Titre : Agnus Dei
Auteur : Rieval
Genre et rating : Gen – tout public (enfin, celui de la série).
Spoiler : courant saison 4 mais avant les évènements menant au dernier l'épisode de ladite saison.
Résumé : encore une histoire de psychopathe … et devinez qui va être sa victime ?
Dédicace : pour Alhénnor, mon ange à moi !
Note : j'ai écris cette fic pour Alhennor qui aime tant cette série … dont je n'ai vu aucun épisode ! J'espère que j'ai néanmoins bien cerné les personnages. Si ce n'est pas le cas (genre « mais elle est folle cette fille, jamais Don ne réagirait comme ça ! »), n'hésitez pas à me le faire savoir.
Disclaimer : not mine !
Agnus Dei, qui tollis peccáta mundi ; miserere nobis
Agnus Dei, qui tollis peccáta mundi ; dona nobis pacem.
Prière catholique
Santa Monica, Woodlawn Cimetière
Lundi 31 mars 2008
Le ciel pleurait … il n'y avait pas d'autre explication au déluge qui s'était abattu sur eux et qui avait transformé la pelouse verdoyante en une masse spongieuse et boueuse. Le ciel pleurait et il se disait que c'était une bonne chose. C'était ainsi que les choses devaient se passer. Son père méritait qu'on le pleure. Il méritait que le ciel lui rende ce dernier hommage. Il leva les yeux et laissa l'eau ruisseler sur son visage. Oui, ce ciel noir était une bénédiction ; il lâchait sur la ville les trombes d'eau nécessaires pour laver les péchés de ceux qui vivaient là. Et Dieu sait que Los Angeles abritait bien des pêcheurs !
Il resta un long moment à savourer cette chance d'être lui aussi lavé. Cette chance d'être sauvé. L'eau coulait dans son cou, trempait ses vêtements. Et puis soudain, une caresse chaude effleura sa joue. Il ouvrit les yeux et découvrit, surpris, que le soleil avait réussi à faire une percée entre les nuages. Un carré de ciel bleu déchirait le ciel, incongru, presque osbcène.
Une rage terrible s'empara de lui. Comment était ce possible ! Comment Dieu pouvait-il lui faire un tel affront, non, pas à lui, à son père ! A moins … La rage retomba brutalement remplacée par quelque chose de plus terrible, de plus immonde. Et si Dieu ne punissait pas son père mais lui ? Qu'avait il donc fait cette fois ? Pourquoi Dieu lui ferait-il ça ? Il avait pris tout le soin possible à l'organisation de l'enterrement, tout était absolument parfait, comme son père l'aurait voulu, exactement comme il l'aurait voulu …
Non, tu as échoué, une fois encore ! Chuchota une petite voix.
Il secoua la tête. Ce n'était pas vrai, pas vrai, tout était parfait. PARFAIT.
Huhu, alors c'est pour ça que le soleil brille et que le ciel est bleu, hein ? Si tout était si parfait que cela, Dieu aurait accepté de le pleurer, il lui aurait accordé le pardon, l'aurait accueilli en son paradis, mais noooooon, tu n'es qu'un pauvre raté, un bon à rien, et à cause de toi …
La petite voix continuait sa litanie, déballant sans ménagement toutes ses erreurs. Son ton s'était fait menaçant, familier. Il avait envie de hurler, de leur dire à tous que ce n'était pas de sa faute ! Parce qu'ils savaient qui était responsable de ce beau gâchis, ils le regardaient tous, une moue réprobatrice sur le visage. Ils savaient tous ce qu'il était …
… un idiot, un bon à rien, un raté, précisa la voix.
N'y tenant plus, il quitta la petite assemblée et entra en trombe dans la petite chapelle adjacente à l'Eglise. Il resta là, à grelotter son regard fixé sur le Christ, jusqu'à ce qu'une main se pose sur son épaule.
- Richard ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu ne te sens pas bien ?
Richard cligna des yeux. Le visage devant lui était auréolé de lumière. C'était un ange qui se tenait là, à n'en pas douter. L'ange réitéra sa question, son ton était empli de compassion.
- Richard, tu es sûr que ça va ?
Il parvint à hocher la tête.
- Huhu, à d'autre jeune homme ! Allez viens, je te ramène à la maison.
La maison. Une grande bâtisse aux allures victoriennes, située dans les quartiers chics. Une maison froide. Vide. Pourquoi voudrait-il retourner là-bas ? Il allait poser la question à cet ange miséricordieux lorsque la lumière disparut. Le visage devant lui prit de la couleur et de la consistance : une paire d'yeux gris, un nez aquilin, un front dégagé et une multitude de petites rides que le maquillage ne parvenait plus à dissimuler.
