Chapitre 1

Vous savez ce qui est bien sur le Moby Dick ? Eh bien moi non plus. Et à vrai dire je ne sais même pas pourquoi je suis là je me suis réveillée i jours sur ce bateau sans avoir la possibilité d'en descendre. En même temps, où serais-je allée alors que je suis en pleine mer ! Quelle connerie j'ai encore fait ? C'est simple, je me suis faite bouffer par un monstre marin. Et quel heureux hasard que ce dernier se soit fait trancher en deux par l'un des 4 Empereurs, et que, par-dessus le marché, j'en sois ressortie en un seul morceau ! Je sais, ça n'arrive que dans les histoires ce genre de chose mais je suis pourtant bien dans la vie réelle - et dans de sales draps qui plus est. Mais qu'est-ce qui m'a pris de frapper Barbe Blanche ?! Je dois vouloir mourir, je vois que ça comme explication.

M'enfin, il avait qu'à pas m'emmerder pour absolument savoir mon passé. C'est vrai quoi, ce qui m'est arrivée avant n'est pas très important de toute façon…. Et quand bien même ce le serait, je ne veux pas en parler. Ma réaction vis-à-vis de Barbe Blanche était un peu exagérée, ce n'est pas sa faute après tout. Mais bon sang ! Depuis quand je me soucie des sentiments des autres ?! S'il ne voulait pas que je le frappe il n'avait qu'à me laisser dans le ventre du gros poisson !

En fait je retire ce que j'ai dit, l'avantage sur un bateau comme le Moby Dick, c'est sa taille. Il est tellement grand que l'on peut facilement se cacher. Mais je ne vais pas pouvoir me terrer indéfiniment, va bien falloir que je sorte ! Surtout que je commence à avoir faim… Maudit soit mon ventre !

J'ai beau penser ça, je n'en reste pas moins assise sur mon baril de poudre dans l'une des nombreuses réserves du navire. Quelle tête je dois tirer en ce moment, une vraie tête de chien battu… Je rabats une jambe sur mon torse et pose mon menton dessus en l'entourant de ma main. Mon regard se perd et je revois ma maison, est-elle toujours debout d'ailleurs ? Ou bien la Marine l'a-t-elle mise s'en dessus dessous pour trouver mon père ? Enfin, ce n'est pas très important de toute façon puisque je ne pense pas que quelqu'un y remettra les pieds, en tout cas moi je ne le ferai pas, cette maison me rappelle de trop douloureux souvenirs. Et mon paternel étant en cavale, je pense que l'on peut considérer cette maison comme abandonnée.

Je soupire en entendant mon ventre gargouiller, qu'est-ce que j'ai fait pour en arriver là ? Tout ce que je voulais c'était fuir tous ces gens qui m'avaient humilié et rabaissé, alors pourquoi est-ce que je me retrouve sur un bateau pirate ?

Je grogne contre moi-même et entends un petit rire sur ma droite, je tourne la tête tout en la gardant posée sur mon genoux. Bien qu'il fasse noir, j'arrive à discerner la silhouette de Marco, le commandant de la 1ère flotte. Je fronce les sourcils et attends la suite, qui ne vient pourtant pas. On se regarde dans les yeux et ma témérité - ou je ne sais quoi d'autre de ma personne – me fait ouvrir la bouche.

« Tu sais que tu ressembles à un ananas ? »

Je vois une veine se former sur sa tempe et remercie ma connerie de vouloir me faire mourir jeune.

« Ça va, c'était juste pour plaisanter. »

Il me regarde gravement à présent, toute trace d'amusement disparue. Et c'est d'une voix froide qu'il me demande :

« Pourquoi avoir frappé Père ?

- J'ai besoin d'une raison ? Soupirai-je.

- Oui.

- De toute façon tu ne vas pas l'aimer… chuchotai-je plus pour moi-même que pour lui.

- Et pourquoi ?

- Parce que. »

Marco se rapproche et s'adosse au mur à côté de moi. Je ne suis pas particulièrement à l'aise avec les autres et, pourtant, je me sens bien avec cet homme. Non pas que je sois tombée amoureuse - tout du moins, je ne l'espère pas - mais il dégage une telle aura de tranquillité que j'y sombre à chaque fois. Même maintenant, alors qu'il est froid et irrité, je n'arrive pas à ressentir un quelconque danger venant de lui. Comment fait-il ? Je continue de le regarder mais il rompt finalement le silence :

« Père ne t'en veut pas. Il aimerait juste savoir pourquoi tu ne veux pas t'ouvrir à lui, me dit-il en reposant son regard dans le mien. Alors ? »

Sa voix est redevenue douce. Je soupire et repose mon front sur mon genoux, j'ai mal à la tête à cause de toutes ces questions… Je ferme les yeux et chantonne une berceuse que ma mère m'avait apprise. Je sens le regard du commandant s'intensifier et je devine son incompréhension face à ma réaction. Je sais maintenant que je ne vais pas mourir sous le coup de Barbe Blanche - ou de Marco - et après ? Qu'est-ce que je vais faire ? Je n'ai pas envie de leur raconter mon passé parce que je ne l'aime pas. Sera-t-il d'accord avec ça ? Je peux toujours essayer.

