Bonjour/Bonsoir

Les personnages et la saga Harry Potter, les chansons ne m'appartiennent pas.

Le rating M est là pour le langage, un des sujets traités, je parle parfois de drogue et que mon personnage a pas mal de sale idées. (Au revoir, les fans de lemons...). C'est avant tout un OS qui parle de confiance, de se reconstruire et de se surpasser (ça parait mystique dit comme ça, mais vous verrez)

Résumé alternatif : "Draco traverse une grosse crise existentielle, ses partiels et la perspective que son père vienne lui rendre visite depuis Azkaban pour lui botter les fesses, le stresse quelques peu. Entre deux crises de nerfs, de larmes et trois paquets de gâteaux, il rencontre Harry, qui va l'aider à le sauver de lui-même et le faire avancer (si c'est pas kiki tout ça)"

Bonne lecture et enjoy

(Il manque sûrement des points virgules ou des trucs, faut que je corrige ça, mais je le ferais plus tard, là, j'en ai marre de me relire)


50 nuisances de Draco Malfoy - partie 1


Red Hot Chili Peppers – Can't Stop

Draco se prit la tête entre les mains. A ce rythme-là, il n'aurait jamais son année à la fac. Cependant l'échec ne faisait pas partie de ses options. En fait, il avait le choix entre la validation de son année et la pendaison – et vu comment il était parti, il serait bon pour chercher un bon magasin de cordes le jour de ses résultats. Merde, il voulait pas mourir.

« J'ai prévu un devoir de rattrapages, annonça le professeur entre deux copies. Je vous enverrais le sujet par mail pendant les vacances. Passez une bonne fin de journée et à dans deux semaines. »

En espérant qu'il réussisse ce deuxième sujet et que cela sauve sa moyenne. Maints étudiants se levèrent dans un bruit de raclement de chaise, tandis que Draco rangeait paresseusement ses affaires. Retrouver son appartement et son coloc insupportable ne l'enchantait guère. Théo était très gentil, quand on faisait l'impasse sur son côté bordélique, bruyant, macho, puéril, ses talents proche du zéro en cuisine et le fait qu'il soit TOUJOURS à l'appart, à croire qu'il n'avait jamais cours. La solitude manquait à Draco.

Le soleil attirait les étudiants hors des salles de cours, l'odeur de cannabis flottait tranquillement dans l'air. Son estomac se rappela à lui, apparemment sa salade de riz si healthy de ce midi ne lui avait pas plu. Néanmoins, son compte en banque ne lui permettait plus de manger du fast-food, des paninis, des pâtes aux frites, et les sandwichs du distributeur tous les midis. Qu'il haïssait son travail de merde qui lui versait sa paie quand bon leur semblait, sa mère de ne pas lui verser une pension alimentaire de seigneur, son coloc de ne pas être riche et de lui payer toutes ses fantaisies alimentaires, et surtout il maudit l'argent de ne pas tomber du ciel.

Oh... ses pieds avaient prit la direction de la cafétéria sans qu'il s'en rende compte. Dès qu'il aurait sa paie, il se ferait un resto à volonté ou un kebab et il mangerait jusqu'à ne plus pouvoir bouger.

Comme il s'y attendait, son coloc était là, squattant le canapé, devant Breaking Bad. Et en plus, il investissait la plus grande pièce de l'appart, et non sa propre chambre. Draco se servit un thé et enroula ses doigts autour de la tasse, plutôt qu'autour du cou de son colocataire.

« Bonne journée ? demanda t-il, faussement intéressé.

- Normal, j'avais pas cours, du coup j'en ai profité pour m'enfiler la saison 2 de Breaking Bad. Et toi ?

- Oui. »

Il n'avait pas envie d'expliciter, il voulait juste quitter cet – son – appartement le plus vite possible. Le café en bas de sa rue avait maintes et maintes fois sauvé la vie de Théo, quand celui-ci devenait insupportable et que la tentation d'un homicide malheureusement involontaire tentait Draco. Il prit un livre, de quoi écrire et des écouteurs et partit aussi vite qu'il était venu.

Malgré les rues baignées de soleil, la terrasse du café restait relativement calme. Les jours de faibles affluences, il pouvait rester des heures sur sa chaise à se prélasser, tentant de capter tous les rayons du soleil.

Ses partiels approchaient, il se sentait de plus en plus mal et dormait de moins en moins. La perspective de rater son année le terrifiait et son père serait bien capable de s'évader d'Azkaban juste pour botter les fesses de son fils indigne, et pourquoi pas lui lancer quelques Doloris, il n'était plus à ça près. Peut-être que voir Blaise lui ferait du bien, si celui-ci arrivait à se libérer... Depuis qu'il sortait avec Pansy, il n'avait plus une minute de libre pour Draco, tout concentré à sa chérie. Les soirées canapé-télé en ingurgitant des paquets monstrueux de chips, les ciné-restaus, ou les jours passés sans se parler mais coté à côté, leurs ordinateurs respectifs sur les genoux n'étaient plus que des souvenirs. Maintenant, il habitait avec Pansy et Draco se sentait mal chaque fois qu'il dormait chez Blaise – pardon, chez Blaise ET Pansy. Il n'avait rien contre elle, c'était une meuf cool mais la voir chaque fois qu'il voulait profiter d'un peu de temps avec Blaise n'était pas indispensable, tout comme leurs roulages de pelles et échanges de microbes dégueulasses. Super, il se sentait encore plus déprimé maintenant.

« Salut. »

D'abord, le jeune homme ne lui évoqua rien, puis il reconnut la cicatrice en forme d'éclair, les cheveux en bataille. Il n'y avait de nouveau que la barbe depuis la dernière fois qu'il avait vu Potter. Celui-ci s'assit, sans gêne, en face de Draco et lui sourit.

« Ça fait un bail, tu vas bien ? »

Draco fut ébloui quand Harry enleva ses lunettes de soleil et qu'il croisa les yeux verts. Si on exceptait la culpabilité et le sentiment d'être misérable qui l'écrasait en permanence, ses partiels qui l'empêchait de dormir, son coloc qu'il ne supportait plus, son cœur qui semblait animé d'une vie propre depuis quelques minutes, depuis qu'il avait vu Potter en fait, et ses cauchemars éveillés, alors oui, il allait bien. Merveilleusement bien.

