Réponse au défi n°31 du Poney Fringant "Un pairing insolite"

Les personnages appartiennent à Tolkien.


L'obscurité était presque totale. Seuls deux grands yeux rouges étincelants apportaient un peu de clarté. Mais pas besoin de lumière pour aimer. Peu leur importait s'ils ne se voyaient pas, il leur restait l'ouïe, l'odorat, le toucher et... le goût. Lorsqu'il porta ses lèvres à celles de son nouvel amour, l'Istari leur trouva un goût de souffre qui n'était pas pour lui déplaire.

Gandalf ne savait plus depuis combien de temps ils étaient coincés là : des jours ? des semaines ? Il s'en fichait. Dans une lutte intense et interminable où s'étaient entremêlés les corps, la haine avait fait place à l'amour.


« Tu sais, jamais je n'ai ressenti ça pour quelqu'un, » dit le Balrog au vieil Istari. « Je t'ai tout donné : mes sentiments, mon cœur, ma chair... Tu m'as ouvert un monde nouveau. »

« J'avoue que je suis le premier surpris, » lui répondit Gandalf, tandis que le Balrog jouait avec le lobe pendouillant du magicien. « Mais je crois que je suis tombé sous le charme de tes grands yeux rouges et de ta peau délicieusement rugueuse. »

« Chut ! Tais-toi » dit le Balrog en appuyant son doigt contre les lèvres fripées de Gandalf. « Viens dans mes bras et couchons-nous. »

Les deux amants s'endormirent l'un contre l'autre, seuls au monde, sans se soucier de ce qu'il pouvait bien se passer à la surface.


Ils se réveillèrent en même temps, comme s'ils ne faisaient déjà plus qu'un. Comment auraient-ils pu y croire, à cette histoire d'amour ? Rien n'aurait pu les rapprocher, si ce n'était l'amour.

Alors qu'il était profondément noyé dans les yeux rougeoyants de son amant, Gandalf nota le magnifique anneau qui contournait l'iris du Balrog. L'Anneau! La Communauté ! …

« … Frodon ! » murmura le vieil Istari.

« Frodon ? C'est qui ce Frodon ? Ou cette Frodon ? » Hurla le Balrog, le regard empli d'inquiétude et de jalousie.

« Écoute, c'était sympa, mais je dois y aller. »

Le Balrog resta sans voix. Il voyait l'homme qui lui avait tant appris sur sa propre sensualité se lever et se rhabiller.

« Bon. On s'est aimé, tout ça... mais j'ai une vie, moi. »

Le Balrog se blottit dans un coin et resta ainsi à fixer ses pieds tandis que Gandalf continuait :

« C'est toi qu'a touché à ma robe ? Je t'avais dis de pas toucher à mes affaires ! »

« Je l'ai lavée. Elle était sale. »

« Mouais... J'espère que ça va pas trop me changer... Bon, allez. Salut. »

Se sentant impuissant face à la détermination évidente de l'Istari, le Balrog n'envisagea même pas d'essayer de le retenir physiquement. Dans un dernier espoir, il leva les yeux et dit :

« On se reverra ? »

« Écoute, j'aimerais que cette histoire reste entre nous, tu vois ? C'est que j'ai une réputation, moi, là haut. »

Et sans ajouter un mot de plus, Gandalf se retourna et s'enfonça dans l'obscurité. Le Balrog, lui, gémissait. Son premier amour l'avait rejeté. Il se sentait vidé, utilisé, violé, et il sut que plus jamais il n'aimerait à nouveau.