« C'est quoi cette chanson ? me demande-t-il quand je m'arrête de chanter.

- Une berceuse de ma mère. »

Un silence agréable s'ensuit, je fais finalement glisser ma tête sur le côté mais ne regarde pas directement Marco. Ce que je vais dire fait prendre un sacré coup à mon ego mais tant pis.

« Je n'aime pas mon passé, c'est pour ça que je n'en parle pas. Tout à l'heure je me suis laissée emporter et je m'en excuse. J'ai tendance à réagir violement quand il s'agit de ce sujet. »

Il pose son regard sur moi et me tend une main, je le vois alors sourire doucement.

« Dans ce cas tu pourrais aller le lui dire toi-même. »

Je regarde la main qu'il me tend puis son visage et fronce les sourcils. Pourquoi est-ce que tout le monde dans cet équipage est si gentil ? Ce sont des pirates pourtant, ils devraient être sans scrupules, pas donner leur confiance au premier venu - ou la première pour ma part. Pourquoi est-ce si facile pour eux de me faire confiance ?

« Je ne vais pas te manger tu sais, dit-il alors que son sourire s'étire et que ses yeux me regardent d'une façon lubrique. Sauf si tu en as envie…

- Même pas en rêve l'ananas, répliquai-je sèchement en sautant de mon baril. Qui plus est, y a bien plus beau garçon que toi. »

Je lui fais un clin d'œil et sors de la réserve, Marco sur mes talons. J'aime bien quand on échange comme ça, ça me laisse toujours pensive : il faut dire que le blond est séduisant - même si ce n'est pas le plus beau garçon que j'ai rencontré - et qu'il a beaucoup de charme. J'avoue que devenir plus intime avec lui pourrait être agréable…

Je me stoppe devant la porte de la chambre de Barbe Blanche je lève ma main pour frapper le bois, hésite, la rabaisse, soupire et, finalement, me retourne pour partir. Mais c'était sans compter sur le commandant de la 1ère flotte qui m'attrape le poignet, frappe une fois et entre en me traînant à l'intérieur.

Je baisse la tête devant le capitaine et cache mes yeux avec ma franche brune, j'ai trop honte pour le regarder en face. J'aurais dû rester sur mon baril de poudre moi ! Marco, ne m'ayant toujours pas lâchée de peur que je ne m'enfuie, s'avance un peu plus dans la pièce me trainant dans son chemin.

« Père, elle a quelque chose à vous dire.

- Tiens dont, commence l'Empereur en posant son regard sur moi, dans ce cas, peut-être pourrait-elle relever la tête pour que je l'entende. »

Je soupire de lassitude et lève - lentement - mon visage vers le vieil homme. Est-ce que j'ai peur ? Carrément. Qui n'aurait pas peur de se retrouver devant Edward Newgate après l'avoir frappé ? Il me regarde et attends, je me mords la lèvre inférieure et répète vite fait ce que j'avais dit à Marco.

« Je n'aime pas mon passé. Désolé de vous avoir frappé. »

A peine eussé-je finis que je fais demi-tour pour sortir mais Marco, me tenant toujours, me ramène en arrière où je finis sur les fesses. Je lève un regard courroucé sur le blond et me redresse en extirpant mon poignet au passage.

« Ce n'est rien. »

Cette voix n'étant pas celle du commandant, je me retourne et vois un sourire chaleureux sur le visage du capitaine. Je reste interdite devant la scène. Pourquoi me sourit-il ? J'ouvre la bouche puis la referme en fronçant les sourcils.

« Si jamais tu as envie de parler, je suis là. »

Je bredouille un merci et sors de la pièce. Je ne comprends vraiment rien : pourquoi est-il aussi joyeux ? Pourquoi ne pas m'avoir passé un savon pour l'avoir frappé ? Je n'arrive plus à suivre les évènements cet équipage est bizarre, ils sont tous si allègres, pourquoi ?

Je remonte sur le pont en ressassant ce qui s'est passé et m'appuie contre la rambarde. L'odeur de la mer me fait du bien et je ferme les yeux. Je soupire d'aise une fois calmée et m'assoie sur le bastingage, les jambes dans le vide et le regard au loin.

