Je marchais dans la pièce, une odeur de moquette fraîche flottant dans l'air. La vérité était que je ne venais plus pour lire à présent, mais simplement parce que j'en avais envie. J'étais entrain de perdre la vue depuis mes 4 ans et ma vision était maintenant réduite à de large taches de couleurs, sans aucune formes définies. Ce n'était plus frustrant maintenant, je suppose que je me suis habitué à cela avec le temps. Ça a commencé avec un simple besoin de lunettes, ma vue était floue mais rien de bien grave. Mais peu importe combien de temps je les portais, je devenais retourner chez l'ophtalmologue chaque année et ça empirait. Ma mère suggéra alors que j'y aille tous les 6 mois. Puis tous les 4 mois. Jusqu'à mes 15 ans, où ma vue était si mauvaise que je fus légalement déclaré aveugle. Je me souviens avoir eu la nausée. Malgré l'aide que me fournissaient mes professeurs, j'ai quand même échoué dans la plupart des matières et j'ai à peine gardé la tête hors de l'eau pendant le lycée. J'étais, et je le suis toujours, frustré de ne pas avoir pu aller à la fac. Ce n'était pas ma faute. Et je déteste vivre de la pension d'invalidité.

Je ne vois plus les personnes autour de moi à présent , mais je peux m'imaginer leurs regards perplexes peu importe où je suis et je suis partiellement reconnaissant de ne pas voir leur confusion. Je ne pouvais pas dire combien de personnes étaient présentes autour de moi, mais j'étais sûr que quelqu'un m'observait.

Sur la gauche peut-être ?

Mes yeux aveugles roulèrent vers le coin gauche de la pièce. Je me souviens que je venais ici quand j'étais plus jeune, je connais toujours mon chemin. Je savais que c'était la où se trouvaient les bureaux, là où les gens utilisaient les ordinateurs. Je sentis mon visage devenir écarlate, et mes yeux tournèrent vers l'endroit où je souhaitais me rendre en premier lieu, le bureau le plus proche. J'étendis mon bras droit, canne blanche en main, faisant attention à ce que je ne rentre pas dans quelque chose, ou attirer l'attention sur moi. Je me sentis pathétique à cause du fait que même marcher fut une tâche difficile pour moi mais cette idée s'effaça rapidement de mes pensées. Je sentis quelque chose de dur. Une chaise. Ma chaise. Celle que j'ai toujours utilisé. Je leva ma main et m'essaya lentement, en faisant attention de ne pas tomber. Je fixa le bureau d'une regard vide. Quelque chose de bleu-bleu avec du noir au milieu. Je senti autour du point noir une corde se dirigeant vers l'arrière et à l'extrémité je senti quelque chose de familier. Les écouteurs qu'ils nous donnent. J'aurai voulu mettre de la musique mais je ne pouvais pas voir l'écran. Rien. Juste une tâche noir.

J'entendis une toux venir de

ma droite ?

Je me figea sur place, choqué et embarrassé. Je ne savais pas qu'il y avait quelqu'un ici. Je resta assis comme ça pendant dieu seul sait combien de temps, dans un silence complet jusqu'à ce qu'une voix me sorte de ma torpeur.

"Vous avez besoin d'aide ?" Sa voix était basse, soyeuse et plus ou moins calme, c'était définitivement un homme. Je pivota vers ma droite, priant que je le regardais dans les yeux, essayant de me servir de l'endroit d'où venait la voix. Je me mis à bégayer, être renfermé sur moi même et virtuellement aveugle n'aidaient pas vraiment aux interactions sociales.

"ah... N-non. Ça va."

Mon ventre commença à se nouer... Mes joues devinrent chaudes et j'espérais que l'homme ne pouvait pas le deviner. Est ce qu'il regardait ailleurs ? Est ce qu'il avait laissé tomber ? Il eut quelques instants silencieux qui m'indiquèrent qu'il était temps de tourner ma tête de nouveau vers l'écran, mais ce fut juste avant qu'il ne m'interrompe encore une fois.

"Vous êtes sûr ?" Alors qu'il parlait de nouveau, je détecta un léger accent. Il devait être russe. Oh mon dieu, qu'elle impolitesse... Je venais de me retourner. Je commença à me sentir triste, et il se précipita vers moi. Et il essayait juste d'être gentil. En temps normal, les gens m'ignoraient à tout prix. Je pris une profonde inspiration et soupira, sans lever les yeux vers lui ou de croiser son regard, mais je pouvais deviner que je devais avoir l'air pitoyable.

"Oui, je suis sûr," Je pris soudainement conscience de ma respiration et des lourds battements dans ma poitrine. "Merci."

Je me sentis mal de devoir m'excuser. Je me releva lentement, mes joues rouges et mon estomac noué et déplia ma canne blanche. Je la balaya devant moi avant de pousser la chaise derrière moi, hors du chemin, et de me tourner vers la porte.