Hello ! Revoilà Elisa, comme promis, pour le tome 3 de la saga ! Spéciale dédicace à DreamerInTheSky, qui est la raison pour laquelle je poste aujourd'hui et non pas la semaine prochaine x)

Pour ceux qui ne savent pas où ils sont tombés, cette fic est la continuation de deux fanfictions (les tomes 1 et 2 de la saga), et je vous conseille de commencer par là x) Sinon vous risquez d'avoir du mal à suivre, car le canon a déjà subit d'importantes modifications...

Pour les autres : déjà, re-bienvenue dans les aventures de ma Self-Insert préférée, mwahahaha x) C'est à partir du tome 3 que l'écriture devient un défi, car Elisa a été affecté par le journal de Jedusor et sa personnalité en a été modifiée. Je ne peux donc plus baser ses réactions ou ses planifications sur ce que je ferai, parce qu'Elisa a désormais plus de cran que moi, plus de froideur, et plus d'amour du défi. Cela dit, elle reste notre bonne vieille "Magister" accro aux inventions en tout genre, et j'espère qu'elle vous plaira toujours !

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Si vous vous replongez dans cette fic après un long hiatus ou des vacances, voici donc un petit résumé pour vous remettre dans le bain :

Elisabeth Bishop (dite "Elisa") s'est réincarnée dans l'univers d'Harry Potter : elle a deux ans (et demi) de plus que le Survivant), elle est pleine d'idéalisme et d'idées brillantes sur comment améliorer l'univers de JKR, et elle a très vite décidé de changer le monde. Même si elle a oublié plusieurs détails du canon (qu'elle surnomme aussi "le destin"), Elisa a quand même une assez bonne idée de ce qui devrait se passer, et s'efforce donc de mettre le holà aux grandes catastrophes. Elle a amélioré les relations inter-Maisons, a créé un Club d'Education Moldue, a pratiquement adopté Harry et lui a évité de retourner chez les Dursley... Elle a aussi inondé Poudlard de ses diverses inventions : la plume rechargeable, le MagicoGlisseur, etc. Et, avec une bande de diplômés de Poudlard, elle projette de fonder une école pour Cracmols.

Cela dit, Elisa a aussi subi quelques dérapages. Elle a sauvé Ginny du journal de Tom mais, comme une nouille, elle a écrit dedans et c'est elle qui s'est retrouvé sous l'emprise de Jedusor. Elle n'a pas ouvert la Chambre des Secrets (c'est Drago Malefoy qui a ait ça, quand il a trouvé le journal en décembre après qu'Elisa l'ai perdu), mais elle a passé quatre mois avec Voldemort dans sa tête, modifiant son esprit et altérant son mode de pensée sans qu'elle s'en rende compte. Elisa a beau soutenir qu'elle est complètement remise, c'est un traumatisme qui n'est pas près de s'effacer.

Mais voilà : le Basilic est mort, Harry a sauvé tout le monde, Narcissa et Lucius ont divorcés avec pertes et fracas, et une source mystérieuse a révélé au monde entier que Voldemort était un Sang-Mêlé né dans la misère, ce qui a sacrément refroidi son mythe de Seigneur des Ténèbres. A présent, les élèves de Poudlard espèrent que l'année scolaire 1993 - 1994 sera paisible. Ah ah. Qu'ils sont naïfs. Après tout, Sirius Black vient de s'échapper...

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Tadam ! J'espère que ça vous a rafraîchi la mémoire. Je vous rappelle également que des notes détaillées sur certains personnages sont disponibles dans La Salle sur Demande, le groupe fb que j'administre et qui est centré sur Harry Potter. De plus, à partir de la semaine prochaine (comme je posterai le chapitre 1), j'organiserai également des "votes" comme dans le tome 2 : vous choisissez votre perso préféré dans une liste, et je vous parle de lui !

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Mais bref, assez bavassé. Je ne vous fait pas languir plus longtemps... Voici le prologue ! Enjoy !

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Prologue

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Assise à une table baignée par le soleil, Elisabeth Bishop était plongée dans la lecture d'un bouquin passionnant sur le tissage de sort pratiqué au Brésil par le chant et la musique, lorsque son amie Trisha surgit de nulle part et lui sauta dessus :

– Elisa ! J'ai besoin de toi !

Elisa jeta un regard plein de regret à son grimoire. Mais, eh, elle était une Poufsouffle, pas une Serdaigle. Les amis passaient avant les bouquins, et elle referma son livre (non sans avoir glissé un marque-page à l'endroit où elle s'était interrompue) avant de lever les yeux vers sa meilleure amie.

– Si tu veux tuer ton petit frère, je te préviens, j'ai peur de la prison.

