La Fille du Vent
Chapitre 1: Première rencontre
Le soleil venait de se coucher sur Tortuga et tous les bars et bordels de l'île venaient comme par magie de se réveiller. Jack, tout sourire, entra au Buveur Solitaire, accompagné de Gibbs et de Mr Cotton. Le Black Pearl arrivait de l'île de la Muerta après y avoir fait "le plein" et son équipage comptait bien prendre quelques jours de congés pour dépenser leur fortune. Ils prirent tous les trois une table, commandèrent une bière fraîche en regardant d'un oeil amusé la bagarre qui se déroulait au milieu de la pièce.
- C'est un grand jour, compagnons! Cette nuit, Tortuga est à nous! cria Jack avant d'avaler une longue gorgée de bière.
Gibbs sourit et fit de même ainsi que Mr Cotton qui se contenta de hocher la tête puisqu'il était muet. Jack parcoura la salle des yeux, pour voir s'il n'y avait pas là de vieilles connaissances. Son regard s'arrêta soudain sur une table du fond, occupée par une seule personne, une femme. Elle portait un tricorne enfoncé si profondément sur sa tête qu'on ne voyait pas son visage penché en avant sur son verre. Mais ce qui avait attiré le regard de Jack, c'était le corbeau perché sur son épaule droite. Il tournait la tête en tous sens, comme s'il cherchait quelqu'un. Quand ses yeux perçants croisèrent ceux de Jack, il s'immobilisa et poussa un faible croassement sans cesser de le fixer. Jack, surpris et bizarrement mal à l'aise, se retourna vers Gibbs et lui tapa sur l'épaule.
- Regarde là-bas. dit-il en montrant du doigt le corbeau qui maintenant semblait totalement hypnotisé par Jack. Tu sais qui c'est?
Gibbs hocha la tête et fronça les sourcils avant de répondre:
- En fait, personne ne le sait. Elle vient juste d'arriver. Ce matin. Mais c'est la seule de l'équipage à être descendue du bâteau.
- Quel bâteau?
Gibbs attendit quelques secondes puis lui répondit d'une voix étrange:
- L' Oiseau de Feu.
- Quoi? Tu veux dire... L'Oiseau de Feu? Ici?
Gibbs hocha de nouveau la tête.
- Mais alors... elle doit être... celle... dont tout le monde parle...
- Oui, c'est elle.
- Je me demande pourquoi personne n'est encore allé lui parler...
- Je pense que la réponse est sur son épaule.
Le corbeau croassa de nouveau en étendant ses ailes noires et brillantes, comme s'il avait tout entendu, sa tête toujours tournée dans leur direction.
- Tu vois Jack, personne n'a envie d'aller de s'assoir à une table, en face d'un corbeau qui te regarde comme s'il voulait d'arracher les yeux.
Jack éclata de rire devant la mine effrayée de Gibbs.
- J'espère que tu n'es pas sérieux! Le problème avec les pirates, c'est qu'ils sont beucoup trop superstitieux.
Gibbs ne souleva même pas l'ironie.
- Mais tu as vu comment il nous fixe?
Au fond de lui, Jack sentait que cette femme et son corbeau n'étaient pas réellement comme les autres. Cependant, il n'allait laisser cette petite appréhension le submerger. Il se leva, prit sa bière et s'approcha de la table du fond. Le corbeau se pencha vers sa maîtresse et lui mordilla l'oreille avant de se redresser pour continuer à fixer l'inconnu qui était maintenant sur le point de s'assoir en face d'eux.
- Bonsoir, mademoiselle... commença Jack.
Mais il s'interrompit. La femme leva lentement la tête vers lui, révélant un visage d'une grande beauté. Elle avait de longs cheveux blonds noués en catogan mais de multiples petites mèches s'en échappaient ainsi que des tresses garnies de perles multicolores et de plumes noires. Lorsque Jack vit enfin ses yeux, il eut un léger sursaut malgré lui. Il n'aurait su définir leur couleur; le bleu turquoise de l'océan mêlé à du vert aussi brillant que les émeraudes qui remplissaient ses coffres, et il y avait aussi une teinte plus foncée qui rappelait le ciel lors d'un nuit dégagée. Elle était jeune, pas plus de 25 ans, selon lui. Elle le fixa un instant de ses yeux magnifiques puis esquissa un sourire. Le corbeau cessa alors de le regarder et sembla s'endormir.
