Hell'o les gens ! Bon et bien voilà une autre fic, une de celle que j'affectionne tout particulièrement et que je mets énormément de temps à écrire puisque je suis minutieuse sur chaque détail. C'en est même épuisant ,.
Bref à la base, cette fic est tirée d'un OS (Christmas' Spring), déjà publié ici. Ayant beaucoup apprécié l'OS, j'ai voulu en faire un fic et... la voici ! Donc bon je sais que normalement, il est préférable de publier le début avant la fin mais la fin m'a inspiré pour le début, vous comprenez ? Je suppose que oui...
Je n'ai qu'une dernière chose à dire, bonne lecture, en espérant que vous apprécierez !
Chapitre 1 : Tears VX Ice Mask
La première fois que Drago saisit le réel sens du chagrin, la nuit était déjà tombée sur un Poudlard endormi. C'était vers la fin de l'année, les ASPIC approchaient à grands pas, et il se disait qu'il serait peut-être temps de songer à un prévisionnel, avant qu'il ne tombe dans les révisions de dernière minute. Pour être honnête, il n'avait pas vraiment la tête à ça. Son père commençait sérieusement à s'impatienter de voir son fils repousser, pour des raisons x ou y, le rituel qui le reconnaîtrait finalement comme l'un des leurs. Seulement, cette histoire ne l'enchantait pas plus que ça et il commençait à être à court d'excuses. Et ce fut justement une des raisons qui le poussa à sortir prendre l'air dans le parc, ce soir-là. Le soir où sa vie bascula à jamais.
Drago n'avait jamais connu la véritable définition du chagrin. Qui plus est, il ne l'avait jamais vu de ses propres yeux. Aussi, lorsqu'il se retrouva nez à nez avec lui, il ne sut absolument pas comment réagir, et resta même soufflé par ce débordement de douleur qu'il n'avait jamais pu imaginer. Il s'était toujours vanté de garder un sang-froid inébranlable, quelle que soit la situation, mais là, en cet instant, il demeura immobile, à le contempler sans oser faire un geste car la vision qui s'offrait à ses yeux était tout simplement trop indéfinissable et lointaine pour qu'il puisse faire quoi que ce soit. C'était comme si un trésor perdu surgissait soudainement au grand jour ; quelque chose de si ancien que les mots ne suffisaient pas à le décrire. Une beauté terrifiante, douloureuse, mais qui était bel et bien là. Oui, quelque chose qu'il ne pouvait définir. Un chagrin qu'il ne connaissait pas.
Elle était là, cachée derrière un arbre, contemplant la surface lisse du lac luisant sous le clair de lune. Elle ne bougeait pas, ne faisait aucun geste. Juste elle regardait.
Et ses larmes coulaient à flots sur ses joues pâles.
Elle ne sanglotait même pas, sa respiration régulière démontrait un calme superficiel et il n'entendait aucun de ces cris hystériques qui avaient le don de le mettre hors de lui. Elle laissait juste ses larmes couler et Drago aurait pu croire qu'elle ne s'en rendait même pas compte si son visage n'avait pas reflété le chagrin infini qu'elle ressentait à ce moment précis. Tout, dans sa posture, faisait ressortir sa douleur, de la légère inclination de sa tête jusqu'au complexe entrelacement de ses doigts entourant ses genoux repliés vers elle. La lune l'éclairait faiblement, faisant ressortir la magie tortueuse de cet instant, alors que ses larmes scintillaient secrètement. Drago sut qu'il avait devant lui, la beauté du Chagrin.
Bien évidemment, ce n'était pas la première fois qu'il voyait quelqu'un pleurer devant lui. Son elfe de maison pleurait lorsqu'il s'infligeait une punition pour une quelconque raison stupide. Les filles qu'il jetait après une nuit sexuellement torride poussaient des cris hystériques à lui percer les tympans. Il avait également vu des joueurs de Quidditch fondre pathétiquement en larmes après avoir gagné la coupe du monde. Mais jamais, Merlin en était témoin, jamais il n'avait vu une personne pleurer ainsi devant lui. Pleurer pour une véritable et bonne raison.
