Kim mène la vie dorée de toutes les jeunes élites de son âge mais tout bascule le jour où une certaine jeune fille est assassinée dans les toilettes du deuxième étage. Et tandis que Kim tente de découvrir ce qu'il s'est véritablement passé ce soir-là, l'influence de Tom Jedusor ne cesse de s'accroître dangereusement chez les Serpentard.

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Ma vie, un paradis

La voix de ma mère résonne dans toute la maison : « Kim Van Hallerberry ! »

Je crois que je vais me cacher sous le lit. Quand elle hurle comme ça, ce n'est jamais bon pour la personne qu'elle appelle, en l'occurrence moi. Je me terre donc sous mon lit dans l'espoir de passer inaperçu. C'est sans compter sur Didi, mon elfe de maison. Je vois bientôt ses pieds apparaître près de mon lit et sa tête rentre soudainement dans mon champ de vision.

« Salut ! Je lui lance avec un sourire innocent.

_Miss Kim… Commence-t-il sans ciller.

_Ce n'est pas ce que tu crois ! Je fais des exercices de respiration, et je n'évite absolument pas ma mère. Je fais juste des tests pour voir si je suis claustrophobe.

_Et êtes-vous claustrophobe ? Me demande-t-il avec un air sincèrement inquiet.

_Mais non ! Je râle en levant les yeux au ciel. D'accord, j'ai inventé cette excuse pour éviter ma mère. »

Je le vois se détendre. Il a vraiment cru à toutes mes salades ? Didi est vraiment l'elfe de maison le plus stupide que je connaisse. Mais sa stupidité montre aussi combien il est attentionné envers moi et qu'il sait prendre soin de notre famille. Pour ça, Didi est un bon elfe de maison !

« Sans vouloir vous offenser, je crois qu'il vaudrait mieux que vous sortiez de votre cachette tout de suite. »

Je soupire. Oui, il a raison comme toujours. Ma mère n'est jamais en colère très longtemps. Elle n'est d'ailleurs pratiquement jamais en colère, je crois même que c'est la plus cool de toutes les mères du monde. Mais depuis le temps que je vis avec elle, je sais reconnaître quand elle est vraiment en colère et son cri de tout à l'heure est un des signaux qui signifie qu'elle est ivre de rage.

Je me résigne tout de même à sortir de sous mon lit avec l'aide de Didi qui m'époussette ensuite. Il me souhaite bon courage tout en m'accompagnant jusqu'à la salle de séjour. C'est une pièce peinte en blanc, comme toutes les pièces de notre maison pratiquement, et les meubles sont noirs. Il y a le grand portrait de famille qui prône juste au-dessus de la cheminé, c'est très narcissique mais ma mère avait envie de montrer à tous nos invités combien nous sommes une famille soudée.

Si elle veut absolument montrer à quel point notre famille est solidaire c'est parce que depuis la mort de mon père lors d'une de ses expériences en tant que Potionniste (à l'époque j'avais quatre ans) ma mère s'est retrouvée un nouveau mari. Cela va bientôt faire dix ans qu'ils sont mariés. Ce nouveau mari c'est le directeur du département de la Justice Magique, il s'appelle Carter Davis et il est plutôt cool. Il est sympa avec moi et je pense qu'il aime sincèrement ma mère alors je lui donne mon feu vert, même s'il n'en a pas besoin vu que ça fait dix ans qu'il vit avec nous. Il m'a plusieurs fois emmené au match de Quidditch et il va essayer de me faire entrer dans un club quand je sortirai de Poudlard. Je suis déjà capitaine de mon équipe depuis cet été, j'ai reçu mon blason avec une lettre de félicitations de mon grand-père, le professeur Dippet et directeur de Poudlard !

Est-ce que ça me gêne que mon grand-père soit directeur de Poudlard ? Pas vraiment. Non, je n'ai aucun traitement de faveur même si je sais que certains le pensent mais je sais que c'est faux. Depuis que je suis préfète de Serpentard, plus personne n'ose dire quoique ce soit de toute façon. J'ai le pouvoir de les envoyer en retenue, et j'ai aussi le pouvoir d'aller me plaindre à mon grand-père des autres élèves alors que demander de mieux ?

« Te voilà ! Rugit ma mère avec une spatule à la main. Kim Van Hallerberry, je peux te dire que tu vas passer un sale quart d'heure ! »

Je fais immédiatement demi-tour et m'empresse de revenir sur mes pas tandis que ma mère se hâte derrière moi pour me rattraper. Finalement, je crois que je pourrais demander mieux…

« Ne me tourne pas le dos jeune fille ! Je sais ce que tu as fait et rien ne m'empêcheras de te punir ! »

C'est ce que je craignais… Non ! Je ne veux pas être punie pendant les vacances, Merlin je vous en supplie ! Je serai la fille la plus sage de l'univers s'il le faut !

Entre mes supplications intérieures et mes piètres tentatives pour retourner sous mon lit, ma mère m'a déjà rattrapé et me barre le passage en agitant sa spatule pleine de sauce tomate.

« Ta grand-mère m'a dit que tu avais incendié son chat !

_Je ne l'ai pas incendié ! Je rétorque aussitôt pour ma défense. J'ai plutôt… oui bon je l'ai jeté dans la cheminé ! Mais comment je pouvais savoir que grand-père allait arriver au même moment !? Le chat était là et tout d'un coup… Pouf ! C'était grand-père !

_Et pourquoi tu as jeté le chat de tes grands-parents dans la cheminée ? Tes grands-parents qui ont si gentiment accepté que tu viennes dormir chez eux pour que tu sois plus proche de la ville, toi qui voulais sortir avec tes amis !

_Franchement maman un chat c'est quand même la pire espèce du monde ! Ca met des poils partout, ça se prélasse toute la journée et en plus il avait choisi la meilleure place sur le canapé ! Ce gros pataud dort toute la journée et en plus il faut qu'il soit installé à la meilleure place, non mais tu te rends compte !? Et il me regardait avec son petit air… tu vois, un air de défi, il avait bien conscience de la situation, il savait le salop ! Il savait que je voulais m'asseoir à cette place, c'est ma place, je m'assois toujours ici et là il l'a fait exprès ! Alors ni une ni deux, je lui ai montré qui était le maître de la maison et hop ! Dans la cheminée et un rôti de chat, un ! » Je m'écrie en levant le bras en l'air avec fierté.

Ma mère se masse la tempe comme à chaque fois quand elle a mal à la tête. Elle soupire, et lève les yeux jusqu'au plafond alors qu'il n'y a rien à voir puisque notre plafond est tout blanc.

« Je vais me faire une tasse de thé… Marmonna-t-elle en commençant à repartir dans la cuisine. Mais tu vas devoir aller t'excuser auprès de tes grands-parents ! »

Je hoche la tête, bien trop contente d'avoir pu m'en sortir encore une fois. C'est tellement facile de balader ma mère. Tout ce que j'ai raconté était vrai mais j'ai un peu étoffé pour donner un peu plus de contenance à mon récit, et résultat ? Ma mère a eu mal à la tête et n'a pas voulu s'attarder sur cette histoire. Conclusion ? J'ai encore gagné.

Le soir, nous mangeons tous les trois en famille vu que c'est si important pour ma mère que nous formions une véritable famille unie. Et comme tous les soirs, la conversation tourne vite autour des sujets pas intéressants comme les évènements politiques, etc. Carter, mon beau-père, est un accro du travail. Je crois qu'il pourrait faire passer son travail avant tout le reste. Mais il est gentil et quand il est à la maison, il s'occupe toujours de nous. Ce soir, il a offert un bracelet à ma mère avec un bouquet de fleur pour fêter leurs dix ans de mariage. Carter n'aime pas les fêtes, il préfère célébrer ce genre d'évènement en petit comité. Ce petit comité comprend Carter, ma mère, moi, et Didi qui a reçu le dernier balai à la mode. C'est celui qui attrape toutes les poussières sans en laisser une seule ! J'avais vu la publicité sur une page de la Gazette du Sorcier, à côté de l'interview de Lorcan d'Eath un chanteur vampire dont la chanson Cou de vous est déjà un tube. Quant à moi, Carter m'a offert des places pour une soirée caritative où je pourrais rencontrer tous les joueurs de quidditch de Grande-Bretagne. Avec ça, j'ai quand même eu droit à de nouvelles jambières pour le quidditch.