- Bonsoir à vous, monsieur...?
Jack se détendit. Elle n'avait pas l'air d'une folle, ni d'une cruelle meurtrière. Il sourit à son tour et s'assit souplement.
- Sparrow. Capitaine Jack Sparrow.
La femme plissa les paupières et sourit de plus belle.
- Oui, bien sûr. Le célèbre capitaine du Black Pearl.
Jack fronça les sourcils. Comment pouvait-elle savoir ça si c'était la première fois qu'elle venait sur Tortuga? Puis il sourit intérieurement en pensant que sa renommée allait jusqu'en Europe.
- Et vous êtes...?
- Hawkins. Capitaine Fiona Hawkins.
Il se serrèrent brièvement la main.
- Oui, bien sûr. La célèbre capitaine de l'Oiseau de Feu.
Fiona eut un moment de silence, légèrement décontenancée. Mais elle se reprit vite en s'efforçant de prendre un air dégagé.
- Aviez-vous déjà entendu mon nom?
- Non, mais un de mes gars vous a vu descendre de l'Oiseau de Feu, et puis, vous dites que vous êtes capitaine, et... on m'a dit que c'était une très belle demoiselle qui avait volé le navire le plus rapide de la marine royale française.
Fiona sourit et baissa les yeux. Apparemment, tout le monde ici connaissait l'histoire. Jack, lui, était maintenant très intrigué par cette femme, ce bâteau, et la raison pour laquelle elle l'avait volé, et surtout la manière dont elle s'y était pris. Une femme qui vole un navire de la marine royale, ça n'était pas une hisotire commune.
- Alors, que faites-vous à Tortuga, mademoiselle Hawkins?
- Rien de particulier. Je suis ici pour acheter des provisions. Nourriture, eau, vin, rhum...
Jack sourit. L'équipage devait donc être parfaitement normal.
- Allez-vous quelque part de spécial?
- Etes-vous l'inquisiteur de cette île, monsieur Sparrow?
- Oh, oui, je suis désolé. Mais je fais toujours ça avec les nouveaux arrivants. Mais puis-je vous demander quand avez-vous l'intention de quitter notre île bien-aimée?
- Je ne sais pas. Quand j'aurai tout ce dont j'ai besoin. Pourquoi?
- Oh, c'est juste parce que, enfin, avant que vous partiez, vous devrez me raconter comment vous avez volé ce navire. Tout le monde en parle, mais ils ne savent pas la véritable histoire, selon moi. Donc, ce serait l'occasion de restaurer la vérité.
Fiona réprima un fou rire. Jack semblait vraiment désireux de connaître l'hisoire dans ses détails, et elle le lui dirait. Mais le moment venu. Elle avait besoin de lui avant de partir et le prétexte de raconter son vol et sa fugue serait excellent pour le voir... en privé.
- OK, capitaine Sparrow. Je promets de vous donner l'exclusivité de mon aventure, mais seulement si vous acceptez de me faire visiter le Black Pearl.
- Aucun problème, mademoiselle. Je suis votre dévoué serviteur.
- Je suis flattée.
Fiona sourit et vida son verre de rhum d'un coup. Puis, elle se leva. Le corbeau se réveilla brusquement et ébouriffa ses plumes. Jack imita Fiona et montra du doigt l'oiseau.
- Les corbeaux ne sont pas des animaux communs dans les Caraïbes, n'est-ce pas?
Fiona caressa la tête de l'oiseau.
- Oui, je sais. Mais il s'est facilement habitué au climat chaud. Et...
Fiona jeta un coup d'oeil autour d'elle et se pencha vers Jack pour lui murmurer:
- S'il vous plaît de continuer les ragots, en France, on m'appelait aussi Fiona-appelle-les-corbeaux.