Drago conclut qu'il n'avait jamais rien vu d'aussi beau et triste de toute sa vie. Seulement voilà. C'était Granger. Et s'il y avait bien une chose dans laquelle il n'excellait pas, c'était réconforter les gens. En particulier lorsque la personne en question s'appelait Hermione Granger, qu'elle n'était qu'une Sang-de-Bourbe et qu'elle était la Miss-je-sais-tout Gryffondor, meilleure amie de Saint-Potter et Weasmoche. Il aurait pu enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie, mais il ne pouvait pas. Parce qu'elle pleurait. Elle pleurait de chagrin, et, à ce moment, il la trouva incroyablement humaine. Elle se laissait aller à ses émotions, alors que lui devait se contenter de garder un masque impassible et inébranlable partout où il allait.
Et alors qu'il hésitait toujours sur le comportement à adopter, Hermione prit la parole, d'une voix douce mais rauque qu'il ne lui avait jamais entendue. Il faut dire aussi qu'il ne la fréquentait pas souvent, bien au contraire, et que lorsqu'elle s'adressait à lui, sa voix était loin d'être douce et mélodieuse.
- Tu contemples le spectacle Malefoy ? murmura-t-elle tranquillement. Dommage que tu n'aies pas d'appareil photo, tu aurais pu immortaliser ce moment historique et le faire partager à tout Poudlard, histoire que toi et ta bande de crétins rient un bon coup.
Elle avait ponctué sa phrase par un petit ricanement amer et résigné, qui réussit l'incroyable exploit de le dégoûter de lui-même pour avoir osé y songer, un instant plus tôt. Constatant que ses habituelles répliques bien cinglantes avaient laissé place à un mutisme passager, il se contenta de rétorquer avec le plus d'ironie possible.
- Nan, je me disais juste que c'était un moyen bien particulier de remplir le lac. Tu es une vraie fontaine, ma parole !
- Honnêtement, il ne vaut rien ton humour, Malefoy, déclara Hermione.
- Honnêtement, je ne le dis pas dans l'intention de te faire mourir de rire, Granger, rétorqua Malefoy. Quoique ça ne serait pas si mal que ça, après tout.
Elle eut un haussement d'épaule, afin de lui montrer l'incroyable impact de ses mots, et replongea dans la contemplation d'un point inexistant.
- Tu comptes dormir ici ? ricana Malefoy, après un moment, ne pouvant supporter ce silence inhabituel entre eux deux. Original comme chambre.
- Qu'est-ce que ça peut te faire ? T'as commencé la rédaction de ma vie ou quoi ?
Drago resta silencieux, se contentant de la fixer avec attention. Elle le défiait du regard, mais ses larmes n'avaient pas cessé de couler, et il lisait sur son visage la même douleur qu'auparavant. Intérieurement, il admira sa force mentale. Non seulement elle n'avait en rien perdu sa répartie, mais en plus, elle ignorait superbement les traînées humides sur ses joues. Il lui fallait bien reconnaître que ce qu'on disait des Gryffondor n'était pas toujours forcément un tissu d'âneries.
- Et j'appellerais ça comment ? railla Drago. « Les désastreuses aventures d'Hermione Granger » ? « Mémoire d'une jeune fille mal rangée » ? Beurk. Personne n'en voudrait. En toute franchise, ta vie n'a rien de bien passionnant.
- Elle est toujours mieux que la tienne, en tout cas. Tu imagines ? « Les contes enchanteurs de la Fouine Bondissante » ? Je me demande quel genre d'imbécile lirait ça. J'en voudrais même pas pour repeindre mes toilettes.
- Tu veux qu'on fasse un concours Granger ? Lequel de nous ramassera le plus de lecteurs assez abrutis pour lire l'histoire de nos vies ?
- Amuses-toi à ce genre de jeu tout seul Malefoy. Tu es sans aucun doute le seul "abruti" en question qui puisse avoir une idée pareille.
- Je crois que tu as oublié Weasmoche, dans tes comptes.
- Ron n'est pas comparable à toi.
- C'est vrai que je suis tellement mieux.
Malefoy ricana, tandis que Hermione lui jeta un regard furibond qui ne lui fit ni chaud ni froid. Elle avait fait nettement mieux. Mais il est vrai qu'elle n'était pas vraiment en position de force.
- Si l'on fait abstraction de ton égoïsme exemplaire et de ta prétention hors du commun, on peut effectivement se poser la question, lança Hermione, assassine.
