-Tu vas où?
-...
C'est quoi ce sentiment? Cette boule qui obstrue sa gorge, qui l'empêche de répondre.
-Je reviens, ne t'inquiète pas.
On dirait cette phrase qu'elle répète à chaque homme qu'elle quitte la nuit pas encore fini. Elle disparait de leur vie, et ils l'oublient.
Ça s'oublie vite, ce genre de chose, ce genre de femme, ça rentre dans un lit et ça en ressors par un autre.
Juste une nuit, juste une fois, et on ne la reverrais pas, elle se l'est interdit.
Ironie du sort, ironie, oui mais bien cruelle, elle sert sa réplique pour aller voir un autre.
Gluttony la fixe, de ses grands yeux, ces si grands yeux noirs et vide, comme ceux d'une poupée, ces grands yeux si naïfs, si innocent. D'eux sept, c'est le seul à ignorer la mort. Qu'il offre. Qu'il n'aura jamais.
Il penche la tête, tel un poussin curieux, et elle sait qu'il resteras devant l'horloge, à compter le temps qu'elle aura pris à revenir auprès de lui.
Elle sait qu'à partir d'un quart d'heure, il s'impatienteras. Une demie-heure, il ira se plaindre à Bradley. Une heure, il s'inquièteras. Deux, il se mettra à l'appeler. Quatre, il ira la chercher.
Sauf la nuit. Sauf si quelqu'un part avec elle.
Elle le connaît si bien, et ça fait si mal.
Comme sa mère, oui, c'est un peu ça, elle suppose, ce sentiment quand on est une mère.
De le voir si loin, si proche, de jeter un dernier regard pour rassurer, parce qu'il ne faut pas qu'il s'inquiète, non, il ne le faut surtout pas.
Elle aimerait laisser un petit mot, pour Envy. Il n'aime pas ce qu'il apelle "cette masse de graisse" mais c'est lui qui est le plus proche de Gluttony.
Donner à cet imbécile toutes le consignes pour s'occuper de celui qui a tellement besoin qu'on s'en occupe.
Mais ce serait tellement ridicule.
Elle part, retrouver cet homme, cet homme qu'elle ne devrait pas revoir. mais c'est si innocent. Certes, il louche sur sa poitrine, mais jamais le contact n'est allé plus loin. Et surtout, cet homme a un ami qui détient la clé de son problème.
Elle a fait des recherches, elle a chercher et chercher une solution, elle n'a cessé de réfléchir à la question, jusqu'à la trouver.
Le feu.
Elle n'en peut plus, De la vie qui ne s'épuise jamais. De la mort qu'elle voit dans les yeux de ses victimes, sans jamais la toucher.
De cette sensation qu'un jour il sera trop tard.
Elle n'a jamais rien voulu de plus que la chaleur d'un homme dans son lit, oui, alors à quoi bon continuer, si cet chaleur ne sera plus là dans quelques mois?
Oui, elle a tant voulu ce jour, et le voir arriver lui fait maintenant trop peur.
Elle fixe cet homme, cet enfant, si simple, si heureux.
Elle se met à souhaiter qu'il ne sache jamais, qu'il ne regrette jamais, qu'il ne veuille jamais.
Ce sentiment, qui fait si mal, qui lui brûle la poitrine, es-t-il plus ardent que celui qui viendra bientôt la posséder?
Un dernier regard, oui, le dernier. Oh qu'il a l'air si heureux.
Oh Glut', pardonne-moi.
Elle aimerait le prendre dans ces bras, une dernière fois. Mais ce serait tellement... humain. Elle aimerait verser une larme. Elle en est incapable.
Alors elle claque la porte.