« Oui. Oui ça va. Et toi ? »

Quelle sensation étrange d'être assis en face de Potter et parler avec lui. Potter le psychopathe qui avait essayé de le tuer, Potter à qui il avait cassé le nez, Potter pour qui il avait fabriqué des badges dégueulasses.

Après la Guerre, Draco avait fui le monde magique, les regards accusateurs et culpabilisants qui lui reprochaient les mauvais choix de son père. A sa grande surprise, le monde moldu lui plaisait beaucoup plus que le monde sorcier. Peu lui importait de ne pas pouvoir utiliser la magie, Internet la remplaçait. Et la Marques des Ténèbres n'évoquait rien à ceux qui n'avaient aucun pouvoir magique, quel bonheur de pouvoir se balader les bras nus. Harry appela le garçon de café et commanda une bière blonde, Draco en profita pour reprendre un autre diabolo grenadine.

« Je vais bien aussi. Tu fais tes études ici ? » demanda Harry.

Draco hocha la tête.

« J'suis en première année de Lettres, à la fac du coin. Et l'an dernier, j'ai fais garçon au pair dans le sud de la France, ça m'a appris deux choses : je déteste les gosses, et j'aime bien les chocolatines. »

Harry s'esclaffa. Quel joli rire.

« Et moi en deuxième année de psychologie. Être psy, ça me tente bien, genre diagnostiquer des mini Voldemort. »

Draco frissonna et se demanda s'il devait sourire au trait d'humour ou non. Il décida que non.

« Ça me fait plaisir de te voir, » reprit Harry.

Draco pensait la même chose, pourtant il fut incapable de le dire. Voir une personne du monde magique, autre que ses amis, était plus réconfortant qu'il ne le pensait. La bière de Harry accrochait le soleil, le liquide ambré se reflétait dans le verre et Draco se fit une nouvelle fois la réflexion que c'était étrange d'être assis à une terrasse avec Harry Potter et de parler de leurs vies respectives. Et qu'il soit devenu aussi canon, bordel.

Et aussi soudainement qu'il était arrivé, Harry se leva, rassembla des pièces et les déposa dans la coupelle, sur le ticket de commande. Il sortit un stylo d'une de ses poches et griffonna sur le haut du ticket.

« Je dois y aller, mais ça m'a vraiment fait plaisir de te voir. C'est mon numéro, et euh, ça me ferait aussi plaisir que tu m'envoies un message et qu'on se capte. Bonne fin de journée, et écris bien, » rajouta t-il en avisant le carnet de Draco.

Il s'éloigna, la démarche chaloupé, et Draco le regarda disparaître entre les passants, perplexe.


Jason Mraz – Geek in the pink

Harry arrivait dans quelques minutes. Son appartement n'avait jamais été aussi propre, Draco avait réussit à virer Théo et à présent, il fumait clope sur clope devant Breaking Bad, l'esprit ailleurs. Etait-il fou ou stupide d'inviter un inconnu chez lui, un psychopathe qui avait voulu le tuer à l'âge de seize ans ? Ses partiels approchaient, il se réveillait en sueur toutes les nuits et à trois semaines de sa première épreuve, il n'avait pas l'ombre d'une fiche de révision prête. Ce serait une honte supplémentaire pour sa famille, il entendait son père dans sa tête. A la pensée de son géniteur, ses jambes flanchèrent, heureusement qu'il était assis. Malfoy père serait bien capable de s'évader d'Azkaban et de botter les fesses à son fils, entre quelques Doloris. Merde, qu'il était dans la merde. Pourquoi n'avait-il pas commencé à potasser ? Ou à chercher un magasin de bricolage ?

La sonnette le sortit de sa torpeur, de ses idées noires. Il s'arracha à sa conversation imaginaire avec Malfoy père et ses vaines excuses pour expliquer son échec et se planta devant la porte.

Le visage de Harry apparaissait déformé à travers le Judas. C'était débile de l'inviter chez lui... C'était aussi débile de le trouver aussi canon, mais ça, il y penserait plus tard. Nouveau coup de sonnette, qui le fit sursauter... Il restait pétrifié devant la porte, incapable du moindre mouvement. Faire le mort, ça, c'était une idée enfin intelligente. Pourtant, comme mues d'une volonté propre, ses mains vinrent déverrouiller la porte.

« Hé, » fit-il, la voix étranglé, face à Harry.

Il s'effaça pour le laisser passer, les jambes flageolantes.

« Tu vas bien ? T'as l'air un peu pâle. »

Draco grimaça, il était vrai que l'épée de Damoclès au dessus de sa tête ne l'aidait pas à aller mieux. Le sourire de Harry effaça ses angoisses, il penserait à son année en mauvaise posture un autre jour.

« Ça va. Euh, vas-y, visite mon appart, je vais faire du thé, ou autre chose, je sais pas. »

Le jeune homme hocha la tête, absorbé par les motifs horriblement laid du patchwork, posé sur le canapé, que lui avait cousu Pansy pour ses vingt ans. Il se sentait gauche et embarrassé, pourtant il recevait seulement Harry. Harry le psychopathe, Harry à qui il avait cassé le nez, Harry qui avait envoyé son géniteur en prison. Juste ce Harry-là.

Ses mains tremblaient tandis qu'il remplissait sa bouilloire. Respirer, rester calme. Tout se passera bien, il était chez lui, il avait des objets contondants à proximité et il connaissait toutes les issues s'il devait s'enfuir. Fort de ses résolutions, il revint dans le salon l'esprit plus tranquille.

« Sympa ton appart. T'as un coloc ? parce que j'ai vu une deuxième chambre.

- Euh, ouais. Mais je l'ai viré pour la journée. Euh, j'ai autre chose que du thé, si tu veux...

- Le thé me va très bien, » le rassura Harry tout en se servant une tasse.

