Titre : Le fantasme des autres
Disclaimer : les personnages de GW ne m'appartiennent malheureusement pas
Couple : Heero/ ?
Genre : OCC – UA – réalisation de fantasme
Note : Un long trajet en train est ennuyeux pour moi comme pour le commun des mortels. Mais il laisse aussi plein de temps pour imaginer ce qui se passerait si Heero était à ma place… Petit OS pour vous faire patienter sur la suite de Big Mac en cours d'écriture avec une S.T. Garp qui travaille trop (pourtant je vous assure que je ne l'ai pas élevée comme ça ! Ha ces jeunes !).
Dédié à Lysanéa qui a réclamé un OS, tant pis pour elle !
En ce beau matin d'avril sur la terrasse du café de la gare de Lyon, un rayon de soleil joue avec un charmant jeune homme qui contemple nonchalamment le panneau des départs. Heero Yuy, Directeur informatique de 26 ans, se rend à Nice pour mettre au point les derniers détails de l'installation confiée à son entreprise par le casino de la Ville. Il a travaillé comme un fou et n'a pas pris de vacances de l'année, du coup cette petite escapade, même si elle est professionnelle, lui fait plaisir. Il doit rejoindre sur place son meilleur ami et collègue Trowa Barton qui est parti la veille en avion. Il n'a pas voulu l'accompagner car il développe depuis tout petit une terrible phobie de l'avion et ne se résout à utiliser ce moyen de transport qu'en dernier ressort, lorsqu'il ne peut vraiment pas faire autrement.
Un sourire furtif étire ses lèvres en pensant à Trowa. Il vit depuis deux ans une grande histoire d'amour avec Quatre Winner qu'il a rencontré… dans un train ! Ce fut un véritable coup de foudre et aussi la première fois que Trowa faisait l'amour avec un parfait inconnu dans le wagon couchette de première classe d'un TGV. Depuis, à chaque fois qu'ils prennent le train, ils organisent un jeu de rôle où ils font semblant de se rencontrer pour revivre leur inoubliable première fois.
Quatre lui a expliqué que « faire l'amour avec un inconnu dans le train » représentait un fantasme pour 60 de la population française (1). Heero lui avait répondu en riant que ça voulait dire que 38 millions de personnes moins 2 ne réaliseraient jamais leur fantasme parce qu'il n'y avait qu'eux et leur mental détraqué pour faire ce genre de choses ! Il fait quant à lui indubitablement partie des 40 restants, il déteste l'imprévu et ses relations doivent rentrer dans le cadre de sa vie bien organisée. Il choisit soigneusement ses compagnons pour prendre du plaisir sans que cela empiète sur sa vie professionnelle, il ne peut pas supporter l'idée de perdre une once de sa liberté en devant se soucier de quelqu'un. Il y a vraiment trop de paramètres inconnus dans une rencontre ferroviaire pour se lancer dans une telle aventure.
Il s'aperçoit que son train est annoncé en voie F et se lève d'un mouvement félin, en attrapant négligemment le sac posé à ses pieds. Ce geste provoque une levée de regards qui se posent sur lui et qu'il détecte du coin de l'œil. Il sait que son physique captive facilement ceux qu'il veut séduire, sa haute stature et sa musculature tout en finesse attirent irrémédiablement les regards mais il sait aussi que ce qui lui fait remporter la partie sont ses yeux bleu cobalt en amande qui ressortent dans un visage mat aux traits réguliers. Heero Yuy sait qu'il a beaucoup de charme et ne se prive pas d'en profiter. Mais, en l'occurrence, il est entouré par des petits vieux qui prennent le train pour descendre sur la cote d'azur et, du coup, il prend bien soin de remonter ses lunettes de soleil sur son nez. Il sourit à nouveau en pensant que décidément, même s'il en avait envie, le fantasme du train ne serait pas pour lui !
Il gagne à grandes enjambées le wagon de première classe dans lequel il a réservé et pousse un soupir en constatant qu'aucun miracle ne s'est produit. Il demande toujours à sa secrétaire de lui réserver une place seule, mais cette fois, ça n'a pas été possible et il doit supporter une personne sur le siège, actuellement inoccupé, en face de lui. Il espère juste que ce ne sera pas un petit vieux qui passe le voyage à faire claquer son dentier. Il prend rapidement possession de sa place, puis sort son ordinateur portable pour travailler et passer de la manière la plus agréable possible les six prochaines heures.
