Voici une très courte fiction (une dizaine de chapitres de 1000 à 2000 mots tout au plus) mais bon, pour compenser les posts seront rapides.

Rated T+ pour le départ mais ca peut évoluer (comment ca T+ n'existe pas ?).

Après comme d'hab', Mai Hime est la propriété de Sunrise, le titre celui de Jean-Paul Sartre (citation extraite de la pièce Huis-Clos) et l'histoire se déroule dans un univers alternatif (le notre en faite).

Sur ce bonne lecture et n'hésitez pas à commenter.

L'enfer, c'est les autres.

Natsuki vérifia une dernière fois la liste de produit qui s'affichait devant elle, la main posée sur la souris d'ordinateur, le curseur en attente sur sa confirmation d'achat.

Savon, déodorant, pâtes, bières, fruits et légumes…Elle se doutait de n'avoir rien oublié, mais elle préférait être prudente. Hors de question de refaire venir deux fois de suite le livreur.

Conserves, eau, jus de fruits, produits d'entretien, ampoule de rechange …Son index sur la roulette, elle laissa défiler ses acquisitions.

Non, rien ne manquait. A part peut-être…Avec un soupire amusé, elle cliqua sur l'onglet jeux, vidéo, consoles, passa rapidement sur les offres de MMORPG et autres pour enfin s'arrêter sur la page convoitée.

Un autre soupir, cette fois-ci teinté d'amertume et elle jeta un regard vers le fond de son spacieux loft où attendait sa Ducati. Faire de la moto lui manquait terriblement et s'amuser sur des logiciels de simulations n'était qu'un vain palliatif.

Il y avait une certaine ironie dans cette situation : elle avait une moto, l'envie d'en faire et pourtant…Un dernier soupir de résignation et elle valida le jeu, l'ajoutant à son panier avant de confirmer ses achats.

Elle referma sa page, ouvrit sa boîte mail, pas de message et lança une playliste.

Il était presque deux heures du matin mais Natsuki n'avait pas sommeil, trop habituée à vivre avec des horaires décalés. Elle se leva de son fauteuil, étira ses membres engourdis et jeta un regard autours d'elle.

« Du sport. »

Elle dit à voix haute et comme à chaque fois qu'elle parlait, elle avait cette drôle d'impression, l'impression que soudain il y avait encore un peu de vie chez elle.

Un peu de sport, elle opina en considérant le banc de musculation et le tapis de course placés sous la mezzanine. Un peu de sport, une douche et si ca ne suffit pas… elle rigola, en silence, avant de reprendre le cours de ses pensées. Si ca suffit pas, un bon verre de Super Nikka et direction la planche à dessin.

Quelques unes de ses esquisses tapissaient les murs de son loft. Des ouvrages qu'elle réalisait quand son métier lui en laissait le temps. C'est-à-dire pas souvent. De toute façon, elle trouvait que ses derniers dessins manquaient singulièrement d'originalité. Son travail d'illustratrice avait au moins le mérite de stimuler son imagination. Un bon coup de crayon, un respect scrupuleux du cahier des charges et une rigueur dans les dates de rendus.

Et voila le tour était joué.

Machinalement, elle se dirigea vers son frigo. Vide. Et elle ne serait livrée que le lendemain soir. C'était de sa faute, il fallait toujours qu'elle attende le dernier moment pour se décider à faire ses courses. Mais le problème, si elle pouvait le nommer ainsi, était qu'elle n'aimait pas la présence du livreur. Alors Natsuki retardait à chaque fois cette corvée.

Elle râla quand même pour la forme et tendit la main pour attraper la dernière cannette de bière.

Non, elle s'intima. Tu as dit du sport.

Demi-tour. Elle quitta l'espace cuisine, se dévêtit durant sa marche, laissant derrière elle une trainé de vêtement. Un instant d'hésitation, et elle revint sur ses pas, ramassant et pliant son linge. De l'ordre, la base de toute chose.

Quelques minutes plus tard, elle avait enfilé son survêtement et commençait ses étirements.

Une heure d'exercice, une douche, un whisky et au lit avec un bouquin. Son envie de dessiner était partie aussi vite qu'elle était venue.

Elle s'assit sur le banc et débuta ses premières tractions. Pour les arrêter aussitôt. Douleur musculaire. Elle jura dans sa tête, et se dirigea vers son plan de travail. Boite de Vicodin. Un seul cachet. Merde… Elle fixa le médicament d'un air peu avenant. Croissez et multipliez ! Pas de miracle en vue et elle laissa échapper un grognement de dépit.

Dommage, pas de sport ce soir. Elle repartit dans la cuisine. Une dose de whisky pour accompagner son cachet. Et direction son ordinateur.

Connexion sur le site de sa pharmacie. Enregistrement sur son compte. Renouvellement de son ordonnance. Et voila, elle sera livrée le lendemain matin à la première heure.