Draco espérait que Harry soit bavard, car lui ne l'était pas. Il lancerait un sujet et prierait pour que Harry lui tienne la jambe pendant une heure. Il n'avait rien à dire, rien d'intéressant, il se sentait tellement débile parfois – tout le temps, en vérité. Et, en effet, Harry fut très bavard, en parlant de ses conquêtes autant féminines que masculines, de son séjour dans divers pays étrangers, de ses études et ses amis. Il déversa un tel flot de parole que Draco se demanda s'il devait prendre des notes, Harry lui faisait l'impression d'un prof à fond dans son cours. N'avait-il pas laissé traîner son calepin quelque part ? Il aurait peut-être une interro le lendemain, alors il lui faudrait tout recracher sur ce qu'il savait sur Harry Potter. Mais sa mémoire défaillante retenait à peine le quart de ce que Harry lui disait. Il fumait clopes sur clopes afin de s'occuper les mains, et quand il ne fumait pas, il buvait des tasses entières de thés. Avec sa vessie aussi grande qu'un dé à coudre, il avait passé plus de temps devant la lunette des toilettes qu'assis dans son canapé avec son invité.

« A toi maintenant ! s'exclama Harry en vidant sa tasse d'une traite – bordel, ce gars avait une vessie de chameau ou quoi ? Parle moi de toi. »

Draco leva les yeux au ciel. Oh pitié, il n'y avait rien d'intéressant à dire sur lui.

« J'ai... j'ai rien à dire sur moi. »

Bien sûr, il pouvait lui dire qu'il était asexuel et dépressif, que la pensée de ses partiels le laissait éveillé et pétrifié de peur la nuit, qu'il voulait pas mourir, que ses cauchemars éveillés étaient parfois insupportables et qu'il souhaitait qu'on lui efface la mémoire – autant celle de l'esprit, que celle du corps, car celui-ci se souvenait de chaque violence infligée. Il aurait aussi pu dire qu'il trouvait Harry très beau et qu'il aimait son odeur, que la chose qu'il désirait le plus en cet instant, c'était qu'il le prenne dans ses bras, parce que ça avait l'air cool.

« Y a rien à dire sur moi.

- Allez, je suis sûr que si. Tes hobbies, tes passions, ce que t'aime dans la vie. »

Mentalement, Draco fit le tri entre ce qui était acceptable à une première entrevue et ce qu'il devait garder pour lui.

« J'aime... écrire et lire, je voudrais être écrivain et être publié. C'est mon rêve. J'aime sortir en boîte et vivre la musique, genre taper du pied et ressentir le son comme si c'était du sang dans mes veines. Quand je danse, c'est un des seuls moments où je pense à rien. Euh, j'aime marcher au soleil, j'aime me plaindre et j'aime rêver... »

J'aimerais que tu me prennes dans tes bras, juste pour voir l'effet que ça fait. J'aimerais être quelqu'un de normal. Oublier mon passé et les cauchemars, les flashs qui reviennent, l'épée suicidaire au dessus de ma tête, oublier cette culpabilité écrasante qui m'empêche de respirer, arrêter de me sentir minable. Et je veux que tu continue à me regarder de cette manière parce que ça me fait sentir important et pas pitoyable, comme je le suis en vérité. Sa gorge se serra à cause des larmes, ses pensées dérivaient trop.

« Je, je sais pas ce que je veux, ni ce que je fais dans la vie. Je suis juste... spectateur et j'arrive plus à rien ce moment. Je voudrais un, un miracle, un ange descendu du ciel, de la magie. Quelque chose... qui me sorte de ma merde. »

Draco grimaça, sa langue se déliait trop.

« Tu veux à nouveau du thé ? » demanda t-il, et sans attendre la réponse de Harry, se leva et disparu dans la cuisine.

Ses mains tremblaient à nouveau quand il remplit la bouilloire, la liste de ses partiels épinglés à la porte du frigo le narguait. Oh qu'il rêvait de mettre ses professeurs sous Imperium et d'obtenir la note maximale à ses examens. Sans grande conviction, il se composa un visage neutre et revint prendre place près de Harry.

« Draco ? »

L'intéressé releva la tête et se força à sourire. Il souhaitait juste se cacher dans son lit et engloutir des tonnes de chocolat, tout en broyant du noir. Ses examens le rendaient encore plus dépressif qu'il ne l'était, merde.

« Je sais pas ce qui t'arrives, mais t'as pas l'air bien et tu vois, c'est très bizarre de te dire ça alors que j'ai passé sept ans à cracher sur ta gueule mais accepte ma main tendue, je veux t'aider et que tu ailles mieux.

Rester très très calme, ravaler ses larmes et sourire. Il n'osait plus faire un geste de peur de se mettre à pleurer.

« Merci. »

Tout ce qu'il aurait pu dire restait coincé dans sa gorge. Harry se rapprocha de lui, et timidement, lui tapota l'épaule. Sa présence et son odeur apaisait Draco plus qu'il n'aurait voulu l'admettre.

« J'ai pas d'autres choix que de réussir... Je voudrais que tout s'arrête, c'est insupportable, j'arrive plus à rien, » lâcha Draco d'une voix monocorde.

Ses paroles semblaient sans doute énigmatique à Harry, pourtant il ne pouvait être plus clair. Il laissa tomber sa tête sur l'épaule de son... ami, l'apaisement qu'il cherchait depuis des mois le gagnait enfin.

« Ça va aller, Draco, on va trouver une solution... et en attendant de la trouver, je t'invite au resto. »

Cela eut le mérite de faire sortir Draco de sa torpeur. Il se redressa, les yeux un peu rouges et ronds. Harry perdait la boule ?

« Ok, on mange au resto mais tu me paies rien, je suis un grand garçon.

- Offre refusé. » Harry écrasa son mégot dans le cendrier et défroissa veste quand il se leva. « Tu viens ? »


Dub FX – Don't Give Up

Draco avait oublié les vertus anti-anxiogène du buffet asiatique à volonté. Il se sentait beaucoup moins angoissé maintenant qu'il avait le ventre plein à craquer. Harry lui avait finalement payé le restaurant, malgré ses protestations et il ne s'était toujours pas remis du clin d'œil du serveur, qui pensait sûrement que le brun voulait séduire Draco ou un truc dans le genre.

Harry s'était garé devant sa résidence étudiante, ils fumaient leurs clopes digestives, affalés dans les fauteuils.

« T'as capté comment nous a regardé le serveur ? demanda Draco, les pieds croisés sur le tableau de bord.

- Non, comment ?

