Titre : Un sacrifice nécessaire
Pairing : Héphaïstion/Alexandre
Disclaimars : Illustration de Sissi1789, que je remercie chaleureusement
Les personnages cités ne m'appartiennent pas
Genre : slash ; MPreg (grossesse masculine)
Pov Héphaïstion
De tout le royaume, je n'avais jamais été le plus à plaindre. J'étais un esprit formé, un guerrier aguerri, un général et conseiller approuvé. Sans même parler de mon amitié avec le roi, qui datait de notre enfance et ne faisait que se renforcer. J'avais aussi la chance d'être aimé de la personne désirée si ardemment, de l'avoir pour amant et compagnon. Alexandre…
Mais cette fois-ci la chance me tournait le dos. Les dieux avaient cruellement joué avec mon sort. J'ignorais pourquoi ils m'accablaient tant, mais les faits étaient là…
En sueur, je m'effondrais sur le lit de mon aimé, qui ne tarda pas à me suivre, ses lèvres trainant sur ma peau humide. Mes doigts passèrent dans ses cheveux humidifiés par l'effort, puis glissèrent sur ses muscles dorsaux, le faisant frissonner. Mon corps était rompu par le plaisir, et pourtant ce n'était pas assez.
_ Encore !geignis-je. Alexandre, mon amour, j'en veux encore…
Gloussant, mon roi parcouru mon torse de ses doigts et se redressa juste assez pour m'offrir un doux baiser. Mais ce n'était pas suffisant pour moi, et je le bloquais donc à hauteur de mon visage pour violer la barrière de ses lèvres, qui n'était plus vierge depuis des années. Malgré mon ardeur, mon amant ne céda pas et il me fallut donc libérer ses lèvres.
_ Héphaïstion… tu es épuisé, et moi aussi…, se justifia-t-il devant ma frustration.
_ Encore !insistais-je presque capricieux.
Je frottais mon bassin contre le sien pour appuyer ma requête, conscient qu'il y résistait difficilement. Pourtant cette fois il ne se laissa pas emporter par la fougue qui le caractérisait habituellement… Il venait de bloquer mon bassin de ses mains puissantes et arquait un sourcil en me regardant. Immédiatement, les larmes prirent possession de mes yeux. Je n'arrivais décidemment pas à me contrôler ce soir…
_ Tu ne m'aimes donc plus ? Je suis déjà devenu repoussant pour toi ?
_ Je ne te comprends pas ce soir, avoua mon roi. Tu es insatiable, et pourtant je n'ai pas l'impression que tu profites de nos ébats, que tu t'y impliques vraiment.
Ses yeux fouillaient les miens avec application. Je sentais sa tristesse devant mes cachoteries, et sa frustration de ne pas comprendre ce que j'avais. Mais je ne pouvais pas lui dire…
_ Tu m'inquiètes ce soir mon aimé. Tu n'es pas comme d'habitude… Tu as l'air nerveux, comme si…
Mon amant se tut brusquement. Je savais qu'il n'avait pas deviné l'objet de ma détresse –comment aurait-il pu quand je ne comprenais pas tout moi-même ?-, mais il pouvait l'assimiler à un autre évènement, qui appartenait maintenant au passé. Sa mâchoire se contractant, mon aimé m'attrapa durement par la nuque et me redressa brusquement en position assise. Soumis à sa prise douloureuse, je ne pouvais plus rien faire à part affronter son regard furieux.
_ La dernière fois que tu t'es comporté de la sorte, tu as essayé de poursuivre seul Darius le lendemain, sans me prévenir, grogna-t-il. J'ai failli céder à Hadès tant cette période me fut difficile ! Projettes-tu de m'achever par un nouveau projet fou ?