– Ça veut dire que tu ne m'aideras pas ? se vexa Trisha.

– Bien sûr que je t'aiderai ! Je dis juste qu'il faudra penser à faire accuser quelqu'un d'autre pour pouvoir échapper à la justice.

Le visage de Trisha s'éclaira :

– T'es une vraie amie. Mais non, je n'ai pas besoin de toi pour faire la peau à Isaac. Par contre, il faut que tu m'aides à convaincre mes parents de me laisser aller du côté Moldu, et ils ne me laisseront jamais y aller toute seule. Viens avec moi au cinéma ! Il paraît que Jurassic Park est trop bien !

Elisa haussa très haut les sourcils. Effectivement, dans sa vie antérieure, elle avait aimé Jurassic Park autant que Star Wars. Cela dit, ses souvenirs du film commençaient à s'effacer. Elle avait surtout cultivé sa mémoire en ce qui concernait l'univers dans lequel elle avait été réincarnée, après tout.

Elisa jeta un coup d'œil autour d'elles. Trisha et elle-même se trouvaient à la terrasse de la confiserie Buttermere, la boutique des parents de Trisha, qui faisait des glaces et des crêpes autant que des bonbons. C'était un endroit relativement animé, et normalement Elisa aurait préféré se réfugier plus au calme. Dans sa chambre, pour bouquiner ou potasser ses notes top-secrètes sur le futur (qu'il s'agisse des Horcruxes, du déroulement de la guerre, ou des accidents qu'elle pouvait prévenir). Dans son atelier, pour travailler sur les MagicoGlisseurs qu'elle vendait à Poudlard pour le prix d'un balai de course, et avec lesquels elle était en train d'amasser une vraie fortune. Ou chez elle en général : le Cottage des Erables étaient empli d'un capharnaüm d'artefacts et d'objets enchantés ramenés du monde entier, et Elisa trouvait toujours à s'occuper.

Si Elisa était sur le Chemin de Traverse, cependant, c'était pour une bonne raison. La rentrée scolaire avait lieu dans deux semaines, et Elisa avait fort à faire avant de se retrouver coincée à Poudlard. Elle passait donc régulièrement sur la rue sorcière de Londres. Et aujourd'hui, après avoir fait ce pour quoi elle était venue (à savoir discuter affaire avec Gwendolyn, son associée fantasque), Elisa s'était fait une petite pause en terrasse de la confiserie des parents de sa meilleure amie.

– Tu ne veux pas t'amuser un peu avant de retourner à l'école ? tenta Trisha comme si elle avait lu dans ses pensées.

– On s'amuse très bien à l'école ! se défendit Elisa.

Trisha croisa les bras d'un air indigné :

– Toi, peut-être, Magister. Mais certains d'entre nous trouvent que regarder des dinosaures bouffer des gens est plus marrant que de copier des lignes en cours de Potions.

Elisa fit la moue. Quel tableau pessimiste ! La plupart des gens traînaient les pieds à l'idée d'aller à l'école, mais Elisa ne tenait jamais en place à l'approche de la rentrée.

Elle adorait les cours, surtout ceux de Sortilèges. Elle adorait passer du temps avec ses amis. Elle adorait son dortoir et sa salle commune, leurs couleurs chaudes et leurs atmosphères confortables. Elle adorait participer à la gestion du Club d'Éducation Moldue, aussi. C'était un club qu'elle avait monté avec un de ses amis afin de permettre aux élèves qui le désiraient de continuer à apprendre la physique-chimie, les sciences, ou l'Histoire. A Poudlard, Elisa était considérée comme une sorte de gourou de l'éducation, perpétuellement obsédée par l'apprentissage de nouvelles choses et le fait d'avoir un enseignement de qualité…

D'ailleurs, les gens la surnommaient « Magister » à cause de ça. Ce surnom moqueur avait fini par lui plaire, et désormais elle le portait aussi fièrement qu'un titre. Ça avait quand même du bon, d'être populaire à l'école.

Oui, Elisa adorait Poudlard. Elle adorait participer au Challenge, le club de duel secret organisé par son amie Helen, où toute sa promotion s'éclatait à se jeter des sorts une fois par mois. Elle adorait frimer auprès des profs quand elle maîtrisait un nouveau sort, et frimer auprès des élèves quand elle mettait au point une nouvelle invention. Et enfin, elle anticipait avec beaucoup d'enthousiasme une année scolaire où Voldemort ne viendrait pas pointer le bout de son nez.

