Comme souvent, j'ai pas mal de choses à dire en introduction. Les bonnes habitudes ne se perdent pas.
La première chose sera de vous prévenir que la partie qui suit est explicative certes, mais ! Elle n'est pas du tout essentielle à la lecture : elle explique le pourquoi du comment de ce texte, et révèle donc quelques petites choses (même si elles peuvent sembler évidente).


Tout d'abord, j'aimerai préciser que ce texte est une collaboration entre Yaki et moi, qui travaillons déjà ensemble sur deux autres projets. Ce qui fait que notre total de quatre mains, a tout à fait l'habitude de s'accorder les unes aux autres. Ce qui m'amène au premier point important.

Chaque chapitre est composé de quatre mouvements. Chaque mouvement représente un narrateur bien précis. Et, par défi, chacune de nous s'occupe de deux mouvements. En fait, le défi comprend aussi d'autres closes, bien définies que je vais expliquer un peu plus bas.

Tout a commencé à cause de mon soudain intérêt pour One Piece, parce que j'ai rattrapé mon retard. Et forcément, en lisant les fics, le thème récurrent de l'OC, doté d'un fruit du démon intégrant un équipage revient. Encore et encore. Peu à peu, ça m'a donné envie d'en faire un, et j'ai peut-être un peu harceler Yaki avec cette idée. Du coup, nous voilà avec quatre OCs en narrateurs.

Quand aux règles que je mentionnais plus haut, cela semble être une chose de mise pour ce que je publie pour One Piece. Cette fois-ci, cela touche quelque chose que je déteste faire dans une narration non épistolaire. Je m'attaque à la première personne du singulier. Dans le cadre d'une fiction à chapitres. Et c'est la toute première fois que je le fais depuis... un certain nombre d'années. Cela vaut pareil pour Yaki. La seconde règle réside dans le fait, qu'au moins un des narrateurs possède un fruit du démon, pour coller à cette image d'OC intégrant un équipage, avec un fruit du démon.

Bref, voilà donc en gros, l'idée de départ « Construire quelque chose à partir des gros clichés — qu'ils soient bons ou mauvais, bien ou mal utilisés — du fandom ».

Il y a une autre chose que je tiens à préciser. Les mouvements sont courts. Je veux dire par là, au minimum 1000 mots, et pas plus de 5000 mots. Pour la simple et bonne raison que nous sommes habituées à écrire beaucoup plus que cela. Et que ça fait parti du défi.


Disclaimer : Personne ne nous appartient. Sauf Lag.


Notes
Luo : Du coup, j'ai déjà dis énormément de choses plus haut. Je veux juste ajouter que je prends toujours un énorme plaisir d'écrire sur One Piece. Parce que j'adore les pirates et les bateaux. Parce que j'ai l'occasion d'expérimenter de nouvelles manières d'écrire et donc, de m'améliorer. Bref, j'espère que vous aimerez.

Yaki : Sous la pression d'une Luo récemment tombée folle amoureuse de One Piece, me voilà victime de son nouveau coup de folie, auquel notre amour inconditionnel pour un certain groupe s'est greffé. L'alchimie entre ces deux éléments a donné naissance à Viva. Bref, s'il y a des gens qui trouvent les références (plus obvious qu'elles ne pourraient paraître), je l'applaudis. Quoiqu'il en soit, je vous souhaite un bon voyage.


GRAFTON CALLING

1er mouvement : Le nom du vent


Les autres s'étaient déjà accoudés au bastingage, les yeux rivés vers un avenir proche. Alors que les perçants cris de leur capitaine perturbaient l'équilibre de l'aérienne symphonie de ce vent : celui qui nous poussait — peu à peu, aussi lentement qu'une valse à trois temps — vers l'île encore sur la bordure du lointain horizon ; comment aurait-il pu en être autrement ? Et, alors que le Vogue Merry sifflait à travers les vagues agitées, déjà, par un automatisme acquis au fil de ma vie, je me saisissais de ma précieuse Bianca pour entamer une joyeuse gavotte, ne faisait que retranscrire les notes qui flottaient déjà là, dansant autour d'eux en un rythme endiablé.

Ce furent accompagnés du chant des mouettes au dessus de nos têtes, ainsi que des exclamations enjoués de l'adolescent au chapeau de paille que nous accostâmes finalement dans une petite crique, un peu à l'écart de la grande ville que nous avions pu apercevoir plus tôt. Précaution de pirates avait précisé la navigatrice alors que je leur posais la question, non sans curiosité.

« On ne sait jamais si un avant-poste de la marine se trouve là », avait-elle ensuite précisé, haussant les épaules. Je n'avais rien eu à ajouter pendant je rangeais ma Douce dans mon baluchon, fourrant son Beau dans l'étui qui était sien, solidement accroché à ma taille par une ceinture.