- Je préfère être égoïste et prétentieux que passer mes journées à chialer seul dans mon coin, grommela Malefoy.
Le visage d'Hermione se crispa, et ses yeux étincelèrent de colère. Drago se sentit soudain mal à l'aise, sans doute parce qu'il venait d'enfoncer une fille en détresse. Mais bon, ce n'était que Granger. Il ne l'avait jamais vraiment considérée comme une fille de toute façon. Plutôt comme... en fait, il ne savait pas vraiment comme quoi il la considérait. Granger était Granger. Unique en son genre. Et c'était déjà trop.
Drago commençait sérieusement à penser au confort douillet de son lit à baldaquin, mais hésitait toujours à rentrer au dortoir. La santé de Granger ne le passionnait pas plus que ça, mais ce à quoi il venait de se confronter suffisait à alimenter des inquiétudes dont il se serait volontiers passé.
- Qu'est-ce que tu fiches encore là ? grogna Hermione, qui ne semblait visiblement pas ravie de voir que son pire ennemi était l'unique témoin de sa détresse. C'est si amusant que ça de me voir « remplir le lac » ?
- Tu ne t'imagines pas à quel point, grinça Drago, n'appréciant guère la manière dont elle s'adressait à lui.
Même s'il était loin de rejoindre les idéaux de son père, il avait ses propres convictions, et le fait de ne pas vouloir devenir le serviteur d'un malade mental, malheureusement intelligent, ne signifiait pas pour autant qu'il n'avait plus sa fierté haut placée. Il restait un Malefoy, quoiqu'il advienne. Il suffirait juste de redorer son nom, et de lui rendre sa gloire passée. Mais il s'occuperait de ce détail après la guerre. Il y avait des choses plus urgentes à faire d'ici là. Comme Granger. Entre autres. Elle n'avait toujours pas bougé, et semblait même avoir oublié son existence. Après encore quelques secondes d'hésitation, il finit par rendre les armes. Si elle voulait de la compagnie, elle l'aurait fait savoir. Et puis, il ne voyait pas pourquoi il devrait rester avec quelqu'un qu'il ne supportait même pas le voir en peinture. C'est sur cette pensée satisfaisante, qu'il fit ce qu'il aurait dû faire il y a bien longtemps : retourner au dortoir.
- Dragoninouchet, à quoi tu penses ? minauda la voix nasillarde de Pansy Parkinson.
- Rien qui te concerne. Tu peux pas me lâcher cinq minutes, oui ? gronda Drago, exaspéré par tant de manière.
La Serpentard grommela une réponse inintelligible, avant de sortir dignement de la salle. Drago haussa les épaules et reprit son occupation là où il l'avait laissée, à savoir, espionner Granger. Pour tout dire, il s'ennuyait énormément ces derniers jours et n'avait pas trouvé de meilleures distractions que celle-là. Il eut un petit sourire en pensant que oui, finalement, il pourrait bien écrire le torchon qu'était la vie de Granger.
Après leur rencontre nocturne une semaine plus tôt, il avait cru la voir débarquer en classe les yeux bouffis, l'air déprimé et fatigué, mais ce fut loin d'être le cas. Au contraire, il se prit de plein fouet, une Hermione débordante d'énergie et de vitalité, riant aux plaisanteries minables de Weasmoche - ce qui, accessoirement, l'amenait une fois de plus à douter sérieusement de sa santé mentale - et se promenant encore et toujours avec son inséparable couronne Miss-je-sais-tout. En clair, Hermione Granger restait Hermione Granger. Seulement cette attitude qui s'éloignait fortement de ce qu'il avait imaginé, attisa les braises de sa curiosité, et c'est ainsi qu'il en vint à l'observer avec attention. Non pas que regarder Granger soit devenue la passion de sa vie, mais il espérait juste trouver le détail qui clochait, en mettant de côté, bien entendu, sa folle lubie des livres, son goût un peu trop prononcé pour les vêtements dénués de toute féminité et son addiction incompréhensible pour les devoirs.
Drago ne savait vraiment plus quoi penser. Il était sûr à cent pour cent que la détresse d'Hermione n'avait pas été feinte, ce soir-là. Mais la voir ainsi lui faisait douter de ce qu'il avait pu voir. Et rester ainsi dans l'ignorance ne lui plaisait guère.