Elle lui fit un léger clin d'oeil.
- Eh bien, ce fut un plaisir, monsieur Sparrow.
- Et pour moi de même, mademoiselle Hawkins. A bientôt j'espère.
Fiona sourit une dernière fois et tourna les talons. "Très bientôt" dit-elle pour elle-même.
Jack resta planté devant sa chaise à regarder Fiona s'éloigner et sortir du bar avant de retourner à sa propre table où Gibbs l'attendait impatiemment.
- Alors? Qu'est-ce qui s'est passé? Qu'est-ce qu'elle a dit?
- Eh bien, rien de particulièrement intéressant.
Gibbs sembla déçu.
- Mais elle a dit qu'elle me raconterait toute son histoire en détail, le vol du bâteau et tout ça...
- Tu crois qu'elle est venue faire quelque chose de spécial?
- A mon avis, elle n'a pas volé l'Oiseau de Feu juste pour démarrer sa carrière de pirate!
Ils éclatèrent de rire.
- Bon, Jack, Cotton, je m'excuse mais, je suis épuisé et je dois absolument trouver un bon lit avant que tous ces pochtrons prennent ma place en bonne compagnie. A demain.
Gibbs se leva. Puis se tournant vers Cotton, il ajouta:
- Ne bois pas trop, surtout!
Il sortit du bar. Jack se demanda s'il n'allait pas faire la même chose. Il y avait Scarlet, Gisèle, et toutes les autres qui l'attendaient sûrement déjà, puisque tout le monde savait que le Black Pearl venait d'amarrer. Mais, étrangement, - et d'ailleurs ça ne lui était jamais arrivé - il se rendit compte qu'il n'en avait même pas envie. Il dit alors bonne nuit à Cotton qui avait commencé une partie de cartes avec des gars de l'équipage qui venaient d'arriver et sortit dehors. Il faisait bon, et une douce brise lui caressa le visage. Il se rendit sur le port avec une idée en tête. Il voulait voir l'Oiseau de Feu de ses propres yeux. Le navire était amarré à l'extrémité du port, complètement en retrait des autres. Il était éclairé par des lumières qui semblaient irréelles, comme si elles flottaient dans les airs entre les voiles. De plus en plus curieux, Jack se rapprocha du bâteau silencieusement pour mieux voir les ombres qui bougeaient sur le pont supérieur. Mais, au moment où il allait enfin être assez près pour discerner les silhouettes, un croassement strident le fit sursauter. Il vit alors le corbeau foncer sur lui à toute vitesse. Jack, pas totalement pris de panique, mais prudent, rebroussa chemin à contre-coeur. En jetant un coup d'oeil en arrière, il vit les silhouettes floues bouger en tous sens, et à peine quelques secondes plus tard, il n'y avait plus personne sur le pont. Il allait se retourner mais au même moment, une des formes revint à la lumière et ce qu'il vit le laissa perplexe. La forme humaine leva quelque chose en l'air et les lumières accrochées aux voiles descendirent doucement vers elle. Jack cligna des yeux pour s'assurer de ce qu'il venait de voir mais, évidemment, lorsqu'il les rouvrit, le navire était plongé dans l'ombre. Il ne comprenait pas. Les lumières n'étaient quand même pas descendues toutes seules, c'était impossible, il le savait. Mais alors comment? Il était pourtant sûr de ne pas avoir halluciné. Il pressa le pas pour arriver devant le Black Pearl puis il monta à bord. Ana Maria faisait le guet, et lorsqu'elle aperçut le visage de Jack, elle ne put s'empêcher de dire:
- Hey, capitaine Sparrow, on dirait que vous venez de voir un fantôme!
Jack avait l'air abasourdi. Le regard dans le vague, il répondit seulement:
- Oui, ça se pourrait bien...
Ana Maria haussa les épaules et mit ça sur le compte de l'ivresse. Jack entra sans sa cabine et s'effondra sur son lit. Il resta là, les yeux grand ouverts à réfléchir une bonne partie de la nuit.