Car Poudlard était un endroit assez dangereux. Et en plus, le poste de professeur de Défense contre les Forces du Mal était maudit. Jusque-là, Elisa avait eu comme enseignants un taré paranoïaque, un quasi-Cracmol incapable de magie, un dément possédé par le fantôme d'un mage noir, et un escroc qui avait attaqué plus de cinquante personnes avant d'être découvert.

Normal.

Mais bref. Cette année, Elisa était sûre que Voldemort ne pointerait pas le bout de son nez, et que leur prof serait compétent. C'était utile, de connaitre l'avenir.

Mais bon. C'était utile, mais ça lui mettait beaucoup la pression, aussi. En effet, dès qu'elle avait réalisé qu'elle avait été réincarnée dans cet univers, Elisa avait immédiatement décidé que ce monde avait besoin de sacrées améliorations. Entre les préjudices entre les Maisons et entre les sorciers au sang "impur", l'égoïsme des sorciers, la guerre, la malchance… Non, elle n'en voulait définitivement pas. Et donc elle avait décidé de changer le destin.

Dans ce domaine, elle s'en tirait plutôt bien, d'ailleurs. Le Club d'Éducation Moldu (ou CEM pour les intimes), son trafic de livres de fiction Moldue qu'elle faisait circuler dans toute l'école, le Challenge, ses inventions, ses projets, ses relations dans les différentes Maisons, ses efforts pour atténuer les préjudices à l'école… Rien de tout ça n'avait existé dans le canon. Et Elisa croyait fermement que, même si ça ne semblait pas beaucoup, ça rendait le monde meilleur.

– D'accord, finit-elle par céder. Je veux bien aller voir Jurassic Park.

Trisha sautilla sur place, ravie, et Elisa ne put s'empêcher de sourire :

– Qui t'en a parlé ? Il est sorti assez récemment, tout de même.

– Adrian Pucey, rit Trisha. Apparemment Terence et lui se sont fait une journée cinéma il y a quelques semaines, dans le dos de leurs parents. Il me l'a raconté quand il est venu acheter ses affaires pour Poudlard, avant-hier.

Elisa secoua la tête. Adrian Pucey était un Sang-Pur, mais il était pratiquement soudé à la hanche avec Terence Higgs, un Sang-Mêlé. Leurs parents avaient l'air de désapprouver leur relation, mais les deux amis Serpentard arrivaient toujours à se retrouver pendant l'été.

– Tu as vu d'autres personnes ? demanda Elisa. J'ai vu Cédric, Luna et les Weasley à Loutry St Chaspoule… Mais jusque-là, toi, Harry et Gwendolyn, vous êtes les seules personnes que j'ai revues sur le Chemin de Traverse.

– Tu as un mauvais timing, déplora Trisha. Heather est venue hier pour acheter ses affaires. J'ai croisé Rhonda et Helen vendredi à Fleury et Bott, elles étaient en train de faire des suppositions sur quel genre de clown on aurait en prof de Défense…

Elisa masqua un rire nerveux sous une toux feinte. Le professeur Lupin était compétent, Merlin soit loué (Elisa et sa promotion passaient quand même leurs BUSES cette année !). Mais c'était quand même un loup-garou, et si les élèves de Poudlard se mettaient à faire des paris sur les bizarreries de leur enseignant, l'un d'eux risquait fort de découvrir le pot aux roses.

– J'ai vu les Carrow, continua Trisha. Je n'ai pas pu parler aux jumelles, cela dit : elles ont fait semblant de ne pas me connaître.

– Elles font croire à leur père qu'elles ne fréquentent que des Sang-Purs bigots, soupira Elisa. Elles ne peuvent même pas recevoir de lettres de Luna, de peur que leurs parents les interceptent.

L'amitié de Luna avec Flora et Hestia Carrow était un changement du canon assez inattendu, et Elisa ne savait pas encore si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Luna, Flora et Hestia s'entendaient très bien : mais si le père Mangemort des jumelles découvrait que ses filles s'éloignaient du droit chemin, ça risquait de leur exploser à la figure.

A vrai dire, tout ce qu'Elisa faisait (volontairement ou accidentellement) risquait de lui exploser à la figure un jour ou l'autre. Des fois, elle se demandait sérieusement si elle ne se lançait pas dans un truc qui la dépassait.

– J'ai vu pas mal de membres du CEM aussi, poursuivit Trisha. Aaron Woodbridge, Marietta Edgecombe, etc. Tracey Davies est passée avec sa famille, et elle a un peu discuté avec Harry en passant. Et puis ton fan-club habituel : Sun-Min, Edgar, Zacharias, Susan. Ils m'ont demandé de tes nouvelles.

