Bonjour tout le monde !

Février, c'était le Klance AU Month, et pour le 14 précisément, le thème était "Soulmate AU". Comme c'est un AU que j'adore, et même un thème général qui me fascine particulièrement, j'ai décidé d'en faire un OS. En plus à l'occasion de la St Valentin, quoi de mieux qu'un petit One Shot sur mon ship préféré du moment ?

Bref. Le fait est que je me suis un peu laissée emporter et qu'au final, cette histoire sera en deux ou trois parties. Je voulais vraiment sortir la première pour la St Valentin, et je crois que je n'avais jamais écrit aussi vite parce que j'ai réussi à écrire tout ça en seulement deux soirs ! L'histoire est disponible sur l'Amino Voltron francophone où je suis très active, et j'ai décidé de la partager ici aussi. La suite est en cours d'écriture, mais presque finie ;) !

Sur ce, j'espère que ça vous plaira, bonne lecture !


spoiler ! : C'est une fic post-S8, si vous ne l'avez pas vue et que vous ne voulez pas vous faire spoiler, ne lisez pas.

Ah et, je pense que tout le monde l'aura compris mais c'est une romance entre Keith et Lance, donc si ça vous dérange, ne lisez pas non plus.

disclaimer : Voltron ne m'appartient pas, et j'ai inventé le système d'âmes-sœurs de cette histoire en m'inspirant d'autres fanfics, et du roman "La rivière qui coule à l'envers" (ou un truc comme ça je ne me souviens plus très bien j'étais en CM2 quand on me l'a lu).


1.

Juste des veines bleues qui ressortaient sur son poignet. Ce n'était pas particulièrement disgracieux, d'un côté les taches longilignes qui se croisaient en symboles familiers avaient toujours quelque chose de très sensuel, surtout quand elles étaient encore bleues. Des marbrures bleues sur un poignet signifiaient âme libre, cœur à prendre. Lance avait toujours été fasciné par la graphie du cœur, il avait pris Lecture Vénuline en option à l'école et avait ainsi appris à déchiffrer tous les motifs qu'on pouvait retrouver sur les poignets des humains pubères. C'était complexe, mais capital, et pas seulement pour trouver son âme sœur, précisait souvent leur professeur, bien que les veines à son poignet aient déjà rougi.

« Quand vous entendrez votre Phrase, alors vous saurez que c'est la votre. »

Le langage développé des hommes leur permettaient de communiquer les un entre les autres, et leur sens de l'ouïe était étonnamment aiguisé, ainsi, l'entente de certains mots associés à des idées précises provoquait automatiquement une réaction dans le cerveau capable de réveiller l'entendeur d'un sommeil profond voire d'un léger coma, de le faire s'écrouler, pleurer, vomir, ou jouir selon les personnes, l'environnement, et le ton employé. Dans la plupart des cas, ça ne provoquait que quelques gros papillons dans le ventre, une joie intense et un regain d'énergie, beaucoup en avaient les larmes aux yeux, mais Lance avait entendu parler de phrases qui avaient été prononcées dans un contexte moins anodin, plus intime ou dramatique, provoquant d'autres réactions plus extrêmes. Lance connaissait ses mots, il les avait déjà entendus avant même que ceux de son âme sœur n'apparaisse sur son poignet. C'était Abuelita qui les avait prononcés alors que Lance la serrait dans ses bras. La dame d'un âge honorable lui caressait tendrement la tête quand elle avait doucement murmuré : « Ne sois pas triste, Lance. Je resterai toujours dans ton cœur. »

