Des cheveux sombres avec des reflets bleus, des yeux mauves et un large sourire. Voilà ce que je suis. Liam A. Ludrick. Un jeune seconde qui vient tout juste de changer de lycée. Je ne préfère pas vous raconter le pourquoi de ce changement, mais en tout cas, je peux vous dire que je rejoins le lycée Karasuno à Miyagi ainsi que son équipe de volley-ball. Pourquoi ce lycée me direz-vous, déjà parce qu'il est le seul à m'avoir accepté après l'incident de la dernière fois et aussi parce que je vais y retrouver une ancienne connaissance. Aujourd'hui est mon premier jour et j'ai plutôt bien réussi à m'intégrer, les élèves sont plutôt sympas et les demoiselles véritablement magnifiques. J'ai bien fait de changer d'après moi. Le seul truc, c'est qu'au début de la journée lorsque mon professeur principal s'est avancé vers moi pour me donner mon uniforme, je me suis senti bien idiot au moment de l'essayer, mais je ne l'ai pas quitté pour autant depuis. J'ai seulement ajouté une touche personnelle à tout ça. Deux petites couettes à l'arrière de ma tête pour retenir les cheveux un peu trop longs de ma perruque aux cheveux roux et ondulés piquée au club de théâtre et une barrette à nœud rouge pour retenir mes cheveux à l'avant et ainsi mettre ma frange en avant pour cacher la couleur de mes sourcils. Me voilà une véritable demoiselle avec cet uniforme composé d'un chemisier un peu serré caché par un blazer et d'une jupe un peu courte, mais qui met terriblement en valeur mes fesses. Maintenant, je sais pourquoi les filles sont toutes aussi magnifiques dans cette école et aussi pourquoi les garçons semblaient si enclins à devenir mes amis.

Quelques regards s'étaient levé vers moi durant ma balade en direction du gymnase où aller s'entraîner l'équipe de volley-ball. J'avais ajouté un peu de baume à lèvre et un tout petit peu de mascara sur mes cils et j'avais teint mes sourcils en blond avec une bombe pour cheveux pour compléter le tout. Je dirais à mon frère que le fait de remplir ma fiche d'inscription en notant que je suis une femme n'est pas une chose qui m'arrêtera si facilement. Foutu, Neil et foutu japonais qui ne sont pas capable de découvrir mon sexe rien qu'à mon prénom seulement parce que je suis étranger. Je soupire une seconde avant de pousser la porte du gymnase et un large sourire illumine alors mon visage. La jeune étrangère naïve comme pas deux, voilà qui je suis là à cet instant. J'ai toujours été plus ou moins doué pour jouer un rôle, espérons que la supercherie ne soit pas découverte trop vite. Les semelles dures de mes chaussures claquent sur le parquet du terrain alors que je m'avance doucement, tout doucement dans la salle à l'odeur de transpiration. Les yeux de tous se tournent alors dans ma direction et je fais un sourire timide tout en humidifiant mes lèvres d'un rapide coup de langue.

« MIGNONNE ! S'écrient deux voix dans le groupe. »

Je fais mine de rougir et de me sentir mal à l'aise en entendant ce compliment, mais en réalité, ce n'est pas la première fois de la journée que j'entends ces mots sortir de la bouche d'un homme. C'est alors qu'un garçon bien plus petit que moi aux cheveux brun et blond s'approche avec un autre plus grand au crâne rasé, se sont donc à eux que je plais en tant que femme ?

« Tu as besoin de quelque chose Demoiselle ? »

Ne voulant pas me faire prendre tout de suite avec ma voix, je me contente de faire un hochement de tête signifiant oui. Je n'ai jamais eu une voix très virile et j'ai appris avec le temps à la modifier selon mes envies, mais sait-on jamais. C'est alors que je le vois, un adulte. Ses longs cheveux décolorés sont plaqués en arrière par un serre-tête lui donnant un air de voyou. Ukai Keishin. Celui pour qui j'ai choisi cette école. Le petit-fils du célèbre entraîneur Ukai. Un sourire innocent prend mes lèvres alors que je me dandine sur place pour faire croire que je suis mal à l'aise d'être observé par tant de gens. Il m'observe un instant et je vois son visage se figer sur une expression de réflexion. M'a-t-il reconnu ? Finalement, je me lance, prenant une voix prude et murmurant doucement pour rendre encore plus difficile la reconnaissance de ma voix d'homme derrière ce filet de mots clair et adorable.

« Je suis juste une groupie... »

À ce mot, j'entends quelques joueurs de l'équipe hurler de joie et le répéter en boucle. Si vous voulez vraiment des fans arrêtés de vous extasier quand une se présente comme si elle était la première à dire ça, même si c'est le cas. En réalité, je suis vraiment intéressé par leur équipe. Après tout, ils ont réussi à tenir tête à Shiratorizawa durant les sélections pour les nationales.

« Tu nous as vus à la télé, c'est ça ? C'est pour ça ?, me demande un roux survolté qui m'agrippe alors le bras. »

Je hoche de nouveau la tête pour lui dire que oui et je rougis pour lui faire comprendre que son geste me gêne. Il me relâche aussitôt le bras avant de repartir de plus belle dans sa joie du moment. Je sens pourtant un regard fixé sur moi malgré tout, celui de l'entraîneur. Il s'avance alors vers moi pour me poser une question qui m'aurait fait rire si je ne devais pas garder intact mon personnage au moins jusqu'à la fin de cette séance d'entraînement.

« On ne se serait pas déjà croisé par hasard ? J'ai l'impression de te connaître. »

Je fais non de la tête alors que je rougis pour lui croire que je prends sa question comme une technique de drague vraiment mal venue venant d'un adulte à une jeune fille frêle comme moi. Il se met lui aussi à rougir mal à l'aise.