Tandis que Carter et ma mère entament une discussion sur comment ils comptent s'habiller à cette soirée caritatives afin d'être assortis, je consulte les billets d'entrée et remarque qu'il y en a une de plus et ça m'étonnerait que ce soit pour Didi. Avec un immense sourire car je connais déjà la réponse à ma question, je demande :

« Elle est pour qui la quatrième place ?

_J'ai pensé que tu pourrais venir accompagnée par Jayce. » M'avoua Carter en lançant un regard à ma mère.

Ouais, il veut l'impressionner et ça marche visiblement. Elle lui répond par un immense sourire et des yeux pétillants comme s'il venait de ressusciter Merlin. Je le remercie et je serre très fort les places contre ma poitrine.

Maintenant, il n'y a plus qu'à en informer Jayce. Ce qui risque d'être compliqué puisque les soirées caritatives ne sont pas vraiment son style de soirée… Je suis avec Jayce depuis le début de l'année, ce qui fera six mois dans une semaine ou deux ? Je ne sais plus mais ce n'est pas grave, on ne fête pas nos six mois. Avec Jayce on a décidé de ne célébrer que les années, parce que si on s'arrête comme les autres couples à « ça fait une semaine qu'on est en couple, wah ! » ou le « ça fait trois mois, maintenant on peut vraiment se considérer comme un vrai couple », on n'en a pas fini ! Du coup, nous en avons discuté au tout début de notre relation et nous sommes tombés vite d'accord sur le fait que si ça marche un an, on pourra commencer à pouvoir fêter nos anniversaires de couple. Sinon… bah tant pis, la vie continue ! On a quinze ans donc pour l'instant, ni lui, ni moi n'avons envie de nous prendre la tête avec ça.

Néanmoins, je dois vous avouer que quand je pense à lui je suis quand même fière de pouvoir dire : « ça, c'est mon homme. » Non, Jayce n'est pas le capitaine d'une autre équipe de quidditch, il ne fait pas non plus partie du club d'échec, encore moins de celui des Bavboules, mais il fait partie du club de Slug ! Je trouve que c'est déjà pas mal. Il n'est pas très musclé mais je lui pardonne parce que lui en retour accepte que je ne fasse qu'un bonnet A. Il ne fait pas de brushing comme les autres garçons, il ne se gomine pas les cheveux et pourtant je suis sûre que ça lui irait bien. Non, Jayce est un peu un rebelle dans l'âme. Oui, je suis en couple avec un rebelle. Enfin un rebelle qui est quand même le deuxième meilleur élève de notre classe ! Oui, je suis en couple avec un rebelle intello. Mais que voulez-vous ? Je le trouve trop craquant quand il fronce les sourcils de concentration en cours, quand il tire un peu sur sa cravate en Potion parce qu'elle le serre trop, et quand il remet ses mèches rebelles derrière sa tête à ce moment je ne suis plus que chair et désir…

Non, on ne l'a pas encore fait. C'est lui qui ne veut pas ! Moi je lui sauterai bien dessus même en plein banquet au milieu de la Grande Salle mais lui, il veut... comment dit-il ? « Susciter le désir jusqu'à son maximum. » Moi personnellement je suis déjà au maximum ! Totalement prête, remplie de désir et parfois quand je suis avec lui je sens le bat de mon ventre qui me tiraille tant mon désir ne demande qu'à être assouvi ! Mais monsieur trouve cela amusant et veut attendre le bon moment pour me cueillir. J'espère qu'il va se dépêcher avant que je ne fane.

« Ta grand-mère m'a envoyé une robe par hibou, il va falloir que tu l'essaie. Tu pourrais la porter pour la soirée caritative, me suggère ma mère encore avec son sourire béat après avoir plongé dans les yeux noirs sans fin de Carter.

_Moui… » Je marmonne en hochant lentement la tête très peu réjouie à cette idée car les robes de grand-mère ne sont jamais de bons goûts.

Enfin si, elles sont de bons goûts dans le sens qualitatif mais ce n'est certainement pas mon style de robe. Les froufrous, la dentelle, et tout le truc mignon… Berk ! Elle a même essayé une fois de me passer un serre-tête assorti à ma robe, et désormais je pense qu'elle a compris que les serre-têtes n'étaient vraiment pas faits pour moi car tout comme le chat, il a fini dans la cheminée.

Mes grands-parents sont très conservateurs. Ils aiment tout ce qui appelle à la tradition. Et je pense que ma mère a dû leur donner du fil à retordre quand elle était jeune car ma mère n'est pas comme eux. Je pense qu'elle a eu sa période rebelle, d'ailleurs elle me pique toujours mes affaires quand je suis à Poudlard. Je crois même que parfois elle aimerait bien avoir de nouveau quinze ans pour se comporter en gamine comme moi.

Après le repas, je me dépêche d'envoyer un hibou à Jayce pour l'inviter à la soirée caritative. Avant de confier la lettre à mon hibou, je l'embrasse et adresse une prière pour que Jayce accepte de venir. Il n'aime pas ce genre de mondanité. Jayce préfère les sorties entre amis, sur le Chemin de Traverse, aller prendre une Bière au beurre au Trois Balais, etc. Il connaît déjà ma mère et Carter depuis très longtemps, il a même connu mon père. Nous nous connaissons depuis la naissance, nos parents sont des amis d'enfance. Mais il est venu dîner au Noël dernier afin d'officialiser notre relation. Ma mère l'a littéralement adopté, et Carter lui a offert son aide si jamais il souhaitait obtenir un stage au Ministère de la Magie. Même Didi l'a apprécié ! Et je sais que ça peut sembler idiot mais le fait que Didi m'ait confié qu'il appréciait Jayce m'a fait plaisir. Si Didi approuve, c'est que Jayce est quelqu'un de bien !

Je reste un instant accoudé à ma fenêtre en regardant mon hibou s'envoler pour porter ma lettre à Jayce. Je me mets ensuite à contempler les étoiles une fois que mon hibou est hors de portée de ma vue. Avec mon père, on regardait les étoiles ensemble. C'est pratiquement le seul souvenir que j'ai de lui. Je ne me rappelle pas bien son visage, seulement grâce aux photos, mais je me souviens qu'en été, on descendait dans le jardin tous les trois avec ma mère et on regardait ensemble les étoiles. Je m'endormais souvent d'ailleurs parce que ça ne devait pas me passionner plus d'une minute, et j'étais sans doute encore petite pour tenir la soirée éveillée.

Le lendemain, Didi me réveille de bonne heure en me secouant avec douceur. Didi est le meilleur pour les réveils en douceur. Il a une voix apaisante, idéale pour vous tirer d'un long sommeil. Puis avant de partir, il entrouvre les rideaux afin que la lumière puisse percer un peu dans la chambre sans m'éblouir. Oui, Didi est le meilleur des elfes de maison. Cette fois, avant de partir, il me rappelle que je suis censée manger sur le Chemin de Traverse avec Lucy et Druella, mes meilleures amies.

Comme d'habitude, j'enfile une robe plutôt décontractée et m'attache les cheveux pour la journée. Il est vrai que je m'attache pratiquement toujours les cheveux, je préfère les avoir tiré en arrière plutôt que devant les yeux. C'est comme en match, je trouve ça désagréable la sensation de devoir toujours remettre ses cheveux en place. Au moins, tel que je les attache, ils ne bougent pas.

Druella me dit souvent que c'est du gâchis. Elle est tout simplement jalouse de mes longs cheveux bruns et lisses comme aucune autre chevelure. Elle, elle a des cheveux bouclés comme toutes les filles de notre âge. Les boucles sont à la mode mais moi je n'aime pas passer une heure dans la salle de bain le matin. Avec Lucy on est plus sur la même longueur d'onde à ce niveau là. Lucy est la gardienne de notre équipe de quidditch, et ses cheveux roux font qu'on la remarque facilement. Plutôt que de tirer ses cheveux en arrière, Lucy préfère les laisser vivre sans rien faire. Ils sont naturellement volumineux, et doux, je les compare souvent à un nuage.