La prochaine île est dans 8 jours, je pourrais descendre de ce navire et reprendre mon propre chemin, seule - encore. Est-ce que je devrais rester encore un peu avec l'équipage de Barbe Blanche ? Je ne sais pas si je peux : je n'arrive plus à faire confiance aux autres alors rester sur un bateau pirate sans pouvoir me fier à l'équipage va être compliqué… Mais en même temps je ne veux pas partir, pas tout de suite.

J'ai une semaine pour faire un choix, après ce sera trop tard pour me plaindre.

Chapitre 2

Une semaine était passée depuis mon altercation avec Barbe Blanche, il ne m'avait plus posé de questions sur mon passé et j'avoue que ça me perturbait un peu. Je m'entends bien avec tout l'équipage maintenant et je me sens étrangement à ma place parmi eux, alors que je ne l'ai jamais été nulle part avant…

Je ne sais pas combien de temps je reste dans mes pensées, à fixer l'horizon mais quand j'en sors, je constate avec effroi que le soleil est bien avancé à l'horizon.

« J'ai faim, râlai-je.

- Normal tu n'es pas venue manger et il est déjà 15h, rigole un pirate. »

Je le regarde sans vraiment le voir et saute de la rambarde arrivée en bas, un sourire barre mon visage et je le remercie pour l'info tout en me dirigeant d'un pas décidé vers la cuisine. J'entre et fouille dans les armoires à la recherche d'ingrédients pour un sandwich alors que j'empile les composants entre deux tranches, quelqu'un pose ses mains sur mes hanches, me faisant sursauter. Me retournant vivement dans l'intention de frapper le nouveau venu, je m'arrête en reconnaissant Satch, le commandant de la 4ème flotte.

« Désolé si je t'ai fait peur Charlie, dit-il avec un petit sourire.

- Ce n'est rien. »

Je me retourne et finis la préparation de mon sandwich avant de l'enfourner Dieu que c'est bon un sandwich fait par mes soins ! J'en pleure presque.

Je m'assoie sur le comptoir, face au cuisinier, et le regarde tranquillement en mangeant à grosse bouchée mon repas. Il se retient de rire en voyant ma tête et je sourie ironiquement en avalant ce que j'avais dans la bouche.

« Si t'es venu pour te foutre de ma tête, je préfère être seule.

- Ne dis pas n'importe quoi, personne ne supporte éternellement la solitude, dit-il en marquant une pause. Tu as quel âge d'ailleurs ?

- On ne t'a jamais dit que c'était mal élevé de demander l'âge d'une femme ?

- Ce n'est pas comme si tu étais une vraie femme…

- Et c'est quoi la définition d'une vraie femme pour toi ? Parce que je suis sûre d'en être une, lui fis-je remarquer en mordant dans le pain.

- Et bien vois-tu, commence Satch en prenant une pose théâtrale des étoiles dans les yeux, une femme est une créature douce, aux formes généreuses, au charme délicat, aux cheveux soyeux et au vocabulaire exquis. Une femme porte une robe ou une courte jupe - mauve de préférence - et pas de soutien-gorge. Une femme est … »

Il s'interrompt subitement en m'entendant rire à gorge déployée c'est vrai que je ne corresponds pas vraiment à ses critères avec mon vieux short et mon top rouge mais cela me fait plus rire qu'autre chose. Sa définition d'une femme est quelque peu superficielle et hilarante. Je ne m'arrête pas de rire et quand enfin je reprends mon calme, c'est pour remarquer plusieurs paires d'yeux sur moi. Satch, les bras croisés, attend que je prenne la parole un sourire sur le visage.

« J'ai 21 ans, je ne porte pas de robes ou de jupes, je ne suis pas raffinée, et je ne fais pas du E mais je peux t'assurer que je suis bel et bien une femme, déclarai-je devant le petit attroupement qui montre des regards surpris, se demandant sûrement qu'avait pu dire Satch pour que je réponde ça. »

Le cuisinier me fait alors un grand sourire et ses yeux prennent une lueur joueuse. Je me doute déjà de la prochaine question et c'est avec un amusement sans nom que je l'entends la prononcer.

« Et tu fais du combien alors ? »

Mon sourire grandit, je me laisse totalement prendre à son jeu et, glissant du comptoir en attrapant mon sandwich, je me rapproche de lui. Je me penche à son oreille et lui susurre :

« A toi de chercher. »

Puis je m'écarte en lui lançant un regard amusé et quitte les lieux. Une fois la porte passée, j'entends quelques pirates dire « Nous aussi on veut savoir ! ». Je rigole doucement et mords dans mon pain.

Pour ceux qui avaient déjà lu ma fic, merci :) La revoilà en "améliorée" grâce à vos reviews !

Bonne lecture à tous !