- Il pensait que tu voulais me pécho !

- Sérieux ? »

Il se sentit bizarre d'avoir avoué ça à voix haute. Draco se tourna vers Harry, qui le regardait et qui s'était rapproché. Sa bouche s'assécha subitement. Pendant une seconde, il le trouva terriblement attirant, avant de se dire qu'il débloquait complètement. No boyfriend no problem.

« C-carrément. »

Ses mains tremblèrent un instant alors que Harry se rapprochait encore de lui, et la conclusion qu'il tira quand les battements de son cœur s'accélèrent ne lui plu pas du tout.

« Tu devrais rentrer chez toi, t'as l'air crevé. »

Draco hocha la tête. En effet, le sommeil lui manquait cruellement.

« Dis, tu crois qu'elles font comment les femmes enceintes quand elles sont enceintes, je veux dire pour avoir jusqu'à quatre ou cinq kilos dans le bide les derniers mois ? J'ai l'impression que je vais crever tellement j'ai mangé. »

Harry écarquilla les yeux, incrédule.

« J'en sais rien.

- C'est chaud.

- Ouais. »

Ils se regardèrent encore un instant, avant que Draco n'ouvre la portière. Il n'allait jamais pouvoir rentrer chez lui avec son ventre énorme. Harry accepterait-il qu'il dorme dans sa voiture ? Allez, du courage, il ne s'abaisserait pas à ça. Son père, un Mangemort reconnu, viendrait lui botter le cul dans deux mois, quand il verrait ses résultats, alors rentrer en ayant trois kilos de nems dans le bide était du pipi du chat.

« Bonne nuit, rentre bien et euh... fais attention à toi, sur la route, je veux dire.

- Oui, toi aussi. »

Draco resta un moment planté devant la portière avant de la refermer. Qu'attendait-il ? Est-ce qu'il avait cru que le grand Harry s'intéresserait à lui ? Alors qu'il sortait les clefs de chez lui, la voix de Harry le rattrapa.

« On se revoit bientôt ? »

Il ne réussit pas à effacer le sourire niais de son visage.

« Oui. Carrément. »

Tout sourire, il verrouilla la porte de son appartement. La solitude et son angoisse l'écrasèrent à nouveau, pourtant il se sentait plus serein. Et c'est dans son lit qu'il se rendit compte qu'il n'avait pas fait la bise à Harry et qu'il avait terriblement envie de sentir sa peau contre la sienne.


Draco sortait de son premier partiel. Ma vie est un gag, pensa t-il en marchant à grandes enjambées vers un snack proche de sa fac, ma vie est un putain de gag de merde. En plus, d'avoir oublié ses livres – indispensables pour citer quelques passages durant sa dissertation – il avait aussi fait l'impasse dans ses révisions sur le sujet tombé. Son ventre criait famine, son angoisse développait ses pétales vénéneuses à l'intérieur de lui. Tant pis s'il était seize heures passées, l'appel de la nourriture était trop grand. Le temps de commander et d'attendre son panini-au-kebab et frites-sauce samouraï, il engloutit un kinder bueno, histoire de calmer le monstre à l'intérieur de lui. Les frites lui brûlèrent la langue et le pain trop chaud la gorge, mais il s'en foutait. Le sac encore sur les épaules, il ne prit même pas la peine de s'asseoir alors qui avalait sans mâcher sa nourriture-thérapie. Bientôt, il sentit l'angoisse se tasser dans son ventre.

« Mauvaise journée ? »

La bouche encore pleine, il eut la décence d'avaler avant de parler quand il se tourna vers Harry.

« Mauvais partiel. C'est dix mille sessions de rattrapages que je vais devoir passer pour avoir ma foutue année. Je suis stupide et débile, putain ! »

Harry se mit en face de lui, et sans prêter attention au regard noir de serial killer que lui lança son camarade, piocha dans sa barquette de frites.

« Viens chez moi, on va chiller et se détendre.

- Tu me feras à manger ?

- Hein ? Boulimique et dépressif, génial. T'as d'autres tares ?

- Oh si tu savais..., soupira le blond enfournant ses dernières frites et le reste de son panini en une seule bouchée. Si tu savais toutes les tares que j'ai, Harry. Ce n'est que le début. »


Infected Mushrooms & Hope 6 – Where do I belong

L'appartement de Harry se situait en périphérie de la ville, et il était du feu de Dieu ! Draco l'enviait surtout car il n'avait pas de colocataire puéril et envahissant à supporter. Dans son imagination, Harry vivait avec un des Weasley ou sa grande pote Granger, ou un camarade Gryffondor, mais pas seul, ça collait tellement pas à l'image du Harry qu'il se faisait. Jours après jours, il découvrait un jeune homme complètement différent de ce qu'il imaginait, et il l'appréciait de plus en plus...

« Il est trop cool ton appart, puis t'as pas de coloc chiant ! s'extasiait sans cesse Draco.

- Je le connais ? l'interrogea Harry, en enlevant sa veste.

- C'est Théo, tu sais. Il était à Serpentard. Un garçon discret et timide... du moins à Poudlard. Je, c'est pas qu'il est méchant, mais je le supporte plus, il est débile – encore plus que moi – et relou.

- Viens vivre avec moi. »

Draco haussa un sourcil et fixa Harry, cherchant à savoir si c'était une plaisanterie ou non, cependant son visage neutre ne lui indiqua rien. Par dépit, il décida à une blague.

« Je deviens rapidement insupportable.

- Comment ça ? »

Le jeune homme observa une nouvelle fois Harry, pensif. Tandis que ce dernier sortait des boissons, il se demanda s'il devait parler en premier du fait qu'il pouvait passer des jours sans parler, à lire ou à s'abrutir devant la télé et qu'il adorait ça, qu'il pouvait uniquement se nourrir de sucre durant une semaine, ou bien qu'il passait certains jours à gloutonner pléthores de paquets de biscuits en pleurant sur sa débilité. Qu'il était lunatique et dépressif, et super méga susceptible. Et... qu'il avait envie que Harry le prenne dans ses bras.