Elisa roula des yeux. L'année dernière, elle s'était brièvement forgé une réputation de caïd du duel en puisant dans les conseils de Tom Jedusor. Ce qui n'avait pas été la décision la plus intelligente de sa vie, il fallait l'admettre… Elle essayait toujours de ne pas penser à l'impression de souillure qui lui serrait la gorge quand elle se souvenait de ça. Elle n'avait pas ouvert la Chambre des Secrets, mais utiliser l'Horcruxe l'avait influencée. Pire : il l'avait changée. Comme si Tom avait laissé son empreinte sur elle.

Elle secoua la tête. Il fallait qu'elle voie le côté positif de la chose. Par exemple, le fait que les jeunes élèves de Poufsouffle la considèrent comme un modèle. Et que quand elle avait maîtrisé le Patronus, ils s'étaient tous mis à l'imiter… C'était un fan-club, en fait.

Elle était en train de devenir Viktor Krum. Au secours.

Elisa grimaça à cette idée, secoua la tête pour chasser cette comparaison bizarre de son esprit, et changea de sujet :

– Pourquoi tu as besoin de moi pour convaincre tes parents de nous laisser aller au ciné ? Et puis, ils n'ont pas besoin de toi à la boutique ?

Trisha esquissa un geste vague en direction de l'intérieur. Il n'y avait pas beaucoup de clients. En effet, à la fin du mois d'août, les gens circulaient surtout dans la partie nord du Chemin de Traverse, plus proche du Chaudron Baveur. C'était dans cette zone qu'on trouvait les magasins de fournitures scolaires… Et le glacier le plus proche était celui de Florian Fortarôme. Peu de gens pressés et encombrés d'achats se donnaient la peine de faire deux cent mètres de plus pour tourner à l'angle de la rue et aller chez les Buttermere.

– Je suis tranquille, c'est l'heure de ma pause. Mais mes parents me suspectent toujours de tirer au flanc, et puis, ils pensent que tu es l'incarnation même du sérieux dans les études. Ils t'écouteront, c'est sûr.

Elisa était donc à court d'arguments. Elle haussa les épaules, et rangea son bouquin dans son sac à main (nom pompeux qu'elle donnait à une vieille besace de cuir usé, couverte de pin's et d'autocollants). Elle y trimballait en permanence tout un assortiment d'outils qui allaient du briquet à la pince coupante, en passant par une amulette de chance et trois couteaux de jet.

Elisa ne se considérait pas comme quelqu'un de belliqueux, mais elle s'était mise au lancer de couteaux l'année dernière, et elle trouvait ça vraiment rassurant d'avoir quelques lames à portée de main.

– Tu peux passer pour une Moldue ? demanda-t-elle à Trisha en jetant un regard critique à sa tenue.

Trisha acquiesça : elle portait une robe bleue sous son tablier, ainsi que des sandales qui révélaient ses orteils aux ongles vernis de rose. Sa baguette était glissée dans une longue poche spéciale cousue sur le côté de sa jupe. Rien de trop extravaguant. Il faisait chaud, alors Elisa aussi s'était habillée à la Moldue aujourd'hui : débardeur jaune, pantalon de toile, et ballerines multicolores. Le seul élément qui dénotait son appartenance au monde des sorciers était le bandeau qui tenait ses cheveux, aux couleurs de Poufsouffle : et l'étui à baguette accroché à sa ceinture.

– Alors c'est parti, décida Elisa.

Elle poussa la porte de la confiserie, Trisha sur ses talons, et chercha du regard les parents de son amie. Mrs Buttermere était occupée au comptoir, mais son époux était en train de vérifier le niveau de leurs grands bocaux de verre remplis de sucreries. Elisa se composa rapidement un discours dans sa tête, afficha son plus beau sourire innocent, et se dirigea droit vers lui.

– Mr Buttermere ? Est-ce que je peux emmener Trisha du côté Moldu pour voir un film ?

Le confiseur hésita, son regard allant d'Elisa à sa fille, puis fronça les sourcils :

– C'est très gentil de ta part, Elisa, mais je ne sais pas si c'est très prudent. Au moins, du côté sorcier, il y a des Aurors.

Le visage de Trisha s'affaissa. Elisa, elle, faillit se frapper le front de consternation devant sa propre stupidité.

Quelle cruche. Elle avait complètement oublié la paranoïa générée par l'évasion de Sirius Black !

Bon, elle avait une excuse : elle avait arrêté de lire le journal. En effet, au début de l'été, les journaux ne parlaient que de Lockhart (condamné à trente ans à Azkaban suite à l'aveu de ses multiples agressions), puis des origines de Voldemort (et de son passé en tant que Tom Jedusor, fils de Moldu). Or Elisa connaissait l'histoire par cœur. En effet, c'était elle qui avait rassemblé les preuves de l'ascendance de Tom et qui, par l'intermédiaire des Malefoy, l'avait envoyé anonymement à la Gazette. Les journaux n'avaient fait que ressasser la même chose durant des semaines, après ça. Elisa avait donc un peu cessé de suivre l'actualité. Elle avait bien d'autres sujets de préoccupations, de toute façon.

