Quand Pansy Parkinson se change en écrivain en herbe. Petit OS sur Harry Potter, parce que l'idée m'est venue et qu'elle m'a fait rire. N'hésitez pas à laisser en review vos sentiments, vos remarques, vos conseils. L'univers et les personnages appartiennent naturellement à J.K. Rowling.
Pour lire cette histoire en musique, je ne saurais que vous conseiller la chanson "Paperback Writer" des Beatles.
Pansy Parkinson était cachée dans un coin peu fréquenté de la bibliothèque. Elle utilisait une plume spéciale, qu'elle trempait dans une encre spéciale, pour écrire dans un journal qu'elle avait protégé à coups de charmes, et même de maléfices.
Si elle dissimulait ses activités ainsi, ce n'était pas sans raison.
Elle écrivait un roman moldu.
Oui, la grande Pansy, fière élève de Serpentard, amie des sang-purs les plus virulents, écrivait un roman moldu.
Elle n'appréciait pas forcément ces imbéciles dépourvus de pouvoirs magiques : ils étaient stupides, la plupart du temps. Et totalement dépourvus de sens pratique. Mais il y avait une chose qu'ils faisaient mieux que les sorciers, Pansy n'en avait pas l'ombre d'un doute : écrire des livres. Peut-être que, n'ayant pas de magie pour pimenter leur quotidien, ils utilisaient d'autres moyens, et développaient ainsi leur imagination bien au-delà de ce dont les sorciers étaient capables. Pansy raffolait de la littérature moldue.
Ça lui était tombé dessus comme ça. Au sens littéral du terme. Pansy avait passé un dimanche après-midi chez une vieille tante, ou était-ce une cousine ? Comme dans la plupart des familles de sang-purs, son arbre généalogique était si touffu qu'elle s'y perdait elle-même. Quoi qu'il en fût, la vieille femme était un peu gâteuse et totalement désordonnée. Pansy passait devant une bibliothèque quand un livre lui tomba sur la tête. Ce livre était étrange : il était imprimé sur du papier très fin, et non du parchemin. Et les images de la couverture étaient totalement immobiles.
Un livre moldu.
La vieille tante la convainquit que, si le livre l'avait heurtée, c'est que le destin voulait qu'elle le lise. Pansy s'ennuyait – la vieille tante n'était pas très intéressante – et elle se plongea dans la lecture.
Elle n'aurait jamais cru qu'un livre pût faire un tel effet. L'auteur moldu créait des personnages fabuleux, humains ou non, qui voyageaient dans un monde étrange, et vivaient des aventures extraordinaires.
Ce fut le déclic. Pansy n'arrêta plus de lire des livres moldus. Elle était passée maître dans l'art de fixer une couverture d'un livre sorcier sur un livre moldu, sans qu'il fût possible de discerner la supercherie. Elle trempait le trésor dans l'eau pour que le papier se gondolât et ressemblât davantage à du parchemin.
Elle s'inscrit même en cours d'études des moldus, pour mieux comprendre ce qui, dans les livres, était typique des sociétés sans magie, et ce que les auteurs inventaient de toute pièce. Elle prétendit aux autres Serpentards qu'elle allait en Divination. Aucun Serpentard ne suivait les cours de divination, de toute façon.
S'étant gorgée de fantasy, de science-fiction, et même de romans policiers, elle prit sa décision. Elle allait écrire un livre moldu. Elle l'enverrait par la poste, dans une enveloppe-timbrée, à une maison d'édition moldue. Et elle deviendrait un écrivain célèbre. Sous un pseudonyme, évidemment. Il ne fallait pas que cette satanée Granger se perdît dans une librairie pendant les vacances et tombât sur le livre, elle risquait de tout raconter à l'école entière.
Assise dans son coin de la bibliothèque de Poudlard, elle n'avait jamais été aussi concentrée.