« J'sais pas, je suis bizarre un peu. »

Un épisode Rick et Morty passait à la télé, le son coupé. Draco se sentit de trop dans ce salon, et totalement stupide (mais ça, il avait l'habitude, le sentiment devenait désagréablement récurrent en ce moment). Pour s'occuper les mains, il se roula une cigarette et fit une nouvelle fois le tour du salon. Fallait qu'il trouve une alternative à la clope quand il ne savait pas quoi faire ; se sentir débile quelques temps ne valait pas un cancer du poumon. Peut-être qu'il devrait tenir un carnet de culture générale où il noterait tout ce qu'il trouverait intéressant... Ça, c'était cool ! Et sans doute que son ego se porterait mieux, et pas alité dans un marasme de décrépitude de soi-même.

A la dérobée, il observa Harry faire chauffer un reste de lasagne. En plus d'apprécier la personnalité que lui offrait le jeune homme, il lui plaisait terriblement. Parfois il se prenait à rêver à l'imaginer asexuel, à les imaginer ensemble et entre eux, tout se passerait bien comme dans le meilleur des mondes possibles. Harry surprit le regard de Draco posé sur lui, qui se sentit rougir jusqu'à la racine des cheveux. Par pitié, qu'on ne distingue rien sur son visage.

« Je vais fumer, » dit-il à Harry en lui montrant sa cigarette.

Draco disparut sur le balcon, rouge écrevisse, et à son grand dam, Harry le rejoint avant qu'il eut le temps de calmer les battements de son cœur.

« Ton assiette est prête.

- M-merci. »

Tomber sous le charme de Harry Potter, quelle idée de merde. C'était sûrement la faute à ses yeux trop verts, ça le troublait. Ou alors parce qu'il avait de belles mains, ou une jolie voix...

« Ça va, t'es bien silencieux ? » demanda Harry.

« Je suis obnubilé par le fait de t'embrasser et de te prendre dans mes bras » n'était pas précisément la réponse attendue. A la place, il répondit qu'il était fatigué et qu'il avait mal dormi – ce qui n'était pas totalement faux.

Son cœur tambourinait contre ses côtes. Que se passerait-il s'il tentait d'embrasser Harry ? Celui-ci ne lui avait pas caché sa pansexualité, Draco avait peut-être une chance. Harry se rapprocha – trop – près de lui, l'air inquiet.

« T'es sûr que ça va ? »

Fixer ses lèvres n'était sans doute pas la meilleure chose à faire.

« Ouais, je suis fatigué, et j'ai faim, t'inquiètes. »

Arrêter de bader sur sa bouche.

« Au fait, tu m'as dit que t'aimais bien sortir en boite, ça te tente d'aller taper du pied ce soir ?

- ...Carrément ! »

Taper du pied était inclus dans sa thérapie contre ses angoisses. Un jour, il faudrait qu'il essaye de manger en dansant, peut-être que ses peurs disparaîtraient pour de bon.

« Ça te dérange s'il y a Hermione et Ron ?

- Du tout. »

Eux ? En boite ? Draco était perplexe.

« Faut juste que je passe chez moi prendre des affaires, des sous, à boire. Mais euh... ça te dérangera pas de me ramener chez moi après la soirée ?

- Tu dors ici. »

Parfois, il enviait la candeur de Harry, cette façon qu'il avait de tout rendre simple et lipide.

« T'es sûr ?

- Si je te le propose, c'est que oui. »

Bien sûr. Qu'il était bête. Draco écrasa sa cigarette dans les plantes mal en point de Harry et investit le canapé, l'assiette de lasagnes sur les genoux. La bouche pincée, Harry l'observa écraser des chips et les mélanger à son plat, puis rajouter de la moutarde et du fromage.

« Tu manges normalement parfois ? finit-il par demander.

- Des pâtes aux frites, du risotto avec du fromage fondu, des sandwich avec des biscottes et... en fait, prends n'importe quel plat que tu veux et rajoute du fromage, une sauce bien fat, deux féculents qui n'ont rien à faire ensemble, et des chips est-ce que c'est considéré comme normal ? Et puis, ça, c'est quand je me nourris de salé : je peux m'alimenter uniquement à base de choses sucrées parfois. Bon, ça dure jamais longtemps parce que je me retrouve assez limité et les boudoirs au Nutella et aux céréales, ça va un jour. »

Harry était pantois.

« Je sais pas si je dois être dégoûté ou si je dois te féliciter pour avoir des idées aussi tordues...

- Félicite-moi, pour une fois que quelqu'un le fait. »

Le silence s'étira tandis que Draco finissait ses lasagnes aux chips, à la moutarde et au fromage fondu. Il prenait une bouchée chaque fois qu'une pensée contenant le mot « Potter », « partiel », « corde », « Lucius Malfoy », ou « déshonneur » effleurait son esprit et bientôt il se retrouva à court de nourriture. Peut-être aurait-il dû demander le plat entier. Néanmoins, son angoisse se retrouvait écrasée sous sa pitance et il se sentait beaucoup mieux qu'en sortant de son partiel.

« Merci pour le repas, je viens de ressusciter, » dit-il à Harry, qui fixait son bras. Il reprit : « Quoi ?

- C'est juste que je regardais ton tatouage, » et voyant que Draco tirait sur la manche de sa veste afin de le cacher, s'en saisit et passa ses doigts sur la tête du serpent. Ne sachant quoi dire, Draco resta pétrifié alors que Harry le touchait. « Ça me fait bizarre de la voir, je saurais pas t'expliquer. »

Il caressait son bras si doucement, presque avec tendresse qu'il en ressentit des frissons dans tout le corps. Draco eut à nouveau envie de serrer Harry dans ses bras. C'était seulement la deuxième fois qu'ils se voyaient vraiment, pourtant Draco se sentait déjà tomber amoureux, tout doucement et très très lentement, mais amoureux quand même. Harry lui rendit son bras, l'estomac de Draco faisait de drôles de montagnes russes.

« Tu reviens chez moi vers quelle heure ? »

Draco consulta sa montre. 17 heures 48. En prenant en compte le temps pour rentrer chez lui, se préparer, retourner chez Harry, tout ça en transport en commun et sans se perdre, il calcula qu'il lui faudrait une éternité.

« 20 heures 30, voire 21 heures. Tu fais apéro à quelle heure sinon ?

