Depuis que l'on se connait, tes lèvres ont toujours étaient pâles. D'un rose discret qui s'accordait avec ton teint pâle, elles étaient petites et fines. Elles ne bougeaient pas beaucoup, tu n'étais pas un grand bavard. Elles ne s'étiraient pas souvent, il y avait peu de choses qui te faisaient sourire. Moi le premier. Et tu ne pleurais jamais. Même quand il le fallait, pour toi, tu ne le faisais pas. Elles restaient une ligne droite, fine et petite. Des lèvres d'enfants n'avaient pas à être comme ça. Pourtant les tiennes l'étaient. Adultes avant l'âge.
A l'université, elles n'avaient pas tant changée que ça. Elles laissaient des mots les franchirent un peu plus souvent. Elles étaient un peu plus vivantes, oui. Mais j'avais beau essayer, elles continuaient de dissimuler tes émotions en une ligne étroite et immuable.
Quand tu as commencé à mettre ton cache-œil, elles avaient changées en même temps que toi. Ton teint déjà pâle était devenu blanc, et tes lèvres avaient prit une couleur maladive, la peau fine qui les recouvrait dévoilant un réseau bleuté inquiétant. Comme si tu vivais dans le froid permanant. Et affichaient une émotion que je n'aurais jamais cru voir sur toi. De la peur. Bien évidement, tu ne me la montrais jamais, mais parfois je t'apercevais quand tu croyais que je ne te voyais pas, regardais pas. Tes lèvres tremblaient, se pinçaient entre elles pour retenir un quelconque cri quand quelqu'un te frôlait d'un peu trop près.
Les lèvres du toi qui me fais face sont comme ça, agitées de soubresauts. Mais pas seulement à cause de la peur. Tu pleures. Elles ne sont pas visibles, mais je les vois, ces larmes qui dévalent sur tes joues blafardes.
Tes lèvres sont fraiches sous les miennes, mais elles ne tremblent plus. Elles sont abimées, devenant comme du cristal que j'ai peur de casser. Elles sont amères, aussi. Surement à cause du sel des larmes invisibles. Quand je les libère, des dents blanches viennent les mordiller. Et elles sont là, les larmes, les vrais larmes. Roulantes sur ta peau, claires. Rouler entre tes lèvres entrouvertes.
Les miennes s'étirent en un grand sourire avant que je ne t'attire contre moi, nichant ta tête sur mon épaule.
Je ne sens même pas la morsure. Je n'ai pas mal. J'ai déjà perdu toute sensation, après tout.
Lorsque tu me refais face, tes lèvres sont rouges. D'un rouge brillant, vivant.
Et surement chaudes.
Et alors que le noir envahit mon esprit, j'ai une dernière pensée pour toi, Ken.
« Ca y est, tu peux enfin vivre comme ça. »