Oh, elle avait entendu parler de l'évasion de Sirius Black, bien sûr. Mais comme elle ne lisait plus le journal, ça lui était un peu sorti de l'esprit. Elle n'en revenait pas d'avoir été aussi distraite. C'était pourtant un élément essentiel du canon. Cet été, elle avait même soigneusement réfléchi à comment gérer les intrusions de Sirius au château !

– Black n'a pas été vu dans la région, argumenta-t-elle sans cesser de sourire. Je suis sûre qu'on sera en parfaite sécurité.

Et en plus, Elisa savait que Sirius était innocent… Mais elle pouvait difficilement expliquer ça aux gens.

– Ce n'est pas une raison pour baisser sa garde, contra Mr Buttermere. La Gazette a annoncé qu'il continuerait d'y avoir des Aurors en patrouille jusqu'à la rentrée scolaire. Si le Ministère se montre aussi prudent, c'est qu'il y a sans doute un risque.

Ils étaient sans doute là plus pour surveiller le Survivant que pour protéger les badauds du Chemin de Traverse, songea Elisa.

Cette année, Harry Potter avait passé le début de l'été chez elle, comme tous les ans (l'une des missions qu'Elisa s'était fixée avait été d'arracher Harry à sa famille abusive, après tout). Puis, quand Elisa et sa mère s'étaient embarquées fin juillet pour une expédition en Inde, le jeune Potter avait déménagé chez Gwendolyn Bowman, une amie qui tenait une boutique sur le Chemin de Traverse. Cet arrangement était supposé être temporaire, mais… Harry avait tellement aimé vivre au milieu des sorciers et de l'activité de la célèbre rue enchantée qu'il y était resté.

Le Ministère devait être ravi de pouvoir garder le Survivant sous surveillance, plutôt que de devoir faire confiance à Dumbledore qui leur assurait qu'Harry était en sécurité. Alors s'il y avait des Aurors, c'était sûrement pour protéger Harry, pas parce que Sirius avait été vu dans la région.

– Le Ministère est juste prudent, se contenta-t-elle de dire. Mais je doute que Sirius Black ose attaquer l'endroit le plus grouillant de sorciers du pays ! Un fugitif, ça tente d'être discret, normalement…

– Un fugitif sain d'esprit peut-être, marmonna Mr Buttermere. Mais Black est fou, c'est connu.

Elisa grimaça. Cet angle d'approche ne les menait à rien. Heureusement, Trisha intervint, passant un bras autour des épaules d'Elisa :

– Allez, Papa ! On sera très prudentes, promis.

– Ce n'est pas toujours suffisant, rétorqua sérieusement son père. Et je pense que tes parents seraient d'accord, Elisa !

La jeune fille se mordit la lèvre. Mr Buttermere n'avait pas tort… Depuis qu'elle avait failli se faire tuer en mai dernier (par Lockhart, qui avait tenté de se débarrasser de témoins gênants en les jetant dans la Chambre des Secrets), ses parents étaient beaucoup plus protecteurs. Son père était à l'étranger à cause de son travail de pilote de ligne : mais sa mère astrologue lisait les cartes et les étoiles tous les jours pour s'assurer qu'aucun danger ne guettait sa fille chérie.

Et l'évasion de Sirius Black n'arrangeait rien. Tout ce que les gens savaient de lui, c'était qu'il venait d'une famille adepte de la magie noire, qu'il avait tué treize personnes avec un seul sort, et qu'il avait réussi à échapper aux Détraqueurs, les créatures des ténèbres les plus terrifiantes qui soient. Ce n'était pas un portrait très rassurant.

Elisa décida de changer d'angle d'attaque. Après tout, si la vérité ne marchait pas, pourquoi ne pas adoucir les angles avec quelques petits arrangements ?

– Le cinéma est à quatre rues du Chaudron Baveur. C'est assez proche pour être encore surveillé par les Aurors qui sont du côté Moldu.

C'était complètement faux. Pour être allé du côté Moldu plusieurs fois cet été, Elisa savait qu'il y avait peut-être deux Aurors postés dans la rue du Chaudron Baveur, mais pas davantage. Cependant, Mr Buttermere eut l'air plus enclin à les écouter. Et Trisha en rajouta une couche :

– On ira juste à la séance du film, on ne traînera pas en route. Et on gardera toujours nos baguettes sur nous. Et au moindre problème, on se cache !