C'était sa Phrase, Lance l'avait tout de suite deviné, car il fut pris de nausées et les larmes redoublèrent, malgré la chaleur qui se dégageait de son cœur. Il était triste et heureux à la fois, et il avait ressenti tout l'amour d'Abuela, pour lui, pour ses frères et sœurs, pour toute la famille qui était présente cet après-midi là. C'étaient ses mots, mais Abuela n'était pas son âme sœur. Abuela était bien trop vieille en premier lieu, les veinules d'âmes sœurs se formant à peu près au même moment, pendant la puberté. Et puis, s'il avait entendu son âme sœur prononcer sa Phrase, ses veines ne seraient pas bleues. C'était la deuxième réaction que pouvaient provoquer l'entente de la Phrase, lorsque les idées étaient associées à la voix de l'âme sœur, qui les portait à son poignet, la réaction était bien décuplée, presque violente selon certains récits, et les veinules perdaient leur teinte verdâtre bleutée, pour des tons plus chauds, qui variaient selon les circonstances de la première saisie. Lance était fier de ses connaissances sur le sujet. Par exemple, des veinules rouge vives annonçaient que la première fois que la Phrase avait été entendue de la bouche de leur âme sœur, la Phrase était sortie du fond du cœur et sans retenue, presque par inadvertance, et sincèrement dirigée vers l'écoutant. Les veinules rouges étaient rares mais c'étaient celles qui avaient provoqué les sensations les plus douces et tendres. Au contraire, des veinules prenaient une teinte violacée si la Phrase était bien prononcée mais pas destinée à l'écoutant. Il y avait tout un spectre sur ce que pouvait signifier la couleur des veines ayant rougi, et Lance, qui était fasciné par le sujet, en connaissait les solides bases et de nombreuses ramifications.

Comme Lance savait déchiffrer la Graphie du cœur, il connaissait aussi la Phrase de son âme sœur. Il la prononçait régulièrement quand il se sentait proche d'une fille, mais ça n'avait jamais eu l'effet espéré, pas même avec Allura. Il avait prononcé la phrase sur son poignet à Allura et elle n'avait pas bronché, comme si elle n'avait rien entendu, ça faisait terriblement mal de la part d'une personne dont on était amoureux, Lance le savait, ce n'était pas la première fois. Et, personne depuis sa Abuela n'avait prononcé sa propre Phrase, ce qui en soi était plutôt une bonne chose. Même s'il trouvait sa Phrase très belle, Lance ne pouvait s'empêcher de la trouver morbide. Après tout, elle annonçait le départ, si ce n'était la mort, très prochain de son âme sœur. Il ne voulait pas vivre près de son âme sœur sans la connaître, et encore moins loin d'elle en la connaissant. Les deux idées s'apparentaient à de la torture, pour lui, même si dans le premier cas tout était inconscient.

Il soupira encore une fois en faisant des petits cercles sur son poignet, sentant la pulsation calme sous sa peau. Elles ressortaient beaucoup aujourd'hui, ses veinules bleues. Lance ne s'en plaignait pas, il aimait bien les sentir avec le bout de ses doigts, et déchiffrer rien qu'à l'aide du toucher. A la base, presque dans le pli de son poignet, où il était un peu chatouilleux, une boucle élégante, reliant deux masses plus importantes. "Nous", l'idée de Toi et de Moi, liés ensemble pour faire "Nous". Puis, des traits plus longs et fins, qui se croisaient minutieusement. "Être", l'idée d'équivalence, de composition ou d'égalité, souvent traduisible par le verbe "Être" conjugué. Ensuite, le chemin se faisait plus sinueux et téméraire, pointu et défiant les observateurs. Lance touchait, donc il ne se faisait pas avoir par cette idée annoncée avec tant d'ardeur sur son bras et pourtant si accessoire. "Bon", l'idée qui améliore celle qu'elle précède, qui enchérit, qui complimente, comme le "Bon" quelque chose. Enfin, la dernière boucle, où les petites veinules se rejoignaient à la moitié de son avant bras. Lance aimait bien cette idée là.