Au début de mes années à Poudlard, je ne traînais qu'avec Lucy car nos parents sont amis et nous nous connaissions déjà bien avant Poudlard. On avait fait le pacte du « Refus des petites pétasses au cul baladeur dans notre bande ». Et c'est ce que nous avons fait ! On ne s'est pas mis à dos toutes les petites pétasses mais on a réussi à se faire craindre par ces filles-là. Résultat : elles nous lèchent toutes pratiquement la baguette maintenant. Il n'y a que Druella qu'on a accepté dans notre bande parce que c'est Druella. Elle s'habille de façon excentrique, toujours à la pointe de la mode, elle aime plaire aux garçons, et elle déteste le sport mais c'est Druella. Elle ne balade pas son cul devant tous les garçons, et elle est sympa, elle a de la répartie et une personnalité contrairement à toutes les autres pétasses.

Quand nous nous retrouvons toutes les trois devant le magasin d'Ollivander, notre rendez-vous habituel, nous échangeons immédiatement tout ce que nous mourrons d'envie de nous raconter depuis le début des vacances. Nous avons fait la promesse de ne rien nous raconter par hibou, sauf en cas d'urgence, afin d'être sûres qu'on allait au moins se voir une fois pendant les vacances. Cela fait déjà la troisième fois depuis le début des vacances que nous sortons en ville toutes les trois sans compter la traditionnelle soirée pyjamas chez Druella qui a toujours lieu pendant les vacances de février. On a établi un calendrier : je m'occupe de Noël, Lucy nous reçoit pendant les vacances d'été, et Druella en février. Le reste, nous le passons à Poudlard avec les autres élèves. C'est la tradition.

« Qui vient à la soirée caritative ? Demande Lucy quand nous entrons chez Tissard & Brodett.

_J'y serai avec toute ma famille, et Jayce !

_Jayce va venir à une soirée caritative !? S'étonnent-elles en chœur.

_Il ne m'a pas encore confirmé mais Carter lui a acheté une place en tout cas, je réponds avec fierté.

_J'ai tellement hâte de voir la tête qu'il va faire pendant toute la soirée, ricane Lucy qui ne rate jamais une occasion pour faire ce genre de remarque.

_Oui, je suis d'accord. Ca risque de ne pas être la meilleure soirée de sa vie mais au moins il sera avec moi, je rétorque avec un sourire à cette pensée.

_Et qu'est-ce que tu vas porter ? Me demande Druella parce qu'il faut toujours qu'elle sache comment nous allons nous habiller.

_Ma mère veut que je mette une robe de ma grand-mère, encore…

_Honnêtement si c'est pour porter encore une de tes robes passe-partout, je préfère que tu portes ce que grand-mère Dippet a choisi ! Au fait, tu as pu demander à ton grand-père s'il pouvait me retirer la note que le professeur Dumbledore m'a mise à mon dernier contrôle en Métamorphose ?

_Je ne demande pas ce genre de chose à mon grand-père, tu le sais bien… Et je doute sincèrement qu'il puisse faire quelque chose. Le professeur Dumbledore est si…

_Spécial ?

_Indifférent ?

_Je dirai qu'il n'est pas influençable, je réponds après avoir cherché mes mots.

_Ouais tu m'étonnes ! Depuis qu'il a repris la Métamorphose mes notes ont chuté dans cette matière… Mes parents ont essayé de le contacter mais il n'a pas changé et pourtant, mon père lui a présenté une belle somme d'argent !

_Je te le dis, le professeur Dumbledore n'est pas ce genre de personne. Je suis sûre qu'il préfèrerait cent fois mourir plutôt que de se faire corrompre !

_Mouais… changeons de sujet ! Nous prie Druella. Qu'est-ce que vous pensez de cette ceinture ? Elle irait bien avec ma robe crinoline, vous savez, la… Ah ! J'oubliais à qui je parlais… » Soupire-t-elle alors que ni Lucy ni moi ne voyions absolument pas de quelle robe elle voulait parler.

Druella a des centaines de robes de toutes sortes alors il est impossible de se souvenir laquelle est sa robe trapèze, marquise, crinoline, ou que sais-je encore ! Et comme Lucy ne rate jamais une occasion pour faire une remarque déplacée, elle lui dit :

« Elle est moche cette ceinture, on dirait que tu l'as volé dans un tipi d'indien ! En plus, t'en as déjà des ceintures.

_Mais celle-là va aller avec ma robe ! Proteste Druella comme si c'était une évidence. De toute façon, je la prends. »

Lucy et moi échangeons un regard avec un sourire en coin. Parfois, on aime bien taquiner Druella. Elle est tellement différente de nous, bien plus sophistiquée. Mais Lucy et moi, la mode ce n'est pas trop notre sujet de conversation préféré. J'aime être bien habillée, ça c'est évident que je ne vais pas non plus m'habiller avec un vulgaire jean troué comme on en voit chez les moldus. Et dire que certains sorciers commencent à adopter le style moldu ! Mais même si j'aime beaucoup faire les boutiques avec mes amies, la mode reste tout de même un de mes passe-temps les moins sollicité dans mon esprit.

En sortant de Tissard & Brodett, nous croisons Tom Jedusor sortant de l'Allée des Embrumes. Je guide notre petite bande jusqu'à lui car il a l'air de quelqu'un qui ne veut absolument pas se faire remarquer, alors je vais réduire ses efforts à néant.

« Tom ! Je l'interpelle et il se retourne avec un regard noir. Tiens, c'est drôle de te croiser ici.

_Toujours à traîner là où il ne faut pas… Fait remarquer Lucy avec un rire sarcastique.

_Toujours à faire des remarques déplacées, rétorque Tom avec le même sourire.

_Si vous voulez baiser ensemble, il faudrait vous y mettre dès maintenant ! » Suggère Druella.

Elle recule de quelques pas sous les regards incendiaires des deux concernés. Pour détourner leur attention, je me racle la gorge et commence par le premier sujet de conversation qui me vienne à l'esprit :

« Alors, comment sont tes vacances ?

_Et bien quand je ne suis pas à l'orphelinat, ça se passe plutôt bien, me répond-t-il en regardant autour de lui comme si nous le dérangions.

_Tu m'avais dit que ton orphelinat avait organisé une sortie près du bord de mer pendant les vacances… Je commence.

_Oui, le séjour a été écourté, me coupe-t-il.

_Ah… Mais sinon, c'était bien ?

_Être entouré de moldus, je pense qu'il y a mieux pour passer ses vacances. »

Je hoche la tête avec un sourire forcé. Décidément, Tom ne cessera jamais d'être aussi pessimiste. Un silence s'installe et je prends alors conscience que tout le monde se dévisage. Dis donc, quelle ambiance chez les Serpentard ! Il va falloir réveiller tout ça si on veut gagner la coupe des Quatre Maisons.

« Bon, et bien on te laisse ! On a une table au coin de la cinquième rue et disons que je commence à avoir vraiment faim. Quand on sera à Poudlard, il faudra qu'on revoie certaines choses au sujet des deuxièmes années de notre maison, ils ont encore fait les quatre cents coups comme à chaque fois que les vacances arrivent ! »

Il hoche la tête avec un sourire en coin et m'adresse un signe de la main ce qui me fait légèrement sursauter. Je ne sais jamais comment il va réagir, je n'arrive tout simplement pas à savoir comment me comporter avec lui. Il est très lunatique. La preuve, il n'y a même pas cinq minutes il me répondait sèchement en me coupant presque la parole, et là… il me fait coucou. Avec un sourire en plus ! Enfin presque un sourire.

Lucy emboîte le pas la première et me prend le bras pour me tirer en avant. Druella nous suit avec un sourire crispé et s'empresse de détaler devant le regard redevenu orageux de Tom.