Il commence à espérer que la place reste vide, lorsqu'à 30 secondes du départ, un léger mouvement lui fait comprendre que quelqu'un est en train de s'installer. Il se garde bien de lever les yeux de son écran car il sait par expérience que le moindre geste peut être considéré comme une invitation au bavardage, ce qu'il redoute par-dessus tout.
Le train s'ébranle et Heero est étonné, il est certain que la personne qui s'est installée en face de lui ne l'a pas regardé, il l'aurait senti. Or, il n'a pas l'habitude qu'on l'ignore. Il a pris des dizaines de trains dans sa vie et jamais une personne ne s'est assise en face de lui sans le regarder et essayer d'engager une discussion.
Il tente de se concentrer sur son programme mais il est agacé. Un individu qui n'agit pas selon ses prévisions le dérange et il a envie de regarder de plus près ce phénomène. II résiste une bonne dizaine de minutes puis risque un petit coup d'œil rapide. C'est une jeune fille qui est installée dans le fond du fauteuil, la tête posée sur la vitre, les yeux fermés et les écouteurs d'un lecteur MP3 sur les oreilles.
Il se replonge dans son travail mais n'arrive toujours pas à se concentrer. Il fait une fixation sur cette jeune fille. Il veut qu'elle le regarde et essaye de lui parler, juste pour avoir le plaisir de ne pas lui répondre. Les filles ne l'intéressent pas du tout ! Il réfléchit quelques instants puis détend légèrement sa jambe jusqu'à toucher celle de sa voisine. Il relève la tête pour s'excuser et reste stupéfait. Abusé par de longs cheveux caramel ramenés dans une tresse qui recouvre son épaule, il a fait une erreur dans l'appréciation du sexe de son vis-à-vis qui se révèle être un garçon. Et un garçon au physique étonnant qui ne peut pas laisser indifférent. Il est extrêmement mince, sans paraître frêle pour autant, il a un visage triangulaire très fin et surtout deux immenses yeux violets qui sont fixés sur lui comme en attente de quelque chose. Si Heero l'avait rencontré dans d'autres circonstances, il n'aurait pas perdu une seconde pour le draguer.
- Pardon…
Il ne peut ajouter un mot, le garçon a déjà reposé la tête sur la vitre et refermé les yeux. Il n'a pas dit un mot et ne semble pas du tout disposé à engager un dialogue. L'ego d'Heero vient de prendre un sacré coup !
Il retourne à son ordinateur en se disant, avec la plus parfaite mauvaise foi, que ça tombe bien puisque c'est exactement ce qu'il voulait. Il va pouvoir passer un agréable voyage sans avoir à se préserver de tentatives d'approche indésirables. Il travaille pendant environ une demi-heure, s'étire et s'enfonce plus confortablement dans son siège, il contemple quelques instants le visage de son voisin avec l'étrange impression de l'avoir déjà vu quelque part. Puis bercé par le ronronnement et les mouvements du train, il s'endort.
Une agréable odeur d'eau de toilette masculine emplit ses narines puis le visage de son inconnu se forme dans l'esprit ensommeillé d'Heero. Il voit d'abord la longue natte, les pommettes hautes, la bouche sensuelle puis enfin les yeux ensorcelants dont la couleur oscille entre bleu foncé et violet. Il sait que cette odeur lui appartient et il veut s'en imprégner, alors il avance un peu son visage pour mieux sentir et l'odeur se rapproche, elle envahit tout son être. Il tressaille lorsqu'un doigt effleure doucement le contour de sa joue et que des lèvres se posent sur les siennes comme un effleurement de soie. Un frisson d'excitation lui parcourt l'échine et lorsque les lèvres se retirent, il avance un peu plus son visage pour les retrouver. Elles reviennent et s'entrouvrent pour laisser place à la caresse langoureuse d'une langue. Heero laisse échapper un faible gémissement et entrouvre à son tour ses lèvres pour savourer le goût de cette bouche taquine, légère comme une plume. Mais plus rien, tout a disparu, l'odeur, les lèvres… C'est une sensation de manque qui le réveille en sursaut.