« Qu'est-ce que tu fais ? »

La voix fit sursauter Lance. Il ne s'attendait certainement pas à être interrompu. Quand il reconnut le visage balafré qui lui faisait face, son propre visage s'illumina d'une joie à peine contenue, alors qu'il s'exclamait tout sourire :

« Keith ! Qu'est-ce que tu fais là, je pensais que tu étais en mission ? »

Il avait fière allure, dans son uniforme de chef d'escouade marmoran. Si ses cheveux étaient correctement taillés, Lance pourrait sûrement admettre que Keith était magnifique, mais en attendant, hors de question. En constatant l'enthousiasme de son ami, Keith eut un doux sourire, largement plus timide que son vis à vis.

« Je viens à peine de rentrer, mais on va prochainement faire une escale sur Altéa pour un congrès scientifique entre certains chercheurs de l'Atlas et des Alchimistes Altéens. Je me suis porté volontaire pour faire partie de l'escorte, parce qu'il y aura Shiro et Pidge, et que la nouvelle compagnie de Hunk s'occupera des repas. Je... Caron fera partie du comité d'accueil sur Altéa, ce sera l'occasion de se retrouver à nouveau tous ensemble.

— Wow. Je vois, vous allez bien vous amuser alors. Je suis content pour vous ! »

Lance ne mentait pas, ou qu'à moitié, parce qu'il était réellement ravi pour ses amis, mais l'aventure lui manquait. La ferme à cuba de sa famille était si paisible, malgré les enfants et les animaux qui se couraient après sur les nombreux hectares de terrains en rigolant et en faisant toutes sortes de bruits insupportables. Et s'il tenait à sa famille comme à la prunelle de ses yeux, il adorait également ses amis, et Voltron était comme une deuxième famille pour lui. Ils lui manquaient tous énormément, même s'ils se revoyaient régulièrement chacun leur tour, et que tous les ans ils organisaient la commémoration à la mémoire du sacrifice d'Allura. Cependant, à sa surprise, le visage de Keith sembla se faner, et son petit sourire fondit comme neige au soleil, remplacée par une moue déçue.

« Tu ne veux pas venir ? »

La question prit Lance par surprise. Il avait tendance à oublier à quel point son ami pouvait être maladroit avec ses mots parfois. Keith pensait avoir tourné son discours précédent comme une proposition, et lorsque Lance s'en rendit compte, un poids énorme s'envola de sur ses épaules et son dos, et il se pencha même un peu en arrière pour rigoler de leur maladresse commune. Keith le regardait confus, et le cubain décida de tourner la situation à son avantage.

« Bon, d'accord. Je viendrai à deux conditions.

— Lesquelles ? »

Keith était frétillant d'espoir et c'était assez amusant de le voir ainsi. Pour Lance, Keith avait presque toujours été droit et fier, un modèle solide, un exemple à suivre. La ligne à dépasser. Et au fur et à mesure que Lance avançait, la ligne en faisait autant, alors il ne l'avait jamais dépassée. Il en oubliait parfois que Keith aussi était humain, et que s'il semblait si fort, il avait aussi ses faiblesses et ses failles, surtout sur le plan social, que Lance au contraire maîtrisait avec la virtuosité d'un chef d'orchestre. Il inspira, reprenant de plus en plus confiance en lui tandis que Keith retenait sa respiration, mais s'était tout de même calmé extérieurement.

« Tu dois me laisser couper tes cheveux. Tu ne peux absolument pas te rendre à un congrès scientifique dans cet état, même si c'est en tant que simple escorte ! »

Les yeux argentés de Keith s'écarquillèrent de surprise, mais il acquiesça sans trop discuter. Il détestait devoir aller chez le coiffeur, parce que ça voulait dire parler à un inconnu pour qu'il coupât vos cheveux, les lavât, les coiffât, les examinât... C'était assez intime, et il frissonnait à l'idée de laisser n'importe qui triturer ses cheveux. Pourtant, il savait qu'il devait les couper, les cheveux trop longs étaient gênants, ils accumulaient l'électricité statique, se coinçaient partout, tombaient devant ses yeux, et ils commençaient à peser lourd sur son crâne. Il n'était pas contre une petite coupe, surtout si Lance lui proposait de la faire lui-même. Méfiant, il demanda ensuite quelle était la deuxième condition.

