C'était de sa faute. Il le savait, il ne le niait pas. Personne ne lui reprochait, personne n'en parlait, mais il le savait. C'était de sa faute. Sans vouloir paraitre présomptueux, ou juste vouloir s'approprier tout les reproches, c'était bel et bien de sa faute. Si Manato était mort. C'était comme s'il l'avait aidé, poussé, à être tué. Cela aurait pu, cela aurait du être lui, le mort du jour. Mais non, ce fut Manato. Manato le capable, Manato le chef. Manato.
Il avait tué une personne formidable, qui aurait pu vivre longtemps. Le plus doué d'eux tous, qui avait dés le départ décidé de se sacrifier pour eux. Parce que cela n'aurait pu être autrement, avec une bande de débutants comme eux.
Et lui, il avait précipité tout ça. Il avait conduit leur chef à la perte.
Au début, il n'avait pas pleuré. Il était trop choqué par ce qui c'était produit pour le réaliser. Il ne croyait pas en la mort de Manato. Il était là, il était à porté de bras, il pouvait le toucher. Il devait être vivant, n'est ce pas ?
Puis, quand il avait compris que c'était bel et bien fini, il avait sentit son corps se glacer instantanément. Il n'entendait plus rien. Il ne sentait plus rien. Il était comme éteint. Puis ça avait commencé à enfler. Là, dans sa poitrine. Petit à petit, ça remontait dans son corps, se propageait. Cela le brulait, l'incendiait. Puis c'était sortit, sous la forme de grosses larmes claires, en des cris, en des sanglots. La douleur, la peine, la peur, le remord. Et l'envie que tout s'arrête. De le rejoindre.
Il était brisé. Un miroir éclaté en millier d'éclats, qui, même une fois reconstitué, laisserait paraitre les fissures du verre. Il ne serait plus jamais comme il était avant. Une part de lui était morte avec Manato, une autre c'était abimée à cause de la rancœur qu'il avait envers lui-même. Et encore une avait disparut avant même qu'il ne la découvre. Il avait perçu le manque, et une fois ressentit, savait qu'il avait perdu bien plus qu'un chef.
Il ne pouvait se pardonner de ça. Même si les autres l'incitaient à le faire, à alléger sa conscience, il gardait en lui le regret éternel de ce jour où, au lieu de mourir, ce fut Manato qui se sacrifia. C'était marqué au fer rouge dans son âme, à défaut de laisser des marques dans sa chaire. C'était une trace indélébile, une cicatrice dans son cœur. Il ne pouvait vivre avec ça. Alors il survivait.
C'était de sa faute si Manato était mort. Il ne cherchait pas à expier sa faute en tentant de le remplacer en temps que leader. Il ne cherchait pas à retrouver un semblant de paix avec lui-même en se blessant jusqu'à n'être que douleur.
Il cherchait juste à ce que Manato, de là où il était, soit un peu fière de lui. Oui, il aimerait bien que le blond lui dise que ce qu'il faisait était juste. Qu'il l'encourage. Et qu'une fois de retour à la maison, il s'occupe de lui, et le félicite.
Mais ça, c'était impossible.