Heero est désorienté, ce rêve semblait si vrai… Il met quelques secondes à retrouver la réalité et cligne des yeux avant de réaliser qu'il s'est endormi dans un train face au bel inconnu qui le dévisage actuellement avec un sourire moqueur aux lèvres.
- Vous ne ronflez pas, mais par contre vous bavez !
Heero porte la main à sa bouche pour constater qu'effectivement un mince filet de salive coule à la commissure de ses lèvres. En temps normal, il aurait lancé une réplique cinglante mais il reste muet sous le choc de cette voix rauque qui lui provoque des frissons et de ce rêve qui l'a déstabilisé. Comment l'effleurement rêvé des lèvres d'un parfait inconnu a pu lui sembler aussi érotique et provoquer une telle montée de désir ?
Son voisin a de nouveau fermé les yeux pour se concentrer sur la musique et Heero décide qu'un petit tour au wagon restaurant lui permettra de décompresser et de retrouver tous ses moyens.
Heero regarde avec perplexité la carte en hésitant entre un sandwich industriel et un plat de pâtes sous vide. Il finit par se décider pour des spaghettis bolognaises et le serveur lui dit d'aller s'asseoir en attendant son plat.
Il n'y a pas beaucoup de monde et il s'installe au comptoir du milieu, sur un tabouret haut qui lui permet d'observer le paysage qui défile. Il ne sait pas se l'expliquer mais il est toujours obsédé par son voisin, ce garçon dégage quelque chose d'animal qui le fascine. Il est sorti de ses pensées par la voix rauque initiatrice de délicieuses sensations.
- Je peux ?
Heero lève les yeux sur l'inconnu puis hoche simplement la tête pour accepter qu'il s'installe en face de lui et il attend… une parole ou un geste… Mais rien ne vient, le natté se contente de le regarder intensément. Heero se sent gêné car il ne comprend pas son attitude, il n'a jamais rencontré quelqu'un comme ça. Il est totalement déstabilisé par ce regard qui semble le déshabiller, il se sent nu devant cet homme et il attend un geste car lui ne peut pas agir, c'est l'autre qui détient le pouvoir, qui semble savoir quelque chose que lui ignore. Heero n'a pas l'habitude de ne pas avoir le contrôle et ça l'énerve. Pourtant, il adore ce désir qui prend doucement possession de lui sous ce fascinant regard, cette attente de quelque chose qui va forcément se produire, sans qu'il sache vraiment ce que c'est.
Leur mutuelle contemplation est stoppée par l'arrivée des plats. Heero regrette immédiatement son choix, il contemple ses spaghettis en enviant terriblement le rôti de porc purée de son voisin. Non pas que les pâtes semblent mauvaises mais il se demande comment il va faire pour manger proprement surtout en sentant le regard narquois de son inconnu face à lui. D'ailleurs, il est peut-être temps de passer aux présentations, déjeuner ensemble est déjà un signe d'intimité…
- Nous ne nous sommes pas présenté, je m'app…
- Pas de nom, rien de personnel, le coupe l'inconnu en lui posant un doigt sur la bouche.
Heero est troublé par le contact du doigt sur ses lèvres et il n'est pas sûr d'avoir bien compris les intentions du natté. Il le voit prendre sa fourchette, enrouler de main de maître les spaghettis dessus, puis tendre l'ustensile tout en ouvrant légèrement la bouche comme on le fait machinalement lorsqu'on nourrit un enfant. Heero ouvre à son tour la bouche pour avaler les meilleures spaghettis bolognaises de sa vie, pas à cause de leur qualité gustative bien médiocre, mais parce qu'elles étaient au bout du bras le plus désirable qu'il lui ait été donné de voir. Il se demande comment il peut trouver un bras sexy mais c'est pourtant le cas, il veut que ce bras s'enroule autour de lui et le serre fort. Une fois la bouchée totalement avalée, l'inconnu se penche pour, d'un léger coup de langue, nettoyer le peu de sauce restée sur les lèvres.