Le cubain prit un moment pour réfléchir. Il savait ce qu'il voulait, mais il chercha à l'exprimer avec les bons mots, afin que ça ne sonne pas trop pathétique ni trop capricieux. Il opta pour un ton cool et désintéressé quand il annonça :

« Tu dois aussi me proposer plus souvent de t'accompagner en mission, l'aventure me manque parfois, et je pourrais t'être plus utile que tu ne le penses. »

Le clin d'œil qui ponctua la fin de la phrase décontenança le chef d'escouade un court instant, avant qu'il ne se reprenne. Il était vraiment content de cet accord en réalité, il trouvait ça dommage que Lance se fût complètement replié sur lui-même suite au sacrifice de la Princesse, mais il avait décidé de respecter la volonté de son ami. Keith pensait que Lance ne voulait plus de l'aventure, mais quand on y avait goûté une fois, elle nous rappelait toujours. Keith ne le savait que trop bien, c'était pour ça qu'il était chef d'escouade à ce jour.

Avec un dernier hochement de tête, deux mains qui se serrent et deux bras qui attrapent le corps en face pour l'enserrer, et un rendez vous pour une coupe radicale de cheveux, leur accord fut scellé, et ils se quittèrent en souriant, satisfaits.

...

Keith était horriblement stressé. Aurait-il dû s'habiller mieux ? Il n'avait mis qu'un simple T-shirt et un jean, mais peut-être était-ce en fait déjà trop ? S'il avait fallu plutôt un vieux haut et un pantalon troué ? Et si Lance le ratait ? Et s'il remarquait ses veinules ? A cette dernière pensée, sa main vint couvrir son poignet, qui le mettait mal à l'aise. Il n'arrivait même pas à lire ses propres inscriptions, la Phrase de son âme sœur. S'il n'arrivait pas à la lire, il ne la prononcerait probablement jamais, et son âme sœur ne le reconnaîtrait alors jamais non plus. Keith ne se souciait pas de ces histoires d'âmes sœurs avant. Il n'était pas intéressé par l'amour ni par la spiritualité, et les nœuds sur son poignet étaient définitivement trop complexes pour le motiver à ne serait-ce qu'essayer d'apprendre à les lire. C'était avant. Avant que les veines bleutées sur son poignet ne tournassent vers un pourpre intense, presque rouge. Il en avait aujourd'hui terriblement honte, bien qu'il essayait de ne pas le montrer. Il parvenait à se convaincre que c'était par pudeur, et que de toutes façons tout le monde s'en foutait, mais Keith savait que Lance remarquerait le rouge vibrant, à peine rosé, qui marbrait son avant bras interne. Lance le remarquerait, car il faisait toujours attention aux détails. Il était un grand romantique qui cherchait son âme sœur avec une ferveur admirable. Il ne pourrait pas ne pas le remarquer, car le rouge était immanquable, attirant l'œil bien plus que le gris-bleuté des veinules qui attendaient encore.

« Prêt ? »

La voix de Lance le sortit subitement de ses pensées, et il sursauta, surpris. Keith regretta d'avoir accepté ses conditions sans se méfier. L'air malicieux du jeune homme, qui portait dans sa main droite de longs ciseaux étincelants aiguisés, n'augurait rien de bon pour Keith et son imposante crinière d'ébène. Nerveusement, il la traversa d'une main pour s'assurer qu'elle fût en ordre. Elle ne l'était pas, bien sûr. Elle ne l'était jamais. Inévitablement, ses doigts se coincèrent dans un nœud dont il n'aurait jamais soupçonné la ténacité.