« Il est vraiment trop bizarre lui… Pas étonnant qu'il n'a aucun ami ! Ricane-t-elle en se retournant pour voir à quelle distance il se trouve. Il n'a que des suiveurs de sixième année… de vrais toutous. Et Kim, la prochaine que tu le croises ici, au lieu de vouloir engager une conversation avec lui, fais plutôt comme si tu ne l'avais pas vu. Ca vaut mieux !

_On est tous les deux préfets, je ne peux pas l'ignorer.

_Ma pauvre, préfet avec un type pareil… Soupire Lucy.

_Moi, je le trouve plutôt séduisant, glousse Druella en se retournant encore une fois pour le regarder.

_Toi de toute façon dès qu'il s'agit d'un garçon, il faut toujours que tu lui trouves quelque chose, rétorque Lucy.

_Mais il est séduisant ! Et mystérieux, en plus de ça ! Son côté intimidant ne gâche rien à son charme.

_Son côté intimidant !? Répète Lucy en ricanant. Il fout carrément la chair de poule, oui ! Ma pauvre Kim, je ne sais pas comment tu fais pour te tenir seule avec lui dans les couloirs le soir mais… Brr ! J'en ai des frissons rien que d'y penser !

_Oh, tu exagères ! Il n'est si terrible quand on le connaît un peu, et puis c'est vrai il n'a pas une vie facile. Il habite dans un orphelinat de moldus !

_Pauvre petit ! C'est de notre faute peut-être ?

_Tu sais, à un moment j'ai presque hésité à lui proposer de venir manger avec nous parce que s'il doit manger tous les jours avec les moldus de son orphelinat… Tom n'aime pas trop en parler mais parfois quand j'ose lui poser la question, il me parle un peu de comment ça se passe là-bas. Je peux te dire que tu n'aimerais pas y être !

_Et grâce à Merlin, je n'y suis pas ! Souffle Lucy en tendant les bras au ciel. Et Kim, si tu l'avais invité à manger avec nous, je crois que je t'aurais tué. »

Elle fait semblant de m'étrangler avec ses mains et nous rions toutes les trois avant d'entrer dans le restaurant que nous avons réservé. A notre table, nous attendent déjà les cartes et des petits gâteaux apéritifs. Après avoir passé commande, nous recommençons à parler de Tom. C'est Lucy qui lance la conversation :

« A votre avis, qu'est-ce qu'il faisait dans l'Allée des Embrumes ? »

Je hausse les épaules et lance un regard à Druella qui est plongée dans ses pensées. En voyant que nous la regardons Lucy et moi, Druella cligne des yeux et hausse elle aussi les épaules en marmonnant :

« J'aimerais bien le savoir...

_On pourrait le suivre, une fois ! Suggère Lucy avec un sourire malicieux. Comme quand nous étions en première année et que nous suivions tous ceux qui paraissaient suspects. »

Je me mets à rire à ce souvenir. Oui, en première année à Poudlard, nous suivions certains élèves out-caste, autrement dit des loosers, ceux qui se parlaient à eux-mêmes parce qu'ils n'avaient pas d'amis.

« Il y a en avait un qui s'était quand même branlé dans les toilettes du deuxième étage ! Se souvient Druella en faisant la grimace. Ca nous apprendra à suivre les gens bizarres…

_Eurk ! Ca m'a marqué à vie cette histoire, je réponds en faisant à mon tour la grimace.

_Vous croyez que Jedusor se branle dans l'Allée des Embrumes ? » Ricane Lucy alors que le serveur nous apporte nos commandes.

Celui-ci tente de rester de marbre après ce qu'il a entendu mais je vois bien qu'il a parfaitement compris de quoi nous parlions. Nous échangeons un regard toutes les trois, en silence, et je dissimule un sourire derrière ma main en faisant mine de toussoter. Une fois le serveur partit, nous explosons toutes les trois de rire en nous attirant les foudres des autres clients.

« Il nous a entendu, vous croyez ? Demande Lucy en se tordant de rire sur sa chaise.

_Oui je pense vu la tête qu'il a fait ! Je réponds en buvant une gorgée d'eau pour me calmer. Et pour répondre à ta question, je ne crois pas que Jedusor se branle dans l'Allée des Embrumes. »

Nous échangeons encore un regard et nous voilà repartit de plus belle dans nos éclats de rire.

« Rah ! J'ai des images à cause de vous ! S'écrie Druella en prenant sa serviette pour la placer devant sa bouche comme si elle allait vomir.

_Si on changeait de sujet ? Propose Lucy. Après tout, c'est Jedusor ! Il ne mérite pas autant d'attention de notre part. Comment sont vos plats ?

_Fade, je réponds en prenant une bouchée de mon assiette.

_Ouais, moi aussi… Marmonne Druella. Je ne comprends pas, on m'avait dit qu'on mangeait bien ici.

_Ce n'est pas grave, on retournera là où on a l'habitude la prochaine fois. » Je propose après avoir avalé une autre bouchée.

Nous entamons ensuite une discussion sur la soirée pyjamas de Druella qui a prévu une soirée sushis pour l'occasion. Ca tombe bien, je n'avais pas mangé des sushis depuis un bon bout de temps.

Après avoir terminé notre repas, nous sortons du restaurant et nous commençons à remonter le Chemin de Traverse lentement. Nous continuons notre discussion sur la soirée pyjamas.

« Tiens, mais ce n'est pas Jayce ? » Nous interroge Lucy en regardant à travers la vitrine de Mrs. Guipure.

Je jette un coup d'œil à mon tour. Effectivement, c'est lui. Je reconnaîtrais ses cheveux blonds et sa longue silhouette n'importe où. Lucy et Druella gloussent entre elles et se jettent des coups de coude comme deux gamines. Je lève les yeux et puis leur demande de m'attendre deux minutes.

J'entre ensuite dans la boutique et me dirige vers Jayce avec un immense sourire. Il ne me voit pas tout de suite comme il est en train de se faire tailler un costume. Je me rapproche encore et soudain il m'aperçoit. Il m'adresse un immense sourire et se retourne vers moi en repoussant une de ses mèches rebelles. Ouh… Ne fais pas ça enfin ou je vais te sauter dessus ! Je commence déjà à ressentir cette délicieuse sensation au bas du ventre et pourtant c'est une véritable torture de devoir rester sans rien faire.

Je me dépêche quand même pour m'approcher de lui et me redresse sur la pointe des pieds pour l'embrasser. La styliste nous jette un regard noir car non seulement Jayce a bougé pendant qu'elle lui taillait son costume mais en plus maintenant que je suis collée à lui, elle ne peut même plus travailler. Je m'écarte alors et adresse un sourire d'excuse à la styliste qui se remet au travail.

« Pourquoi tu te fais un costume ? Je lui demande ensuite.

_Tu ne le devines pas ? M'interroge-t-il avec un sourire en coin. C'est pour ta soirée caritative, évidemment.

_Ah ! Alors tu viens ?

_Mes parents étaient trop heureux de savoir que j'avais l'occasion de me montrer avec ma copine à ce genre de soirée. Et puis, ça a donné une bonne raison à ma mère pour me faire un costume.

_Je suis ravie de pouvoir l'aider, je réponds avec un immense sourire que je n'arrive pas à contrôler.

_Je n'en doute pas. Et toi, qu'est-ce que tu fais ici ?

_Je suis avec Lucy et Druella, on était venues déjeuner. D'ailleurs je vais devoir y aller, elles m'attendent dehors. On se voit à la soirée caritative ?

_Ca marche. »

Et il m'adresse un clin d'œil avec son sourire de tombeur. Il le fait exprès parce qu'il sait quel effet ça me fait. Je le vois déjà rire en espérant être discret. Du coup, au lieu de sortir de la boutique je me rapproche de lui sous le regard noir de la styliste. Je me colle contre lui comme si j'allais le prendre dans mes bras mais je me rapproche encore et tout en lui plaçant une main là, je lui murmure à l'oreille :

« Tu voudras venir dormir chez moi après la soirée ? »

Il pousse un grognement et je sens qu'il durcit. Jayce m'adresse un sourire et s'approche le plus près possible de mon visage pour me souffler :

« Je sais ce que tu essais de faire mais ça ne prend pas.