- Elisabeth ? Murmura Richard.
Sa sœur le fixait, un air inquiet sur le visage.
Oui, bien entendu, c'était juste Elisabeth. Mais la Lumière avait vu juste, car elle avait toujours été son ange gardien. Il lui adressa un sourire triste et désigna la porte derrière elle d'un geste de la main.
- J'ai encore tout gâché … sa voix se cassa brusquement.
Elisabeth jeta un regard derrière elle. Le soleil entrait dans la petite chapelle, se glissant sur le sol comme s'il voulait recouvrir l'intérieur froid et sombre de sa chaleur dorée. Elle fronça les sourcils ne comprenant pas ce que voulait dire son frère, puis elle entendit le premier sanglot.
- Oh, Rickie, non ! Chhhhhhhhhh, tout va bien se passer, Rickie, je te le promets.
Son visage enfouit dans le corsage de sa grande sœur, Richard secoua la tête. Non, tout n'allait pas bien … son père avait toujours eu raison, il était un raté. Et maintenant, son père n'était plus là. Richard ferma les yeux, laissant la voix d'Elisabeth le bercer.
Il fallait qu'il trouve une solution, qu'il rende enfin à son père l'hommage qu'il méritait … mieux, qu'il lui offre le fils qu'il méritait. Ce fils qu'on lui avait enlevé 40 ans plus tôt. Il fallait qu'il arrange les choses. Ce serait sa rédemption pour n'avoir pas été à la hauteur.
Los Angeles, Bureau du FBI,
Mercredi 16 avril 2008
Don jonglait avec son café, une liasse de rapport et le journal du jour lorsqu'il entra dans son bureau dans les locaux du FBI. Il salua ses collègues et posa son café sur son bureau puis s'installa tout pour feuilleter le journal. Les rapports déposés dans sa bannette furent vite oubliés au profit des résultats sportifs du jour lorsqu'une des voix sortant du bureau de Mégan attira son attention. Il posa son journal et, d'un petit coup de pied, déplaça sa chaise à roulette. Bingo ! Une masse de cheveux bouclés apparut dans son champ de vision. Il se leva, récupéra son café et s'appuya nonchalamment contre le chambranle de la porte.
- … et là, paf, la révélation ! J'ai vérifié les données et tout colle ! C'est tout simplement incroyable.
De passablement excitée, la voix de Charlie était passée à la plus totale stupéfaction. Il fixait le tableau blanc et Don nota qu'il était dépourvu des habituelles équations que son frère gribouillait là pour leur expliquer ses théories. En revanche, il gesticulait un livre à la main.
De plus en plus curieux, Don demanda :
- Qu'est-ce qui est incroyable ?
Mégan qui était assise à son bureau et observait l'étrange ballet de Charlie devant le tableau vierge leva les yeux vers Don et annonça, un petit sourire amusé dans la voix :
- Ce qui est incroyable ? Oh, pas grand-chose. Le docteur Eppes ici présent vient juste de découvrir que l'on peut aussi résoudre une enquête policière SANS recourir aux mathématiques.
Charlie fit volte face. Un large sourire apparut sur son visage lorsqu'il vit que son frère était là.
- Don, c'est stupéfiant ! C'est … c'est juste une incroyable coïncidence !
Huhu, pensa Don qui soupira. Vu l'état d'excitation dans lequel se trouvait Charlie, il n'en tirerait rien. Il se tourna vers ses collègues et demanda, tout en désignant son petit frère du menton :
- Ok, est-ce que quelqu'un peut me dire de quoi il retourne ?
- Charlie vient de résoudre l'affaire de Junkie, ni plus ni moins, annonça Colby, tout sourire lui aussi. L'agent se pencha avec un air de conspirateur vers Don. Et en ouvrant un bouquin de … sociologie, rien que ça !
Charlie mit le bouquin en question sous le nez de Don qui recula instinctivement pour éviter d'être éborgné.
- Incroyable … c'est tout simplement INCROYABLE !
Don lui prit le bouquin des mains.
- Euh, Je l'ai appris de source sûr par Patricia Turner (1) ? Qu'est-ce que c'est que ce truc ?
Il tourna le bouquin dans ses mains et découvrit que l'éditeur n'était autre que l'Université de Berkeley.
- Une amie à toi Chuck ? demanda Don sur un ton taquin.
Charlie lui reprit le livre des mains et soupira.
- Ahahahaha, très drôle, répondit Charlie agacé, à croire qu'avec toi tout est lié au sexe alors que --
Don leva les mains en l'air en signe de reddition.
