Bonjour !

Bienvenue dans le premier chapitre d'une histoire plus ou moins longue (ça dépendra de mon imagination) consacrée à Dis d'Erebor. Pour le moment, pas grand chose de spécial à vous dire, si ce n'est que je vous souhaite une bonne lecture:)

Le jour d'avant

Accoudée au balcon qui surplombait les portes d'Erebor et offrait une vue imprenable sur les bâtiments de pierre beige aux toits ocres de Dale, Dis laissait la brise matinale rafraîchir son visage. Elle s'était levée tôt pour ne pas manquer l'instant où le soleil apparaîssait de derrière les collines, d'abord un cercle rougeâtre, puis un disque qui s'élevait de plus en plus haut dans le ciel, baignant la vallée et les flancs de la montagne d'une lumière rouge qui passait par l'orangé avant de prendre un jaune éclatant.

Aussi étonnant que cela puisse paraître pour une représentante d'un peuple connu pour son amour des roches et des profondeurs, la princesse appréciait le soleil, en particulier celui du matin. Elle le trouvait superbe, parfois encore plus magnifique que la pierre brillante qui faisait l'orgeuil de son grand-père. Les membres de sa famille lui faisaient souvent remarquer qu'elle était une fille du ciel plutôt qu'une fille des roches. Elle se contentait de sourire à ces mots mais, en secret, elle rêvait souvent d'appartenir au peuple des hommes, de pouvoir marcher au grand jour sans se sentir ridiculement petite.

Mais c'était impossible, et peut-être même était-ce mieux comme ça...

De plus, pour rien au monde elle n'aurait quitté Erebor. Elle y était née, y avait grandi en compagnie de ses frères, sous l'égide bienveillante de son grand-père, elle y assisterait au couronnement de son père et, pourquoi pas, de son frère. Elle accomplirait le devoir échu aux femmes depuis le début de la lignée de Durin : soutenir leurs frères et époux dans leur exercice du pouvoir et leur fournir de nouveaux héritiers. Un frisson de fierté parcourait l'échine de Dis dès qu'elle pensait que, si aucun de ses frères ne prenaient d'épouse, ses propres fils seraient rois sous la montagne, seigneurs du plus puissant des royaumes des Nains.

Evidemment, au vu des nombreuses Naines qui tournaient autour de Thorïn et de Frerïn, ses chances de porter l'héritier du trône étaient très réduites. Surtout qu'il faudrait tout d'abord qu'elle se trouve un époux...Mais, avec une Naine pour quinze Nains, elle n'était pas trop inquiète, surtout que son statut de princesse risquait d'amener plus de prétendants...

Ces derniers temps, elle avait remarqué les regards de plus en plus insistants et langoureux que lui lançaient Deil, l'un des jeunes Nains affectés à la garde des portes. À chaque fois qu'elle quittait la cité en compagnie de quelques amies pour se promener à Dale, le Nain aux cheveux blonds la fixait plus que la bienséance ne le voulait. Elle ne faisait que rougir, heureuse de susciter son intérêt, mais tout en espérant que ni ses frères ni son père ne se rendrait compte de cela. Deil n'était qu'un soldat sans aucune naissance, il ne possédait rien de plus que les vêtements qu'il portait sous son armure et ne recevait pas une solde suffisante pour subvenir aux besoins d'une épouse, de quelque rang social qu'elle fut.

Dis était une princesse, elle n'aurait pas la chance de se marier par amour et encore moins à un Nain qu'elle aurait choisi. Pourtant, ce n'était pas pour autant que son père lui forçait la main. Il lui avait déjà essayé de la fiancer à Balïn, sous prétexte qu'il occupait une belle place aux côtés de Thror, qu'elle pourrait rester auprès de sa famille plutôt que de quitter la Montagne Solitaire, mais Balïn était un ami de Thorïn, il l'avait vue grandir et Dis ne pensait pas que l'affection toute amicale qu'elle ressentait à son égard puisse se muer en un amour sincère.

Cette recherche de l'amour faisait rire Frerïn. Son frère ne ratait jamais une occasion d'ennuyer sa cadette en lui rappelant les histoires à l'eau de rose dont elle était friande quand ils étaient encore de jeunes Nains. Dis aimait jouer à être une princesse des hommes attendant que son bien-aimé vienne la délivrer de la haute tour où un prétendant jaloux l'avait enfermée en atendant qu'elle cède à ses avances.

En grandissant, Dis avait dû ravaler sa déception en se rendant compte que ces histoires héroïques étaient destinées aux filles des hommes, celles qui paradaient du haut de leurs longues jambes dans les rues, leurs chevelures d'or nimbées de rayons de soleil. Mais elle s'était remise de cet épisode, se convainquant qu'appartenir au monde des Nains était l'une des plus belles choses que la vie pourrait jamais lui offrir. Elle était heureuse en Erebor, déambulant au milieu des couloirs creusés dans la pierre de la Montagne Solitaire, admirant les joyaux tout frais sortis des ateliers.

-Dis !

