Lancelot, à chaque fois que je lisais ses exploits j'étais de plus en plus séduite, je passais souvent plusieurs heures à imaginer ma rencontre avec cet homme si parfait. Je jalousais également son grand amour Guenièvre, parce qu'elle avait son cœur mais aussi pour sa beauté. Je ne me suis jamais trouvé belle, je suis une fille comme les autres, pas plus belle et pas plus laide que la moyenne, normale je dirais. Trop normale pour plaire à un chevalier que je ne connais pas et que je ne rencontrerai jamais ? Oui. Après avoir analysé l'absurdité de mes réflexions, je décidai de rentrer chez moi.

Affalée sur mon lit je repensais au mythe d'Aristophane dont m'avait parlée ma prof de philosophie. L'humanité était en fait à la base composée de trois espèces, males, femelles et androgynes. Un jour Zeus pour les punir de leur arrogance les sépara par un énorme éclair, les androgynes furent donc séparés et durant tout le reste de leur vie, ils/elles ont recherchés leur moitié, leur âme sœur pour retrouver le bonheur et la plénitude perdus. Je me dis que ma moitié à moi est en train de vivre là, à cet instant précis, sans se douter que je l'attend, que je pense à elle, et que je l'aime déjà de tout mon cœur. Je frissonnais de plaisir à cette pensée lorsque ma mère rentra dans la chambre.

« -Le diner est prêt ma chérie. Ce soir c'est raviolis au menu ! »

C'est le moment du diner que ma mère choisit pour me harceler de questions à propos du logement pour l'année prochaine ; colocation, foyer ou appartement pour moi toute seule ? Ma mère est une personne très active, je pense que derrière cette hyperactivité et cette nervosité constante se cache une grande souffrance et un grand vide qu'a laissé mon père. Il est mort il y a deux ans, une mort soudaine, foudroyante, crise cardiaque un soir dans un hôtel. J'en ai aussi énormément souffert, j'en souffre encore actuellement et je pense que ce sera toujours le cas, cette douleur fait partie de moi, je l'ai acceptée et je vis tous les jours avec. Je suis plus inquiète au sujet de ma mère, lorsque je ne serai plus là, l'année prochaine elle n'aura plus rien à quoi s'accrocher et je pense que c'est ça qui lui fait le plus peur.

« -Jade ? Tu m'écoutes au moins ? » Ma mère me tira de mes pensées.

« - Oui excuse-moi, je suis fatiguée avec toutes ces émotions…

-J'arrête de t'ennuyer pour ce soir mais promets-moi que demain on continue les recherches ? C'est important tu sais, je me fais du souci pour toi l'année prochaine, tu as toujours été tellement dans ton monde…

-Ne t'inquiète pas maman, je n'ai pas l'intention de me laisser aller l'an prochain, je sais que tu ne me crois pas mais je te le prouverai ! » Répondis-je en lui adressant un petit sourire complice.

En réalité, je n'ai aucune motivation en ce qui concerne mon avenir, je préfère rêver, m'évader, imaginer… Bon sang Jade, tu as 19 ans, qu'est-ce qui cloche chez toi ? Je trainais les pieds jusqu'à ma chambre et me replongeai dans mes lectures. Pour me récompenser de mes bons résultats au baccalauréat, (mention très bien, et ouais !) ma mère m'a acheté l'intégrale de la saga de Jean Markale, ces trois livres expliquent la légende Arthurienne, d'une manière romancée plus moderne et à mon sens, plus agréables à lire que Chrétien de Troyes. Deux heures plus tard, je m'endormis la tête pleine des exploits des Chevaliers de la Table Ronde, que demander de plus ? Bien que ce soit une simple légende, je voulais y croire, et je voulais la vivre. C'était mon monde, ma légende à moi.

Dans mon sommeil, j'eus une étrange sensation, mon matelas me semblait humide, et étrangement inconfortable. A force de me tourner et de me retourner je fini par me réveiller. Je fus tout d'abord éblouie par la lumière du soleil qui était ce matin-là, particulièrement forte. La deuxième chose qui me frappa fut la fraicheur ambiante, nous étions en été, certes, mais là il faisait carrément froid ! N'ayant pas encore complétement ouvert les yeux je m'aidais de mes deux mains pour me relever, et c'est à ce moment-là que je réalisais que j'étais en fait allongée dans l'herbe. Incrédule, je scrutais les alentours, de l'herbe, des arbres, une forêt qui semblait s'étendre à l'infini. Bordel de merde. Je m'étais endormie dans ma chambre, alors, pourquoi étais-je dans une forêt maintenant ? Tout allez bien trop vite pour moi, et je commençais à paniquer sérieusement quand j'entendis un craquement de branche juste derrière moi.

Voilà pour le premier chapitre. J'ai mis beaucoup de temps à me décider à commencer une fiction, ça me tenait vraiment à cœur donc j'espère que tout ça vous plaira ! Surtout n'hésitez pas à critiquer ou complimenter, dans les deux cas je suis preneuse ! A très bientôt !