Ils contemplèrent la scène pourtant habituelle avec désarroi, légèrement à l'écart, mains jointes et bouches bées. Combien de fois en six ans avaient-ils vu cela ? Mais à présent, cela semblait déplacé, incongru, idiot. On n'avait pas vaincu Voldemort pour en arriver là. Tout au contraire.
Dans le hall de Poudlard où les anciens étaient revenus faire une septième année, deux groupes s'affrontaient à grand renfort d'insultes, de cris et de malédictions dans tous genres.
-T'as autant de cervelle qu'un Scroutt à pétard débile !
-Bande de sales serpents !
-Ah, tonton Voldy est mort, on la ramène moins, hein ?
-Parle pour toi !
-Immonde Sang-de-bourbe !
-Incroyable fouine bondissante albinos !
-Traître à ton sang !
-Sois maudit jusqu'à la septième génération !
-C'est à moi que tu parles, tronche de bouse de Pansefer Ukrainien ?
-Oui, sans doute, espèce de sale Veracrasse décharné !
-Hypogriffe déplumé !
-Gargouille défoncée !
-Va te faire cuire un steak de Sombral !
Le premier groupe était composé de quatre Serpentards.
Drago Malefoy, Théodore Nott, Blaise Zabini, et Pansy Parkinson.
Le second groupe était plus hétéroclite puisque constitué de Ron Weasley, Hermione Granger, Luna Lovegood et Hannah Abbot.
Et étonnamment en retrait, Harry Potter, tenant la main de Ginny Weasley. Le jeune couple suivait la scène, médusée. Au moment où d'un même mouvement, Hannah et Théodore sortaient leurs baguettes, enragés, Minerva McGonagall fit claquer sa voix sèche comme un fouet.
-Que faites-vous, jeunes gens ? Est-ce ainsi que l'on opère à Poudlard ! Est-ce ainsi que les anciens montrent la voie aux nouveaux !
Quelques jeunes première année de Poufsouffle qui suivaient la scène se mirent à acquiescer en applaudissant bruyamment, mais un seul regard de la terrible enseignante de Métamorphose les fit détaler sans demander leur reste.
-Vous serez collés ! Tous les huit ! Jeudi soir, mon bureau ! Et je vous assure que si cette comédie ne cesse pas, les choses finiront très mal pour chacun de vous !
Elle s'éloigna brusquement en leur adressant un dernier regard noir et les opposants s'éloignèrent. Harry se tourna vers Ginny avec un soupir lourd et celle-ci lui serra un peu plus la main.
-Je sais, souffla-t-elle à son oreille.
-Je vois, jeunes gens, que les années de la guerre ont passé et que vous vous conduisez plus raisonnablement que beaucoup de vos têtes brûlées de camarades, dit une voix derrière eux. Quand même, un « hypogriffe déplumé »...Miss Parkinson fait preuve de beaucoup d'imagination.
Ils se retournèrent d'un geste pour dévisager le professeur Dumbledore dans un cadre du hall qui représentait habituellement un paysage de printemps au Canada. C'est à dire enneigé.
-Professeur Dumbledore !
Il rit doucement.
-Bonjour, Harry. Miss Weasley, salua-t-il. Je suis heureux de constater que les épreuves n'ont altéré en rien votre amour, malgré tout ce qui se passe entre vos amis et les autres élèves de Serpentard.
-C'est désespérant, professeur, confirma Harry. Et franchement pénible à la longue.
-Je vois. Auriez-vous l'amabilité tous les deux de passer dans mon ancien bureau ? Je vais dire à Minerva de vous laisser y entrer. Le mot de passe est « Les Gryffondors l'emporteront toujours sur les Serpentards ».
Devant leur mine ahurie, il éclata de rire, plissant les yeux derrière ses lunettes et dit avec amusement :
-Les meilleurs d'entre nous auront toujours une part de partialité en eux et je crains que le professeur McGonagall ne déroge pas à la règle.
Une fois dans le bureau directorial, Albus Dumbledore, ayant regagné son cadre, afficha une mine plus sérieuse.
-Trêve de badinage. Voici ce que je vous propose. Nous avons eu droit ce tantôt, comme la majorité des habitants de cette école, au spectacle de huit personnes opposées se combattant, toujours les mêmes apparemment. Je souhaite remédier à cela le plus rapidement possible, ayant toujours grand soin d'appliquer ce qui est le mieux pour Poudlard.
-Mais professeur, s'exclama Ginny, nous ne pouvons pas non plus leur demander d'être amis.
Les yeux du professeur étincelaient d'une lueur étrange.
-Amis non...mais amoureux, oui.