Shizuru saisit délicatement son portable. 6h30. Et geignit de consternation : avait-elle réellement dormi cette nuit là ? Qu'importe, elle était déjà en retard.

Doucement, elle repoussa les couvertures, attrapa ses affaires et s'enferma dans la salle de bain.

Elle essaya de ne pas croiser son reflet aux yeux hagard de fatigue et se contenta d'une rapide douche. Encore une dure journée qui s'annonce…

Quelques gouttes de Collyre pour rendre son regard moins vitreux, un bon coup de fond de teint et enfin deux aspirines et trois gélules de vitamine C en complément d'un thé corsé, et ca ira nettement mieux après.

Enfin, pour le thé, elle devait encore attendre d'arriver à son travail.

Faisant fi de ce désagrément, elle réajusta son chemisier, lissa les plis de sa jupe et noua ses cheveux châtains en un chignon sévère arrangeant au passage sa frange avant de ressortir discrètement de la pièce d'eau.

« Tu…tu pars déjà ? »

Pas si discrètement que ca finalement.

« Je dois aller travailler. »

La jeune femme qui lui faisait face hocha la tête, visiblement déçue.

« Tu me rappellera ?

- Non. » La réponse abrupte déstabilisa un instant son interlocutrice. Une conquête d'une nuit dont elle se souvenait déjà plus du nom. Ce n'était pas très délicat, mais Shizuru était en retard.

« J'y vais. »

Elle la dépassa sans un regard, happa son sac à main, sa veste et sorti de l'appartement. Automatiquement, elle s'alluma une cigarette, frissonnant dans la fraicheur automnale.

Maintenant, reste à savoir où je suis…

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Il était presque huit heures quand Shizuru arriva enfin à la clinique. Elle entra dans le secteur pharmacologie, salua rapidement ses collègues déjà en poste avant de se diriger dans l'arrière salle.

« Tu as de la chance, Suzushiro-san ne sera pas là ce matin.» Reito, son chef d'équipe, semblait l'attendre.

« Je n'ai rien à me reprocher, Kanzaki-han, il me reste exactement deux minutes pour enfiler ma blouse et me faire un thé. » Elle ponctua sa phrase d'un sourire innocent. Mais sa candeur ne prenait plus avec son supérieur.

« Tu as encore le tampon de la boite de nuit sur ta main. Ca ne fait pas très sérieux.

- Ne t'inquiète pas, ca partira avec un peu de dissolvant.

- Et pour tes cernes ? Vraiment Fujino, tu es un bon élément mais ton dernier semestre…Avec la vie que tu mènes, tes notes dégringolent et tu es de moins en moins performante. Tu vas ruiner ton internat et ta carrière si tu continues comme ca. »

La jeune femme se contenta de hausser les épaules. Pas vraiment dans l'état de se soucier de son futur avec son début de migraine et sa fatigue lancinante. Elle ouvrit son vestiaire et sortit sa blouse.

« Non, pas d'analyse pour toi ce matin. » Elle arrêta son geste, se tourna vers son employeur.

« Tu me licencies ?

- Ne sois pas idiote. Va à la pharmacie et occupe-toi des livraisons de la matinée, ca te fera prendre un peu l'air. Et profite-en pour passer chez toi changer de tenue avant de revenir ici. »

Natsuki se réveilla avec la bouche pâteuse et un mal de crâne carabiné. Alcool et analgésique n'avaient jamais fait un très bon ménage, elle le savait. Mais elle savait également que c'était toujours un remède efficace contre ses douleurs et ses insomnies.

Elle vida les restes de la boite de café dans un filtre et lança sa cafetière.

Un verre d'eau à la main, elle ralluma son ordinateur et consulta ses mails. Hormis la pub, elle en avait deux. Un de son client actuel pour lui confirmer le virement de son salaire. L'autre, d'une édition littéraire qui lui proposait d'illustrer un livre pour enfant.

Pourquoi pas…

Une douche, un café et après elle analyserait correctement cette offre.

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Quelques minutes plus tard, elle se tenait dans sa cuisine, un mug de café brulant dans une main et une liasse de papier dans l'autre.

Un projet intéressant, bien payé…En plus je connais déjà les éditeurs…

Un coup contre sa porte interrompit ses pensées. Natsuki secoua la tête. Le vent, le craquement du bois rien qui vaille la peine de s'inquiéter.

Elle s'apprêtait à reprendre sa lecture, quand le coup redoubla d'intensité.

Les mains moites, Natsuki reposa sa tasse. Pas de panique. Il suffisait juste qu'elle se taise et l'importun finirait bien par s'en aller à un moment ou un autre.

Elle prit une profonde inspiration, essayant de calmer les pulsations affolées de son cœur. Ce n'est pas le moment de faire une crise de panique.

« Kuga Natsuki ? »

Elle manqua de s'évanouir.

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