- Drago, appela Blaise qui venait de le rejoindre, Dumbledore voudrait te parler.
Le Serpentard leva un sourcil, intrigué par cette soudaine demande. Pour une fois, il n'avait rien fait qui nécessite une visite chez son directeur. Du moins, le pensait-il. A moins que son oncle n'ait encore manigancé quelque chose dans son dos, une fois encore. Oui, c'était sans doute ce qu'il y avait de plus logique. De toute manière, il ne saurait rien s'il restait assis là à faire des suppositions. Mieux valait y aller. On ne manque pas un rendez-vous chez le directeur. Même si le directeur en question n'est qu'un vieux fou excentrique, mordu des moldus, aux idées on ne peut plus particulières.
Drago frappa à la porte du bureau et entra sans se donner la peine d'attendre la réponse, ce qui aurait été fort courtois. Mais Drago n'était pas vraiment de bonne humeur. S'égosiller pendant un bon quart d'heure devant la gargouille du bureau de Dumbledore, en énumérant tout un tas de mots de passe tous plus grotesques les uns que les autres n'était pas une image qui mettait en valeur sa grandeur, et, aussi étrange que cela puisse paraître, il avait moyennement apprécié les ricanements moqueurs de cette fichue gargouille qui n'avait fait aucun effort pour lui faciliter la tâche.
C'est pourquoi, en cet instant, il aurait plutôt tendance à noyer les formules de politesse dans sa salle de bain si elles osaient critiquer son comportement.
- Ah Drago ! Parfait. Très bien.
Le Serpentard s'assit sur une chaise, peu habitué d'être affabulé d'un « parfait, très bien » lorsqu'il entrait dans une pièce. Mais il allait mettre ça, une fois encore, sur les innombrables bizarreries de son directeur.
- Vous voulez me voir, professeur ? grommela Drago, légèrement ennuyé d'être perturbé dans ses tâches quotidiennes.
Il est vrai qu'il ne faisait rien de particulier, il s'ennuyait juste fortement, mais par pur esprit de contradiction, il préférait faire comprendre à ce vieux fou qu'il avait des choses plus importantes à faire que de rester dans son bureau et l'écouter débiter des paroles dont il ne comprendrait sûrement pas un mot, même si elles avaient toutes une logique indiscutable pour lui.
- Oui, répondit le directeur, sans se départir de son petit sourire habituel. J'ai des choses importantes à te dire. Veux-tu un gâteau ?
Drago déclina poliment, lui pressant intérieurement de se dépêcher à lui dire ce qu'il voulait, afin de partir de cet endroit le plus vite possible.
- Tu as tord, ils sont délicieux. Bref, je disais que j'avais des choses à te dire. Le professeur Rogue m'a appris que tu veux échapper à la cérémonie qui t'admettras en tant que fidèle chez les Mangemorts.
Drago maudit rapidement son parrain, avant de reporter son attention sur Dumbledore, gardant ce même visage neutre qu'il avait l'habitude de porter.
-Je pense que pour ta sécurité, il serait plus simple de rompre immédiatement tout contact avec ta famille. Il serait préférable que tu rejoignes notre quartier général dès la fin de l'année scolaire.
Dumbledore s'arrêta un moment, laissant ainsi le temps à Drago d'intégrer ses paroles. Puis, voyant que le Serpentard ne cessait de le fixer, il poursuivit.
- Néanmoins, je dois t'informer que, par mesure de sécurité, tu ne pourras aller et venir en toute liberté à l'extérieur, sauf accompagné. Ces mesures sont prises afin d'assurerta protection et la nôtre, bien entendu. J'ai cru comprendre que tu maitrises l'Occlumencie ?
- Le professeur Rogue a été un bon professeur, répondit simplement Drago.
Il ne préférait pas s'attarder sur les séances particulièrement épuisantes que lui avait faites subir son parrain.
- Je n'en doute pas un seul instant, sourit Dumbledore. Je sais également qu'il fera tout pour t'éviter de porter un fardeau semblable au sien. Qu'en penses-tu ?
