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Nota : Slash soft

Les personnages appartiennent à JR Rowling

Se situe après la guerre mais ne tient pas compte de l'épilogue

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Réapparition


Chapitre 1. Retrouvailles

Il ne pouvait pas le croire. Cet homme devant lui ne pouvait pas être Draco Malfoy. Ce gamin arrogant et fier, à la mise toujours impeccable, au port altier ... Dix ans ne pouvaient pas suffire à changer ainsi une personne que l'on a toujours connue. Car aussi loin qu'il s'en souvienne, Harry avait connu Draco Malfoy sous toutes ses facettes à travers ces années noires. Méprisant, provocant. Orgueilleux, lâche. Intelligent et brillant. Parfois même touchant ... Mais ce Draco-là, en face de lui, jamais Harry n'aurait pensé le voir un jour.

- Alors ? demanda l'Auror.

Harry ne pouvait détacher ses yeux de l'homme de l'autre côté de la vitre. L'homme en question avait de longs cheveux d'un blond presque blancs qui évoquaient sans peine la chevelure de feu Lucius Malfoy et qui tombaient en cascade sur un torse musclé et marqué de nombreuses cicatrices anciennes difficiles à identifier. Une barbe naissante achevait d'enlever à ce visage toute trace juvénile et renforçait la dureté de ses traits. Et sur l'avant bras, semblant briller de mille feux, la marque noire indélébile, souvenir d'appartenance à un passé qu'on ne pouvait oublier...

Au milieu de cette chevelure indisciplinée, un regard acier vide de toute lueur et de toute expression qui traversait les visages des personnes présentes sans les voir. On aurait dit quelque âme damnée revenue de l'enfer, plus rien n'évoquait le gamin pleutre et propre sur lui qu'il était à dix sept ans.

- Alors ? répéta l'Auror.

- Oui. C'est bien lui.

Il avait répondu dans un souffle. Il le reconnaissait, bien évidemment, mais il avait tellement changé... Il arrêta ses yeux sur ses poignets rougis de marques ancrées dans la peau et mal cicatrisées.

- Il a été torturé ? demanda tout bas le Sauveur.

- Il a tué, répondit seulement l'Auror.

Après un long silence, le jeune homme à la cicatrice se retourna vers son interlocuteur et murmura :

- Est-ce que je peux le voir ?

- Il n'a pas dit un mot depuis son arrestation.

- Je veux le voir, répéta Harry de façon plus autoritaire.

L'autre hésita, semblant le jauger du regard.

- Il est dangereux.

- Pas autant que l'était Voldemort.

Le plus âgé tressaillit. Nommer le mage Noir demeurait toujours un tabou mais il avait compris le message. Le gamin près de lui restait Harry Potter, il saurait se défendre. Il était de mauvais ton de refuser... Il acquiesça à contre cœur, ouvrit la porte de la cellule et se contenta de dire :

- Laissez-le entrer !

Harry pénétra dans la pièce. Elle était sombre et humide. Il se donna de l'assurance comme il pût et demanda :

- Laissez-moi seul avec lui.

Avec la même réticence, les deux Aurors dans la pièce se retirèrent, le laissant seul face au prisonnier qui n'avait pas bougé de position.

- Malfoy... appela doucement Harry en se mettant face à l'autre homme.

Il rencontra deux orbes orageux qui paraissaient le regarder comme s'il était invisible.

- Par Merlin, que t'a-t'on fait ?

Le ton restait doux, empreint d'une pitié que le Malfoy d'avant n'aurait sans doute pas aimé mais Harry était touché par le corps meurtri de son ancien camarade de classe. Il avait trop vu de souffrances, trop vu d'horreurs et trop d'images de cette période sombre restaient à jamais gravées dans sa tête pour que la déchéance affichée du blond ne le touche pas. Même la marque noire ne parvenait à enlever à Harry cette terrible impression de souffrance tapie dans le regard de l'homme qui avait jadis rendu si pénibles ses premières années de sorcier.

- Draco...

A son prénom, le blond réagit légèrement, semblant raviver un peu de vie au fond de ses prunelles vides.

- C'est Harry... tu te rappelles ?

- Potter...

Le mot avait résonné dans un souffle à peine audible, un peu rauque, un peu comme un souvenir d'un autre temps. Le brun sourit faiblement, à moitié sur la défensive.

- Qu'est-ce qu'on t'a fait Draco pour que tu sois devenu... comme ça...?

Le blond n'avait pas bougé mais ses prunelles semblaient à présent sonder le vert émeraude qui leur faisait face. Un rictus s'afficha finalement sur son visage famélique qui se transforma en un rire sardonique qui glaçait le sang. Il fit un mouvement brusque vers le brun qui n'eut que le temps de reculer d'un pas, pris par la surprise. Le rire de dément s'arrêta aussitôt. Sans le lâcher du regard, Harry adressa un signe aux Aurors qui suivaient la scène de l'autre côté de la vitre pour les prier de ne pas intervenir.

- Draco... répéta-t-il.

- Sors-moi de là, Potter !

A peine les mots étaient-ils sortis que Draco Malfoy se replongea dans sa prostration, à nouveau ignorant du monde extérieur.

Harry quitta les lieux perplexe et secoué. S'il n'y avait la blondeur de ses cheveux, le gris acier de ses yeux, il aurait à peine reconnu dans l'homme à présent enchaîné le garçon qu'il avait autrefois côtoyé.

Il se dirigea sans un mot vers le bureau des Aurors et demanda à parler à Arthur Weasley. Il ne voulait pas qu'on lui mente, il voulait comprendre et Arthur n'oserait pas lui taire les détails importants.

- De quoi l'accuse-t-on ?

- Il a tué un sorcier, répondit le père de Ron en soupirant.

- Un sort interdit et on ne l'aurait pas détecté avant ?

- Un couteau.

- Oh...

- Malfoy a été retrouvé prostré, recouvert de sang, le couteau dans les mains, il n'y a pas beaucoup de doutes sur sa culpabilité.

- De qui s'agissait-il ?

- Hoswald Grimmer, un petit sorcier sans envergure et sans histoire.

- Ça n'a pas de sens...

- Difficile d'en trouver, il reste muet.

- Il m'a parlé !

- Oh...

- Mais où était-il passé tout ce temps ?

- Harry, je sais qu'il s'agit d'un ancien camarade de classe, mais...

- Camarade de classe ? Il est notoire que l'on se détestait, Arthur, mais malgré tout ce qu'il était, il n'aurait jamais été capable de ce dont on l'accuse !

Arthur Weasley soupira à nouveau et se passa la main dans les cheveux.

- Lucius...

- ... était un Mangemort de la pire espèce, je sais et je suis bien placé pour le savoir mais Draco ne doit pas être jugé pour ce que son père était.

- Tu as raison bien sûr mais tu as vu comme moi ce qu'il est devenu, il est...

- Effrayant. Oui...

Effrayant, il l'était, c'était certain, mais il avait aussi l'air blessé, vulnérable sous cette carapace de mutisme et Harry avait toujours été sensible à la détresse des autres. Draco et lui n'avaient jamais été amis, pas non plus de réels ennemis à vrai dire, juste deux forts caractères qui s'étaient tenus tête souvent. Malgré cela, ce garçon faisait partie de sa vie, de son enfance, avait contribué à endurcir celui qu'il était devenu. Celui qui a vaincu.

A suivre