- Quand tu arriveras ! Il y aura sans doute Hermione et Ron qui seront déjà là, et peut-être des potes de la fac. »

Des gens, et des gens qu'ils ne connaissaient pas, quelle horreur, c'était stressant.

« Ça marche. A toute à l'heure. »

Il rassembla ses affaires, et piqua une poignée de chips en partant. Il avait espéré que le trajet lui remette les idées en place, cependant il se sentait toujours aussi confus et sous le charme de Harry en arrivant chez lui.

Et en effet, il lui fallut une éternité pour revenir chez Harry. A 21 heures 30, essoufflé et exténué, il sonna devant chez son ami. Il rangea son couteau suisse en toute discrétion alors que ce dernier lui ouvrait et le prier d'entrer.

Les invités s'étaient déjà mis dans l'ambiance, Draco pouvait sentir l'odeur du cannabis depuis l'entrée et le mur tremblait quand il s'appuya dessus pour enlever ses chaussures, à cause des basses. Ron et Hermione étaient déjà là, Draco eut un peu l'impression de voir Blaise et Pansy. Puis il fit la bise à une autre personne dont il oublia le nom une fois entendu.

C'était peut-être pas une si bonne idée de venir chez Harry alors que ses amis étaient présents, Draco se sentait déplacé et il n'avait plus le monopole du regard de Harry. Il s'éclipsa tout doucement sur la terrasse pur fumer sa clope et s'éloigner du monde. Bientôt la porte vitrée coulissa et la tête de Harry apparut.

« Ça va ? Oh pardon, j'ai l'impression de te poser tout le temps cette question, mais... j'aime quand tu vas bien. »

Draco fut trop occupé à calmer les battements de son cœur, pour essayer de sourire.

« Ça va. C'est juste que je suis pas très sociable, en fait, et euh, un peu timide, même si j'ai tout fait pour le cacher. »

Harry s'assit à côté de lui, alluma une cigarette, puis posa une main sur son genou, comme pour le rassurer, et planta ses yeux verts dans les siens. Putain, cette façon qu'il avait de le regarder, ça lui retournait le cerveau et le ventre.

« Je comprends, y a pas de mal à ça. Te force pas à être quelqu'un que t'es pas ; si tu veux pas leur parler, leur parle pas et c'est ok. »

Draco devait-il lui dire qu'il trouvait Harry parfait ? Non, trop tôt. Le jeune homme se força tout de même à faire la conversation à Hermione et Ron, mais passa le plus clair de son temps à la terrasse à caresser le gros chien de Harry, il se sentait plus à l'aise seul. Puis, il croiserait plus d'une bonne centaines de personnes à la soirée, ça compensait.

Juno Reactor – Consquitador (Astrix remix)

Minuit, la joyeuse troupe se tenait devant le complexe de la boîte de nuit. Draco abandonna ses camarades pour aller acheter de quoi tenir toute la soirée et kiffer le son tout seul. Fini les cauchemars, fini l'angoisse de ses partiels, fini la culpabilité, il était juste Draco, qui vivait pour la musique et dont le son coulait dans ses veines. Plus d'une heure plus tard, alors que sa pilule magique avait fait effet et qu'il était transcendé par la musique, Harry le prit dans ses bras et le tira hors de la grande salle, sur la terrasse et à l'air frais.

« Ça va ? »

Harry commandait des bières, les jambes de Draco frémissaient de ne pas pouvoir taper du pied et gesticuler dans la musique. Il trépignait d'impatience de revenir tripper dans le son.

« Ouais carrément ! Je me suis jamais senti aussi bien ! »

En fait, si. Depuis sa dernière perche. Harry le guida jusqu'à un siège et le força à s'asseoir. La bière le rafraîchit plus qu'il ne le pensait, il était déshydraté. Harry s'assit en face de lui, ses genoux touchaient les siens. Le cœur de Draco galopait dans sa poitrine, ses jambes tremblaient toujours cependant il ne savait plus si cela était dû à la proximité de Harry ou à la drogue.

« Tu sais, j'ai quelque chose à t'avouer, » commença Harry.

Quoi, il ne voulait plus être son ami ? Harry en avait déjà marre de ses tares, pourtant boulimique et dépressif, c'était pas grand chose... c'était rien comparé au reste. Le brun se pencha vers Draco, qui se prenait une méga perche. Il se concentra de toute ses forces pour écouter Harry jusqu'au bout, et ne pas flancher, ne pas vriller.

« C'est bête, mais j'crois que tu me plais, et je suis en train de tomber amoureux de toi. »

Harry eut un rire étranglé, c'était la première fois que Draco le voyait aussi peu sûr de lui. Une minute... Harry venait de lui avouer qu'un semblant de relation serait possible entre eux. Devait-il lui dire maintenant ou plus tard qu'il était asexuel et que la seule vue d'un pénis autre que le sien pourrait lui provoquer une crise de panique ? Nooon, Harry pourrait bien attendre quelques jours, l'information n'était pas indispensable.

« Je... je ressens la même chose. C'est fou, hein ? »

Il eut le temps de se mordre la langue un milliers de fois et de se traiter de débile une bonne centaine de fois. Quelle éloquence, bravo. Mais avec un cerveau bombardé d'amphétamines, rester concentré et parler normalement devenait compliqué.

« Je veux dire que... »

Il se mordit la langue, volontairement. Rien à faire, même drogué il restait un handicapé sentimental, incapable d'exposer ce qu'il ressentait. Merde, c'était le bordel dans sa tête. Le siège le retenait prisonnier, son cerveau perdait une à une ses capacités et en face de lui, Harry venait de lui dire qu'il était potentiellement amoureux de lui. Il dût faire un effort incommensurable pour s'arracher à sa perche, pour parler.

« Putain j'suis amoureux, je crois, moi aussi, euh, tu me plais aussi. »

Pas parfait, mais déjà mieux. Harry lui sourit, Draco se sentit fondre dans le fauteuil. Sans prévenir, il le remit debout et lui caressa les cheveux.

« On revient dans le son ? »

Draco enroula ses bras autour de la taille de Harry, et nicha sa tête dans son cou. Il transpirait comme pas possible, mais peu importe, il serrait enfin Harry dans ses bras. Doucement, le brun lui redressa la tête.