Et là, Heero a su qu'il n'avait pas rêvé, le goût est le même, la sensation est identique, l'inconnu l'a vraiment embrassé pendant son sommeil. L'inconnu est en train de lui faire des avances d'une manière prodigieuse et inédite pour Heero. Aucun mot n'est prononcé, il agit juste pour faire naître la curiosité et le désir. Il intrigue, il frôle et Heero veut rentrer dans le jeu. Il ne veut plus être en attente, il veut lui aussi surprendre et mener la danse.
Il vient de basculer irrémédiablement dans les 60 de personnes qui fantasment sur un inconnu dans un train et son fantasme est devant lui, il pourrait donner tout ce qu'il possède pour prendre sauvagement cet homme dans les toilettes du train. Il n'y a pas à expliquer quoi que ce soit, c'est plus fort que la raison, c'est du désir, un désir impérieux tel qu'Heero ne l'a jamais connu dans sa vie. Il veut posséder cet inconnu, le faire ployer sous son poids, s'enfoncer voluptueusement en lui, le faire hurler… De plaisir ou de douleur, peu importe… Il veut le marquer à jamais.
Le comptoir sur lequel ils déjeunent est étroit. Heero rapproche son tabouret haut au maximum, jusqu'à emprisonner une jambe du provocateur entre les siennes. Il est satisfait de voir le tressaillement et la lueur étonnée qui passe dans les yeux violets. L'expression de surprise fugitive est vite remplacée par un sourire de connivence, ils vont être deux à jouer. Il resserre ses jambes et les bouge lentement pour caresser l'intérieur de la cuisse de son vis-à-vis qui avale à toute allure la purée qu'il venait de porter à sa bouche tout en rougissant légèrement.
- C'est chaud
- Oui et ça va le devenir encore plus !
Heero a l'avantage, le natté empourpré a beaucoup de mal à contrôler les frissons qui le parcourent. Mais il n'est pas du genre à s'avouer vaincu aussi vite. Il étend légèrement sa jambe pour que le dessous de son genou s'emboîte sur l'entrejambe de son bourreau, puis entame un mouvement de balancier qui met Heero au supplice.
- Vous avez raison, je sens que la chaleur devient moite…
Heero essaye de se contrôler mais c'est peine perdue, l'excitation qu'il ressent devient de plus en plus forte et sa chaleur corporelle a atteint le niveau maximum avant explosion. Il se sent mort de honte à l'idée de la bosse qui va déformer son pantalon en plein wagon restaurant et décide de laisser la victoire par KO à l'inconnu. Il se lève donc précipitamment sous le regard victorieux de son adversaire.
Heero s'enferme dans les toilettes pour essayer de retrouver son calme et d'analyser la situation. Il n'a jamais ressenti de telles choses avec qui que ce soit auparavant. Cet homme lui a jeté un sort et il exerce un contrôle absolu sur son corps. Rien qu'en l'évoquant, Heero sent chacun des pores de sa peau devenir un capteur qui attend le contact du natté pour s'enflammer. Il se rend compte qu'avant aujourd'hui, il ne savait pas ce qu'était le désir, ce sentiment brûlant qui a pris totalement possession de lui, jusqu'à lui faire perdre toute raison. Est-ce l'excitation du jeu ? Le fait de ne rien savoir sur l'autre ? La peur que les autres passagers les surprennent ? Sûrement qu'il y a un peu de tout ça… Mais c'est surtout LUI. Il a l'impression que cet homme fascinant est fait pour lui et il a envie de le faire hurler de plaisir. Il veut le voir perdre tout contrôle, il veut qu'il lui appartienne et il veut lui appartenir. Pour une fois il ne pense pas qu'à son seul plaisir, il veut partager un moment intense avec cet inconnu qui lui semble pourtant si familier. Il veut que cet homme ne puisse jamais l'oublier, il souhaite tatouer son nom dans le creux de ses reins. Il attend encore quelques minutes que les battements frénétiques de son cœur se calment puis il décide de regagner sa place.