Keith négligeait ses cheveux, parce qu'il se fichait de son apparence. La plupart du temps il les attachait en une queue basse parce que c'était la seule coiffure qu'il connaissait, et le fait qu'ils ne formassent qu'une seule masse était bien pratique alors qu'il faisait des tours et des tours avec un élastique qu'il avait un jour trouvé au fond d'un tiroir. À force de mauvais traitement et de manque cruel d'attention, la chevelure de Keith était devenue bien moins brillante et douce qu'elle l'avait été, et si Keith pensait que ça lui était égal, il se surprit à avoir honte de l'état lamentable de ses cheveux. Il avait honte, parce qu'il savait que pour Lance contrairement à lui, ce genre de choses étaient importantes. Il avait honte de paraître si négligé face à Lance, qui lui, était toujours impeccable.

En voyant Keith se débattre avec sa propre tignasse, tentant d'arracher ses doigts de la masse noire comme on arrache les mauvaises herbes en jardinant, un rire clair lui échappa. Le demi-galra le fusillait du regard, bien moins amusé par la situation, mais le rire de Lance éclatait toujours et encore, à chaque fois qu'il pensait s'être calmé et qu'il reposait son regard sur son vis-à-vis. Il vola finalement à son secours, parvenant à desserrer suffisamment le nœud pour en écarter avec délicatesse la main qui y était prise au piège. Contrairement à ce que Keith attendait cependant, Lance ne la relâcha pas immédiatement. Il avait cru voir, mais il s'était sûrement trompé... Non. Lance n'en croyait pas ses yeux. Il les voyait peut-être pour la première fois, et sentait le pouls de Keith sous ses doigts fébriles, qui battait un rythme effréné.

« Elles sont tellement rouges...

— Euh... Je, oui. »

Le garçon pâle, mais dont le visage rosissait lentement, aurait aimé donner une réponse plus pertinente et assurée. Il perdait tous ses moyens, sous le regard cobalt scrutateur. Profondément blotti entre ses poumons, eux mêmes protégés par sa cage thoracique affolée, il sentait son cœur s'emballer comme un fou, et le sang lui monter à la tête. Lance n'essayait même pas de déchiffrer la Phrase inscrite sur le poignet blanc. Il observait avec minutie les entrelacs des veinules, fasciné voire hypnotisé par l'harmonie avec laquelle elles dessinaient dans le bras, comme de longues flammes pourpres. Ils avaient tous les deux toujours aimé le feu. Sa chaleur et sa lumière rougeoyante vous envahissait doucement, les flammes qui dansaient joyeusement au centre du camp de vacances, ou sensuellement au creux de la cheminée ; ça avait quelque chose d'apaisant et de tellement serein. Ils s'y étaient pourtant chacun de leur côté brûlés plusieurs fois.

Une réalisation soudaine frappa Lance, l'attristant plus qu'il ne l'aurait cru. Il pensa que c'était dû à la surprise, ça ne l'était pas, et relâcha vivement le poignet qui retomba mollement le long du corps à qui il appartenait.

« Je ne savait pas que tu... Que tu avais déjà... »

La remarque, qui se voulait nonchalante, sonnait comme des excuses maladroites. Keith le coupa vivement d'un « Non ! » légèrement paniqué, avant de recommencer à chercher ses mots, sous l'attention complète de Lance.

« Ce n'est pas... Pas vraiment ? Enfin. Je ne... Je n'ai pas trop envie d'en parler maintenant. »

Il observa avec intérêt les sourcils finement épilés de Lance se rejoindre en s'abaissant, dans une expression confuse, peut-être frustrée, en tous cas insatisfaite. Cependant, malgré tous les signes que Lance montrait probablement inconsciemment, mais qui témoignaient de sa curiosité sur le sujet, il n'insista pas et l'invita plutôt à entrer.