Chapitre 1: Première rencontre
Le soleil venait de se coucher sur Tortuga et tous les bars et bordels de l'île venaient comme par magie de se réveiller. Jack, tout sourire, entra au Buveur Solitaire, accompagné de Gibbs et de Mr Cotton. Le Black Pearl arrivait de l'île de la Muerta après y avoir fait "le plein" et son équipage comptait bien prendre quelques jours de congés pour dépenser leur fortune. Ils prirent tous les trois une table, commandèrent une bière fraîche en regardant d'un oeil amusé la bagarre qui se déroulait au milieu de la pièce.
- C'est un grand jour, compagnons! Cette nuit, Tortuga est à nous! cria Jack avant d'avaler une longue gorgée de bière.
Gibbs sourit et fit de même ainsi que Mr Cotton qui se contenta de hocher la tête puisqu'il était muet. Jack parcoura la salle des yeux, pour voir s'il n'y avait pas là de vieilles connaissances. Son regard s'arrêta soudain sur une table du fond, occupée par une seule personne, une femme. Elle portait un tricorne enfoncé si profondément sur sa tête qu'on ne voyait pas son visage penché en avant sur son verre. Mais ce qui avait attiré le regard de Jack, c'était le corbeau perché sur son épaule droite. Il tournait la tête en tous sens, comme s'il cherchait quelqu'un. Quand ses yeux perçants croisèrent ceux de Jack, il s'immobilisa et poussa un faible croassement sans cesser de le fixer. Jack, surpris et bizarrement mal à l'aise, se retourna vers Gibbs et lui tapa sur l'épaule.
- Regarde là-bas. dit-il en montrant du doigt le corbeau qui maintenant semblait totalement hypnotisé par Jack. Tu sais qui c'est?
Gibbs hocha la tête et fronça les sourcils avant de répondre:
- En fait, personne ne le sait. Elle vient juste d'arriver. Ce matin. Mais c'est la seule de l'équipage à être descendue du bâteau.
- Quel bâteau?
Gibbs attendit quelques secondes puis lui répondit d'une voix étrange:
- L' Oiseau de Feu.
- Quoi? Tu veux dire... L'Oiseau de Feu? Ici?
Gibbs hocha de nouveau la tête.
- Mais alors... elle doit être... celle... dont tout le monde parle...
- Oui, c'est elle.
- Je me demande pourquoi personne n'est encore allé lui parler...
- Je pense que la réponse est sur son épaule.
Le corbeau croassa de nouveau en étendant ses ailes noires et brillantes, comme s'il avait tout entendu, sa tête toujours tournée dans leur direction.
- Tu vois Jack, personne n'a envie d'aller de s'assoir à une table, en face d'un corbeau qui te regarde comme s'il voulait d'arracher les yeux.
Jack éclata de rire devant la mine effrayée de Gibbs.
- J'espère que tu n'es pas sérieux! Le problème avec les pirates, c'est qu'ils sont beucoup trop superstitieux.
Gibbs ne souleva même pas l'ironie.
- Mais tu as vu comment il nous fixe?
Au fond de lui, Jack sentait que cette femme et son corbeau n'étaient pas réellement comme les autres. Cependant, il n'allait laisser cette petite appréhension le submerger. Il se leva, prit sa bière et s'approcha de la table du fond. Le corbeau se pencha vers sa maîtresse et lui mordilla l'oreille avant de se redresser pour continuer à fixer l'inconnu qui était maintenant sur le point de s'assoir en face d'eux.
- Bonsoir, mademoiselle... commença Jack.
Mais il s'interrompit. La femme leva lentement la tête vers lui, révélant un visage d'une grande beauté. Elle avait de longs cheveux blonds noués en catogan mais de multiples petites mèches s'en échappaient ainsi que des tresses garnies de perles multicolores et de plumes noires. Lorsque Jack vit enfin ses yeux, il eut un léger sursaut malgré lui. Il n'aurait su définir leur couleur; le bleu turquoise de l'océan mêlé à du vert aussi brillant que les émeraudes qui remplissaient ses coffres, et il y avait aussi une teinte plus foncée qui rappelait le ciel lors d'un nuit dégagée. Elle était jeune, pas plus de 25 ans, selon lui. Elle le fixa un instant de ses yeux magnifiques puis esquissa un sourire. Le corbeau cessa alors de le regarder et sembla s'endormir.
