"N'y pensez même pas, 007."
Dire qu'il ne s'attendait pas à la voix qui vient de s'élever dans son oreillette aurait été faux. Dire qu'il ne l'avait pas sciemment provoqué aurait été carrément mentir. Et il ne peut s'empêcher de dissimuler un sourire dans le liquide ambré de son verre de whisky alors que la jeune femme à la chevelure incendiaire, celle-là même qui vient de provoquer la remarque agacée sans même le savoir, répond à ses coups d'oeil par un sourire qui ferait fondre le plus convaincu des glaciers.
"Je croyais que nous n'étions pas censé communiquer ce soir ?
- Je ne vous ai pas demandé de me répondre."
La mauvaise fois évidente provoque chez l'agent de terrain un rire silencieux, qu'il dissimule derrière sa boisson. La rousse ne l'a pas lâché des yeux. Et il ne l'a pas quitté non plus. Une robe noire qui moule un corps parfait, aux formes voluptueuses. Un regard vert qui clouerait sur place la plupart des hommes - et aussi quelques femmes, à n'en pas douter. Un sourire qui éclipse aussitôt toutes les autres personnes présentes.
"J'ai dit : n'y pensez même pas."
Présentes. Ses épaules sont agitées d'une nouvelle secousse d'hilarité toujours aussi discrète. On ne passe pas des années dans une carrière d'espion pour rien. On ne donne pas l'impression d'être isolé à une soirée de gala. On ne donne pas l'impression d'y parler seul. Et surtout, on repère les caméras de surveillance. Même -surtout- quand il s'agit d'une simple soirée censée justifier sa couverture, et qu'on est censé y avancer en solo. Lentement, Bond lève son verre vers la jolie rousse, avant de le finir d'une traite, faisant fi du claquement de langue agacé qu'il perçoit au creux de son oreille. Mais avant qu'elle ne puisse se décider à l'aborder, il repose le verre désormais vide sur le comptoir et se dirige vers la sortie.
"Je penserai à autre chose, alors... Une idée à me donner, Q ?"
Les mots sont à peine murmurés, mais la réponse rapide, la voix irritée où perce cependant les accents de la victoire, lui prouvent bien qu'il a été entendu.
"Allez donc vous coucher. Et ne comptez pas sur moi pour vous chanter une berceuse.
-Quel dommage. Peut-être que je devrai y retourner, alors, si c'est le seul moyen d'avoir votre voix à mes côtés.
-Bonne nuit, 007."
Et alors qu'il franchit les portes, quittant pour ce soir les discussions, les rires et la musique, James Bond accorde un clin d'oeil à la caméra de surveillance. Et il n'a nullement besoin de le voir pour deviner l'air faussement irrité du jeune génie. Tout comme il n'a pas besoin d'entendre les doigts voler sur le clavier, occupés à milles autres choses, mais qui n'en oublient pas de le surveiller. Juste un clin d'oeil innocent, donc. Ou presque. Juste pour son jaloux de Quatermaster.
The end
Note de l'auteur : Et voilà, premier petit OS sur ce couple, j'espère que ça vous plaira ! Je pense en faire d'autres comme ça, ils m'amusent tous les deux. Toute critique, bonne ou mauvaise, est bien sûr la bienvenue. A bientôt peut-être !