Ses lèvres avaient le goût de la bière qu'il venait de boire, les jambes de Draco flanchèrent encore sous lui, pas à cause de la drogue cette fois-ci. Oh bordel.

Le reste de la nuit de déroula dans un tourbillon de couleurs, de musique et de fumées. A huit heures du matin, Draco se retrouva devant la boîte hagard, et cassé en deux. Il retrouverait peut-être ses jambes (et une colonne vertébrale neuve) aux objets trouvés. Il s'assit sur une des marches menant au complexe, s'enroula dans sa veste et tente de fumer sa clope. Les effets de la drogue et de l'alcool se dissipait, il retrouvait sa lucidité et il savait qu'il lui faudrait affronter Harry. Qu'allait-il se passer maintenant qu'ils s'étaient embrassés ? Harry n'avait aucune idée de la merde dans laquelle il se lançait en sortant avec Draco.

D'ailleurs, où était-il passé ? Draco se congelait sur place, son lit le suppliait de revenir et puis... la présence de Harry le réconfortait.

« Yo, désolé de t'avoir fait attendre ! J'avais perdu ma carte d'identité dans la boite. »

Draco fit un effort titanesque pour relever la tête, il croisa le regard de Harry, penché au dessus de lui.

« Tu crois que je pourrais trouver un nouveau corps aux objets trouvés ?

- Viens, on rentre, » lui dit Harry, en lui tendant la main.

Ses jambes protestèrent quand il se leva, tout comme son dos. Le trajet se fit dans un silence tranquille ; de temps en temps, Harry jetait des coups d'œils à Draco, qui faisait semblant de ne rien voir. Tout ce qu'il souhaitait, c'était dormir pour l'éternité, ne plus jamais voir et parler à Harry, ou revenir huit heures en arrière, quand tout était beau et psychédélique.

Arrivés à l'appartement de Harry, Draco dormait debout. Pitié, qu'on l'achève maintenant ou alors qu'il dorme. Il se mit en boule dans le canapé et alluma une dernière cigarette. Harry s'assit doucement à côté de lui, et le prit dans ses bras.

« Ça va ?

- Oui. Je suis juste fatigué. »

En réalité, il voulait juste se rouler en position fœtale et pleurer ; la descente, Harry qui était si gentil avec lui, la douleur, la fatigue, lui donnait envie de remplir une piscine avec ses larmes.

« On va dormir ? »

La panique sortit Draco de son état léthargique, il se redressa d'un coup et s'éloigna de Harry.

« T'as une chambre d'amis ?

- Je... ouais. »

Harry semblait plus étonné que fâché. Une douce torpeur vint reprendre Draco, soulagé. A grande peine, il s'extirpa hors du canapé et agita sa main, en direction de son ami.

« Euh, bonne nuit. On se voit demain ? »

Harry lui caressa le bout des doigts, l'estomac de Draco fit des loopings.

« Bonne nuit, à demain. »


Think Up Anger – Smells like teen spirit

Draco ouvrit les yeux en fin d'après-midi, malgré tout ses vœux pour ne jamais se réveiller. Il se prélassa dans le lit avant de se souvenir des événements de la veille, chez qui il était et qui il avait embrassé. Parfaitement réveillé à présent, il se redressa d'un coup – son dos émit une vague protestation – et se prit la tête entre les mains. Merde merde merde. Harry habitait au quatrième étage, impossible de sortir en catimini par la fenêtre. Du bruit lui apprit que le loup était réveillé, impossible aussi de s'enfuir par la porte d'entrée en toute discrétion. Il se força à rester calme, à respirer profondément et ne pas pleurer de désespoir. Finalement, après de longues minutes à lutter contre lui-même, il prit son courage à demain et sortit de la chambre d'amis.

Harry cuisinait, dos à lui. C'était plus facile de le voir comme ça, néanmoins, il se racla la gorge, signala sa présence et Harry se retourna, tout sourire.

« Hé ! Bien dormi ? J'ai préparé à manger, si t'as faim. »

Et Harry se rapprochait de lui, la spatule à la main.

« Ah, euh, merci. Je... je reviens, je vais me doucher. »

Draco se sentait horriblement mal à l'aise, il aurait voulu disparaître, transplaner pour éviter la discussion qui allait suivre.

Il détestait se doucher autre part que chez lui mais l'eau froide lui fit du bien, en même temps qu'elle réveilla la douleur dans ses jambes et le bas de son dos. Propre mais toujours anxieux, il revint à la cuisine, où Harry mangeait des œufs brouillés. Draco s'assit prudemment en face de lui et se servit du thé, il avait trop l'estomac noué pour manger.

« Tu sais, ce que j'ai dis hier, que j'étais amoureux et que ça me déplairait pas qu'on fasse un bout de chemin ensemble, ça tient toujours. »

L'intéressé s'étrangla. Devait-il lui dire maintenant qu'il était asexuel au possible, que la vue d'un corps nu pourrait lui provoquer une crise de panique ou, dans le meilleur des cas, lui donnerait sûrement envie de vomir et qu'en plus, il pétait pendant son sommeil. Au moment, où ils seraient sur le point de le faire, la Chose, que dirait-il à Harry ? « Oh non désolé, ça m'intéresse pas des masses que tu me pénètres le cul, je préfère regarder Netflix et chiller. Et d'ailleurs tu voudrais pas couper ton pénis ? Il me gêne. » Oh oui, génial ! Bon, du calme. Le sexe n'était pas encore à l'ordre du jour, il avait encore un peu de temps avant de faire son coming-out.

« Je suis sérieux, » reprit Harry.

Savait-il dans quelle merde il s'engageait ?

« Je... je sais pas quoi te dire. Enfin, oui, je veux qu'on sorte ensemble ! rajouta t-il alors que le visage de Harry se décomposait. C'est juste que, merde, je sais pas quoi te dire. »

Pourtant, un large éventail s'offrait à lui : asexualité, son ex malsain qui l'avait cassé, ses pensées suicidaires, son inexistante estime de lui, son envie de prendre Harry dans ses bras, la paix qu'il ressentait quand celui-ci le regardait...

« Je suis bizarre et c'est pas pour me vanter, parce que c'est pas un compliment, je suis pas comme les autres, vraiment pas. Je suis pas ''normal'', » fit-il en mimant les guillemets sur le dernier mot.