Son prénom, crié par une voix féminine, la fit se retourner. Andrun, l'une de ses amies, marchait d'un pas rapide dans l'allée pour la rejoindre.

-Je vais à Dale vendre des bijoux, annonça la Naine dont les cheveux brun sombre étaient ramenés en tresses qui couraient de part et d'autre de sa tête. Tu m'accompagnes ?

-Pourquoi pas ?

Une visite de Dale à l'aurore ne pouvait que chasser les pensées qui envahissaient son esprit.

Les deux jeunes Naines partirent en riant, descendant les larges escaliers de pierre en se faufilant entre les Nains qui remontaient couverts de suie et de poussière des forges et des mines et les gardes qui échangeaient des plaisanteries en regagnant leurs postes. Elles arrivèrent bientôt aux larges portes de la cité, gardées par deux rangées de Nains aux armures rutilantes qui les regardèrent passer avec un oeil souriant. Dis chercha Deil du regard, mais ne le trouva pas. Sans doute était-il en pause, ou de faction à un autre endroit de la cité.

Elles durent s'arrêter près des Nains qui, munis de plumes et de parchemins, contrôlaient les allées et venues dans la cité. Thror avait décrété cette mesure de prévention il y avait trois mois, pour une raison qu'il avait préféré cacher à son peuple. Dis savait que son père et son frère aîné étaient dans les secrets du roi, mais elle n'avait jamais osé leur demandé ce que leur patriarche craignait tant.

-Vos noms, je vous prie, s'enquit le fonctionnaire d'une voix monotone qui témoignait de son manque d'entrain à l'idée de s'être levé plus tôt que tous les autres pour aller noter des noms sur un bout de papier.

-Andrun, fille de Vong.

-Dis, fille de Thraïn.

-...ille de Thraïn, marmonna le Nain en finissant d'inscrire leurs noms. Et qu'est-ce que vous allez faire hors de notre belle ville ?

-Nous allons vendre des bijoux, répondit Andrun en levant le panier qu'elle portait au bras.

L'autre y jeta un coup d'oeil à peine intéressé et les expédia à l'extérieur d'un geste de la main.

Une fois à l'air libre, Andrun marcha aussi vite que le lui permettaient ses jambes courtes, babillant joyeusement, riant à ses propres jeux de mots, sans sembler remarquer l'air un peu sombre de Dis. La princesse écoutait son amie d'une oreille distraite, comprenant un mot sur trois. Elle finit par poser les yeux sur le panier bien rempli de la Naine brune : il regorgeait de broches d'argent et d'or serties de diamants ou d'émeraudes, de longs colliers enchâssés de rubis, de bracelets aux entrelacs ponctués de saphirs, de bagues et de boucles d'oreille aussi brillantes que les étoiles. Dis eut envie d'y fourrer ses doigts, de sentir la fraîcheur du métal sur sa peau, les faces lisses des pierres qui se terminaient par une petite pointe à peine piquante. Son mouvement fut réprimé par l'image de Thror, tournant au beau milieu de sa salle du trésor, entouré de monceaux de pièces d'or qui brillaient à la lumière des torches qui les éclairaient nuit et jour. Le roi était malade, elle le soupsconnait depuis longtemps, mais il souffrait d'un mal qu'aucun remède ne pouvait soigner. À en croire Thorïn, cet amour de l'or le conduirait à sa perte.

Elle ne comprenait pas comment les richesses de la Montagne pouvait pervertir un Nain qui lui avait toujours semblé avoir un coeur empli de bonté. Elle se rappelait encore les longues soirées qu'elle passait en compagnie de ses frères, assise au coin du feu, à écouter Thror leur conter des histoires de la lignée de Durin. Elle était toujours celle qui s'endormait le plus vite, ce qui faisait rire Frerïn et sourire Thorïn. Thror arrêtait alors son histoire et la prenait délicatement dans ses bras avant de la porter jusque dans son lit. Elle se souvenait également des jours où, assis sur son trône, Thror appelait Thorïn et lui racontait des secrets que seul l'héritier de la lignée pouvait entendre. Jaloux d'être évincé de leur complicité, Frerïn et Dis se dissimulaient derrière l'une des grandes colonnes de la salle et essayaient de comprendre ce qu'ils se disaient. Frerïn finissait toujours par éternuer, révélant leur présence. Thror se retournait alors, un grand sourire aux lèvres et les invitait à les rejoindre tandis que Thorïn prenait un air sombre, vexé d'être dérangé par son frère et sa soeur.

Les deux jeunes Naines arrivèrent devant les portes de Dale, déjà ouvertes à cette heure matinale. Les soldats les saluèrent d'un signe de tête. Une fois dans la cité des hommes, les soucis de Dis s'envolèrent. La journée s'annonçait magnifique et elle allait la passer en compagnie d'une très bonne amie.

Rien ne pouvait obscurcir l'avenir.


Fin du premier chapitre. Il sera sûrement suivi d'autres, parce que je commence à m'attacher au personnage de Dis...

J'attends vos commentaires:)