– Et puis on pourra prévenir les renforts plus vite que n'importe qui si on voit quelque chose de suspect, pointa Elisa avec une certaine mesure d'orgueil. On est les deux seules élèves de Poudlard à maîtriser le Patronus, après tout.

Quoique. Vu qu'Elisa avait initié presque toute sa Maison à ce sort l'année dernière, elle ne doutait pas qu'à la rentrée, il y a aurait plusieurs dizaines de personnes familières avec ce puissant sortilège protecteur. Mais pour l'instant, seules Elisa et Trisha étaient bien connues pour communiquer entre elles par Patronus quand elles étaient éloignées. Leurs parents respectifs avaient été témoins de cet exploit, et Mr Buttermere eut l'air de sérieusement considérer la question. Les deux adolescents retinrent leur souffle.

– D'accord, finit par céder le sorcier. J'imagine que vu le nombre de gens qui entrent par le Chaudron Baveur, Londres doit quand même être relativement sûre… Mais pas d'imprudence, compris ?

– Bien sûr Papa ! s'écria Trisha en entraînant Elisa vers la sortie. Vite, il ne faut pas qu'on loupe la séance de quinze heures !

Et les deux filles filèrent dans la rue. Avant que la porte ne se referment derrière elle, Elisa eut juste le temps d'entendre Isaac, le petit frère de Trisha, demander avidement si lui aussi pouvait aller au cinéma. Trop tard : les deux Poufsouffle étaient déjà loin. Entraînée par son amie à travers la foule qui se pressait sur le Chemin de Traverse, Elisa ne put s'empêcher de sourire jusqu'aux oreilles.

Elle s'était longtemps sentie comme une intruse dans cette vie, dans cet univers. Quand elle était plus petite, et quand elle avait fait sa rentrée à Poudlard… Elle avait eu du mal à encaisser que c'était réel. Que c'était sa vie, maintenant : que ces gens qu'elle croisait tous les jours, depuis Cédric Diggory à Severus Rogue en passant par les jumeaux Weasley, étaient de vraies personnes, et pas juste des personnages de fiction. C'était quand même quelque chose d'assez énorme !

Mais elle s'y était faite, et… Elle aimait cette vie. Elle avait eu de la chance, après tout. Elle était née de deux parents aimants, assez farfelus eux-mêmes pour ne pas s'alarmer des bizarreries de leur fille. Elle avait des tas d'amis loyaux, et une Maison entière qui ne la laisserait jamais tomber. Et elle avait Trisha, sa meilleure amie. Alors oui, elle avait eu de la chance de renaître en tant qu'Elisabeth Bishop.

Le seul coup de pas de bol dans cette renaissance, c'était son prénom. Qui appellerait sa fille Elisabeth, sérieusement ? Yerk. C'était un nom de vieille ! Et elle n'allait même pas évoquer son deuxième prénom, qui était encore plus archaïque…

Mais passons. Les deux Poufsouffle zigzaguèrent dans la foule, et Elisa prit un instant pour regretter de ne pas avoir emmené son Glisseur. Elle vit d'ailleurs au moins deux personnes se balader sur des MagicoGlisseurs dans la cohue, se faufilant souplement entre les gens à toute allure. Le Glisseur était une sorte de planche lévitant à trente centimètres du sol, faite de bois ciré et enchanté, et bordée de métal gravés de runes. C'était évident que le concept était inspiré du skateboard ou du snowboard Moldu, mais l'esthétique de la chose était à 100% sorcière. C'était l'invention dont Elisa était la plus fière. En commercialisant ces planches, elle s'était fait une vraie fortune.

Et en utilisant sa planche, elle et Trisha auraient au moins gagné cinq minutes pour remonter la rue. La beauté du Glisseur, ce n'était pas juste sa vitesse et son potentiel pour faire des acrobaties : c'était qu'il était maniable et passe-partout.

– C'est fou le monde qu'il y a aujourd'hui, pesta Trisha tandis qu'Elisa et elle longeaient une échoppe d'instruments magiques enchantés. La rentrée n'est que dans deux semaines ! Ils ont encore du temps pour faire leurs courses !

– Il fait beau, pointa Elisa. Et Mme Guipure fait des réductions sur les vêtements d'automne. Sans compter que B&B est toujours populaire, la boutique n'a ouvert que depuis un peu plus d'un mois.

Trisha sourit d'un air narquois :

– Ah oui, j'avais oublié à quel point tu es fière de B&B…

Elisa ouvrit la bouche pour se défendre, puis grimaça. Son amie n'avait pas tort. La boutique B&B s'appelait en réalité Bishop & Bowman, et Elisa avait l'impression qu'elle allait exploser d'orgueil à chaque fois qu'elle voyait son nom de famille peint en grandes lettres rouges sur l'enseigne du magasin.