_Moi, je sens que si, je réponds avec mon sourire à croquer.

_Je veux bien venir dormir chez toi, mais ça ne se fera pas. Imagine la tête de tes parents s'ils apprennent que tu n'es plus vierge avant le mariage !

_Tout le monde s'en fou maintenant ! Je ricane.

_Je suis un homme respectable, miss Van Hallerberry ! » Réplique-t-il avec l'air faussement offusqué.

Je soupire en levant les yeux au ciel. Je lâche ma prise, il souffle, et tout en m'éloignant je lui cris :

« Au moins, on pourra se peloter ! »

Tout le monde dans la boutique se retourne en poussant des cris de stupéfaction. Jayce éclate de rire, et moi je ressors de la boutique comme une fleur avec un immense sourire. Lucy et Druella échangent un regard entre elles puis se mettent à pouffer de rire.

« Alors ? Vu ton sourire, on en déduit qu'il vient à la soirée caritative, devine Lucy.

_Exact ! Je réponds en les prenant toutes les deux par les bras pour les entraîner avec moi sur le Chemin de Traverse. Et… il va venir dormir chez moi après la soirée.

_Hum hum ! Doit-on en conclure que vous allez enfin le faire ? M'interroge Druella avec un sourire salace.

_Il m'a dit qu'il viendrait dormir mais qu'on ne ferait rien, mais moi je compte bien le faire plier.

_Franchement, après six mois… Si ça se trouve il est gay, ricane Lucy qui n'en rate jamais une.

_Jayce n'est pas gay !

_Tu as une preuve ? » Demande Lucy insolente comme toujours.

Je ne peux m'empêcher de faire un sourire en me rappelant l'effet que je lui fais quand je mets ma main . Et puis, je ne dévoile pas non plus toute ma vie privée à mes amies mais nous avons déjà tenté des trucs qu'on pourrait qualifié de sexuels.

« C'est quoi ce sourire en coin ? Remarque Druella.

_Bon, elle a une preuve que Jayce n'est pas gay. Très bien, je m'excuse ! Me dit Lucy en m'embrassant le haut de la tête. Mets-lui le grappin dessus alors !

_Après la soirée caritative, je vais pécho ! » Je m'écrie un peu trop fort pour les passants.

Comme je l'avais deviné, la robe de ma grand-mère n'est pas mon style. C'est une robe complètement ridicule qui doit dater des années 20 au moins ! Elle remonte jusqu'au cou avec des froufrous comme une fraise. Ma grand-mère me trouve exquise comme toujours, elle ne cesse de me tourner autour avec des yeux brillants d'admiration.

« Tu es aussi belle que ta mère à ton âge ! Me dit-elle en déposant un baiser sur mes joues. Regarde-toi ! »

Elle me tourne vers le mur en miroir de ma chambre et je me vois en trois fois dans cette robe. Moi… dans cette robe… en trois fois ! Autrement dit, une vision d'horreur !

« Il te faut des perles ! » S'écrie-t-elle après avoir bien regardé le résultat.

Elle va prendre dans ma boîte à bijou un collier de perles blanches et me l'enroule autour du cou.

« Là, tu es parfaite. Ce Jayce ne va pas pouvoir te résister. »

Je suis sceptique à cette idée. Je pense au contraire qu'il ne va même pas me reconnaître dans cette robe, avec cette coiffure… Ma grand-mère a insisté pour que je me détache les cheveux à cette soirée et… elle m'a bouclé les cheveux ! Ce qui me rassure c'est le fait que ses boucles n'ont pas l'air de tenir donc j'en déduis qu'en arrivant à la soirée ce ne sera plus que des ondulations qui vont rapidement disparaître et je vais retrouver mes cheveux. Merci Merlin !

« Ton père avait la même peau que toi, une jolie peau bronzée… Tu es magnifique, ma chérie. Ta mère l'est déjà, mais toi tu l'es encore plus ! »

Je lui adresse un sourire reconnaissant. Les compliments de ma grand-mère me font toujours plaisir, même si je sais bien que c'est ma grand-mère et que par conséquent je suis forcément magnifique à ses yeux. Mais comme j'entends souvent dire que ma mère est jolie, je ne peux m'empêcher d'en déduire que puisque je lui ressemble, je le suis aussi. De plus, ma mère ne cesse de me jalouser ma couleur de peau. Oui, je ressemble à ma mère en tout point sauf pour ma couleur. Mon père était métis, et j'ai hérité de lui pour cela. Jayce adore ma couleur de peau, il me le dit souvent.

De nouveau, ma grand-mère va chercher quelque chose dans ma boîte à bijou et m'apporte une paire de boucles d'oreille qu'elle m'accroche. Ca va, elles sont discrètes et je les aime bien. Je fais un sourire à ma grand-mère et je crois un moment apercevoir des larmes de fierté dans ses yeux mais elle se place ensuite derrière moi pour remettre mes cheveux en place.

« Cette robe appartenait à l'épouse de Serpentard, me confit-elle. Inutile de te dire combien j'ai dû dépenser pour avoir cette robe. Il y avait une autre acheteuse qui avait mis la barre très haute pour l'avoir, mais j'ai réussi à surenchérir assez pour qu'elle abandonne la partie. »

Wahou ! Ma grand-mère a fait tout ça pour une robe ? Une robe qu'elle m'a offerte. Je la remercie et l'embrasse sur la joue. Même si je n'aime pas cette robe, ça me touche que ma grand-mère est fait tout ça pour moi.

Quand je descends, ma mère pose une main sur sa poitrine tout en me contemplant. Je lui lance un regard qui signifie : « Non, pitié, ne dis rien ! » Elle hoche la tête et se tait. Ouf ! J'ai réussi à éviter un deuxième discours sur combien je suis jolie, que je deviens une femme ravissant, etc.

La soirée caritative a lieu en l'honneur de tous les nouveaux artistes qui n'arrivent pas à percer. Moi aussi je trouve ça ridicule mais ma mère étant peintre elle-même, Carter a sans doute voulu l'impressionner en faisant croire qu'il s'intéresse à l'art. Peu importe, à ce genre de soirée, tout le monde vient non pas pour la cause mais pour se montrer. C'est la tradition.

J'aperçois Lucy qui est obligée de faire la conversation à Cygnus Black parce que ses parents espèrent les marier un jour. Lucy a surpris une conversation de ses parents disant qu'ils avaient déjà tout prévu avec les Black pour le mariage. Ils n'attendaient qu'une seule chose : les dix-sept des deux futurs mariés. Le problème c'est que Lucy ne veut pas faire ce que ses parents attendent d'elle. D'ailleurs Lucy et Cygnus sont juste des amis d'enfance, ils font partis de notre petite bande avec Jayce et moi. Druella ne s'est rajoutée qu'à partir de nos années Poudlard mais au départ nous étions quatre. Nos parents étant amis depuis leurs années Poudlard, ils avaient continué à garder contact et à se voir régulièrement. Jayce, Lucy, Cygnus, et moi nous connaissons donc depuis l'enfance. Ils font en quelque sorte partie de ma famille. Druella s'est rapidement intégrée à notre cercle, nous la considérons tout comme. Quelque sorte, Lucy et Druella sont les sœurs que je n'ai jamais eues. J'adore les parents de Lucy, tout comme ceux de Druella et plus particulièrement son père, Mr. Rosier. Il est à la fois impressionnant avec sa carrure et son air sévère pourtant si calme et patient qu'on croirait avoir affaire à deux personnes différentes.

Je me retire d'une conversation avec les Hester, une nouvelle grande famille qui n'est invitée à ce genre de soirée que récemment. Avant que je ne parte, Carter leur expliquait qu'il comptait offrir une des toiles exposées à ma mère.

Je m'avance jusqu'au buffet et prends une coupe de Whisky Pur Feu. Je cherche des yeux Jayce mais il y a tellement de monde qu'il est presque impossible de reconnaître quelqu'un là-dedans.