La maison dans laquelle vivait Lance avec sa famille était, elle aussi impeccable. Keith n'aurait pas deviné que des enfants vivaient là avec leurs parents, oncles, tantes, grands parents, grands oncles, arrière grands parents, et des chèvres, des poules, toute une ménagerie en soi, s'il ne les avait pas croisé dans la cour un peu plus tôt. Ce qu'il ne savait pas, c'est que tout le monde s'était activé dans la matinée pour qu'il ne reste plus un grain de poussière sur les meubles, la Mama de Lance voulant faire une bonne impression à l'ancien Leader de son petit dernier. La famille McClain était, comme Lance, chaleureuse et accueillante, quoique taquine. Lance tira finalement Keith dans la grande salle de bains à l'étage, avant de lui expliquer qu'il allait dans un premier temps lui faire un shampoing, et aussi lui passer un baume démêlant ou deux, et peut-être offrir à ces pauvres cheveux le masque nourrissant qu'ils méritaient. Keith était persuadé que ce n'était pas nécessaire, mais en se rappelant l'accident qu'il avait eu simplement en y passant la main, il changea légèrement d'avis et s'abstint de tout autre commentaire qu'une question posée par simple prudence, mais qui ressemblait plus à une affirmation qu'à une réelle interrogation :

« Tu sais ce que tu fais ?

— Fais moi confiance ! C'est moi qui coiffe ma nièce tous les vendredis soirs quand elle sort de la douche après ses cours de danse. Je peux te dire que tes nœuds à côtés, c'est du menu fretin. »

Keith n'était pas convaincu, et avec raison, Lance exagérait complètement dans le seul but de mettre son ami en confiance. Il l'installa sur une chaise qu'il avait préparé, et commença à faire couler l'eau du robinet.

« Elle aime bien que je sois celui qui s'occupe de ses cheveux. Elle m'a nommé le Cheveulier. »

La contraction fit pouffer Keith entre ses lèvres pincées, avant qu'il ne se raidisse complètement en sentant un jet d'eau tiède humidifier ses cheveux. Le poids de l'eau qu'ils buvaient s'additionna à leur propre masse naturelle, les faisant coller et peser désagréablement sur son crâne. Huit doigts fins se posèrent ensuite sans prévenir en couronne dans ses cheveux, et deux pouces au centre. La sensations était étrange, mais elle devint rapidement relaxante alors que les doigts de Lance commençaient à masser le cuir chevelu en effectuant des petits cercles, descendant vers la nuque mais ne l'atteignant jamais, continuant plutôt sa route le long des cheveux qu'ils faisaient de leur mieux pour dés-emmêler avec l'aide du jet d'eau. Bien que Keith n'était pas très sensible du cuir chevelu, il grimaça plusieurs fois en sentant certains nœuds être tirés involontairement par les doigts qui continuaient de descendre le long de la sinueuse cascade noire. Quand les cheveux furent bien humides, Lance appliqua le premier produit, qui avait un bonne odeur, proche de la noix de coco.

« Tu me fais confiance pour les parfums ?

— Tu ferais mieux de ne pas faire n'importe quoi ! »

Lance gloussa derrière lui en faisant mousser le produit sur son crâne. En vérité, Keith ne se souciait pas du parfum, tant que Lance ne lui étalait pas de la merde ou de l'acide sulfurique sur la tête, peu lui importait.

« Tu sentiras bon comme un nourrisson !

— Ça sent bon un bébé ?

— ... Non. Pas vraiment. Mais il me fallait une rime ! »

Lance était enthousiaste, il avait l'air de s'amuser à la tâche. Keith, lui, profitait de la sensation des doigts de Lance massant son crâne et parfois ses tempes, apaisant les maux de têtes dont il n'avait même pas conscience, et luttant vaillamment contre les nœuds. Il ferma les yeux. L'eau était maintenant agréablement chaude, et ses cheveux ne lui paraissaient plus si lourds. Bien que la mousse ait été rincée, l'odeur de la noix de coco persistait discrètement, tandis que les doigts de la main de Lance qui n'étaient pas occupés à tenir le jet continuaient de masser. Keith était à présent complètement détendu, alors le masseur improvisé en profita pour relancer un sujet, certes glissant, mais qui lui tenait à cœur. Il prit une profonde inspiration pour se donner plus d'assurance.

