Cette fic est écrite dans le cadre du jeu 60 minutes pour un thème (Forum Francophone, lien dans mon profil). Pour le thème "vague".

La vie est une succession de bons et de mauvais moments. Il en avait souvent fait l'expérience, même si il avait l'impression qu'il y avait plus de « mauvais » que de « bons » moments.

Son enfance n'avait pourtant pas été si malheureuse. Bien sûr, l'absence d'un père s'était souvent fait ressentir; mais il aimait sa mère et sa mère l'aimait. C'était le plus important.

Il se souvenait de ces jours heureux où elle l'emmenait à la plage, où il voyait des femmes souriantes dans la mer...

La mer.

Un élément qui gouvernait sa vie. Son aisance et ses capacités dans l'eau lui avaient été souvent enviées, mais il y avait aussi le revers de la médaille...

D'accord, il pouvait respirer sous l'eau, en sortir sans être mouillé, parler avec les chevaux, guérir plus facilement quand il était en contact avec la substance... mais en retour, il se retrouvait en plein milieu d'une crise divine, et avec parti imposé de surcroit (celui de son cher géniteur jusqu'alors inconnu, qui d'autre?)

Un moment, il avait cru qu'il avait tout: il était demi-dieu (tout le monde ne pouvait pas se vanter d'avoir un vrai dieu comme parent), avait des pouvoirs super-cool, la popularité, un meilleur ami bizarre mais sympa et surtout... Annabeth.

Son Puits de Sagesse, la seule qui osait encore l'appeler « cervelle d'algues »... la fille avec les plus beaux yeux qu'il aie jamais vu et la plus intelligente aussi... elle avait réussi à devenir architecte.

Lui faisait encore des études, mais il était en dernière année...

Ils s'étaient installés ensemble. A l'extérieur. Bien sûr, ils changeaient de lieu d'habitation (ce qui n'était pas facile avec ses études et les projets architecturaux d'Annabeth) mais ça se faisait de plus en plus rare... ils auraient dû se méfier.

Car ce jour-là, quand il était revenu de ses cours, la scène qui l'attendait dans leur petit appart' l'avait rendu malade: l'odeur l'avait alerté lorsqu'il avait passé la porte d'entrée puis l'absence de réponse alors qu'elle était sensée être rentrée avant lui...

Il l'avait retrouvée dans le salon. Et dans la cuisine aussi.

Pour être exact, il avait retrouvé des bouts sanguinolents un peu partout dans les deux pièces. Seul sa tête et le haut de son buste était encore entiers, le reste des membres et des organes soit avaient disparu, soit semblait avoir été mâchouillés puis recrachés.

Il en avait vomi.

Il s'était effondré près de son buste et de son visage, qu'il serrait avec force, ignorant délibérément la cervelle qui sortait de la boîte crânienne, tantôt murmurant des suppliques, tantôt hurlant son désespoir.

La vie était aussi imprévisible que l'océan.

Elle l'avait englouti sous une vague de bonheur, doux moments passés en compagnie de son amante, où tout leur réussissait et voilà qu'il avait fallu qu'une journée pour que tout s'effondre.

Tels le ressac, ces jours heureux étaient finis, ils s'en étaient allés...

Il n'avait pas pris la peine de vérifier qu'il était seul dans l'appartement.

Peut-être aurait-il dû.

Ou peut-être s'en fichait-il, après tout Annabeth était morte, qu'importe le reste...

Oui, qu'importe sa fin.

Lorsque les mâchoires, monstrueuses, de la chimère se refermèrent sur son bras, il ne produisit aucuns hurlements.

Et pour cause, la queue-serpent du monstre s'était attaquée à sa gorge.

Il tomba lourdement sur les restes de la fille d'Athéna, ses lèvres bougeant pathétiquement dans un ultime effort de prononcer un dernier mot...

« An- »

Un deuxième coup de mâchoire du monstre l'acheva, broyant sa tête.