D'abord, il lui fallait un héros. Les héros des romans moldus étaient souvent extraordinaires, complètements atypiques. Mais Pansy ne voulait pas de cela. Son héros serait le moldu le plus moldu de tous les moldus du monde des moldus. Les personnages de romans avaient souvent les yeux d'un noir profond – qui a les yeux noirs ? Personne. Ils avaient les cheveux soyeux et les traits altiers. Pansy ne savait d'ailleurs pas très bien ce que signifiait altier, en pratique. Non, son héros aurait les yeux marron, les cheveux châtains. Le nez un peu épaté, et le front un peu trop fuyant. Oui, un moldu normal.
Il lui fallait aussi un nom. Pansy savait que « Kevin » était à la mode actuellement dans les maternités non-magiques, mais elle n'aimait pas ce prénom, et elle voulait de l'original. Du normal original. Ravie de son concept, Pansy chercha un nom qui lui convint. John ? trop banal. Henry ? pas assez accrocheur. Elle se rappela soudain le célèbre scientifique moldu, Einstein. Son héros se nommerait Albert.
Elle avait décidé, plutôt que d'envoyer son moldu dans le futur, sur la lune ou une autre planète, de placer ses aventures dans ces mondes médiévaux et fantastiques dont ses auteurs favoris raffolaient.
Maintenant, il fallait que son moldu se perde. Les héros des livres étaient toujours perdus. Pansy songea que les moldus ne devaient pas se perdre autant dans la réalité que dans les livres, puisqu'elle n'en avait jamais rencontré aucun qui fût perdu. Ils avaient ce PGS dont la professeure d'étude des moldus avait parlé, ces appareils envoyés dans l'espace et qui indiquaient le chemin à suivre. Ingénieux, quand même, les bougres. Même si Pansy se demandait pourquoi ils n'avaient pas laissé les appareils sur terre, c'était tout de même plus simple pour passer les messages au GSP.
Trêve de plaisanterie, Albert n'avait pas de SGP, il vivait dans un monde médiéval. Et il était perdu. Dans une lande, oui, c'était original ça, une lande. Elle devait ressembler à l'écosse, mais pas trop. Et il devait rencontrer un peuple de farouches cavaliers à demi-sauvages. Pansy se demanda un instant à quoi ressembleraient les montures des farouches cavaliers.
Elle ne pouvait pas avoir recours aux créatures magiques, car elle n'arrivait pas bien à faire la différence entre les croyances moldues et la réalité. Elle savait qu'ils connaissaient griffons et dragons, mais de manière très incorrecte. Non, elle devait avoir recours au bestiaire moldu.
Des chevaux ? Non, trop surfait.
Des éléphants ? Pansy se rappelait que des moldus montaient des éléphants en Inde. Exotique, mais pas assez original.
Des girafes ? Pansy essaya d'imaginer un homme sur une girafe, et se demanda s'il était possible de tenir dessus. Concluant par la négative, elle se décida à trouver autre chose.
Et là, l'illumination. Des rhinocéros. Les farouches cavaliers monteraient des rhinocéros apprivoisés.
Elle jubilait en écrivant les quelques lignes de la rencontre de son moldu avec les chevaucheurs de rhinocéros, lorsqu'elle fut interrompue de la manière la plus brutale qui soit.
- Pansy ? Pourquoi ris-tu toute seule ?
Blaise. « Un bon nom de moldu, Blaise, pensa Pansy. »
Mais Blaise Zabini était tout sauf un moldu, il les détestait même encore plus que Draco. Et c'était quelque chose.
Pansy ferma brusquement son journal, et saisit le manuel de potions qu'elle avait posé sur sa table pour servir de couverture en cas d'arrivée impromptue d'un membre de sa maison.
- Je ris seule, mais je ris jaune. En fait, j'ai oublié le devoir que le professeur Rogue nous a donné pour demain.
Et c'était vrai.
Blaise s'installa à côté d'elle, et Pansy feignit de commencer son devoir. Enfin, elle ne feignit rien du tout, elle fit tout simplement son devoir.
Elle enrageait de devoir laisser là son moldu et les chevaucheurs de rhinocéros. Et tout ça pour faire ses devoirs.
Elle serra les dents, et promit mentalement à Albert de le rejoindre le plus vite possible.