B&B avait été créée par Elisa et une de ses amies plus âgée, Gwendolyn, qui avait quitté Poudlard l'année précédente. Cette petite boutique chaleureuse vendait du matériel scolaire, quelques accessoires divers… Mais surtout les inventions d'Elisa. Eh oui ! Car Elisa était une inventrice, et les MagicoGlisseurs n'étaient qu'une petite partie de la gamme d'objets enchantés qu'elle avait réalisés depuis qu'elle avait commencé Poudlard. Ses produits avaient beaucoup de succès chez les sorciers, même les plus traditionnels. Ce que la jeune fille trouvait d'ailleurs très marrant, car la quasi-totalité de ses inventions étaient inspirées par le monde Moldu. Le meilleur exemple, c'était les montres digitales qui faisaient la fortune de la boutique.

C'était tout le cœur du problème quand Elisa voulait populariser une de ses inventions : il fallait que ça soit nouveau et moderne, mais il fallait surtout que ça ait l'air entièrement traditionnel et complètement sorcier. Si l'influence Moldue était trop visible dans le projet, les gens s'y intéressaient nettement moins. Le racisme était bien vivant au pays des licornes et des elfes.

Mais passons.

Elles arrivaient justement à hauteur de la boutique en question, et Elisa ne put s'empêcher de sourire. La première vitrine était remplie d'un étalage divers : tasses enchantées pour servir de Thermos, encres de toutes les couleurs, divers fournitures ciblant essentiellement les Nés-Moldus (guides explicatifs, introductions aux différentes matières, dépliants sur le Ministère ou le Chemin de Traverse…), et d'autres objets ensorcelés. La deuxième vitrine, à droite de la porte, exposait les montres digitales sorcières qui faisaient le succès de la boutique. Il y avait également un petit panneau de pub proclamant que cette boutique donnait des renseignements pour l'achat de MagicoGlisseurs, et un écriteau clamant que des miroirs enchantés seraient bientôt en vente.

– C'est quoi cette histoire de miroirs enchantés ? demanda Trisha en découvrant le nouveau panneau.

– Secret professionnel, sourit Elisa.

Depuis l'année dernière, elle travaillait sur une version sorcière du téléphone portable, inspiré par les Miroirs à Double-Sens que les sorciers utilisaient comme des talkies-walkies. Etant donné que les autres moyens de communication des sorciers étaient le Patronus (un sortilège monstrueusement difficile) ou la Cheminette (qui obligeait à se mettre à quatre pattes devant l'âtre et à s'user les genoux), Elisa était sûre que son invention aurait du succès.

Il ne lui restait plus qu'à… l'inventer, en fait.

– Tu veux qu'on y fasse un tour ? proposa Trisha en voyant qu'Elisa continuait à regarder par la vitrine.

Il y avait une dizaine de personnes à l'intérieur. Elle distinguait la silhouette de Gwendolyn, avec sa robe brodée et ses cheveux frisés relevés en queue-de-cheval, qui allait d'un client à l'autre en bavardant joyeusement.

– Ce n'est pas la peine, finit-elle par dire quand même. J'ai parlé avec Gwendolyn quand je suis arrivée sur le Chemin de Traverse en début d'après-midi.

Etant donné qu'Elisa était son associée et sa fournisseuse principale, elle et Gwendolyn essayaient de se voir au moins une fois par semaine. Elles parlaient de comment allait la boutique, des articles préférés des clients, des possibles nouveautés qu'elles pouvaient mettre en stock… C'était d'ailleurs pour ça qu'Elisa était venue à Londres aujourd'hui. Enfin, ça, et voir Harry.

Lorsqu'Elisa, avait rencontré Harry Potter, le héros de l'histoire, elle ne s'attendait pas à s'attacher à lui aussi vite. Mais elle l'avait invité l'été dernier, cherchant à l'arracher à sa famille abusive, et… C'était devenu une habitude. Harry passait désormais la plus grande partie de ses étés chez les Bishop (et le reste chez d'autres amis). Il n'avait plus revus les Dursley depuis qu'il avait onze ans, ce qu'Elisa considérait comme une victoire personnelle, et la Poufsouffle avait un peu l'impression de gagner un petit frère à chaque fois que le jeune garçon passait ses vacances chez elle. Ce gamin éveillait en elle un instinct protecteur qu'elle ignorait posséder.