« Non, je ne cherche pas à... Enfin...
- Bah alors Ukai, on s'en prend à une jeune fille ? C'est pour ça que les gens te prennent pour un voyou, fait remarquer un homme à lunette.
- Quoi ? Non mais... Prof, ce n'est pas ça du tout !
- Je peux...
- Hum ? »

Il se tourne vers moi, je baisse les yeux pour éviter de croiser son regard et je continue de me dandiner tout en rougissant.

« Je peux rester pour regarder ?
- Bien... Bien sûr. »

Il me fixe encore un moment avant qu'il ne se rende compte que cela me met très mal à l'aise, ou du moins, c'est ce que je veux lui faire croire. Je ne veux pas qu'il devine, du moins pas tout de suite. Il s'excuse alors de nouveau et retourne sur le banc pour observer son équipe. Quant à moi, je me pose sur le banc juste à côté, les jambes serrées et le dos droit. Je suis une fille après tout. Un sourire s'affiche sur mon visage à chaque action magnifique que je vois, comme une attaque de ce rouquin, ce n°10 dont tout le monde a déjà entendu parler ou alors une réception du libero qui sont tout aussi impressionnantes. Alors que l'entraînement touche doucement à sa fin, je ne tiens plus en place, je tapote ma jambe rapidement sur le parquet impatient. Les voir jouer m'a donné envie de frapper cette balle à mon tour. Alors quand la balle tirée par l'Ace de l'équipe quitte le terrain à cause d'une réception pas assez solide, je m'élance. Mon corps bouge de lui-même et je me vois sauter pour la frapper en plein vol, mes pieds se détachent du sol et me voilà en l'air. Ma main frappe la balle et je l'envoie directement dans les mains du passeur. Surpris, il n'en perd pourtant pas ses moyens, il la relance en direction du petit rouquin et ensemble, il marque un nouveau point. Je retombe alors au sol de manière assez peu féminine alors que ma perruque touche le sol un peu plus loin. Elle n'a pas tenu durant ma petite démonstration. Je relève alors les yeux vers l'équipe qui me fixe étrangement. Les ai-je impressionnés ?

« ... Li... Liam ? »

Zut, il m'a reconnu...

« Ukai ! Dis-je comme si je n'avais pas remarqué non plus que c'était lui.
- Qu'est-ce que tu fais là ? Et pourquoi tu... Enfin... Pourquoi un uniforme de fille ? ...
- C'EST UN HOMME ? »

Je vois les deux idiots tomber sur le sol, désespérés par cette nouvelle découverte.

« Et dire que je lui ai dit qu'il était mignonne ... Commence le plus grand des deux.
- Et dire que j'allais lui proposer de le raccompagner, finit le petit. »

Un rire passe doucement mes lèvres. Je n'avais pas pu rire plus tôt, mais là, je me laisse aller. Je sentais pourtant la colère de l'entraîneur qui s'approchait dangereusement de moi.

« Et ça t'amuse en plus ?! »

Je sentis sa main agripper le haut de mon crâne. Pour le serrer lentement, mais douloureusement.

« Aïe... Ukaiii, tu me fais mal... »

Je fais perler doucement de fausses larmes au coin de mes yeux alors qu'un gémissement de douleur bien indécent passe mes lèvres. En général, ça rend le garçon assez mal à l'aise alors il me lâche, mais je ne le sens pas prêt à faire ça.

« Ça ne marche plus avec moi le coup de la femme en détresse.
- Ce que tu peux être cruel... Mais j'ai toujours d'autres cartes dans ma manche. »

Mon expression change alors du tout au tout et je passe ma jambe derrière celle de l'entraîneur pour le forcer à plier le genou tout en m'appuyant de tout mon poids sur son torse pour nous faire tomber sur le sol. Mon visage affiche maintenant un large sourire lubrique alors que mes yeux pétillent d'une lueur inquiétante. Je passe alors ma langue sur mes lèvres sans m'arrêter de sourire. Je l'entends alors grogner alors qu'il se relève puis je me tourne vers le reste de l'équipe avec mon expression innocente de tout à l'heure. Je me gratte l'arrière de la tête prêt à m'excuser pour tout ça.

« Je suis désolé pour tout ce cinéma, mais on m'a malheureusement donné un uniforme pour fille quand je suis arrivé ce matin, alors j'ai joué le jeu. Sinon je m'appelle Liam et je veux faire partie de votre équipe !
- Pourquoi est-ce que tu arrives au milieu d'année ?, me demande le passeur suspicieux. Il n'avait pas dû aimer ma technique de camouflage.
- J'ai été contraint de changer de lycée à cause de problème personnel.
- Tu mesures combien ?
- 1m75.
- Tu as déjà joué au volley.
- Oui.
- Quel poste ?
- Ailier.
- Et ton truc de tout à l'heure s'était génial ! »

L'interrogatoire continua encore un moment jusqu'à ce que l'heure de ranger arrive. Je rejoignis alors Ukai dehors, il semblait m'attendre, adossé contre le mur tout en fumant.

« Désolé, Ukai pour tout à l'heure...

- Tu crois que c'est une bonne idée de reprendre le volley-ball après ce qu'il s'est passé ? Tu ne veux pas attendre encore un peu ?
- Ça fait presque un an que je n'ai plus touché à un ballon... Je n'en peux plus d'attendre...
- Et bien si tu es sûr, je ne peux pas m'y opposer, mais fais attention à toi quand même.
- Ne t'inquiète pas, je sais me défendre ! Et puis les gars de ton équipe n'ont pas l'air méchant. »

Il termine sa cigarette tout en souriant.

« Et bien à demain Ukai !
- À demain... »