- Hey, mais je n'ai jamais parlé de sexe ! répondit Don sur un ton faussement désolé puis il redevint sérieux. Alors comme ça tu as découvert qui se cachait derrière notre mystérieux tueur amateur de nicotine ?
Le score était de cinq morts, deux femmes, trois hommes, tous tués par l'injection d'un petit cocktail étonnant : acétone, acide cyanhydrique, DDT, méthanol et arsenic. L'homme laissait la seringue dans le corps de ses victimes ce qui lui avait valu son petit surnom dans les journaux : Junkie (2).
- Huhu fit Charlie qui montra les pages qu'ils avaient marquées dans le livre. En fait, je me suis souvenu d'une discussion avec Larry sur les Légendes Urbaines et là, paf ! Charlie imita d'un revers de la main le bruit d'une tappette à mouche, geste qui fit sourire Don. Parfois, son petit génie de frère se comportait vraiment comme un gamin de 12 ans.
- Là, Là, lis ! Et Don se retrouva soudainement avec le bouquin sous les yeux, obligé de lire le titre du chapitre et … Il fronça les sourcils. O-kkkkkkay, là, Don était complètement paumé. Euh, quelqu'un peut m'éclairer sur ce coup là ?
C'est Mégan qui vint gentiment à son secours, le délestant du livre. Elle le posa sur son bureau et se tourna vers Don et Colby.
- Je vous vais vous faire un petit résumé. Elle se tourna vers Charlie qui continuait à se trémousser devant le tableau blanc. Ceci, elle désigna le livre, fait le point sur un certain nombre de légendes urbaines relatives à plusieurs fabricants de cigarettes. Nous avons notamment Marlboro et sa soi disant appartenance au KuKluxKlan ou bien encore le fameux pénis de l'homme caché dans le chameau de la marque Camel, or justement nos --
Elle fut coupée par Don qui venait de comprendre où elle venait en venir.
- Un des corps était revêtu de la capuche blanche des membres du Klan, non ?
Mégan acquiesça de la tête.
- Oui, et la victime qui a été retrouvée nue était un homme, disons, particulièrement gâté par la nature.
Elle souriait à pleines dents à ses collègues masculins puis elle reprit le livre et l'agita devant Don.
- Chacune de nos victimes se trouvent ici. Les fabricants de cigarettes ont été sous le feu nourri des fantasmes américains depuis le début des années 50. Et notre tueur semble prendre plaisir à mettre en jeu lesdits fantasmes. Et ça colle avec le choix des produits chimiques qu'il leur injecte pour les tuer : ils entrent tous dans la composition d'une cigarette ! Maintenant que nous connaissons son MO, nous ne devrions plus avoir de problème pour établir son profil. C'est juste une question de temps et d'ailleurs si vous --
Cette fois, elle fut coupée par la sonnerie du téléphone du bureau de Don. Don retourna à son bureau et décrocha. Il échangea quelques mots avec son interlocuteur et revint dans le bureau de Mégan.
- Nous avons un autre cadavre … église Nuestra cette fois, annonça t-il un air grave sur la visage.
- Merde, ça fait trois … répondit Colby.
Don hocha la tête. C'était en effet le troisième cadavre à être retrouvé sur le site d'une église. Tous tués de la même manière : étranglé. Et tous membres éminents de la haute société de Los Angeles.
- Oui, ce qui veut dire que nous sommes face à un autre meurtrier en série. La police criminelle est plus que ravie de nous repasser l'affaire.
- Hummmoui, je m'en doute, les pressions ne doivent pas être jolies jolies, ajouta Colby. La première victime était un membre du conseil municipal, non ?
- Oui, et la seconde un avocat d'affaire réputé : jamais perdu une seule affaire … euh, Charlie, tu veux te joindre à nous ?
- Oh, vraiment ? Oui ! Enfin, non, voir un cadavre, ce n'est pas exactement ce dont je rêve au petit déjeuner tu sais. Il fit la grimace en se rappelant la première fois qu'il avait vu un corps et frissonna.
Don passa ses bras autour des épaules de son frère.
- Ne t'inquiète pas, tu resteras avec Mégan et vous pourrez tous les deux échanger vos impressions sur … les bienfaits de l'étude du comportement humain versus les mathématiques.
Cette dernière remarque lui valut deux regards noirs. Ouch ! Quelque chose lui disait qu'il allait lui falloir faire attention à ses arrières avec Mégan au bureau dans les jours à venir s'il ne voulait pas que son nom vienne allonger la longue liste des cadavres sur lesquels le FBI enquêtait.
A suivre …
(1) I Heard it through the Grapevine, de Patricia Turner, Berkeley, CA, 1993. Vous pouvez l'acheter sur Amazon.
(2) Un junkie est un drogué (expression américaine).