Le train traverse une zone de turbulence et la progression dans la travée est difficile pour Heero qui est ballotté d'un coté à l'autre. A l'approche de sa place, il découvre que le siège en face du sien est vide et une peur irraisonnée lui noue les tripes. Et si tout cela n'était qu'un rêve ? En y réfléchissant bien, cet homme ne peut pas être réel, il est trop parfait. C'est un fantasme produit par son cerveau fatigué par des nuits de veille passées à concevoir le programme du casino. Aucun mot n'est assez fort pour décrire la déception qui l'envahit à cette idée. Il avance encore de quelques pas lorsqu'une main surgit à sa droite pour l'attirer vers elle et l'obliger à s'asseoir.
Surpris, il se retourne pour contempler son inconnu qui le dévisage en souriant.
- Puisque ces sièges sont vides, j'ai pensé que deux places cote à cote seraient plus confortables.
Il prend le visage d'Heero entre ses mains et l'embrasse tendrement. Heero répond au baiser tout en passant son bras derrière le dos de l'inconnu pour le rapprocher et sentir son cœur pulser contre le sien. Le baiser d'abord timide devient passionné et les deux hommes chavirent jusqu'à ce qu'un raclement de gorge les oblige à se séparer à bout de souffle. Ce n'est qu'un contrôleur, rouge comme une tomate, qui semble absolument désolé de devoir leur demander leurs billets.
Cette formalité accomplie, l'inconnu pose sa tête sur l'épaule de son compagnon.
- Vous descendez où ?
- Nice
- Bien, moi aussi. Le contrôleur est passé et il faut attendre que le troisième âge descende à Cannes pour avoir un moment de calme où nous serons seuls dans ce wagon. Je pense que nous pouvons en profiter pour nous reposer, mais après Cannes, vous devrez être en forme et me montrer vos capacités d'improvisation ! A moins que vous n'ayez plus envie de jouer ?
- J'ai de plus en plus envie de jouer avec vous et je serai fin prêt.
Leurs mains se sont naturellement enlacées. L'inconnu a passé son bras autour du torse d'Heero et sa tête repose sur son épaule. Heero quant à lui entoure son cou de son bras et sa main libre repose sur son épaule dans un geste protecteur.
L'instant est doux, calme. Heero bercé par les mouvements du train se met à penser qu'il le voudrait éternel, il ressent une immense tendresse et le besoin de protéger et de veiller sur le sommeil de son compagnon. Il s'endort en pensant que la seule explication possible est qu'ils se sont connus dans une autre vie, sinon comment comprendre ce sentiment de plénitude qu'il ressent à le tenir enlacé ?
Heero reprend conscience doucement, il se sent bien, envahi par une douce chaleur. Il ouvre les yeux sur les lacs améthyste qui le contemplent avec douceur. L'inconnu passe une main sous son tee-shirt et effleure ses abdominaux tout en avançant le visage de manière à mordiller le lobe de son oreille. Heero ferme les yeux et rejette la tête en arrière sous le plaisir provoqué par ces douces caresses. Puis tout à coup, il se rappelle où il est et se redresse d'un coup, affolé par l'idée de se faire mater par un vieux pervers. Il est vite rassuré, comme l'avait prévu l'inconnu, le wagon s'est totalement vidé à Cannes et ils sont seuls tous les deux, avec quand même le risque que quelqu'un traverse leur voiture. Heero n'est pas complètement à l'aise mais les caresses vite reprises de l'inconnu finissent de le décontracter. Lorsqu'il est complètement détendu, le natté passe deux mains sous son tee-shirt pour le faire disparaître puis il s'assied sur ses genoux et entreprend de découvrir la totalité de son torse avec sa bouche. Lorsqu'il s'attarde sur les tétons hyper sensibles, Heero lâche un gémissement qui le fait sortir de cette passivité fort inhabituelle pour lui.
Il repousse légèrement le natté et le débarrasse de sa chemise. Il veut lui aussi goûter cette peau d'opale et le faire gémir. Mais l'inconnu se mord les lèvres et ne laisse échapper aucun son. Heero concentre ses assauts dans le cou qu'il a découvert particulièrement sensible puis déboutonne le jean pour passer sa main sur une virilité déjà bien remontée. Un râle sourd s'échappe des lèvres de sa victime bien consentante qui se redresse brusquement, puis se laisse glisser à genou devant Heero qui se retrouve débarrassé en quelques instants du reste de ses vêtements.