Drago réfléchit quelques instants. Il pensait que c'était une idée aussi folle que celui qui l'avait inventée. Il pensait que rester pour une durée indéterminée dans une maison qu'il ne connaissait pas en compagnie des gens qu'il détestait plus que tout n'était pas quelque chose de très réjouissant. Il pensait également que son parrain risquait gros dans cette affaire, car le Lord voudrait certainement mettre la main sur lui pour lui infliger la plus grosse correction de sa vie, qui se verra immédiatement raccourcie.
Cependant, tout ceci, lui paraissait bien futile comparé à ce qui l'attendait si jamais il n'acceptait pas l'offre du directeur. Recevoir la marque, voir ses nuits hantées de cauchemars où apparaîtront les visages de ceux qu'il aurait tués, et semer dans le monde le désordre et le chaos n'étaient pas vraiment le rêve de sa vie.
Voyant qu'il était confronté à un dilemme de taille, Dumbledore ne s'attarda pas sur la question.
- Je vais te donner une semaine pour réfléchir à cette idée. Si jamais tu as pris ta décision avant, n'hésites pas à venir me voir, lui proposa-t-il, avec un petit sourire bienveillant.
Drago hocha la tête, marmonna un vague merci et sortit du bureau. Cette perche que lui tendait son directeur était très tentatrice, mais il ne fallait surtout pas se précipiter. Comme le lui avaient si bien enseigné ses chers parents avec leur tendresse naturelle, il ne fallait pas agir trop vite et prendre le temps d'envisager toutes les possibilités avant de prendre une décision. Et cette décision était, sans aucun doute, la plus importante qu'il allait prendre depuis sa naissance.
D'un côté, Dumbledore, président fou à lier du club d'adoration des Sang-de-Bourbe, épaulé dans sa lutte contre le mal par Saint-Potter, l'élu, le survivant ; Weasmoche, son meilleur ami fils du vice-président du club, et accessoirement un bien piètre joueur de Quidditch pour rester poli ; ainsi que Granger, petite fille à son papa, insupportable Miss-je-sais-tout, et qui craint plus que tout de se voir attribuer un dix-neuf sur vingt à son devoir de Métamorphose. Le tableau se terminait par tous les gentils copains, très gnangnan, qui combattent le mal parce que « c'est pas bien ».
De l'autre, le Lord, mage noir en puissance, celui qui gouvernera sans doute la communauté sorcière et mettra en place son projet d'éradication des Sang-de-Bourbe, deuxième fou à lier mondial, mais dans un sens légèrement plus sombre que le premier, aidé par des Mangemorts, presque aussi fous que lui, qui préfèrent lui lécher écœurement les pieds au lieu d'apprendre à réfléchir par eux-mêmes. Enfin, parmi ses larves guère courageuses, son père, celui qu'il craignait le plus après le Lord, qui ne manquerait pas de montrer que la décision de son fils n'était pas vraiment de son goût.
Vu sous cet angle, le choix était vite fait.
Drago soupira. Les choses se compliquaient encore plus. Pour commencer, il allait tuer son parrain. Ensuite, il aviserait. Oui, c'était certainement la chose la plus raisonnable à faire pour le moment.
Drago jeta un caillou dans le lac afin de lui montrer à quel point il était de mauvaise humeur. Non seulement il n'avait pas pu mettre son projet à bien, mais en plus, c'était lui qui s'était fait passer un savon mémorable, dans lequel son parrain lui avait expliqué clairement sa façon de penser. Enfin, pour couronner le tout, Drago avait été forcé de passer faire un petit coucou à l'infirmière lorsque Rogue, après un monologue plus ou moins violent où il lui avait adressé des paroles peu flatteuses, lui avait, involontairement bien sûr, jeté un Silencio avant de le flanquer dehors en omettant, toujours involontairement cela va de soi, de lever le maléfice.