« Tu n'es pas un peu jeune pour boire ça ? »

Je me retourne et sursaute en reconnaissant Tom. Depuis quand il est invité à ce genre de soirée ?

« Tom ! Tu… Je ne m'attendais pas à te croiser ici, j'avoue en avalant une gorgée de mon verre.

_Oui, je suis venue avec Deborah Hester. Elle avait besoin d'un cavalier. »

J'arque un sourcil. Deborah Hester, la fille de cette nouvelle famille ? Elle est en cinquième année comme nous, c'est la préfète Serdaigle. Néanmoins, ça m'étonne un peu qu'elle est choisie Tom comme cavalier. Il est clair que si je n'avais pas de cavalier et que ma famille avait besoin d'un tremplin social, je ne choisirai pas Tom Jedusor. Mais peut-être qu'elle n'avait vraiment personne et qu'elle n'a pas osé demander à quelqu'un d'une famille plus importante.

« Tu es très jolie dans cette robe, me dit-il en prenant un toast aux ventricules de dragon.

_Ne mange pas ça, c'est dégueulasse, je lui souffle avec un sourire complice. Et merci, c'est ma grand-mère qui a choisi cette robe. Elle a eu du mal à l'avoir d'ailleurs, apparemment elle appartenait à la femme de Serpentard. »

Il me dévisage et scrute ma robe avec plus d'intérêt. Je crois qu'il m'avait fait ce compliment juste par politesse mais qu'il n'en pensait pas un mot. En tout cas, le nom du père de notre maison a l'air de l'intéresser. Je me sens un peu gênée ainsi scruter. Tom n'a pas l'air de se rendre que c'est déplacé de mater une fille ouvertement même s'il ne regarde que la robe. De toute façon, il n'y a que ça à regarder vu que je suis tellement mince voire maigre que je n'ai aucune forme, je n'ai pas de seins, ni de beau petit cul à regarder, rien du tout. Nada. Mais bon… j'aimerais bien qu'il arrête de passer son regard sur moi, ça devient vraiment embarrassant.

« Tu sais que… dans ce genre de cérémonie, la bienséance est primordiale. » Je lui dis pour l'informer gentiment.

Il me jette un mauvais regard comme si j'étais idiote. Je crois qu'il n'a pas compris le message que j'essaie de lui faire passer. A mon avis, il est en train de penser que je le prends de haut. Ce n'était pas mon intention mais avec Tom, on ne sait jamais ce qu'il faut dire ou pas. Il se vexe facilement et interprète mal ce qu'on essaie de lui dire parfois.

« Euh je voulais dire… enfin… tu regardais ma robe avec un peu trop d'insistance donc… »

Il lève les yeux au ciel. Bah excuse gars ! Apparemment je ne suis pas ton genre mais tu n'es pas obligé de lever les yeux au ciel comme si c'était une évidence ! En plus, vu sa situation c'est-à-dire sans ami – mis à part ses suiveurs de sixième année - il ferait mieux de se montrer sous un angle plus amical. C'est vrai que quand je le regarde, je vois bien qu'il scrute un peu tout le monde. Il observe avec attention comme s'il essayait de percer les secrets de chacun. C'est légèrement flippant. Mais en même temps, je prends pitié de lui parce que Tom ne doit connaître personne dans la salle. Mis à part moi, sa préfète, Tom n'adresse la parole à personne.

Cette pensée me fait prendre conscience qu'il est ici dans le but de rencontrer des personnes importantes. Et il a raison ! C'est dans ce genre de cérémonie qu'on fait des rencontres de ce type. Tom ne vient pas d'une grande famille, par conséquent il n'a pas son billet d'entrée dans la société offert, il est obligé de se l'acheter lui-même. Je prends pitié de lui parce qu'au fond c'est injuste. Tom est le meilleur élève de Poudlard, c'est un garçon vraiment brillant et doué en magie voir même extrêmement doué ! Il arrive à faire tout ce dont personne n'arrive, il a des notes irréprochables. Il est préfet de Serpentard, il nous rapporte toujours énormément de points pour la coupe des Quatre Maisons grâce à ses capacités… Et malgré ça, il va finir vendeur dans une boutique sur le Chemin de Traverse juste parce qu'il n'est pas né dans la bonne famille. Je prends tellement pitié que je décide de faire moi-même un effort pour lui.

« Viens, je lui dis en lui faisant signe de me suivre. Je vais te présenter à ma mère et mon beau-père. »

Il a l'air surpris et je sens qu'il hésite un instant à me suivre. Sans doute croit-il que je me moque de lui, comme Lucy qui ne manque jamais une occasion pour le faire. Mais je lui adresse un sourire rassurant et il décide finalement de me suivre. Je nous fraye un chemin à travers la foule tout en cherchant ma mère et Carter des yeux.

« Tes parents sont séparés ? M'interroge-t-il et ça ne m'étonne même pas qu'il est remarqué que j'avais mentionné mon beau-père plutôt que mon père car Tom est un garçon intelligent qui ne rate jamais rien.

_Non, mon père est mort il y a longtemps.

_Ah…

_Et toi, tes parents ils sont… ?

_Je ne sais pas, me répondit-il en haussant les épaules. J'ai commencé à les rechercher, tu sais. »

J'écarquille les yeux de surprise. Je sais que c'est parce que je ne peux pas comprendre, mais ça me surprend qu'on puisse rechercher ses parents. Mais après tout, ne pas savoir qui ils étaient doit être difficile à supporter toute sa vie. J'aperçois enfin ma mère qui ricane comme une idiote avec les Black, un verre à la main. Carter hoche la tête comme un pantin avec un petit sourire en coin. Je crois qu'il vient de passer un accord, il a sa tête de quand il a réussi à obtenir un accord qui lui convient. Peut-être a-t-il trouvé le tableau qu'il allait acheter à ma mère ?

Je m'approche lentement et tapote l'épaule de cette dernière. Elle se retourne et adresse un sourire à Tom en m'interrogeant du regard.

« Je te présente Tom Jedusor, il est préfet de Serpentard. Tom voici Denise, ma mère, et Carter, mon beau-père.

_Enchanté. »

Tom serre la main de Carter ainsi que celle que lui tend ma mère. Je profite de la présence des Black pour les présenter à leur tour. Je m'apprête ensuite à parler pour aider Tom à engager une conversation mais il prend lui-même la parole à mon grand étonnement et commence à parler avec mon beau-père de politique. Il a l'air de s'être penché sur la question parce qu'il emploie des mots que je ne comprends pas. Bientôt, Pollux Black s'intéresse à la conversation et Irma Black m'adresse un sourire éblouissant en me glissant :

« C'est un garçon très instruit !

_Où est Jayce ? M'interroge ma mère qui ne semble pas vraiment séduite.

_Je le cherchais mais…

_Mais tu as trouvé Tom… Marmonne-t-elle en me lançant un regard incendiaire. Excusez-nous Irma. »

Ma mère adresse un sourire irradiant de lumière à Irma Black qui l'excuse volontiers trop heureuse de se mêler de la conversation des hommes plutôt que de la nôtre. En revanche, ma mère m'adresse un regard foudroyant plutôt que son sourire. Elle m'entraîne vers le buffet et prend un velouté aux champignons qu'elle avale tout en me dévisageant. Je sens qu'elle n'est pas contente.

« Qui est-ce ?

_Tom ? C'est le préfet de Serpentard, maman. Il n'y a pas de quoi en faire un plat ! Je ne lui parle quasiment pas.

_Alors pourquoi tu viens me le présenter officiellement devant tous nos amis si tu ne lui parles pas ?

_Parce qu'il ne connaît pratiquement personne alors j'ai voulu l'aider.

_Kim, c'est irrespectueux vis-à-vis de Jayce. Quand je suis passée donner le billet à ses parents ils étaient vraiment ravis. Ils avaient déjà leurs billets pour venir à la cérémonie mais ils étaient enchantés de savoir que nous acceptions Jayce dans notre famille.

_Je ne vous ai jamais demandé d'accepter Jayce dans notre famille, je rétorque car soudain je comprends que ma mère s'est fait des idées. On n'est pas mariés avec Jayce ! J'espère que tu le sais ?