« Alors, c'était comment ? »

Keith, à moitié assoupi, se contenta de grogner de contentement, ce qui fit encore pouffer Lance.

« Bien sûr que mes massages crâniens sont fabuleux. Je parlais de ton âme sœur. Les veinules rouges, c'est exceptionnel ! Comment ça s'est passé ? »

Il y eut un assez long moment de silence pendant lequel Lance craignit d'avoir été trop intrusif. Il crut sincèrement que Keith n'allais pas répondre, et l'anticipation d'une réponse qui ne venait pas avait fait stopper tout mouvement de ses doigts, ce qui réveilla suffisamment le brun pour qu'il réponde enfin, le ton las et endormi :

« J'ai sauvé sa vie. On s'est sauvés la vie, puis l'ai pris dans mes bras, et en m'regardant dans les yeux, l'a sorti ma Phrase. Fin.

— Elle est morte ?

— Non ! Mais... Elle, était sévèrement blessée. Aujourd'hui, elle s'en est complètement remis. »

L'élocution de Keith avait quelque chose de bizarre, et ce n'était plus dû à un quelconque endormissement. Le cœur de Lance se tordit traîtreusement dans sa poitrine alors qu'il continuait son interrogatoire :

« Félicitations, alors. Ça doit être bien d'avoir quelqu'un sur qui on peut toujours compter, quelqu'un pour nous soutenir coûte que coûte, quelqu'un...

— Lance ! Je ne suis pas... En couple, avec la personne qui a fait rougir mes veinules. On ne se voit pas très souvent, même.

— Oh. Oui. La Lame doit désapprouver ce genre de relations entre-membres. Qui est-ce ? Oh, je suis sûr que c'est Acxa ! »

Le ton excité de Lance qui se voulait gentiment taquin ne faisait qu'exaspérer Keith toujours plus.

« Non ! Lance, non ! Bien sûr que non ce n'est pas Acxa. Ce n'est pas une lame, et on n'est pas ensemble, parce qu'on n'arrive pas à réellement s'entendre et qu'en plus, quand j'ai voulu lui en reparler quand elle a été de nouveau sur pieds, elle avait tout oublié ! »

Le ton de Keith s'était fait de plus en plus douloureux alors qu'il avançait dans sa tirade, la torture d'années à regarder son âme sœur de loin sans la toucher, comme les belles flammes, pour ne pas se brûler ; ressortant en frustration explosive. Les mains de Lance se réanimèrent dans le but d'apaiser son ami, étalant un énième produit non-moussant.

« Pardon, pardon. Je ne savais pas, ne t'énerve pas. Ça a dû être dur pour toi, désolé. »

Keith ne dit rien, et Lance continua d'étaler le démêlant, espérant qu'il délie aussi la langue de son ami qui, visiblement, en avait gros sur le cœur. Sa curiosité le rongeait de l'intérieur, il devait la laisser un peu sortir, même s'il n'obtenait aucune réponse il aurait la satisfaction d'avoir essayé.

« Si c'est pas une Lame, du coup, c'est qui ?

— ... Quelqu'un.

— Ben, ouais, mais quelqu'un qui ?

— Je ne vais pas te le dire !

— Pourquoi ?

— Parce que, j'en n'ai pas envie. »

Lance accepta finalement le silence de son vis-à-vis. Le souvenir était probablement douloureux. Il se pencha un peu en avant pour demander quand même :

« C'était quoi alors, ta Phrase ?

— ... J'ai oublié.

— Quoi ?! Allez, ça s'oublie pas ce genre de trucs, c'est important. On peut te réveiller d'un coma tu sais, ou relancer ton cœur !