Ce n'était pas mon but à la base. En venant dans sa chambre j'avais pour idée de l'informer de mon départ. Je voulais inventer un prétexter quelconque, une mission, qui exigerait ma présence ailleurs, loin de lui, et pour un bon moment. Je n'avais pas encore choisi le lieu exact mais je pensais à l'Egypte, puisqu'il m'y avait déjà envoyé c'était crédible. Mais mon choix se portait sur une toute autre terre d'asile et j'ignorais si je reviendrais ou non…
Mais j'avais été faible. En arrivant dans la chambre j'étais directement tombé sur Alexandre d'une humeur clairement câline et coquine. D'un geste il avait défait le nœud de son pagne pour se mettre à nu devant moi puis il s'était avancé jusqu'à moi pour me retirer ma toge. J'avais été faible. Je n'avais pas su lui dire non, l'arrêter pour lui sortir mon mensonge et partir. J'avais voulu profiter de son corps, de son amour, une dernière fois, avant d'enterrer définitivement cette vie…
Malheureusement maintenant mon amant avait comprit mes projets même s'il en ignorait les motivations. A cause de mon goût prononcé à me livrer à la débauche dans ses bras, j'allais considérablement complexifier ma fuite…
_ Avoue !hurla Alexandre. Avoue que tu veux m'abandonner une nouvelle fois ! Dis-moi pour quoi ? Ou pour qui peut-être ?
Les larmes affluèrent à nouveau, plus nombreuses, plus impérieuses, inévitables… Mes yeux se fermèrent une poignée de secondes alors que je tentais de me reprendre, mais c'était impossible. Sa rage me faisait trembler. J'avais peur de lui en cet instant, mais surtout de ce qu'il pourrait me faire. Instinctivement ma main se porta à mon ventre, pour le protéger.
_ Je porte un enfant, avouais-je d'une voix étranglée.
Alexandre se recula aussitôt, comme si je l'avais brûlé, souillé… Les yeux écarquillés, le roi me fixa avec effroi, avant de reporter son regard sur mon ventre, incrédule. Me sentant vulnérable, je me ramassais sur moi-même, butant contre la tête de lit dans ma volonté de m'écarter de lui, mes jambes rabattues contre mon torse pour le préserver de l'éventuelle réaction de celui qui disait m'aimer.
_ En… en es-tu vraiment certain ?blanchit-il.
Comme si je pouvais lui mentir à propos d'un fait aussi grave. Moi aussi je peinais encore à y croire, mais les faits étaient là. J'avais vu des dizaines de médecins pour expliquer mes vomissements matinaux, après des soirées qui pourtant ne comportaient pas de banquets alcoolisés, et différents symptômes. Aucun n'avait posé le mot sur ma pathologie, mais tous m'avaient répété à quel point il était étrange de retrouver dans mon état des effets que les femmes enceintes subissaient…
_ Je… je suis allé voir une prêtresse en désespoir de cause, et elle m'a assuré que je portais la vie, que c'était ton fils…, lui expliquais-je hésitant.
Toujours livide, mon amant s'assit au bord du lit et prit son visage entre ses mains. J'avais besoin de l'entendre me dire que ce n'était pas grave, qu'il acceptait mon état et qu'il chérirait cet enfant, mais ces mots ne vinrent pas. J'avais besoin qu'il me prenne dans ses bras, qu'il me cajole et m'embrasse, mais il ne bougeait pas, me tournant le dos. Je n'avais plus ma place dans son étreinte réconfortante…
_ Par tous les dieux…, expira-t-il.
Il s'écoula encore quelques secondes durant lesquelles je retins difficilement mes larmes, puis Alexandre se releva brusquement. Je le regardais avec espoir. Je ne m'attendais pas forcément à une explosion de joie… Il pouvait aussi exprimer vivement son trouble, ou me faire part de sa colère vis-à-vis d'une duperie présumée de ma part. En fait je voulais juste une réaction…
Mais bien loin de me satisfaire, mon ancien amant s'empara de sa toge, prit ses sandales, et quitta la chambre à grands pas, sans un mot, sans une explication, sans un regard... C'était déjà fini. Il était parti, il m'avait abandonné à mon triste sort de monstre, renié.
Mais le temps n'était pas aux larmes. Je ne pouvais pas rester là. Maintenant que ma condition lui était dévoilée, il chercherait à rectifier l'anomalie que je représentais, la créature monstrueuse que j'étais. Il me fallait disparaître avant qu'il fasse du mal à mon enfant…