_Kim, tu vas avoir seize ans…

_Et alors ? Je ne compte pas me marier dès ma sortie à Poudlard. Désolé si tu comptais là-dessus mais…

_Même si Jayce n'est pas ton futur mari, il n'empêche que c'est mal poli de présenter un homme à tes parents autre que celui avec qui tu es venu à la cérémonie. Si encore tu m'avais présenté Tom en étant avec Jayce ! Mais là… tu ne sais même pas où il est.

_Oui… je… désolé, je vais le chercher. »

Elle hoche la tête avec un sourire de soulagement. Je m'éloigne à travers la foule, contrariée. Ma mère a le don de se faire des idées toute seule. Quoi ? Parce que je présente Tom à mes parents ça veut dire que je sors avec lui ? Non mais quelle idée ! Ca m'apprendra à avoir pitié des autres…

Je trouve Jayce qui parle avec Cygnus et Lucy. Je soupire et lui adresse un grand sourire incontrôlable. Il répond à mon sourire et me tend ses bras dans lesquels je me love avec bonheur. Lucy soupire car cela veut dire qu'elle va devoir retourner à son tête à tête avec Cygnus, son futur mari convenu par ses parents et ceux de Cygnus.

En effet, je m'empresse de kidnapper Jayce qui adresse un sourire d'impuissance en direction de Cygnus, son meilleur ami. Je ricane toute seule, fière d'avoir mon copain pour moi toute seule.

« C'est quoi cet horrible ricanement rauque ? Me demande-t-il en arquant un sourcil.

_C'était le gloussement d'une fille qui vient de kidnapper son copain, je réponds en l'entraînant vers la galerie où sont exposés les tableaux.

_Je devrais me sentir flatter ?

_Tais-toi ! Je lui dis en l'embrassant avec plus de passion que je ne le voulais.

_Oulà ! Il va falloir calmer l'ambiance sinon ces tableaux vont assister à un spectacle qu'il n'est pas commun de voir en tant que tableau, me souffle Jayce tandis que les personnages des tableaux se penchent tous pour ne rien manquer à la scène.

_D'accord… De toute façon, après la soirée, tu es tout à moi !

_N'en sois pas si certaine, j'ai plus de volonté que tu ne sembles le croire !

_Et moi, j'ai plus d'un tour dans mon sac, je lui promets en lui me mordillant la lèvre inférieure accompagné du traditionnel clin d'œil.

_Miss Van Hallerberry, enfin ! Me rouspète-t-il en riant. Vous semblez oublier que je suis un homme respectable, et votre attitude est choquante. Je vous pensais plus… moins… »

Je ricane ou plutôt je glousse. Berk ! Quelle horreur ! Comment ma gorge arrive-t-elle à produire ce son si ridicule ? Jayce dépose un tendre baiser sur mes lèvres avant de me dire :

« Mes parents voulaient absolument te voir ce soir. Ma mère veut voir quelle robe tu as choisi, me dit-il me prenant la main pour m'entraîner avec lui.

_Elle ne va pas être déçue…

_Je te trouve très jolie là-dedans, me confit-il en m'embrassant une nouvelle fois. Tu es la plus belle fille de cette salle.

_Oh, j'ai presque failli croire à tes salades ! Je ricane en levant les yeux au ciel.

_J'aurais essayé. »

Je le suis jusqu'à ses parents qui discutent avec les miens justement. Je ne sais pas où est passé Tom, il a dû rester avec les Black et ma mère a dû entraîner Carter car elle ne voulait sans doute pas qu'il reste avec Tom. Je crois qu'elle ne le voit vraiment pas d'un bon œil.

Bref, oublions-le deux minutes ! Jayce s'immisce donc dans la conversation entre nos parents et je salue Mr et Mrs Avery en essayant de faire bonne impression même si c'est loin d'être la première fois que je les rencontre.

« Tu es ravissante, Kim ! Me complimente Mrs. Avery. Ta mère m'a dit que tu portes la robe de l'épouse de Serpentard, c'est une pièce rare et elle te va très bien. Tu es faite pour porter ce genre de robe. »

Je la remercie même si je ne sais pas si je suis censée apprécier ce qu'elle vient de me dire. Je suis faite pour porter des robes qui datent des premiers siècles de notre monde ? Intéressant.

Je vois soudainement Mrs Avery pâlir avant de s'excuser et d'emmener Jayce un peu plus loin. Je l'entends d'ici lui dire de remettre sa cravate et de se tenir droit. « Pour une fois, soit présentable ! » Lui crie-t-elle en le recoiffant un peu. Je souris. Ne sait-elle pas qu'on ne pourra pas refaire Jayce ?

« Kim, m'interpelle Mr. Avery avec un air sérieux. Ton beau-père était en train de me dire que tu souhaitais intégrer une équipe de quidditch après tes années à Poudlard.

_Oui, c'est exact.

_J'ai des connaissances du côté des Busards de Heidelberg, je pourrais leur toucher quelques mots de tes projets.

_Ce serait fantastique, merci beaucoup ! » Fais-je tandis que Carter hoche la tête avec un sourire, sa tête de quand il a réussi à passer un accord.

Mrs. Avery revient avec un Jayce qui n'a pas l'air très enjoué. L'ambiance devient tendue et bientôt je décide d'engager une conversation avec Mrs. Avery pour savoir si son projet de restaurer un vieil hangar en un restaurant à abouti. Elle a l'air ravi de m'entendre lui poser la question et flattée que je me souvienne de ceci.

« Oui, avec l'associé de mon mari nous avons déjà tout signé. Les travaux devaient commencer sous peu.

_Nous comptons bien sûr faire de cette acquisition une affaire familiale, me dit Mr. Avery en posant un regard appuyé sur son fils qui regarde ailleurs pour montrer combien la conversation ne l'intéresse pas.

_Évidemment, je réponds aimablement. Si tout est mené à bout, je suis sûre que ce projet apportera beaucoup à notre monde. »

Mr. et Mrs. Avery m'adressent un sourire avec un regard rempli de fierté. Ils ont l'air tellement ravi de voir que je m'intéresse à ce genre d'affaire. En vérité je fais ce que l'on m'a appris : comment engager une conversation et surtout, comment faire bonne impression sur ses éventuels futurs beaux-parents.

Ma mère m'adresse un sourire éclatant tandis que Carter hoche toujours la tête comme un pantin. Il doit encore trouvé un avantage dans le fait que je m'entende bien avec les parents de Jayce.

Le soir, nous rentrons tous les quatre ma mère, Carter, Jayce et moi. Didi nous attend à l'entrée pour ranger nos manteaux. Il a aussi servi quatre verres de vin dans la salle de séjour pour notre retour. Nous prenons chacun nos verres et discutons un peu en famille, ma mère étant tellement fière de montrer le tableau familial au-dessus de la cheminée. Jayce les impressionne tous les deux par sa culture sur l'art. Cette fois, il tient complètement ma mère au creux de sa main. Inutile de vous préciser qu'en tant que peintre, ma mère est folle à l'idée d'avoir un éventuel futur gendre qui s'y connaisse en art.

Après avoir bu nos verres, nous montons nous coucher. Là, je ne laisse pas à Jayce le temps de me détourner de mon objectif et je le pousse sur le lit. Il s'écroule dans le matelas en grognant. Je glousse et monte à mon tour sur le lit. Il se retourne avec un sourire salace aux lèvres. Je ne lui laisse pas le temps de dire quoique ce soit, je pose un doigt sur ses lèvres et l'enjambe pour m'asseoir sur lui.

« J'ai fait exprès de mettre mes nouveaux sous-vêtements, tu me diras ce que tu en penses, je lui souffle tout en l'embrassant.

_Kim… on ne va le faire, me dit-il en deux baisers.

_Tu dis ça… Mais je sens que t'en as envie, je réplique en remuant sur lui.

_Tu ne vas pas refaire le même numéro que chez Mrs. Guipure, hein ?

