La jeune femme qui était assise dans le coin sombre de cette cave où reposait le serpent de son frère Morfin s'appelait Merope Gaunt. Les cheveux noirs et sales, la peau si pâle qu'elle semblait cadavérique, le regard vide, elle n'était pas jolie à voir. Elle gémissait, caressant ses ecchymoses et ses cicatrices avec une douceur apeurante. Ils avaient eu raison. Personne, au grand jamais, ne serait un jour capable de l'aimer. Pourtant, elle avait le coeur pur, c'était d'ailleurs ce qui la distinguait des autres membres de sa famille. Jamais elle n'avait appuyé les idées macabres et morbides de sa famille, ce qui lui avait coûté maintes blessures.
Ce Moldu qu'elle avait tant aimé et chéri l'avait abandonné. Il en savait tant sur elle, elle espérait seulement qu'il n'irait pas tout rapporter ce qu'elle vivait chez leur système de police. Cela ne ferait que d'autres malheureuses et innocentes victimes, elle le savait.
Depuis ce temps, Merope ne vivait plus. Elle ne sortait plus de sa cave. À quoi bon ? Tom ne repasserait pas dans le village, il ne reviendrait jamais la voir. Elle avait trahi sa confiance, elle le savait. Elle n'était ni dupe, ni digne de lui. Il avait été si bon, et elle si... lâche. Comment pouvait-elle espérer qu'un jour, enfin, il daigne revenir, pour lui donner une seconde chance, elle qui avait été si ... si indigne de lui ? Une larme coula à l'idée qu'elle ne le reverrait plus. Plus jamais.
C'était l'homme de sa vie ! De sa vie à elle ! Comment était-ce possible que son destin aie décidé de le lui arracher aussi cruellement ? Ils vivaient dans l'insouciance, ils avaient été heureux, c'est vrai ! À quoi avait-elle pensé en cessant de lui administrer le philtre d'amour ? Elle regrettait, elle regrettait tant, tant de l'avoir laissé partir. Elle n'aurait jamais du, jamais.
Merope leva les yeux. Elle avait senti le bébé bouger. D'abord sous l'émotion, elle caressa son ventre, d'une main faible et rugueuse, puis, elle cria. Un cri de rage, de désespoir. Un cri qui racontait une histoire, son histoire. Un cri qu'une femme aussi fragile ne devrait pas avoir à pousser.
À l'étage, on ricanait. Ils riaient d'elle, mais elle s'en fichait. Elle avait mal, elle souffrait. Seule, en silence, depuis trop longtemps. Jamais elle ne se remettrait de ses blessures causées par la perte de l'homme qu'elle aimait tant. Elle encra ses ongles sous sa peau, pour changer le mal de place, mais surtout, surtout pour cacher les initiales de son homme, T.J.
Tom. Tom Elvis Jedusor. C'est ainsi qu'elle appelerait son enfant. En l'honneur du père dudit enfant, mais en l'honneur de son père à elle également. Elle ne l'avait jamais réellement voulu, mais elle n'en a pas eu le choix. Il fallait qu'il aie un lien avec lui, et avec Salazar Serpentard par le même biais. Autrement, il les aurait tué. Tous les deux. Tom Elvis Jedusor, descendant de Salazar Serpentard. Cela donnait des frissons à la jeune femme. Elle ne voulait pas avoir un tel enfant. Mais elle n'avait pas le courage de le tuer lui. C'est ainsi qu'elle se fit la promesse. Une fois l'enfant né, ce serait elle qui mourrait.