- Bonsoir à vous, monsieur...?
Jack se détendit. Elle n'avait pas l'air d'une folle, ni d'une cruelle meurtrière. Il sourit à son tour et s'assit souplement.
- Sparrow. Capitaine Jack Sparrow.
La femme plissa les paupières et sourit de plus belle.
- Oui, bien sûr. Le célèbre capitaine du Black Pearl.
Jack fronça les sourcils. Comment pouvait-elle savoir ça si c'était la première fois qu'elle venait sur Tortuga? Puis il sourit intérieurement en pensant que sa renommée allait jusqu'en Europe.
- Et vous êtes...?
- Hawkins. Capitaine Fiona Hawkins.
Il se serrèrent brièvement la main.
- Oui, bien sûr. La célèbre capitaine de l'Oiseau de Feu.
Fiona eut un moment de silence, légèrement décontenancée. Mais elle se reprit vite en s'efforçant de prendre un air dégagé.
- Aviez-vous déjà entendu mon nom?
- Non, mais un de mes gars vous a vu descendre de l'Oiseau de Feu, et puis, vous dites que vous êtes capitaine, et... on m'a dit que c'était une très belle demoiselle qui avait volé le navire le plus rapide de la marine royale française.
Fiona sourit et baissa les yeux. Apparemment, tout le monde ici connaissait l'histoire. Jack, lui, était maintenant très intrigué par cette femme, ce bâteau, et la raison pour laquelle elle l'avait volé, et surtout la manière dont elle s'y était pris. Une femme qui vole un navire de la marine royale, ça n'était pas une hisotire commune.
- Alors, que faites-vous à Tortuga, mademoiselle Hawkins?
- Rien de particulier. Je suis ici pour acheter des provisions. Nourriture, eau, vin, rhum...
Jack sourit. L'équipage devait donc être parfaitement normal.
- Allez-vous quelque part de spécial?
- Etes-vous l'inquisiteur de cette île, monsieur Sparrow?
- Oh, oui, je suis désolé. Mais je fais toujours ça avec les nouveaux arrivants. Mais puis-je vous demander quand avez-vous l'intention de quitter notre île bien-aimée?
- Je ne sais pas. Quand j'aurai tout ce dont j'ai besoin. Pourquoi?
- Oh, c'est juste parce que, enfin, avant que vous partiez, vous devrez me raconter comment vous avez volé ce navire. Tout le monde en parle, mais ils ne savent pas la véritable histoire, selon moi. Donc, ce serait l'occasion de restaurer la vérité.
Fiona réprima un fou rire. Jack semblait vraiment désireux de connaître l'hisoire dans ses détails, et elle le lui dirait. Mais le moment venu. Elle avait besoin de lui avant de partir et le prétexte de raconter son vol et sa fugue serait excellent pour le voir... en privé.
- OK, capitaine Sparrow. Je promets de vous donner l'exclusivité de mon aventure, mais seulement si vous acceptez de me faire visiter le Black Pearl.
- Aucun problème, mademoiselle. Je suis votre dévoué serviteur.
- Je suis flattée.
Fiona sourit et vida son verre de rhum d'un coup. Puis, elle se leva. Le corbeau se réveilla brusquement et ébouriffa ses plumes. Jack imita Fiona et montra du doigt l'oiseau.
- Les corbeaux ne sont pas des animaux communs dans les Caraïbes, n'est-ce pas?
Fiona caressa la tête de l'oiseau.
- Oui, je sais. Mais il s'est facilement habitué au climat chaud. Et...
Fiona jeta un coup d'oeil autour d'elle et se pencha vers Jack pour lui murmurer:
- S'il vous plaît de continuer les ragots, en France, on m'appelait aussi Fiona-appelle-les-corbeaux.