_Et pourquoi pas ? Si je me souviens bien, tu avais apprécié… »

Il attrape mes mains en vol et me les repousse. Je soupire et me retire en levant les yeux au ciel. D'accord, ce ne sera pas pour ce soir. Je me mets à bouder et le repousse quand il s'approche pour m'embrasser le lobe de l'oreille.

« Ouh… tu es vraiment en colère. »

Je ne réponds pas et quitte la chambre pour aller me changer dans la salle de bain. Il ne veut pas faire me faire l'amour ? Eh bien il n'aura rien du tout dans ce cas ! Il ne verra aucune partie de mon corps !

Je retourne dans ma chambre une fois dans ma chemise de nuit. Lui, il a peine retiré sa veste et sa cravate. Je lui adresse mon regard le plus foudroyant et m'approche de ma coiffeuse pour me brosser les cheveux.

« Tu peux m'aider à retirer mes boutons de manchette ? » Me demande-t-il en me tendant ses poignets.

Je pose ma brosse un peu trop fort sur le bord de ma coiffeuse et m'avance jusqu'à lui. Je tente de ne pas lui arracher ses maudits boutons de manchette tant je suis furieuse car je ne veux pas gâcher le travail de la styliste. Une fois retirés, je fais aussitôt volte-face et commence à aller me coucher mais il me rattrape et m'enlace pour m'embrasser un peu partout dans le cou et sur mon visage.

« Arrête ! Je proteste. Ce n'est pas drôle !

_Tu ne vas pas faire la tête toute la soirée ?

_Bah… Jayce, tu… Qu'est-ce qu'il y a sérieusement ? Tu es gay ? »

Il éclate de rire et arque un sourcil ensuite sous mon air sérieux. Il m'enlace encore et m'embrasse au coin des lèvres alors que j'essaie de me dégager.

« Si j'étais gay tu ne sentirais pas ça ! »

Et il pousse son érection contre ma hanche pour que je sente à quel point il s'est durcit. Je lève les yeux au ciel avec un sourire et finalement reprends mon sérieux.

« Alors pourquoi ?

_Parce qu'on a quinze ans et donc tout notre temps, et que tu es vierge.

_Je ne le serai plus si tu te décidais, je marmonne toujours pas convaincue.

_Tu sais que d'ordinaire, c'est le mec qui veut forcer la fille ?

_Oui ! Et c'est pour ça que je ne comprends pas pourquoi tu ne veux pas ? Au début, tu disais que c'était pour susciter mon désir mais regarde je suis là prête à me rendre dès que tu me souris parce que comme tu le voulais le désir est monté à son maximum et maintenant tu veux encore attendre ? Jusqu'à quand ?

_Hum… Je ne sais pas, j'avoue que ça m'amuse de te voir tellement désemparée. Mais c'est aussi parce que j'ai envie que tu t'en souviennes de cette première fois. Ce sera quand même ta Grande Première Fois !

_Pff ! Ce truc de LA première fois c'est complètement con ! C'est un concept inventé par les parents pour faire peur à leurs enfants et leur donner envie d'attendre tout ça parce qu'ils n'ont pas envie que leurs enfants deviennent adultes trop tôt.

_Je suis d'accord, avoue Jayce en ricanant. Tu es désespérante… je ne te croyais pas si perverse.

_Alors ? Je lui demande en me rapproche de lui avec mon sourire salace.

_Alors pas ce soir, me répond-t-il en déposant un baiser chaste sur mes lèvres. Mais on peut se peloter comme tu l'as si bien crié dans toute la boutique. »

Je souris à ce souvenir et me dépêche d'aller m'allonger dans le lit pour qu'il vienne me rejoindre. Il éclate de rire en levant les yeux au ciel. Quoi ? J'ai l'air si ridicule que ça ?

Je profite du spectacle tandis qu'il se change et il me demande d'arrêter mon sourire de perverse. Je tente alors de me contrôler parce qu'il a raison, je dois être légèrement flippante sur les bords. Puis il s'approche lentement de moi ce qui a pour effet de réveiller en moi quelque chose de fort dans le bat du ventre.

« Tu es sûr que tu ne veux pas le faire ce soir ? Je tente une dernière fois.

_Rah mais tu es impossible !

_Je sais que ta première copine Ella Tresh t'avait traumatisé mais ne t'inquiète pas, moi je ne te ferai pas faire des trucs de sado-maso.

_On n'avait pas fait des trucs de sado-maso ! Proteste-t-il en s'allongeant à côté de moi. On avait juste couché ensemble dans la salle des trophées.

_Oui, tu avais quatorze ans et elle dix-sept… je peux comprendre que sur le coup, tu n'as pas su gérer la situation.

_Détrompe-toi, j'ai parfaitement su gérer, et tu le sauras peut-être un jour.

_Les mecs vous vous vantez toujours mais je suis sûre que t'as merdé sur ce coup-là ! Je persiste.

_Je sais ce que tu essaie de faire petite vicieuse !

_Moi ? Fais-je d'un air innocent.

_Tu essaies de me provoquer en me défiant ! Et tu espères que je décide de te montrer que je ne foire pas au lit. »

Je lui adresse mon sourire d'excuse suivit d'un regard angélique. Il aurait aussi bien pu avoir un halo de lumière qui descende jusqu'à moi.

Jayce lève les yeux au ciel et puis m'attrape par la hanche et m'attire jusqu'à lui d'un seul geste. Je pousse un cri de surprise puis je glousse comme une idiote tandis qu'il m'embrasse avec tellement de passion que j'ai l'impression d'étouffer. Roh, je vais le violer si ça continue ! Il fait exprès de balader ses mains le long de mon corps et de s'arrêter aux endroits qui font un corps de femme. Même si c'est vrai, je suis plate comme une planche à pain. C'est peut-être pour ça qu'il ne veut pas de moi ? Peut-être qu'il préfère attendre de rencontrer une belle grande blonde aux gros seins ?

« Qu'est-ce qu'il y a ? Me demande-t-il en voyant que je ne réponds plus à ses caresses.

_Non rien.

_Dis-moi, m'encourage-t-il en s'accoudant à côté de moi.

_Je sais que c'est nul mais je me demandais si c'était à cause de mes seins que tu ne voulais pas coucher avec moi… Je marmonne en rougissant tant je me sens idiote.

_Tes seins ? Répète-t-il en riant à moitié.

_Bah… t'as quand même remarqué que de ce niveau je ne vais pas te gâter…

_Ils sont très bien tes seins, moi ils me plaisent. »

Je souris, flattée. Il lève les yeux au ciel une énième fois en marmonnant que je me pose trop de questions ce qui est peut-être vrai.

« De toute façon, regarde-moi, on ne peut pas dire que je sois une montagne de muscles, me souffle-t-il en m'embrassant.

_Ouais mais tu me plais, je lui confie. Les grosses masses ne m'attirent pas, au contraire je trouve ça flippant.

_Je pense que tu serais moins enjouée de coucher avec un type dans ce genre là, tu aurais sans doute plus peur.

_Certainement ! Mais du coup, tu n'auras pas une vierge apeurée lors de notre première fois.

_Attends, je ne t'ai pas encore déshabillé. Ce n'est pas du tout la même chose quand on n'a plus rien sur soi. »

Je hoche la tête lentement en réfléchissant à ce qu'il vient de me dire. Ce n'est pas sans doute pas faux. Je risque de me sentir plus vulnérable quand je serai nue. Mais c'est le but quand on couche ensemble de toute façon ! Je ne reculerai pas, il ne me fera pas changer d'avis. Je l'embrasse à mon tour et l'enlace contre moi. Il sent le savon. Jayce sent toujours le savon. Chez lui ça sent le propre, les produits désinfectants, etc. Sa mère a horreur de la saleté et du coup son elfe de maison est pratiquement toujours en train de nettoyer le moindre recoin de leur demeure.

J'inspire son odeur en fermant les yeux tandis qu'il joue à entortiller une mèche de mes cheveux entre ses doigts. J'embrasse sa poitrine et cale ma tête contre son épaule en fermant les yeux. Je sens son cœur qui bat et qui s'accorde avec le mien. Ce son est apaisant et m'entraîne rapidement vers le sommeil.