Drago jeta une deuxième pierre dans le lac, ne prêtant pas attention au tentacule gigantesque qui surgit un instant hors de l'eau, afin de lui renvoyer la politesse. Drago eut le temps de voir le projectile fondre sur lui à toute vitesse, avant de compter sur ses réflexes d'Attrapeur pour l'éviter. Bon c'est vrai, il n'était pas spécialement un excellent Attrapeur, mais il fallait bien que ses entraînements servent à quelque chose. Même s'il adorait le Quidditch, il était arrivé à ce poste grâce à l'argent et l'influence de son père, plus pour se confronter à Potter qu'autre chose. Il l'avait toujours envié parce qu'il avait tout ce qu'il n'avait pas. Mais maintenant, il n'échangerait sa place avec lui pour rien au monde. Il devait juste se cacher, alors que Potter irait, tel un héros abruti, affronter face-à-face le mage le plus puissant de monde, avec ses notions de petit septième année de Poudlard. Ah oui, elle était tellement mieux la vie de Potter ! Il acheva sa phrase par une troisième pierre, qui lui fut également aimablement retournée. Cependant, il eut moins de chance que la première fois et le projectile heurta son arcade gauche. Il grogna de douleur et poussa un juron peu catholique avant de prendre une pierre plus grosse que la précédente, dans l'espoir de rendre la pareille à celui qui avait osé s'en prendre à sa majestueuse personne.
- Eh bien, on dirait que tu es tombé assez bas pour te battre contre un lac ? ricana une voix qu'il connaissait, malheureusement, très bien.
- Qu'est-ce que tu me veux, Granger ? grogna Drago.
Hermione jeta un coup d'œil à la pierre qu'il avait encore dans la main, avant de reporter son attention sur son visage. Son sourire s'élargit à la vue du sang.
- Et 1-0 pour le calamar, railla-t-elle. Je me demande ce que diraient tes chers amis s'ils voyaient ainsi le grand et célèbre Drago Malefoy réduit à néant par un petit calamar ?
De peur d'agrandir plus encore ce sourire insupportable sur son visage, Drago se garda bien de lui dire qu'ils avaient une perception des hauteurs visiblement différente.
- Si j'étais toi, je ne répliquerais pas, l'avertit Hermione, en désignant sa pierre par un léger signe de tête.
- Je vais me garder de tes conseils, Granger, grommela Drago en laissant tomber la pierre.
- C'est ce que je vois, oui, railla Hermione.
Drago eut soudain une envie de meurtre encore plus puissante qu'envers son parrain un instant plus tôt.
- Et tu veux peut-être prendre une photo de ma superbe personne ? ironisa-t-il avec un sourire goguenard.
- Je pense qu'effectivement, cette idée serait fort intéressante si j'avais eu un appareil sous la main, l'approuva Hermione. Le sublime roi des Serpentard, mis K-O par un vulgaire calamar, à coups de pierre. Et qu'une seule par-dessus le marché. Dommage..
- Tu as raison. Cependant, je suis sûr que la vue de mon sang risquera de provoquer quelques évanouissements chez la gente féminine. Vois-tu, voir en directe mon illustre sang a de quoi faire plus d'un envieux. Surtout chez quelqu'un comme toi, Granger, sourit Drago, songeant avec fierté qu'il s'était admirablement rattrapé.
- Quelqu'un comme moi ? releva Hermione, fronçant les sourcils, signe évidemment de son mécontentement.
- Ben quoi ? Il n'y a que la vérité qui blesse. Je sais que les gens de ta sorte violeraient pour pouvoir espérer un petit don de sang de ma part.
Drago éclata de rire. Hermine sortit rapidement sa baguette et avant qu'il n'ait pu faire le moindre geste, il se retrouva la tête la première dans le lac.
- Tu es ignoble, Malefoy, lança Hermione, une moue dégoûtée sur le visage.
Et sur ce, elle tourna les talons et s'en fut vers le château, laissant Drago bouillonner de rage, proférant les pires injures jamais entendues et se jurant d'avoir sa vengeance par n'importe quel moyen. Puis, il sortit du lac, lança un rapide sort de séchage sur ses vêtements, et partit vers son dortoir sans cesser de pester et maudire Granger. Cette fille n'était décidément pas vivable.
- Lucius, appela la voix doucereuse du Lord, alors qu'il caressait délicatement la tête de son serpent.
- Oui, Maître ? minauda ce dernier en inclinant la tête.
- Tu sais ce qu'il te reste à faire ?
- Oui, Maître.
- J'espère que Drago sera prêt.
- Il le sera, Maître.
- Très bien. Alors vas-y. Et ne me déçois pas.
- Certainement, Maître.
Là-dessus, Lucius recula, le buste toujours incliné, avant de se retourner, sa cape suivant élégamment son mouvement, et de disparaître dans la pénombre.