Elle lui fit un léger clin d'oeil.
- Eh bien, ce fut un plaisir, monsieur Sparrow.
- Et pour moi de même, mademoiselle Hawkins. A bientôt j'espère.
Fiona sourit une dernière fois et tourna les talons. "Très bientôt" dit-elle pour elle-même.
Jack resta planté devant sa chaise à regarder Fiona s'éloigner et sortir du bar avant de retourner à sa propre table où Gibbs l'attendait impatiemment.
- Alors? Qu'est-ce qui s'est passé? Qu'est-ce qu'elle a dit?
- Eh bien, rien de particulièrement intéressant.
Gibbs sembla déçu.
- Mais elle a dit qu'elle me raconterait toute son histoire en détail, le vol du bâteau et tout ça...
- Tu crois qu'elle est venue faire quelque chose de spécial?
- A mon avis, elle n'a pas volé l'Oiseau de Feu juste pour démarrer sa carrière de pirate!
Ils éclatèrent de rire.
- Bon, Jack, Cotton, je m'excuse mais, je suis épuisé et je dois absolument trouver un bon lit avant que tous ces pochtrons prennent ma place en bonne compagnie. A demain.
Gibbs se leva. Puis se tournant vers Cotton, il ajouta:
- Ne bois pas trop, surtout!
Il sortit du bar. Jack se demanda s'il n'allait pas faire la même chose. Il y avait Scarlet, Gisèle, et toutes les autres qui l'attendaient sûrement déjà, puisque tout le monde savait que le Black Pearl venait d'amarrer. Mais, étrangement, - et d'ailleurs ça ne lui était jamais arrivé - il se rendit compte qu'il n'en avait même pas envie. Il dit alors bonne nuit à Cotton qui avait commencé une partie de cartes avec des gars de l'équipage qui venaient d'arriver et sortit dehors. Il faisait bon, et une douce brise lui caressa le visage. Il se rendit sur le port avec une idée en tête. Il voulait voir l'Oiseau de Feu de ses propres yeux. Le navire était amarré à l'extrémité du port, complètement en retrait des autres. Il était éclairé par des lumières qui semblaient irréelles, comme si elles flottaient dans les airs entre les voiles. De plus en plus curieux, Jack se rapprocha du bâteau silencieusement pour mieux voir les ombres qui bougeaient sur le pont supérieur. Mais, au moment où il allait enfin être assez près pour discerner les silhouettes, un croassement strident le fit sursauter. Il vit alors le corbeau foncer sur lui à toute vitesse. Jack, pas totalement pris de panique, mais prudent, rebroussa chemin à contre-coeur. En jetant un coup d'oeil en arrière, il vit les silhouettes floues bouger en tous sens, et à peine quelques secondes plus tard, il n'y avait plus personne sur le pont. Il allait se retourner mais au même moment, une des formes revint à la lumière et ce qu'il vit le laissa perplexe. La forme humaine leva quelque chose en l'air et les lumières accrochées aux voiles descendirent doucement vers elle. Jack cligna des yeux pour s'assurer de ce qu'il venait de voir mais, évidemment, lorsqu'il les rouvrit, le navire était plongé dans l'ombre. Il ne comprenait pas. Les lumières n'étaient quand même pas descendues toutes seules, c'était impossible, il le savait. Mais alors comment? Il était pourtant sûr de ne pas avoir halluciné. Il pressa le pas pour arriver devant le Black Pearl puis il monta à bord. Ana Maria faisait le guet, et lorsqu'elle aperçut le visage de Jack, elle ne put s'empêcher de dire:
- Hey, capitaine Sparrow, on dirait que vous venez de voir un fantôme!
Jack avait l'air abasourdi. Le regard dans le vague, il répondit seulement:
- Oui, ça se pourrait bien...
Ana Maria haussa les épaules et mit ça sur le compte de l'ivresse. Jack entra sans sa cabine et s'effondra sur son lit. Il resta là, les yeux grand ouverts à réfléchir une bonne partie de la nuit.