- Je le sais bien, je le sens.

- Non... »

Draco se prit la tête entre les mains. Merde, il allait vraiment parler de ça maintenant, alors qu'il venait juste de dessoûler et qu'il luttait pour ne pas se rendormir sur la table ?

« Je suis asexuel, c'est-à-dire que je ressens pas de désir sexuel. Ça m'intéresse pas de coucher, c'est qu'une perte de temps, y a d'autres moyens d'être proche, pas besoin que je prenne une bite dans l'anus – Harry pouffa – et j'ai été... »

Les mots ne sortaient plus.

« Je comprends si tu retires ta proposition de sortir avec moi, je crois que c'est, euh, légitime vu que tu es allosexuel – tu ressens du désir – et que le sexe semble être important dans une relation, même si je comprends pas trop pourquoi. »

Il se roula une cigarette et l'alluma aussi tôt. Draco s'affala sur la chaise, tout en soufflant sa fumée vers le plafond. En fait, il était soulagé.

« Mais, genre, t'as jamais eu envie de, enfin voilà ? » l'interrogea Harry, éberlué.

Draco secoua la tête. Vouloir mettre son pénis dans l'arrière train de quelqu'un, ou recevoir une excroissance dans son intimité ? Non, très peu pour lui.

« Mais je suis pas ton premier copain, comment vous faisiez avec l'autre ? »

Oh, oh, sujet sensible.

« Je veux pas en parler. »

Harry hocha lentement la tête, la bouche pincée, semblant comprendre que quelque chose clochait.

« D'accord, y a pas de souci. Mais viens près de moi. »

A petit pas, Draco s'approcha de Harry, toujours en face de ses œufs brouillés. Il le prit dans ses bras et posa sa tête contre son ventre. Pris au dépourvu, Draco caressa les cheveux noirs, attendant que son ami parle.

« Je te forcerai pas, j'attendrai le temps que tu sois prêt, c'est pas quelque chose d'urgent qu'on couche ensemble. »

Draco fut incapable de parler, il serra Harry plus fort contre lui, tout en retenant ses larmes.


Break Science - Forest Of Illumination

L'appartement de Blaise n'avait pas changé, si on faisait abstraction de l'étendoir au milieu du salon où séchaient les sous-vêtements de Pansy. Draco ne savait plus où regarder entre ça et ses amis qui se roulaient une pelle monstrueuse devant lui. Il hésita longuement entre s'enfuir en douce ou leur proposer son aide ; finalement, il se racla la gorge, signala sa présence pour la quatrième fois de la soirée déjà. Mais qu'est-ce qu'il fichait ici déjà ? Peut-être qu'une soirée avec Théo, aussi insupportable soit-il, devant Breaking Bad aurait été plus appréciable.

« J'ai quelque chose à vous dire, commença Draco d'une petite voix – ils n'avaient pas dérangé ses amis en plein échange de microbes pour rien –, je euh sors avec Harry. Harry Potter.

Blaise fut immédiatement pris d'un fou rire tandis que Pansy ouvrit ses yeux en grand.

« J'espère qu'il sera... gentil, dit lentement Pansy.

- Il le sera, affirma Draco alors qu'il n'en savait foutrement rien. Et je découvre une autre personne que celle qu'il laissait paraître à Poudlard, un peu comme moi, ou Théo. »

Un fou rire silencieux toujours Blaise, et les yeux de Pansy brillaient. Draco se tortilla dans le canapé, mal à l'aise sous le regard inquisiteur de ses amis, et tira plus fort sur sa cigarette.

« Harry Potter ! Qui l'eut crû ? » finit par dire Blaise, le visage rouge d'avoir ri.

Pas Draco lui-même en tout cas.


Le silence était palpable, les grattements des mines sur les feuilles devenaient presque bruyants. Coincé entre deux filles, Draco observa ses camarades d'amphis, des étrangers, d'autres croisés sur le campus gratter leur feuilles avec acharnement, pour la plupart. Il jeta un millième coup d'œil à sa copie mais toutes ses connaissances et ce qu'il avait essayé de broder avec la problématique donnée tenaient en une feuille recto. Génial. Il était bon pour le rattrapage, pour repasser toutes ses matières en fait, parti comme il était.

Merde. La réussite ou la pendaison, ces seuls choix, et lui voulait vivre. Putain qu'il voulait vivre depuis qu'il avait rencontré Harry ! Draco se détestait de niaiser comme il le faisait, de s'attacher autant à son Ami, cependant il ne pouvait lutter contre la raison de son cœur.

Encore un quart d'heure et il pourrait sortir de l'amphi.

Peut-être qu'il devrait prévoir un planning de révision pour ses rattrapages, qui débutaient dans un mois. Au moins, là, il serait prêt. Et pleins de fiches de révisions, et il compléterait ses cours avec des recherches sur le magique Internet. Oh oui, il aurait des fiches et des connaissances en béton ! Et surtout, il aurait son année. Son père ne viendrait pas prendre son âme pour l'amener Azkaban, il cesserait de passer devant ce magasin de bricolage devenu morbide et il passerait son été à se dorer la pilule avec Harry et Blaise (sans Pansy bien sûr). Quel programme !

Un quart d'heure venait de s'écouler, il se leva prestement, signa le registre, déposa sa copie sous le regard piteux de son enseignante et disparut hors de l'amphithéâtre grouillant. Mais d'abord il devait finir la saison 3 de Breaking Bad et son paquet d'oréos dans son canapé. Ensuite, il se mettrait au travail, promis.


TBC


Merci d'avoir lu jusqu'à là, c'est encore plus gentil si vous laissez des reviews (toute façon, toi qui me lis, t'es obligé de laisser un avis, même s'il est négatif, parce que sinon, je vais te hanter cette nuit, et si tu prononces trois fois Mello devant un pot de Nutella, je vais te donner une indigestion). Non sérieux, c'est sympa de laisser son avis, même si c'est qu'un mot, ou une review qui me descend, parce que ça me prouve que je me suis pas cassé le c*l pour rien. Bisous, à vendredi prochain !

Beignet orgasmique au Nutella et suhis. Mello