Heero perd totalement pied, il est perdu dans les milliers de sensations qui le traversent. Il sent une bouche qui s'active sur son membre jusqu'à lui faire oublier tout ce qui l'entoure, des doigts qui se présentent à sa bouche et qu'il suce avidement, ses mêmes doigts qui le pénètrent provoquant douleur puis plaisir. Et enfin, la plénitude absolue lorsque l'inconnu l'allonge sur la banquette et prend totalement possession de lui. Heero n'arrive plus à penser, il n'est même pas étonné de se retrouver pour la première fois dans cette position qui n'a jamais été la sienne jusqu'à ce jour. Il a toujours pris ses partenaires, il a toujours gardé le contrôle. Et là, il trouve normal que l'inconnu le dirige, il admet que c'est lui qui a le dessus depuis son arrivée dans le train, c'est lui l'initiateur du jeu, c'est lui le maître du jeu.
Heero sent que le plaisir va bientôt atteindre son point d'orgue lorsque le natté se retire, il le regarde avec incompréhension puis réalise qu'il lui demande de changer de position et de se mettre à genou, face à la fenêtre. Heero s'exécute et l'inconnu se repositionne derrière lui pour le pénétrer de plus en plus violemment jusqu'à ce qu'une jouissance fulgurante les emplissent au même moment. Heero se cambre sous le plaisir et ouvre les yeux pour découvrir la méditerranée qui s'étale, calme et majestueuse, devant lui. Il sait qu'il ne pourra jamais plus contempler la mer sans penser à cet instant. Il n'a jamais vécu quelque chose d'aussi fort, d'aussi fusionnel.
Ils restent immobiles quelques instants, attendant que les tremblements de leurs corps se calment puis l'inconnu se penche pour déposer un baiser dans le cou d'Heero et lui murmurer un « merci » au creux de l'oreille. Au même moment le haut parleur grésille pour annoncer une arrivée en gare de Nice dans cinq minutes.
Heero se sent à la fois comblé par le plaisir reçu mais aussi désespéré à l'idée de ne plus revoir cet homme. Il se rhabille machinalement, perdu dans la contemplation de l'inconnu qui fait la même chose sans le regarder. Est-ce qu'il regrette, est-ce qu'il a été déçu ? Il range ses affaires, descend son sac du porte-bagages… Heero ne veut pas le perdre…
- J'aimerais qu'on se revoie…
L'inconnu a tressailli lorsque la voix d'Heero s'est cassée à la fin de la phrase. Il se retourne vers lui puis l'enlace et l'embrasse tendrement.
- C'était merveilleux mais je sais que je gâcherai tout. Le destin nous a réuni une fois, laissons le faire, si nous sommes vraiment fait pour nous revoir, il nous donnera une nouvelle chance…
Heero reste muet, planté sur place en essayant d'analyser les paroles de l'inconnu mais la seule chose qui lui traverse l'esprit est qu'il ne va pas le revoir et cette pensée le fait souffrir. Pourquoi ? Comment est-ce possible de s'attacher aussi vite ? Est-ce que c'est ça, être amoureux ? Est-ce que ça voudrait dire que le coup de foudre n'est pas une invention de roman de gare ? Est-ce que c'est ce qui est arrivé à Quatre et Trowa ?
Il réalise brusquement que l'inconnu est déjà descendu sur le quai et qu'il s'approche de la vitre pour articuler quelque chose. Heero n'a aucun mal à lire sur ses lèvres et cette phrase le rend à la fois incroyablement heureux et incroyablement triste…
« Je vous aime »
(1) Statistique totalement fantaisiste donc si quelqu'un a réalisé une étude sérieuse sur le sujet, n'hésitez pas à m'en faire part et je corrigerai… Par contre le pourcentage rapporté à la population française est bon, j'ai vérifié !
Fin de la première partie
Note : lorsque j'ai commencé à écrire, j'avais prévu de m'arrêter là. Mais en relisant je me suis dit que la fin était quand même drôlement frustrante et que puisque pour écrire j'avais déjà eu besoin d'imaginer les motivations de « l'inconnu », j'avais toute la matière pour écrire une suite et pousser peut-être un peu le destin, qui sait ?
