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Le monde est relativement simple dans sa conception.

Il a été créé des êtres pour dominer les uns, les autres pour être sujets des premiers. Le plus important est de savoir qu'elle est la place que l'on occupe sur cette Terre et parmi ses pairs, qui l'on domine et de qui nous sommes le sujet.

Je suis Misty, Saint d'Argent du Lézard. Très clairement, je fais partie des dominateurs. Je dispose de l'arrogance due à mon rang, de la puissance de ma caste et du charisme de ma personne. Tant de gens considèrent le narcissisme comme une faiblesse, alors qu'il s'agit en fait d'une force. Ceux qui le considèrent comme une faiblesse sont ceux qui en sont dépourvu et qui ne savent pas s'en servir comme d'une arme. Il est idiot de se priver de l'une de ses forces et celle-ci tout particulièrement m'a toujours servi. J'en ai pris conscience, je l'ai développée et je l'ai maîtrisée.

Suis-je orgueilleux? Je ne crois pas. Je suis simplement conscient de ce que je suis et je ne le cache pas. A quoi bon? Les façades hypocrites de la modestie sont d'une inutilité ennuyeuse. Elles sont stériles, car si l'on est fort, cela se voit et rend le déni mensonger. Pourquoi dénigrer ses propres qualités, alors qu'on les sait bien réelles?

Je n'ai jamais été blessé au combat, ni même à l'entraînement. C'est grâce à ma propre force qu'une telle chose à pu se produire. Je ne peux pas être réduit à une seule apparence et ses mots doucereux, car je suis également un puissant guerrier et je le prouve par mes actes. Le simple fait de le dire exerce un pouvoir, presque hypnotique, sur mon ennemi, tel le regard du lézard. Il prend à défaut l'assurance de mon adversaire et le convainc de la véracité de mes mots, de la tangibilité de cette force que je lui impose. Je le rend faible par ma seule conviction.

Mon attitude n'est pas tant de la bravade qu'une stratégie guerrière, mais bien peu acceptent que l'on puisse se servir d'une forme de vantardise comme d'une arme. Ceux-là ignorent le pouvoir des mots et de l'apparence. Moi, c'est une lame que j'aiguise, la dague qui repose au creux de la paume de ma main, la flèche sur mon arc bandé que je décoche sans aucun remord.

Pourquoi en retirer des remords, alors que la force de mon poing est aussi grande que je le dis? Pourquoi me cacher de l'intensité de mon cosmos, alors qu'il écrase effectivement sans vergogne?

C'est tout l'inverse. J'ai la force de tenir ces propos et de les appliquer. Oh non, ce n'est pas de la bravade, ce n'est pas de la vantardise. C'est une vérité que j'assène, lourde comme un marteau sur le crâne de celui qui ose me faire face.

Le fait de voir un lézard à la peau blanche et immaculée le rend unique, attire, mais n'a jamais ôté la rapidité avec laquelle il gobe les moucherons inconscients. Non, sa peau blanche est un atout supplémentaire dont il joue et doit jouer. Sinon à quoi bon? A quoi bon être unique, si ce n'est pour en retirer un pouvoir plus grand?

Je suis unique, même parmi mes camarades. Je dispose d'une aura particulière qui m'a assuré leur respect et c'est à partir de là que nous avons pu développer nos liens, comme une fraternité d'êtres supérieurs que nous sommes, nous, les Saints d'Argent. Et ce sont des liens puissants. Nous sommes un groupe, une entité unie, une fratrie d'assassins et d'êtres redoutés. Malgré tout, je reste l'unique parmi eux. Je suis le lézard à la peau blanche, celui dont l'apparence est trompeuse, celui qui impressionne, tant par l'image qu'il envoie que par les crocs qu'il dissimule. Eux ne croient pas en la force de mes mots, tandis qu'ils sont pour moi une évidence.

J'ai la volonté suffisante pour les transformer en une vérité au poids écrasant. J'ai le poing suffisamment dur pour achever de convaincre les plus sceptiques. Je suis le lézard blanc sur sa pierre noire qui, loin de se cacher, se montre pour mieux frapper.