— N'insiste pas ! »

Il grommela, mais accepta tout de même ce nouveau refus, finissant de rincer les cheveux maintenant propres un peu plus rudement qu'il n'avait commencé. Keith ne manqua pas de remarquer ce changement, mais resta muet comme une tombe, même pendant que le cubain essorait un peu trop fort les mèches noires, qu'il enroulait avec plus de douceur une serviette sur ses épaules et son dos, et qu'il attrapait le peigne pour le prévenir avec un ton un peu inquiet :

« Tes cheveux sont encore pas mal emmêlés donc ça risque de tirer un peu. Je vais essayer de ne pas te faire mal, mais j'espère quand même que tu ne crains pas autant que Nadia ! »

La référence à la jeune nièce allégea considérablement l'ambiance, et bien que Keith ne craignait pas trop qu'on lui tirât les cheveux, il grimaça quelques fois. Quand la longue chevelure fut entièrement peignée, encore humide des soins qu'elle avait reçus, qu'elle sentait bon la noix de coco et les autres parfums des divers produits utilisés par Lance, ce dernier contempla son œuvre avec fierté. La cascade sombre était harmonieuse, brillante et raide, tranchant le long de la serviette blanche, allant chatouiller le dossier de la chaise du bout des pointes fourchues. Il se retint de jurer à ce constat. Les cheveux étaient très abîmés, et les fourches étaient énormes.

Les ciseaux en main, il fut pris d'une affreuse hésitation qui fit presque trembler ses doigts. Quelle longueur ? Il avait toujours dit que les cheveux de Keith étaient horribles, mais finalement il avait appris à l'apprécier avec les cheveux longs et cet horrible mulet. Mais Lance ne savait pas faire les mulets, et il était absolument hors de question qu'il s'abaissât à en laisser un à Keith. Il commença par couper net au niveau des omoplates, les cheveux en dessous étant de toutes façons trop abîmés pour en faire quoi que ce fût. Une idée germa dans son esprit, mais en premier il devait vérifier. Et il ne voulait pas que Keith se voie alors il l'avait tourné dos au miroir. Il contourna son sujet, le scrutant de près, en réfléchissant. Keith haussa un sourcil, d'une manière que Lance trouva anormalement gracieuse, mais il se re-concentra rapidement. Quelques coups de ciseaux plus tard, et après quelques vannes sur le sujet, Lance attrapa un élastique dans un des petits casiers sur la commode de la salle de bains. Il commença à tirer les cheveux à l'aide du peigne et de ses pleines mains, et fabriqua quelque chose que Keith ne pouvait pas voir.

« Qu'est-ce que tu fais ?

— Étonnamment, tu as les cheveux bien plus volumineux que Nadia. C'est très agréable à coiffer. »

Cette caractéristique était probablement due à son sang Galra. Les cheveux de Lotor avaient l'air toujours tellement parfaits, et ceux de Krolia semblaient doux comme du duvet. Kolivan avait lui aussi, de longs cheveux brillants et toujours bien coiffés malgré son âge avancé, et Lance se souvenait avoir fait des cauchemars sur la douceur apparente et l'épaisseur de la fourrure de Sendak. Il termina sa tresse sans s'en rendre compte, et l'enroula sur elle même en un chignon haut. Quand il retourna le siège, Keith pensa à une ballerine. Cependant Lance parla le premier :

« Un vrai samurai ! »

Un tendre sourire se dessina sur le visage de Keith, à l'entente de ce nom. Il avait toujours aimé quand Lance le surnommait comme ça, et le fait qu'il se souvienne de ce petit surnom qu'il n'avait pourtant, utilisé que deux ou trois fois à l'époque de Voltron, le toucha énormément.

Le départ était prévu pour l'après-midi même.

...


C'est tout, j'espère que ça vous a plu !
J'aime bien les cheveux. Voilà.

A la prochaine, laissez une review pour me dire ce que vous en avez pensé, et portez vous bien !