« Pars avant nous Lag, comme ça on ne risque pas de te prendre pour un pirate, me conseilla la rouquine tandis que les autres se rassemblaient autour de moi, pour les adieux, Et n'oublie pas que tu me dois un sac.
— Ta musique me manquera ! ajouta le jeune reine en remuant une de ses pattes.
— Je continuerai de te raconter les histoires du Grand Capitaine Usopp la prochaine fois ! fit le garçon mat au long nez.
— Miss Lag, ce fut un plaisir de t'avoir à bord ! J'espère avoir l'honneur de cuisiner à nouveau pour toi un jour, princesse. Excuse le comportement de mes ingrats compagnons je te prie, ils ne savent pas s'adresser correctement à une lady », commenta finalement le cuisinier, le regard pétillant d'étoiles.

Je m'inclinai face aux chaleureuses remarques, gloussant légèrement du compliment de l'élancé blond tandis que mon regard glissait sur les deux autres membres, en retrait, toujours enveloppés de ce calme silence qui les caractérisait. Une nouvelle fois, je les remerciai, m'excusant au passage d'avoir du les détourner de leur objectif initial.

« Je vous serai éternellement redevable pour ça, soufflai-je doucement tandis que le capitaine s'approchait, entourant ma taille de son bras.
— Ne t'inquiète pas, son sourire était aussi rayonnant qu'une ode à la joie, les commissures de ses lèvres semblant presque chatouiller ses oreilles, Tu as joué pour nous, c'est déjà bien ! C'était amusant ! La prochaine fois qu'on se verra, tu n'auras qu'à rejouer. Vis plein d'aventures d'ici là ! »

L'instant d'après, j'expérimentais le vol, grâce aux étranges membres élastiques du garçon au chapeau de paille, qui sauvagement, me propulsa par dessus bord, tel un soudain mais funky slap de guitare basse. Le chant mélodieux des oiseaux m'accompagnait alors que je me réceptionnais dans un nuage de poussière sur une place de sable fin, délicieusement bercée par l'aria de l'océan léchant ses bordures.

Jetant un dernier regard au Vogue Merry et cet étrange équipage, qui avait partagé quelques heures à peine de ma vie, sifflotant doucement, je rejoignais le chemin de terre battue au bout de la place. Avec un peu de chance, celui-ci me mènerait à la grande ville où, je pourrais sans aucun doute trouver du travail et ainsi, récupérer de quoi acheter quelques affaires pour remplacer celles que j'avais perdues durant le naufrage.

Serrant sur mon épaule le sac en toile que m'avait confié la rousse, je m'engageai donc avec mon habituel entrain dans une prairie aux herbes bien plus hautes que moi, le rythme de mes pas calqué sur celui du rapide rondo dans lequel était plongé l'endroit. Ici et là, résonnaient les glapissements des renards chassant des lièvres trop malins, qui les perdaient sans peine. Quelques corneilles assistaient à la scène, narguant les prédateurs de leur notes flûtées tandis que, bien plus bas, le bourdonnement baryton des fourmis en pleine activité donnait un tempo solide à la chanson.

Comme souvent, la nature environnante nourrissait ma fertile inspiration de ces magnifiques sons qu'elle acceptait de laisser goûter, à condition de prendre le temps d'écouter ses délicieuses paroles. Il n'en fallut pas plus pour que ma Bianca retrouvât mes bras, accompagnée de son droit cavalier, afin d'agrémenter l'après-midi d'une touche de musique en hommage à ce spectacle champêtre dont j'avais l'immense honneur d'être témoin. Je dus cependant abandonner ma danse pour rejoindre rapidement la grande ville. Si je voulais avoir un travail le soir-même, il était clair que je ne pouvais me permettre de folâtrer oisivement dans les champs de verdure. Peu importait le désir que j'en avais.

Mu par une volonté sans faille, j'atteignis donc la ville à la vitesse du son, les clameurs tambourinantes qui s'en échappaient me guidant, m'attirant à elle comme un aimant. Il y avait dans l'air une excitation, une attente tellement intense que des papillons venaient éclore dans mes entrailles, m'emplissant d'une sensation de légèreté des plus agréables. Ici et là, enfants comme adultes s'activaient à accrocher guirlandes de lampions colorés, installer de petites estrades en bois à chaque fois de rue. Des stands poussaient comme des champignons le long des avenues encombrées de chariots. Une atmosphère festive baignait allègrement les lieux de sa bénédiction, répandant partout bonne humeur et convivialité.

Déjà, je me trouvais à fredonner joyeusement l'hymne que ces lieux m'inspiraient, tandis que je descendais interminablement les innombrables escaliers vers le port, suivant les conseils de bons citoyens. Leur chaleureux accueil envers l'allogène que j'étais, en disait long sur la paix berçant l'endroit. Mon séjour ici, quelque fut sa longueur, ne pourrait être qu'agréable et vivifiant. D'autant plus que la prospérité apportait toujours aux contrées, une ribambelle d'occasions pour les gens comme moi, de faire leurs preuves.

Et pour cela, je ne connaissais rien de mieux que les tavernes portuaires où les marins avaient habitude de faire escale avant de reprendre la mer.