Un dernier regard à travers la vitrine lui apprit qu'Harry n'était pas dans la boutique. Il aimait bien donner un coup de main à Gwendolyn pour ranger le stock ou faire les comptes, mais ça ne l'occupait que quelques heures par jour. Harry passait généralement son temps à explorer le Chemin de Traverse et à saluer tous ses camarades qui venaient faire leurs achats.

– On y va ? fit Elisa en se détournant de B&B. On va louper ton film sinon.

Trisha ouvrit de grands yeux en se rappelant de l'heure, et reprit aussitôt sa course. Elisa la suivit en riant. Elles continuèrent leur chemin, et Elisa salua de la main les quelques élèves de Poudlard qu'ils croisaient. Elle ne se souvenait pas de tous leurs noms, mais tous lui rendaient son salut en souriant.

C'était marrant, quand on y réfléchissait. Elisa avait le charisme d'une chaussette sale, et parler en public lui donnait un tel trac qu'elle n'arrivait plus à manger… Mais elle était connue à Poudlard, et connue de manière globalement positive. Elle était plus ou moins la meneuse officieuse des Poufsouffle. Incroyable, non ? Elisa n'avait ni l'assurance et le talent d'Helen Dawlish, une Serdaigle de sa classe très douée en duel : ni le charme et la popularité des jumeaux Weasley, connus dans tout le château : ni même la douceur et l'air approchable de Cédric Diggory. Et pourtant, elle s'était faite une place dans la hiérarchie sociale de Poudlard.

Honnêtement, c'était venu d'un coup de chance, et d'un peu de bluff. Il lui avait suffi d'avoir l'air de savoir ce qu'elle faisait durant sa première année, et pan ! Les gens avaient été attirés par son assurance. Et comme les dynamiques sociales des Poufsouffle avaient tendance à être très stables… Personne n'avait cherché noises à Elisa. Un peu d'autorité exercée sur des morveux de onze ans, et le tour était joué !

Certains jours, Elisa avait du mal à croire que ça avait marché.

Cela dit, ça l'arrangeait pas mal. Même si son influence ne s'étendait que sur une poignée d'élèves et une échoppe du Chemin de Traverse, Elisa était quand même certaine d'avoir durablement modifié le canon de l'histoire. Elle avait fait dérailler les rapports de force entre les Maisons, par exemple. Leur rivalité avait diminué, les Poufsouffle commençaient à douter de Dumbledore après avoir appris qu'il avait utilisé la pierre philosophale comme appât au cœur même de l'école, et plusieurs Serpentard étaient amis avec des membres d'autres Maisons.

Et puis, même sans agir directement, Elisa avait quand même cause de sacrés bouleversements dans le canon. La révélation de l'ascendance de Voldemort, par exemple. Ou l'arrestation et l'emprisonnement de Lockhart. Ou encore le divorce des Malefoy…

Quoique. Sur ce point, la faute revenait à Lucius : c'était quand même lui qui avait été assez idiot pour faire rentrer le journal de Jedusor dans Poudlard, sans penser une seule seconde que Drago mettrait la main dessus, qu'il serait mis en danger, et que Narcissa le découvrirait. Abruti de nazi stupide.

– On y est, lâcha Trisha quand elles atteignirent le Chaudron Baveur. Tu devrais ranger ta baguette, Elisa.

Pas bête. La jeune fille décrocha son étui à baguette de sa ceinture, et le rangea dans son sac. Elle vérifia qu'elle avait bien un porte-monnaie contenant de l'argent Moldu, puis referma sa besace avec satisfaction.

– Je suis prête !

Trisha sourit, et poussa la porte du Chaudron Baveur. Elisa lui emboîta le pas sans pouvoir s'empêcher de sourire.

Réécrire le destin, c'était pas de la tarte. Parfois, Elisa trouvait ça frustrant, ou épuisant, ou effrayant. Mais parfois, ça en valait le coup. Parfois, il y avait des amitiés qui se nouaient. Des projets qui prenaient forme. Des écueils qui disparaissaient. Parfois, il y avait des moments comme ceux-là, où Elisa prenait le temps de se détendre et de s'amuser. Des moments où elle pouvait être sûre, de manière absolue, que tous ses amis étaient en sécurité, heureux et protégés. Dans ces moments-là, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir comme une bouffée d'optimisme.

Ouais. Réécrire le destin, ce n'était pas de la tarte. Mais, eh ! Elle s'en sortait plutôt bien.

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A, cet optimisme tôt le matin xD Attention Elisa, tu va vite redescendre sur Terre...

Voilà, j'espère que ça vous a mis l'eau à la bouche. Beaucoup de rappels et de mise au point dans ce prologue : mais c'est nécessaire pour bien démarrer l'histoire x)

A la semaine prochaine pour le premier chapitre !